Incontournable Mai 2022



Une autre belle trouvaille signée par la sympathique maison Poulpe Fictions, ce roman haut en couleurs amalgame le mystère à la chasse au trésor, qui n'est pas sans rappeler le célèbre roman "Charlie et la chocolaterie" de Roald Dahl, avec des personnages pétillants un brin caricaturaux, des antagonistes très intéressés, une visite de cinq groupes dans un lieu pratiquement jamais visité ,un héritage à gagner et une petite réflexion sur ce qui est réellement précieux.



Bakari Champollion, au 12 printemps sonnés, apprend avec stupéfaction que son idole est décédé et si Gustavo Ricciotti était un aventurier accompli et richissime, il n'est donc pas si étonnant de le voir proposer, dans son testament, à cinq personnes de son entourage de participer à une chasse au trésor mettant un ultime trésor à découvrir en jeu. Ainsi, cinq personnalités fort contrastés ont le loisirs d'être accompagnés dans le vaste manoir du défunt pour trouver ce fameux trésor ultime, mais la plupart sont indubitablement cupides. Quand Bakari et Zoé apprennent que Rodolphe, le grand-frère de celle-ci, correspond depuis des années avec le cinquième concurrent, à savoir Jo Pearson, amateur de Rallye Moto, les deux amateurs de mystères et de sciences voient là une occasion unique de participer à ce grand défi intellectuel. Rodolphe parvient à les faire engager dans l'aventure, où les tentatives loufoques des concurrents, les pistes les plus farfelues et les révélations les plus ( ou moins) choquantes sont du lot! Bakari, Zoé et leur raton laveur domestique, Mortimer, sont embarqués pour la course mystère la plus déjanté de leur vie- et accessoirement la première.



Déjà, j'ai aimé les personnages, certains volontairement clichés , comme cette parodie brésilienne à la Gilderoy Lockhart en la personne de Rafaelo Silva, aussi incompétent que physiquement attirant pour les midinettes, ou même Jo Pearson, l'amateur de rallye moto, lui aussi belle gueule un brin idiot, toujours en train de confondre ses expressions [ Le cœur a ses raisins que le raisin ignore ] mais dont on lui découvre une nature bienveillante et tendre. L'adulte que je suis aura trouvé le nom d'Alexeï Romanov ironique et symbolique: le prénom du principal opposant de Poutine, Alexeï Navalny, et le nom de famille de la famille des tsars avant Poutine, les Romanov. Évidemment que je ne m'attends pas à ce que les jeunes lecteurs voit ce genre de détail! Les personnages principaux étaient plus novateurs. Bakari, déjà, avec son prénom balte ou africain, son teint foncé, sa sensibilité nerveuse, son côté émotif attendrissant et son fanatisme un brin excessif; Zoé, force tranquille pragmatique, intelligente et posée; Mortimer, un rare personnage raton-laveur, humanisé dans ses cognitions, amateur de pizzas et dont on s'étonne plus ou moins de sa capacité à faire des choses assez typiquement humaine. Le personnage de Paulette était mignon, un peu convenu tout-de-même, avec son côté '"grand-maman" cuisinant des madeleines, mais attendrissante.



Je vais être bien honnête, j'ai bien vu où tout cela nous menait, à savoir ce qu'était le "trésor", au final, mais somme toute, c'est le genre de message qu'on aime bien croiser. Les richesse de nos vies ne sont certainement pas dans le matériel accumulé ou les objets rares et prestigieux, mais bien dans nos proches, qui nous rendent meilleurs et qui nous suivent dans les bons comme les mauvais moments. J'ajoute aussi que j'ai apprécié l'idée de l'amour tardif, qui est tout aussi beau et romantique de celui des plus jeunes.



C'était également cocasse de voir l'opposition de l'intellectualisme élitique et snob confronté à l'humilité et la simplicité. Trois des équipes, a quatrième équipe n'étant que le summum de la cupidité, sont composées de gens très réputés et brillants, mais c'est aussi leur talon d'Achille: ils ne sont pas capable de concevoir que cette chasse au trésor pourrait être en fait simple. En outre, les indices revêtaient un caractère personnel et intime, faisant appel à des connaissances relationnelles et non académiques. C'était donc les personnages les plus modestes, mais les plus proches du défunt qui étaient ainsi avantagés. Les deux plus jeunes, Bakari et Zoé, ont aussi été prit de haut par ces adultes, mais le fait de ne disposer que de leur modestes deux mains et de leur cerveau les a aussi aidé. Ils devaient compter sur leur sens de l'observation et leur flaire. En outre, et là , franchement, c'était d'une évidence, ils n'ont pas eu la bêtise crasse des autres équipes de négliger madame Paulette la gouvernante. Bon, évidement, à l'instar de nombreux roman d'aventure-mystère de ce genre, les adultes sont également et commodément un brin débiles...



Reste que c’est un sympathique roman qui couple aventure et investigation, dans un grand manoir mystérieux comme on les aime, avec de nombreuses références et jeux de mots qui touchent les univers de l'archéologie, de la muséologie, des merveilles architecturales célèbres et des aventuriers en tout genre. Il y aussi un thème très Hight-Tech avec les nombreux gadgets de la Kobayashi ( Évidement, des japonais!).



Il y a bien sur présence d'humour, ne serait-ce qu'avec les personnages caricaturaux comme Silva ou Pearson, mais également un certain degré d'humour absurde, avec la maison complètement déconstruite en une nuit ou le parc à thème avec les sept merveilles dedans. Ça ajoute au charme.



Il y a de nombreuses illustrations, comme le sont pratiquement tous les romans de la maison Poulpe, et c'est apprécié, comme toujours. J'aurai peut-être aimé au moins une image de la très désagréable Miss Ricciotti, parce qu'on a pratiquement pas de descriptif de ce personnage. La couverture est superbe, dans une palette de couleurs étonnamment gourmande avec son brun-rose et crème: c'est très biscuit-bonbon-chocolat tout ça! Tousse! Tousse! Mais je m'égare. Bref, une belle couverture!



Enfin, niveau texte, j'aurai apprécié un peu plus de descriptions des personnages, heureusement moins grave vu les illustrations en présence, mais le niveau de texte est vraiment bien, avec de nombreux jolis mots et une belle aération de texte.



Un roman intermédiaire qui met l'archéologie en lumière, l'amitié, l'importance de nos relations et l'esprit d'aventure!



Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans, mais les lecteurs habitués de la 4e année primaire pourraient apprécier aussi.

Créée

le 10 mai 2022

Modifiée

le 10 mai 2022

Critique lue 37 fois

Shaynning

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