Enragés n'est pas seulement un roman post-apocalyptique, mais plutôt un thriller horrifique qui mise autant sur la psychologie de ses personnages que sur la probabilité des faits.


Le récit s'articule autour de deux personnages antagonistes, Louis et Lucas, qui réagiront de manières bien différentes lors des prémisses de cette épidémie planétaire. D'un côté, Louis, âgé de 27 ans, est un homme généreux et sensible, fou amoureux de sa petite amie. Très réfléchi, il apparaît dans un premier temps comme un personnage passif. Les chapitres le concernant nous plongent dans la situation d'un huis-clos, ce dernier étant enfermé plusieurs semaines avec son chien dans son studio aménagé dans le sous-sol d'une villa. Seule une lucarne lui permet de devenir le témoin direct des événements dramatiques. De l'autre côté, il y a Lucas, âgé de 20 ans et champion de tir sportif, qui est un jeune homme fonceur, égoïste et incapable d'empathie. Dans un premier temps, si chacun survit de son côté, le destin va les réunir dans le dernier tiers du roman qui réserve quelques surprises au lecteur. À noter qu'il est agréable de lire un roman où la psychologie des personnages n'en fait pas des héros surhumains, d'autant que leurs actes sont plutôt réalistes face aux événements qui surviennent.



Malgré toutes ces preuves, Lucas ne parvenait pas à se résoudre à envisager un tel scénario. Son cerveau refusait d'admettre la simple possibilité de cette thèse abracadabrante. Sans doute les passages d'un avion au moment d'un crash éprouvaient-ils ce sentiment de lutte entre l'acceptation et la volonté de ne pas y croire. Un accident d'avion ? Impossible. À la télé sûrement, aux autres peut-être mais à nous, grand dieu non ! Lucas devait en avoir le coeur net. Affronter cette impensable réalité pour envisager de l'accepter.



Le cadre narratif se déroule ici sur une vingtaine de jours. Un choix judicieux de la part de l'auteur puisqu'on a là un roman court de 240 pages. Les événements surviennent dès les premières pages et s'enchaînent avec une certaine fluidité. J'ai beaucoup apprécié la première partie qui se déroule en huis clos : moins d'attaques de zombies certes, mais une entrée plutôt oppressante dans les premiers jours de l'infection qui est assez intéressante et change un peu de ce que l'on retrouve habituellement dans ce genre littéraire. Malgré tout, on a le droit à quelques scènes d'action divertissantes avec sa dose de tripes et de membres putréfiés. Derrière le prétexte de la pandémie et son lot de zombies se cache une vraie réflexion sur les dérives de notre société actuelle : tragédies humaines (meurtres de masse, violences quotidiennes, guerres) et drames écologiques avec l'omniprésence du motif du réchauffement climatique. On peut d'ailleurs être un peu perturbé lorsque l'on apprend que l'action se déroule au mois de décembre alors qu'il règne une chaleur écrasante sur l'ensemble du récit. Mais Pierre Gaulon évoque à de nombreuses reprises plusieurs aspects du dérèglement climatique qui ajoutent une touche dramatique à son récit. Même si un tel virus était un jour créé par l'Homme, ne serions-nous pas les premiers responsables du cataclysme ?


Au final, on ne tient pas là LE roman du genre, mais Enragés reste un roman court agréable et divertissant malgré quelques répétitions parfois gênantes. À lire si vous appréciez les zombies et si vous voulez découvrir un auteur français à la plume fluide et réaliste !

BillyMay
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le 26 avr. 2018

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