A force de se faire remarquer avec des films en marge, Delépine et Kervern ont eu droit à l’incontournable livre d’entretiens, histoire de remettre la montre au milieu du village. Premier constat : les deux guignols n’en sont pas. Quand ils parlent de cinéma, ils évoquent l’échec monumental de Michael Kael, les films de Maurice Pialat, le tournage en 16 mm réversible, et le pot partagé avec Hou Hsao-Hien. Bourré d’anecdotes, le livre d’Emmanuel Burdeau met surtout en avant deux génies de l’underground, des as de la bricole qui ne se sentent vraiment à l’aise que dans le malaise, de ceux qui aimeraient avoir de l’argent pour leur film mais qui font très bien sans.

Kervern et Delépine sont des allumés du bocal, et ça se sent : rencontres improbables avec de grands noms, fascination pour les marginaux (dans les films mais aussi dans la vie, comme Noël Godin), gamins inconscients (leurs années de galère et comment ils ont réussi, au culot, dans le showbiz), ils sont tout cela à la fois, et plus encore. En toute simplicité, les deux cinéastes dévoilent tout de leur métier, de l’art de bosser avec Isabelle Adjani aux difficultés de production avec Canal.

Le livre aurait pu s’appeler « Cinéma et gueule de bois » tant leur art est lié à la fête, aux potes et aux excès. En espérant que ce livre permettra à ces deux énergumènes d’avoir des lendemains moins pénibles. Un must.
Cinemaniaque
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le 30 sept. 2013

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