Un vent de fraicheur !

Calpurnia Virginia Tate à onze ans et vit au Texas, avec ses parents, ses six frères et Bon-papa. Sa vie s’organise autour de l’école, de sa famille, de ses travaux à la maison…
À force d’interrogation sur la faune et la flore qui l’entoure, elle va se rapprocher de son grand-père, intimidant aux premiers abords mais qui se révèlera vite un scientifique passionné, consciencieux et progressiste. Calpurnia va peu à peu se découvrir une vraie passion pour les Sciences et la Nature. Adieux mouchoirs, broderie et Posture, bonjour insectes, lichen et ruisseaux ! Un scandale pour l’époque !
Mais en ces années 1899, la femme n’a pour tout avenir que le mariage et si Calpurnia veut conserver sa liberté, elle va devoir faire des choix et mener bien des combats.

On suit donc cette jeune fille pleine de vie, d’énergie, d’envie et de questions le temps d’un été, jusqu’au passage à la nouvelle année. Une année qui débutera aussi un nouveau siècle, annonciateur de promesses et de changements. Et pourtant, malgré les promesses qui s’annoncent, Calpurnia a du mal à trouver sa place dans ce monde en constante évolution ! Elle se rêve à l’Université lorsque ses parents, très conservateurs et pieux, l’imaginent déjà faire ses débuts et se trouver un mari. Heureusement que son grand-père ne voit pas en elle « la fille » mais la curieuse, la perspicace, la consciencieuse. Elle peut au moins compter sur son soutien. Mais jusqu’où ?
C'est une très belle relation qui se tisse au fil des pages entre Calpurnia et Bon-papa, chacun apprenant à apprivoiser l’autre à sa façon. Le grand-père, surtout, est touchant dans sa maladresse. On sent qu’il s’est coupé du monde actuel et de sa famille et qu’il a quelques difficultés à s’y remettre.
En même temps, le roman dépeint un très beau tableau familial entre Calpurnia et ses frères ou sa mère. Un tableau très réaliste, sans rancœur, avec ses joies et ses peines, ses disputes et ses réconciliations. Même lorsqu’il y a désaccords ou incompréhensions, la famille est assez proche pour passer outre ou les surmonter. Ça fait du bien de voir, dans un roman jeunesse, une image aussi réaliste d’une famille. L’autrice ne s’est pas contentée d’une relation superficielle toute noire ou toute rose ce qui rend les Tate d’autant plus attachants.
Raconté du point de vue de Calpurnia, le ton est frais, à la fois naïf, curieux, humoristique et très critique. On découvre mille secrets de jardins aux côtés de la jeune fille, une faune et une flore incroyables, bien souvent ignorées, qui se trouve pourtant juste sous nos pieds. J’ai aimé cette capacité qu’à Calpurnia de s’étonner de tout et surtout de rien, de s’interroger sur tout ce qui l’entoure. Et elle nous embarque avec elle ; en quelques pages on est passionné par les chenilles, les sauterelles ou les vesces !
Autre point intéressant développé à travers tout le tome : la condition des femmes (ou tout du moins, des jeunes filles). Rêvant de liberté, Calpurnia se retrouve souvent coincée par le simple fait qu’elle soit née fille, ce qui l’offusque régulièrement. Et c’est touchant de voir tout l’espoir qu’elle met dans le siècle à venir, qui, elle en est sûre, va changer tout cela. Elle est déjà prête à apporter sa pierre à l’édifice ! Le soutien sans faille de son grand-père fait chaud au cœur lui aussi et, comme Calpurnia, on se sent moins seuls à la lecture.

Un roman plein de belles valeurs, donc, mais qui ne sonne pas comme une leçon de morale. Plutôt comme une prise de conscience.
Un petit bijou, dans la lignée de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur pour le ton et l’écriture, notamment.
À lire à tout âge !

https://leschroniquesviennentdemars.wordpress.com/2018/06/19/roman-jeunesse-calpurnia/