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Connaissez-vous Daryl Leyland ? C’est l’auteur du célèbre The Complete Mother Goose : nursery rhymes old and new, autrement dit une déclinaison des contes de ma mère l’oye parue en 1938 aux États-Unis. Lorsque l’on propose à Jack L. Warner, président du studio hollywoodien de l’adapter à l’écran, celui-ci, en plein maccarthysme, confie à Jack Sawyer d’enquêter sur la vie tortueuse de Leyland afin de s’assurer de sa conformité aux valeurs morales américaines. C’est cette enquête, ainsi que d’autres témoignages, que met à jour François Parisot, l’auteur de cette biographie...

Voila un livre qui n’aurait pas dépareillé dans la défunte collection interstices de Calmann-Levy. Après l’anecdotique Rosée de Feu (Le Bélial’), American Gothic est un retour aux États-Unis de la première moitié du XXe siècle, celle que l’auteur a déjà peinte dans Lilliputia. Si les personnages ne sont pas cette fois affligés de tares faisant d’eux des monstres, leur vie n’en est pas pour autant facile : l’enfance de Leyland, entre institution religieuse et travail forcé à la ferme n’est pas de tout repos. Mais à l’opposé des freaks, il est l’archétype de l’américain moyen, ou plutôt de l’américain moyen fantasmé. Enfant pauvre, il reste dans son Ohio natal ou il pourrait presque devenir un redneck jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale l’emmène à l’autre bout du pays, puis en Europe, ou il connaitra l’horreur des tranchées. De retour aux USA, il plonge dans les livres et travaille avec acharnement jusqu’à publier et obtient un succès considérable, non pas avec un ouvrage élitiste, mais avec des histoires pour enfants : sa version des contes de la mère l’oye, œuvre aux multiples origines comme le peuple américain. Devenu célèbre, il découvre le revers de la médaille avec un tueur en série s’inspirant de son travail. Enfin, symbole américain parmi tous, l’adaptation télé lui fait découvrir l’envers du décor et lui donne une famille.

À l’instar de Michael Chabon et de ses Extraordinaires aventures de Kavalier et Clay, Xavier Mauméjean participe à la création d’une mythologie états-unienne basée sur la littérature populaire. Mais là où le récit de Chabon déborde de sentiments extrêmes, l’auteur d’American Gothic choisit, par le biais de son biographe, François Parisot, et de cette concaténation de témoignages et d’analyses, de prendre ses distances avec son personnage et d’en faire une narration froide et analytique. Livre érudit (je n’ai pu m’empêcher de nombreuses lectures parallèles de Wikipédia, notamment lors du début consacré au maccarthysme), livre tortueux laissant volontairement des blancs ou des contradictions dans la vie de Leyland, American Gothic, par sa mise en abyme, est aussi un livre sur la littérature. Et c’est sans doute le roman le plus abouti de son auteur. Une réussite !
rmd
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le 30 avr. 2013

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