Au nom du fils
6.7
Au nom du fils

livre de Hervé Bazin (1960)

Je ne connaissais point Hervé Bazin avant de lire cet oeuvre. Je l'ai trouvé, au grand-hasard, dans une boîte à livre dans mon village. A la mention : De l'Académie Goncourt, je me suis dit : "C'est la classe, ça doit être bien, je vais le prendre et le lire !" Je suis désormais bien content, surtout que j'ai aussi trouvé Un feu dévore un autre feu dans une autre boîte à livre, là encore, de mon village, ce qui me fait dire que mon village lit parfois des oeuvres de qualité.


Pour revenir au livre, il est extrêmement riche en expression, en mots méconnus et totalement inconnus de ma part, ce qui m'a permis d'apprendre quelques nouvelles vocables tel que : dilection, déréliction, homothétie, amignarder, s'esbigner, ondée, et caetera. Les phrases sont complexes, mais bien agencées et donnent un sens au tout.


Ce livre doit être non lu phrase par phrase, mais paragraphe par paragraphe pour en extraire l'essence, le précieux jus. En cela, il rejoint parfaitement le Plaidoyer pour les intellectuels de Sartre qui disait que les écrivains noyaient le sens des mots par leur abondance pour donner un sens général.


Cependant, il ne mérite pas une note trop haute car il traîne un peu en longueur, mais je pense que cette longueur va toujours au profit du fils, le tout en voyant à travers le père. Bazin détaille énormément le père, sa pensée, sa vie, en laissant de côté ses enfants, et pourtant, on comprend finalement que dans l'équilibre familial, par cette vue exclusivement paternel, tout les membres de la famille compte pour que cet équilibre si précieux et unique puisse subsister et donner de beaux fruits.


De l'amour du père pour une femme se mêle celui des deux enfants putatifs et du troisième, Bruno, qui n'est pas de lui. Pourtant, avec la force de négation de Daniel Astin (le père donc), Bazin nous dit clairement, bien qu'en sous-main : le père n'est qu'une fonction, il n'a pas le rôle de géniteur mais celui d'éducateur, d'éleveur, de pilier. Il pose ainsi une nouvelle définition du père qui n'est pourtant pas communément acceptée mais, suite à cette lecture, je me l'approprie.


L'auteur tient aussi à nous montrer clairement qu'un quelconque acte anodin a des répercussions sur les autres, poussant tout un chacun à prendre sa part de responsabilité.


Mais en bref, c'est une bonne oeuvre, magistralement écrite, mais dont parfois la forme peut induire en erreur quant au fond. Je la conseille, mais uniquement pour les lecteurs expérimentés dotés d'un bon sens du jugement, pas forcément des flèches, mais des personnes capables de réflexions, des Bruno, en fait !

Mr_Winston
7
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le 30 mars 2021

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Mr_Winston

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