Après son premier livre traitant de son cyberharcélement, Jonathan Zablot revient avec un second ouvrage sur sa passion pour le jeu vidéo. Si vous ne connaissez pas le personnage, Jonathan était anciennement connu sous le pseudo Kirby-54 et est dorénavant appelé Asterion Le Bon sur les Internets. Youtubeur, streameur, influenceur, tiktokeur, Asmr Artist, collectionnneur (à noter que cela commence à faire beaucoup pour un seul homme), Jonathan avait décidé d'ajouter écrivain à son pôle d'activité. Pour avoir lu l'ouvrage précédent, ce n'était pas une franche réussite tant sur le fond que sur la forme. Alors j'avais bon espoir que sur un sujet plus trivial, Jonathan s'en sorte mieux et ait mûri son propos. Acheté et terminé en quelques heures, force est de constater qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

C'est pour cela que je vais revenir point par point sur chaque élément, en donnant des conseils, parce que, spoiler, Jonathan a prévu d'écrire d'autres livres. Libre à lui de les suivre ou non. Alors, installez-vous, on est parti (ça va être long et dur comme dirais l'autre).

Je vais également citer 2 ouvrages qui auront leur importance pour la suite : La Légende Dragon Quest de Daniel Andreyev et Jump, L'Âge d'Or du Manga de Hiroki Gotô. Je vous encourage, et surtout toi, Asterion, à les lire pour améliorer tes futurs ouvrages. Ces livres sont faciles d'accés et trouvables partout. Et maintenant, on est vraiment parti.

1. La couverture

On ne va pas se mentir, la couverture est digne d'une miniature youtube prise à l'arrache : Asterion nous regarde de 3/4 avec sa collection en arrière-plan. La 4eme est du même acabit, avec cette fois, un Jonathan mal détouré en chaussette reclut dans un coin jouant à la GBA SP avec un effet de flou en arrière-plan. Posons nous la question, à quoi sert une couverture ? Votre première rencontre avec le livre et ce qui vous poussera peut être à le prendre, lire son résumé voir à l'acheter (soyons fous !). En toute honnêteté, d'après la description que je viens de vous faire, acheteriez-vous sincèrement le livre d'Asterion ? J'en doute.

J'ai crû comprendre que son frère était illustrateur, alors pourquoi ne pas lui avoir proposé d'en faire une ou de demander à un graphiste professionnel de s'en occuper ? Pas besoin de faire quelque chose de recherché, un dessin avec les différentes consoles/jeux vidéos (car c'est en grande partie ce dont le livre va traiter) aurait amplement suffit.

2. L'introduction

Ca part déjà mal. On apprend que Jonathan a énormément de choses à nous raconter, à tel point qu'il aura certainement besoin de plusieurs autres ouvrages...Comment dire que cela frôle l'irrespect du lecteur ? Dans le cas où le livre traite d'un sujet complet, en long et large et en travers et nécessite plusieurs volumes, aucun problème. Mais 133 pages en comptant la table des matières où la plupart du temps les sujets sont survolés...Juste non. Ou quitte à annoncer des suites, autant donner en glisser un mot en guise de conclusion.

L'autre raison c'est que Jonathan souffre. Oui, oui, il souffre car il a besoin d'écrire ce livre car sa mémoire n'est plus ce qu'elle était (pages 8-9 : "Avec l'âge, les souvenirs fondent comme neige au soleil (...) au point d'oublier les souvenirs les plus marquants de ma vie"). Noter bien ce point parce que Jonathan ne se souviendra pas de grand chose à de nombreuses occasions. Plus sérieusement, si ces problèmes de mémoires sont récurrents, mieux vaut aller consulter un spécialiste qu'écrire un livre sur le jeu vidéo. Et si c'est pour donner un effet dramatique, c'est raté.

3. Mise en Page

Pour le coup, je serais succinct. Ça passe. Alors oui, de temps en temps, Jonathan tente des effets de style inadaptés comme à la page 68 où il "téléphone" à son frère ou se contente de lister des titres. Non, le plus dérangeant est qu'à de trop nombreuses reprises, l'espacement entre les mots est incorrect. Excepté rallongé un paragraphe, je ne vois pas d'autre explication.

Enfin, elle était là, l'occasion de mettre des photos ! D'époque, de sa collection, de lui en train de jouer, du Auchan de Saint Priest (endroit notable) pour donner du corps à l'ouvrage. Cela aurait d'autant plus rallonger le livre et aurait éveillé la curiosité du lecteur.

4. Écriture

L'écriture était déjà le gros point noir du livre précédent et force est de constater que c'est toujours le cas. Non, Asterion n'a pas la prétention de devenir le nouveau Victor Hugo et je n'ai aucun problème avec ça. Mais le minimum syndical, ce n'est, je crois, pas trop demandé.

Vous liriez ce livre tout en écoutant l'une de ses vidéos, vous ne constateriez aucune différence parce que Jonathan s'exprime à l'écrit comme à l'oral : "Oh mais attendez !" page 49, "Hé mon gugusse (...) Ha ha, la bonne blague!" page 60, "Et crotte, il n'y avait que 15 balles dans le chargeur!" page 85...Peut-être que Jonathan tente maladroitement de rendre un hommage appuyé au Petit Nicolas qui sait ?

L'autre gros mais alors gros problème est le profond sentiment d'immaturité avec l'emploi quasi systématique du langage familier, voir grossier : "On avait l'impression d'avoir une crotte collée au karting", page 41 "tellement le jeu était chiant", page 58 "Beaucoup de bouses" page 84, "en attendant un remuage de fion" page 92, "cet étron du diable"...et j'en passe ! Heureusement qu'Asterion précise qu'il "n'est pas scatophile" page 93 en parlant de Silent Hill Book Of Memories...

Le seul moyen d'ajouter des mots à son vocabulaire est de lire (pas des bandes dessinées/comics/mangas qui possèdent leur propre narration mais bien des des livres avec des phrases et des mots). Sur ce point, il n'y a pas d'autres choses à faire pour améliorer son écriture. Nous sommes humains, cela nous arrive tous les jours de nous tromper et dans ces cas, un dictionnaire est notre meilleur allié (avec celui des synonymes, c'est encore mieux).

D'ailleurs, je me suis même demandé si Asterion comprenait le sens de certains mots ou la manière de les utiliser. Lorsqu'il nous parle de la réception de la Wii U par le grand public (ce qui n'est pas un gros mot), Jonathan les désignera par le terme PNJ quelques lignes plus loin, pages 101-102 "Quand il s'agit d'un client lambda (...)À croire que vous voulez que les PNJ s'emmêlent facilement les pinceaux.". Dans le jeu vidéo, PNJ désigne certes, un personnage non-joueur (souvent avec une ligne de dialogue) mais également, sur le 18-25 de JVC (qu'Asterion fréquente), un terme moqueur pour désigner un simple d'esprit prompt à répéter la pensée dominante sans se poser de questions.

Un point positif, quelques phrases prêtent à sourire comme celle où Jonathan nous explique que "ces espoirs se sont envolés comme le prix de la moutarde en période de crise." en parlant d'un éventuel retour de F-Zero page 63 ou lors d'envolés lyriques dans l'espoir d'émouvoir le lecteur page 96 "La vie n'est qu'un éternel recommencement" ou "Le choix était aussi vaste que la bibliothèque d'Alexandrie".

5. Contenu

Le contenu est famélique. Souvenez-vous qu'Asterion avait beaucoup de choses à nous dire et que plusieurs livres pourraient voir le jour...Hé bé, autant faire directement des vidéos sur Youtube, cela nous fera gagner du temps. Je reprend mes questions : à quoi vous attendez vous en ouvrant ce livre ? Qu'Asterion nous parle de son rapport au jeu vidéo (encore une fois, 30 ans de Gaming les Gaaaaars !). Tout cela est traité par dessus la jambe. Les seuls jeux et consoles un tant soi peu développés sont F-Zero (jeu préféré d'Asterion) et la Wii (en rupture de stock lors de sa sortie). Sous couvert de pertes de mémoires, Jonathan se contente de donner 2-3 anecdotes sur la console/jeux en question et de faire des listes ou de courts paragraphes histoire de meubler... 30 ANS DE GAMING LES GAAAAARS !

Même quand Asterion tente de nous expliquer en quoi tel ou tel jeu fût marquant, cela manque trop souvent de précisions. Par exemple, il explique avoir découvert un jeu où l'on incarne un chirurgien sur DS page 76 sans nous donner son nom...pour nous expliquer qu'il avait importé Trauma Center 2, sa suite, sorte à la page suivante ! Bis repetita quand il nous explique avoir beaucoup aimé The Evil Within vu que l'un des deux créateurs de Resident Evil travaillait dessus...Ça prenait 3 clics de taper The Evil Within sur Internet et de trouver Shinji Mikami mais non, trop fatigant.

Le pire reste quand Jonathan pense nous apprendre la vérité véritable à de trop nombreuses reprises. L'exemple le plus notable est à la page 120, où il pense que Nintendo et Game Freak se fichent de la qualité des jeux Pokemon car "les joueurs n'ont aucun jugement de valeur et sont suffisamment stupides pour acheter n'importe quel jeu de la licence... cela ne fera que décroître la qualité générales des futures titres". Je rappelle que Nintendo, l'un des derniers constructeurs et développeur à sortir des jeux complets, a accepté de rembourser les achats en ligne de Pokemon Violet/Écarlate, qui certes, s'est vendu par palettes mais a été critiqué par les joueurs et la presse pour ses nombreux bugs et ses graphismes indignes d'une Switch. Une première dans l'histoire de la firme de Tokyo qui fait souvent la sourde oreille vis à vis de cette pratique.

Et encore encore une fois, ça prenait 3 clics de trouver des articles ou des vidéos sur le sujet qui expliquent que la Pokemon Company, la filiale de Game Freak responsable des produits dérivés, est en grande partie fautive sur le désastre qu'est aujourd'hui la licence Pokemon.

Bref, tout cela n'est pas assez abouti et je mets ma main à couper que si vous aussi, vous jouez aux jeux vidéos, vous auriez bien plus de choses à raconter sur votre parcours vidéoludiques.

6. Mon Konami Code

Je vais donc enfin prendre les 2 livres que j'ai cité au départ. En quoi sont-ils utiles ? Ils corrigent facilement les 3/4 des défauts de 30 ans de Jeu Vidéo. Les auteurs de Dragon Quest et de Jump vont revenir en détails l'un sur une licence, l'autre sur un magazine. La différence ?

Les deux développent leur point de vue et s'attardent sur chaque élément pour étayer leur propos. Leur réaction, leur joie, leur peine, leur sentiment sur tel ou tel élément, tout y passe. Entre autre, leur avis a une vraie plus value : l'un est un fan et l'autre, un ancien employé du magazine qui a vu son évolution sur plus d'une vingtaine d'années. Dans le cas de ce dernier d'ailleurs, l'auteur a sélectionné les titres sur lesquels il avait le plus de choses à dire et dédie un chapitre de fin aux mangas qu'il apprécie mais qui ne pouvaient pas faire l'objet d'un chapitre complet.

J'ai omnis de le préciser mais les deux écrivains reviennent sur énormément de termes pour qu'aucun lecteur ne soit perdu. A contrario d'Asterion qui part du principe que vous savez de quoi il parle systématiquement ou presque.

Je n'ai pas d'autres conseils à donner que de les lire (encore une fois, ce n'est ni du Rabelais ni du Maupassant) et d'étudier leur manière d'écrire pour que ton troisième livre, Jonathan, soit enfin d'un niveau correct. Faire relire son livre maintes fois et maintes fois, par votre famille, vos amis ou des professionnels peut également aider (ce qui ne me semble pas le cas de 30 Ans de Gaming).

Si vous souhaitez écrire pour vous, aucun problème. Cela en devient un pour moi, quand vous décidez de le commercialiser et tenter de sortir votre titre le plus vite possible au mépris de votre lectorat. Les gens seront plus prompt à pardonner vos erreurs en voyant que vous avez tenté de créer un projet correct plutôt qu'à l'arrache en se disant "ça passe".

7. Un Mot de Conclusion

Tout comme le reste du livre, la conclusion est confuse. Asterion explique qu'il n'a plus envie de perdre son temps et préfère jouer aux mêmes séries pour éviter les déceptions. Si les gros studios recyclent les formules ad-noseam, il ne s'intéressera que peu aux indés car leur budgets sont limités et il y a trop d'offres sur le marché...pour conclure qu'il lui reste beaucoup de titres à essayer parmi ceux qu'il a pu trouver en vide-grenier ou en solde !

Un peu paradoxale pour un passionné de jeux vidéo (et top 10 des meilleurs jeux indés ça aide aussi pour trouver rapidement des titres).

Vous l'aurez donc compris ce second ouvrage est un peu moins mauvais que le précédent mais est toujours au ras des paquerettes. Je vous déconseille donc son achat. J'ai tout de même l'espoir (naif ?) qu'Asterion écoutes les quelques conseils que j'ai pu lui donner ci-dessous pour qu'enfin son troisième ouvrage soit...le bon ;-)

Ratibus
3
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le 27 mars 2023

Critique lue 263 fois

Ratibus

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