Mick et Jenny sont les heureux propriétaires de l’hôtel Calpe, situé sur la côte Est de l’Australie, non loin de Sydney. Si vous vous figurez qu’il s’agit d’un établissement calme où la routine fait office de règle de vie, un lieu dans lequel on dépose ses bagages, le temps d’une nuit, vous vous mettez le doigt dans l’œil. Quand on parle d’hôtel en Australie, on évoque un établissement qui n’a strictement rien de comparable avec son équivalent en Europe. Imaginez donc un vaste bâtiment avec des chambres, un ou plusieurs restaurants, de nombreuses salles de bar (public bar et lounge), un magasin de vente d’alcool à emporter, des beergarden extérieurs et parfois plusieurs boîtes de nuit. Rien de comparable, vous disait-on.

Mick a la carrure imposante d’un joueur de football australien, enveloppée d’une bonne couche de graisse, mais il gère son hôtel avec une efficacité remarquable. « L’hôtel, c’est toute sa vie » comme le dit souvent Jenny qui, à l’image de son mari, est toute en graisse, mais plus petite.
Le couple vit harmonieusement depuis vingt ans et, faute d’enfants, a adopté une des chats. Le dernier se nomme Mol.
Tous les week-ends, une clientèle ordinaire déferle sur l’hôtel, à la recherche d’un peu d’amusement. Brutes épaisses, adolescentes en goguette, jeune puceau en chasse et tutti quanti. Un échantillon d’humanité tout ce qu’il y a de plus ordinaire en Australie se donne ainsi rendez-vous chez Mick et Jenny pour prendre du bon temps, vider quelques litres de bière en bonne compagnie, écouter la musique soûlante du groupe engagé par Mick, faire joyeusement bombance, lier connaissance et, bien plus souvent qu’on ne le pense, casser quelques têtes, mais dehors car Mick a des principes.
Toutefois, ce week-end, le drame a aussi rendez-vous à l’hôtel Calpe.

À coups redoublés est le récit implacable d’un tragique fait divers. D’entrée, le lecteur sait qu’il y a eu mort d’homme, seule l’identité de la victime reste inconnue. L’intrigue relate les trajectoires respectives de John Verdon, l’abatteur de bœuf, de Peter Watts, l’ado efféminé en quête d’une nana à déflorer pour prouver qu’il n’est pas un pédé, de Mick, de Jenny et de Mol. Il met en parallèle le récit de cette soirée avec des extraits du procès-verbal du procès qui tente de déterminer objectivement les responsabilités des uns et des autres.
La démarche peut apparaître répétitive, voire artificielle. Elle distille pourtant un suspense indéniable et introduit un dialogue entre le constat dépassionné et objectif du tribunal et le récit « à chaud » de ce gâchis.

À coups redoublés n’est sans doute pas aussi dingue que Cinq matins de trop. Il n’en demeure pas moins un court roman efficace, dont le dénouement se révèle totalement inattendu et non dépourvu d’humour. Le meilleur : le noir.
leleul
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le 25 août 2014

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