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Comment vivre avec les autres sans être chef et sans être esclave ?, on dirait l’utopie moins l’espoir.
Avec la plupart des pages constituées de dessins naïfs légendés en majuscules, l’approche semble enfantine, faussement originale, ou gratuitement provocatrice. Elle n’est pas infantilisante, et c’est déjà ça de gagné. Comme, par ailleurs, la thèse présentée est en elle-même originale – en tout cas aux yeux d’un lecteur peu habitué d’ouvrages sur ce thème, thème sur lequel je reviendrai dans exactement trois phrases –, il semble difficile de s’opposer à la démonstration de Yona Friedman. Et si peut y lire quelque chose qui ressemble à de la provocation, ce n’est pas pour masquer la misère théorique que dissimulent trop souvent les approches de ce genre. Les dessins, ici, proposent une rupture de bon avec la redondance sinistre que l’on trouve dans plus d’un ouvrage partageant le rayon de Comment vivre avec les autres…
La décroissance, donc, ou la simplicité volontaire, le « monde pauvre » ou l’« économie animale » : de quelque façon qu’on le nomme, c’est le thème du bouquin de Friedman – encore que seules les deux dernières formules soient employées. Volonté délibérée de l’auteur ? Est-ce que simplement les deux premières n’existaient pas encore en 1974, date à laquelle le livre a été publié pour la première fois, sous un titre légèrement différent ? Je ne suis pas assez familier du rayon pour le dire, et sans doute y a-t-il des différences entre ces trois concepts. Mais la théorie est là : pénurie de ressources – « énergie, matières premières, nourriture ou espace habitable » (p. 104) – liée à notre mode de consommation, incommunicabilité intrinsèque à notre organisation sociale, donc c’est intenable, donc il faut s’accommoder de la pénurie et résoudre le blocage de la communication. Pour l’auteur, il est certain que le « monde pauvre », qui « n’est pas nécessairement un meilleur monde » (p. 123) arrivera, et le livre donne un aperçu de sa nécessité, à la façon d’un livre d’histoire qui expliquerait comment s’est mis en place un monde qui ne s’est pourtant pas encore mis en place…
En définitive Comment vivre avec les autres sans être chef et sans être esclave ? dépasse le propos de son titre, qu’on pourrait croire celui d’un mauvais livre de « développement personnel » (mais « mauvais livre de développement personnel » est peut-être un pléonasme). Il y répond implicitement.

Alcofribas
7
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le 27 janv. 2017

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Alcofribas

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