Bosch
Bosch

livre de Walter Bosing (1987)

Avant toute chose, deux précisions. D’une part, Bosch figure sur le podium de mes peintres préférés, ce qui m’incite à la subjectivité : je peux rester des heures devant une reproduction d’une de ses œuvres, mais j’attendrai beaucoup plus d’un bouquin sur lui que de la biographie d’Emmanuel Macron – or de l’attente la déception toujours est le fruit, disait un vieux sage. D’autre part, cette critique est celle du livre paru dans la fameuse « Petite Collection » de Taschen, qui en son temps fut aux livres d’art ce que « Le Livre de poche » est à la littérature.
Les ouvrages de cette collection, plutôt bien faits, sont généralement l’œuvre de spécialistes et comptent une centaine de pages dans un format 21 × 26 centimètres. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour Bosch et moi ça implique beaucoup : le Jardin des délices sur 417,6 centimètres carrés – parce qu’il y a des marges – rend peu justice au peintre. (Et puis le papier de certaines impressions de ces volumes a tendance à jaunir, ce qui est bien plus gênant qu’avec la collection « Livre de poche »…)
Quant au texte, il semble avant tout répondre à des impératifs de vulgarisation, démarche tout à fait honorable mais qui, compte tenu du peu d’informations fiables sur le plus célèbre des Boisiens, montre vite ses limites. Au moins Walter Bosing a-t-il le mérite de ne pas présenter comme certaines ces théories qui pullulent sur les interprétations à donner aux peintures de Bosch, en particulier au Jardin des délices, et elles sont extrêmement nombreuses. On y lit certes (p. 19) que « l’œuvre de Bosch correspond au goût de la Renaissance pour les concepts originaux et les œuvres à clés, dont le sens complet ne pouvait être compris que par une élite restreinte. / […] Les rhétoriqueurs flamands et les courtisans de Bruxelles et de Malines avaient le goût des énigmes intellectuelles, surtout lorsqu’elles avaient une teneur moralisatrice ». Mais la « teneur moralisatrice » que certains dénichent chez Bosch, l’auteur n’en fait pas une évidence.
Il ne s’agit donc pas d’un essai, mais bien d’un documentaire. Il n’est guère approfondi, peut-être parce qu’approfondir un documentaire sur Bosch, sauf à s’adresser à un lectorat d’archivistes de l’art, revient vite à tourner en rond, faute de matière. Pour un essai vraiment intéressant sur la façon dont on peut regarder Bosch, lire la Fourmilière éventrée de Pierre Sterckx (1). Pour un livre d’images, autant lire l’Œuvre complet à trente balles (2).


(1) www.senscritique.com/livre/Jerome_Bosch_ou_la_fourmiliere_eventree/18127913.
(2) www.senscritique.com/livre/Hieronymus_Bosch_L_oeuvre_complet/23513777.

Alcofribas
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le 28 déc. 2017

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