Avec la découverte de "Real Humans" sur arte (dont voici ma critique http://www.senscritique.com/serie/Real_Humans/critique/21319268 ), puis d'un film de sf plutôt sympathique et gentiment nanardesque sur la même thématique battue et rebattue de robots "Cherry 2000", j'ai tenté un peu au pif de me procurer ce livre sur lequel je fondais pas mal d'espoirs, et dont l'histoire me semblait affriolante pour l'amateur de sf que je suis :

En 2060, c'est l'ère du clonage, les clones ont remplacé les robots (trop coûteux), et on peut depuis quelques années cloner les célébrités du 20ème siècle, et en l'occurrence Adolf Hitler et Marilyn Monroe. Le problème c'est que le premier est devenu illégal, et la seconde est un modèle de contrebande piraté.. Et notre héros va se retrouver bien malgré lui en leur possession et avoir tout un tas d'ennuis (ou pas)...

Bon...
Je me suis horriblement fait chier, et j'ai affreusement souffert, déjà que ça fait des siècles que je n'ai pas réussi à boucler un bouquin, à cause de ma flemmardise et de mon manque de rigueur j'ai besoin d'extérioriser mon aigreur. Je vais également spoiler toute les grandes lignes de cette histoire hyper palpitante (vu qu'il y a peu de chances que vous lisiez ce bouquin, et que je ne gâche pas grand chose).

D'abord, le premier gros souci, c'est qu'il y a à mon sens une confusion fatale. Les clones dans ce roman n'en sont pas. Un clone c'est un être humain, avec tout ce que ça comporte de libre arbitre, d'évolution strictement personnelle, liée à des millions de paramètres extérieurs qui dépassent le strict cadre du génome. C'est donc complètement con de penser qu'un clone sera exactement identique physiquement ou intellectuellement à son modèle d'origine.
Là c'est de la prédétermination robotique, c'est un programme inséré dans la puce d'un androïde, mais ça n'est pas un clone. Or dans ce bouquin, les clones sont de bon gros débiles, des serviteurs sans aucune capacité de réflexion, d'abstraction, d'introspection. Ils sont complètement soumis, bref ce sont ni plus ni moins que les Hubots de real humans.. Mais jamais des êtres humains.

Bon l'auteur du livre essaye de nous vendre cette fumisterie en nous expliquant très rapidement que oui mais en fait, ils ont été éduqués de manière particulière pour être totalement cons... Bref déjà le postulat de départ ne tient pas la route.

Ensuite, c'est extrêmement plat, chiant, sans humour, avec un style de quidam passe-partout qui doit repomper à gogo dans tous les classiques de sf sans la moindre personnalité, avec de temps en temps quelques vagues références historiques sur le troisième reich qui n'en finissent pas d'appesantir un récit déjà complètement mou et qui pourraient sans problème être des copier/coller wikipedia.

Même l'épiloque du bouquin, promesse d'un peu d'action n'est finalement qu'une énième déception invraisemblable.

Maintenant un peu de concret, et entrons de plein pied dans cette histoire en bois :

Le héros est un prof d'histoire à la fac, il est divorcé, il a un fils abruti qui s'appelle Bruno.
Son ex-femme a gagné à la loterie un clone d'Adolf Hitler alors qu'il est interdit. Son fils a reçu le bon de sa mère et a réceptionné le clone.

Comme ils n'ont pas le droit de l'avoir, il faut rendre le clone, s'ensuit un charabia juridique complètement vaseux. La société créatrice du clone va se retourner contre le héros et porter plainte pour détention illégale, alors que le type n'a rien demandé à personne, ce qui engagera un procès fort coûteux.
Du coup le héros va perdre plein d'argent, pour éviter ça il va voir l'ex de son ex, parce qu'il bosse au ministère des clones.
L'ex de l'ex lui fait découvrir un bâtiment où on "régule" les clones (bonjour 1984), ensuite il lui explique qu'il doit rendre le clone sinon il aura des soucis (on a compris).

Mais le héros ne le fait pas car il a peur de la régulation, du coup il garde son clone, il lui fait tailler les haies de son jardin, et repeindre les murs, ce qui est foncièrement palpitant.
Les voisins le remarquent et se posent tout un tas de question "hmm hmm il a une drôle de tête ce gars-là, il me rappelle quelqu'un oh oh oh".

Chaque soir, le fils débile Bruno, convie le clone d'Hitler à jouer sur son ordinateur à une sorte de combat flight simulateur nazis vs alliés, ce qui donne lieu à des descriptions de ces parties vidéoludiques totalement ridicules en plus d'être infiniment chiantes et qui laissent penser que l'auteur du bouquin n'a jamais eu un pad de sa vie entre les mains.

Le fils surkiffe le clone, le clone est un gros bouffon et un gros soumis.
Le héros a un voisin qui fait un AVC, et qui possédait un clone de Marilyn.
Cette dernière vient se réfugier chez le héros, car elle vient de la contrebande et est donc tout aussi illégale qu'Adolf.
Le héros montre des films de Marilyn Monroe à son clone, la nuit ils font l'amour (fantasmatique de l'auteur), ça dure trois plombes comme ça dans l'attente patiente que les flics se pointent.

"Ha les flics vont arriver un jour ou l'autre".
"Olala j'ai peur quand les flics viendront me trouver que pourrai-je faire, je serai drôlement dans la merde".
"Alors je vais continuer à faire l'amour avec Marilyn et à faire tailler des haies à Dolfi (surnom donné à Adolf)".

"Oh Bruno a bien grandi"
"Les flics finiront bien par arriver un jour"
"En attendant je regarde des films avec Marilyn".

Hop, une centaine de pages plus tard, les keufs arrivent.
Marilyn et Dolfi se sont échappés, le héros a un procès torché en deux lignes.
5 ans s'écoulent en 5 lignes.
Y a un mec qui vient voir le héros, un médecin juif qui avait reconnu le clone d'Adolf du temps où il était encore présent, et qui n'était pas très content, et il lui dit qu'il sait où se trouve Marilyn.

Il l'emmène donc dans un strip bar, dans un quartier prolétaire (rebonjour 1984), marilyn fait des strips, ensuite il lui donne son adresse.

Le héros attend 3 ans, il ne branle rien, il finit par allez chez Marilyn, elle a une gosse, c'est l'enfant d'Adolf, ils l"ont eu durant leur escapade. Adolf s'est barré, et il a été repéré par un groupuscule de nostalgiques nazis.

Un millardaire tout puissant est passé dans le coin, c'est le gros bad guy, il doit bien avoir une fortune de trouzbilliards de dollars, et il a 140 ans, nostalgique du troisième reich et de ses souvenirs d'enfance, où assis sur les épaules de son papa, il admirait la prestance des discours du bon vieil Adolf.

Du coup il a racheté une partie de l'Allemagne, en a fait un Etat indépendant (n'importe nawak), et a mis à sa tête en tant que chancelier l'ultime clone d'Adolf qu'il vient de kidnapper et qu'il a conditionné pour être aussi charismatique que le vrai Hitler, tout en créant la fameuse cité allemande, "Germania"
( http://fr.wikipedia.org/wiki/Welthauptstadt_Germania et un superbe documentaire sur cette cité insensée https://www.youtube.com/watch?v=mdgcAJ3k2Rk ).
Cité dont les concepteurs des différents bioshock ont forcément pensé, avec cette idée très sympa de la création d'un espace complètement séparé du monde, en autarcie, et sombrant dans la folie la plus totale.

Par la suite ce bad guy complètement cintré invite notre héros à rejoindre cette antre du mal, sans qu'il ne se doute de ce qui l'attend.

Bref c'est la fin du bouquin, elle tient sur 30 pages, et c'est celle qui, dans l'idée; est pour moi la plus intéressante.
Mais encore une fois c'est hyper mal traité, hyper chiant, puisqu'en fait c'est juste un prétexte pour te faire un revival descriptif jusqu'à la nausée des séquences de liesse et de zombifications de foules gigantesque adulant les discours d'hitler. Bref on ne quitte jamais l'ennui, tout est déjà connu, vu et révu et surtout incroyablement statique.

Sans parler de l'épilogue totalement naze et à l'image de l'invraisemblance globale du bouquin. A la fin le milliardaire grabataire invite le héros à le rejoindre dans un avion de 1930 (pour faire authentique) et voler jusqu'à la ville de naissance d'Adolf.
Le héros n'est pas chaud, il y va à contrecoeur, mais avant de monter dans le vieux coucou, une envie de pisser le prend, un rebelle juif sorti d'on ne sait où l'assomme dans les chiottes. L'avion décolle sans le héros, mais avec le milliardaire, Adolf, Marylin et toute la bande de vilains (les mecs ne se sont même pas demandé où le héros était passé) et l'avion s'écrase.

Après pendant dix lignes, le héros est triste, parce que marilyn est morte, mais comme ça n'est qu'un clone, il peut en acheter une autre, et être aussi heureux avec, selon le postulat aberrant que tous les clones, comme de vulgaires robots, seraient identiques et soumis.
Et cette connerie dure plus de 280 pages, je retourne matter Cherry 2000, moi ...
KingRabbit
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le 18 juin 2013

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