Ce livre est une pure merveille pour qui s’intéresse aux thématiques qu’il explore. L’autrice manifeste un profond respect dans la transmissions des savoirs qu’elle a collectés au cours de ses explorations auprès des passeurs de sagesse des peuples racines des Lakota, des Dineh, des Sioux et des Hopi, en Amérique du Nord, des Kagaba en Amérique du Sud, des Sami en Laponie, des Massaï en Afrique - pour ne citer que ceux-là. Son livre est d’une incroyable générosité et loin de transmettre les savoirs des tradipraticiens indigènes avec l’oeil neutre et éloigné de l’anthropologue du siècle dernier, elle nous ouvre à la cosmogonie des peuples racines avec une présence et une douceur qui témoignent de son intimité dans la connaissance de ces magnifiques systèmes de représentation du monde.


Il y est question bien sûr de chamanisme, mais si on s’écarte de l’attraction pour l’exotisme que ce mot revêt dans les sociétés occidentales, on réalise très vite qu’il s’agit surtout de la toile de la vie et de ses liens qui nous unissent tous. L’autrice fait dialoguer les conceptions des différentes sociétés racines autour des thèmes de la médecine et de la maladie, de la guérison de nos sociétés par le pouvoir de la communauté et de l’homéostasie des mondes invisibles, de la préservation ou de la restauration de l’équilibre social et environnemental par le retissage des liens entre ces mondes, de l’engagement et de la responsabilité de la personne comme du collectif, de l’élargissement de notre conscience avec l’accueil de nos ombres et des formes inattendues qu’elles prennent souvent, de la quête d’identité et d’appartenance par la transformation, de l’apaisement et du retour à sa propre souveraineté, du dialogue complexe entre le sacré et le moderne, la puissance et la fragilité des processus guérisseurs, de la sagesse de cette géométrie de l’invisible qui s’exprime aussi à travers nos perceptions sensorielles, nos pensées, nos émotions et notre imaginaire. Toute cette réflexion généreuse, qui se déploie dans une écriture limpide, est bien sûr étayée de pratiques très concrètes de ces peuples racines, qui ne sont pas toutes aussi éloignées des nôtres qu’on se l’imagine : peintures, danse, musique et rythme, chant, symboles, contes et récits, diètes de plantes médicinales, rituels avec des plantes psychotropes, transe, quêtes de vision et offrandes. L’art, le mouvement, la beauté et le lien direct avec la terre sont des médecines puissantes pour transmuter nos paradigmes défaillants et toxiques et cultiver un « savoir-être au monde », afin de continuer à réinventer des politiques communes face aux enjeux actuels et universels.


En bref, ce que les peuples racines ont à nous dire, ce serait de commencer par remettre nos pieds dans la terre pour mieux se relier à la vie.

CecylAos
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le 31 janv. 2021

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Cecyl Aos

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