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Drift
7.9
Drift

livre de Thierry Di Rollo ()

L'humanité est à bout de souffle. La Terre a été polluée au delà de tout espoir, et en terme de relations sociales, l'égalité entre les hommes n'est plus qu'une légende. Deux mondes cohabitent en exclusion mutuelle: celui des Justes, les magnats, riches, qui se sont construits leurs citées isolées de la fange, et celui des autres qui pourrissent dans un monde violent et sans aucune humanité (ou presque). La Terre est condamnée, à court terme semble-t-il et un projet grandiose apparait: la construction d'un vaisseau monde gigantesque, le Drift, ayant pour but de s'extraire de ce tombeau en allant coloniser une planète aux confins de la galaxie. Évidemment, seuls les Justes partiront. Darker, qui appartient aux classes inférieures se retrouve embarqué dans le projet suite à un contrat qu'il a exécuté pour l'un des créateurs du Drift...

J'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ces pages à plusieurs reprises: je prends toujours un grand plaisir à ouvrir un nouveau Di Rollo. Au tout début, l'auteur nous avais habitué à un style cyberpunk sombre (voire par exemple Meddik, mais l'on pourrait citer bien d'autres oeuvres de cet auteur). Il s'est ensuite aventuré, avec succès, sur le terrain de la fantasy (voir: Bankgreen et sa suite Elbrön), mais aussi sur le terrain du roman noir avec Préparer l'Enfer. Il devient difficile de classer cet auteur dans une catégorie, et c'est finalement sans être surpris (outre mesure) mais avec avidité que j'ai abordé ce nouveau roman vendu comme appartenant au space-opera, quand bien même ce genre me laisse généralement très froid et ne m'attire pas (voire pas du tout).

Il s'avère que l'on peut couper ce roman en deux parties, chronologiquement ordonnées. La première, sur Terre, rappelle, si besoin en était, le maitrise de l'auteur pour le cyberpunk sale. Entièrement sur ce qu'il reste de notre planète, dans les bas fonds d'une civilisation condamnée, on y suit le personnage principal, Darker, au cours de l'exécution froide d'un contrat cruel. Cette partie nous présente un personnage tourmenté, plongé dans son passé (sentimental), vivant dans un présent difficile et certainement pas tourné vers l'avenir: il se moque bien de quitter son environnement, depuis qu'il y vit sans sa chère et tendre. La deuxième partie, à bord du Drift change radicalement. Darker n'est pas à sa place au milieux des Justes qu'il abhorre, et même si ce changement d'existence lui permet de tenter une coupure avec son passé, il n'est pas à sa place. Et cela fini par se faire sentir.

Comme d'habitude avec l'auteur, c'est violent, c'est sale et c'est fataliste. On retrouve l'exploitation de la confrontation de l'humain face au temps que l'on avait trouvée dans le diptyque de fantasy Bankgreen/Elbrön. Cette fois, c'est grâce à la technologie (aux nano-technologies même) que l'homme acquiert une forme d'immortalité. Complété avec le clonage, le problème du voyage inter-galactique est résolu. Cette problématique d'étirement temporel est bien traitée.

Les oeuvres de Di Rollo ne sont pas connues pour offrir beaucoup d'espoir. Or, cette oeuvre décrirait un nouveau départ pour une partie privilégiée de l'humanité ? Certainement pas, et c'est là que le piège se referme: au fil des pages il s'avère que personne n'a tiré la moindre leçon de quoi que ce soit, et à défaut d'un nouveau départ, c'est bel et bien un recommencement qui s'annonce. Un recommencement qui est décrit à plusieurs échelles:

Celui des protagonistes qui de clones en clones, restent les mêmes;
Celui de l'humanité, qui bien que partant coloniser une nouvelle planète, s'apprête à commette le même ensemble d'erreurs qui a conduit la précédente à sa perte.

Magistral à plus d'un titre, ce nouvel opus dans l'oeuvre de l'auteur ne doit pas être pris pour ce qu'il n'est pas: un roman de space opera. Il s'agirait pour moi du traitement d'une utopie cyberpunk. Et le résultat est froid, sans espoir et percutant. Chaudement recommandé.
matteo
8
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le 26 nov. 2014

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matteo

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