40 ans de rock à Brest

Résumé : On s’en doutait, Brest compte moins d’enfants de chœur que d’affreux jojos, comme en témoigne fort joliment cette histoire inédite du rock dans la cité du Ponant qui couvre quatre décennies de chants électriques et de luxure sonore. Sous l’impulsion d’Olivier Polard - un patronyme prédestiné à l’exploration des entrailles de béton de Brest ? -, voici donc un ambitieux livre couleur qui ressuscite les noms de ceux qui firent de Brest, au quotidien, une ville rock extrêmement pulsionnelle, avec une vraie scène, ses légendes et ses chimères, ses héros et ses losers, son rocking fan club originel et ses concerts à ciel ouvert, ses balloches pourris et ses bars interlopes, du début des années 60 à nos jours. Les rockers auront ici pour nom, au fil du temps et à quelques centimètres d’une gloire entrevue mais jamais vraiment étreinte, les Blue Shades, Unlimited Blues Time, Nicolas Cruel, Coyotte Pass, les Collabos (Assis dans la boue, fricotant dans la fange / je te bouffais le mou – « Eté 69 »), Al Kapott, les Hot Bugs, UV Jets ou encore les Locataires… Autant d’avatars rock de la contre-culture musicale au cœur de Brest l’ouvrière, au cœur de Brest la Française, au cœur de Brest la cosmopolite (où se produisirent au passage, en un temps où il était encore difficile d’organiser des concerts, des mythes comme Gene Vincent, Vince Taylor, Nico, Damned et Doctor Feelgood… ), au cœur de Brest la brestoise, isolée à l’extrême pointe de la Bretagne, à 250 kilomètres de Rennes et de son rock plus étudié (dans une ville aussi étudiante, n’est-ce d’ailleurs pas logique ?). Des textes et des vignettes de bonne facture sur l’ensemble des groupes et le contexte de leur éclosion, d’improbables photos où l’on se sent projeté bien souvent de l’autre côté de la Manche ou de l’Atlantique (avec aussi, au passage, les mutations physiques du talentueux Christophe Miossec à travers les divers groupes où il est intervenu), un disque 25 titres où l’on entendra tour à tour du rock à papa, du rock progressif en langue bretonne, de la pop, du punk, de la new wave, du rock 90’s et de la chanson à textes en français sensible, font de ce livre à la maquette impeccable un objet qui honore et le rock et Brest, et qui mérite un écho national.