Cover Vittorio de Sica - Commentaires

Vittorio de Sica - Commentaires

Un cinéma en forme de portrait, celui de l’Italie d’après-guerre vue du côté des miséreux. Le sentimentalisme n’altère pas la précision du constat social, et formule la recherche d’un monde dans lequel l’injustice serait abolie. Une œuvre de grande importance, poignante et universelle.

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12 films

créee il y a plus de 11 ans · modifiée il y a plus d’un an

Sciuscia
7.6

Sciuscia (1946)

Sciuscià

1 h 27 min. Sortie : 26 février 1947 (France). Drame

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Au sortir de la guerre, dans une Italie engoncée dans la pauvreté, deux petits cireurs de rues combinards tentent de conjurer la fatalité de leur condition en achetant leur idéal de liberté – un cheval gris porteur de tous les espoirs. Pris dans le cercle infernal d’une maison de correction, ils subissent les effets néfastes du cynisme et de la cruauté, et voient leur amitié grignotée par les malentendus, la trahison involontaire, la promiscuité, la manipulation des kapos et des geôliers qui transforment les promesses venimeuses en actes malveillants. À l’instar du seul gardien trop humain, qui craque devant la mort du petit tuberculeux, on est pris à la gorge, emporté, ému par l’évidence et la limpidité de cette allégorie tragique, qui pleure la perte des enfants sacrifiés sur l’autel d’une société injuste et misérable, sans place pour l’innocence.
Top 10 Année 1946 :
https://urlz.fr/keg8

Le Voleur de bicyclette
7.9

Le Voleur de bicyclette (1948)

Ladri di biciclette

1 h 29 min. Sortie : 26 août 1949 (France). Drame

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Ça fait partie de ces classiques panthéonisés qu’il est difficile de commenter sans tomber dans les lieux communs. Historiquement, on le considère comme le frère de "Rome, Ville ouverte", mais il s’en démarque par un sentimentalisme accru, une scénarisation plus signifiante qui l’habille du charme inusable de la fable, sans que jamais le choix idéologique de l’humanisme ne masque sa puissante revendication sociale. Une fois ces précisions apportées, ne reste qu’à pleurer devant les mésaventures de ces déshérités, leur combat du quotidien, leur quête morale qui interpelle tout un chacun sur un plan universel. Pleurer devant la déchirante humiliation finale, que rattrapent les toutes dernières images, lorsque la petite main du garçon glisse dans celle de son père, lui témoignant tout son amour et toute sa confiance – séquence sursublimissime.
Top 10 Année 1948 :
https://urlz.fr/kege

Miracle à Milan
7.2

Miracle à Milan (1951)

Miracolo a Milano

1 h 37 min. Sortie : 21 novembre 1951 (France). Comédie dramatique, Fantastique

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

De Sica poursuit son aventure aux côtés des réprouvés et des traîne-misère mais change complètement de creuset : fuyant la recherche naturaliste, il saute à pieds joints dans un onirisme clochardisé, extrayant mille gags désopilants d’un bidonville réenchanté. A condition de ranger son cynisme au placard, il y a de bonnes raisons de se réjouir face à ce conte fantastique au style très particulier, où l’on voit un nouveau Jésus prècher la bien et la bonté absolues, et les gueux d’une cour des miracles assister à un coucher de soleil comme au plus convoité des spectacles, ou s’envoler dans les cieux sur des balais magiques. Le néoréalisme est un esprit ; en recourant au burlesque le plus débridé, en souscrivant à une féérie qui bat la chamade jusqu’à friser l’absurde, le cinéaste en dévoile ici la dimension le plus candide.

Umberto D.
7.7

Umberto D. (1952)

1 h 29 min. Sortie : 10 octobre 1952 (France). Drame

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Résister, ne pas baisser les bras, se battre contre l’adversité qui menace chaque jour et prend les formes les plus diverses : une pension de misère, d’anciens amis qui tournent le dos, une marchande de sommeil sans scrupule. Umberto l’affirme, aux autres et surtout à lui-même : il ne se laissera pas faire. Mais ce retraité famélique, cultivé et lucide ne peut rien contre la société qui broie et écarte les plus faibles. Ses seuls amis sont la très jeune bonne de sa logeuse, dont les larmes coulent sans qu’elle en ait conscience, et surtout son chien, fidèle compagnon d’infortune, qui lui donnera le courage de continuer à vivre sa vie errante et misérable. En termes très purs, au plus près des pulsations intérieures de son héros, De Sica dit tout de la lassitude, du malheur des laissés-pour-compte d’une Italie exsangue et meurtrie.
Top 10 Année 1952 :
http://lc.cx/ZUDv

Station Terminus
6.3

Station Terminus (1953)

Stazione Termini

1 h 30 min. Sortie : 8 mai 1953 (France). Drame, Romance

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Ce n’est pas une brève rencontre mais sa fin, l’agonie lente d’une passion collée au rythme de l’existence, racontée dans un espace clos (l’immensité grouillante de la gare de Rome) et en temps réel, sans que jamais le récit ne cède à la tentation du flash-back. De par la composition sinueuse et désarticulée du film, le réalisateur gonfle chaque moment de sa charge concrète et cherche à rendre une sorte de condensé de la quotidienneté humaine. Entre la revendication désespérée contre l’organisation de la vie en structures sociales et la leçon du moraliste déplorant qu’il n’y a pas d’accomplissement possible sur terre, il maintient l’équilibre. Et c’est par le va-et-vient de sa sympathie du couple traqué au monde qui lui fait face qu’il parvient à offrir aux deux forces en présence une attention lucide et émue.

L'Or de Naples
7

L'Or de Naples (1954)

L'Oro di Napoli

2 h 18 min. Sortie : 13 août 1955 (France). Comédie dramatique, Sketches

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

D’origine parthénopéenne, le réalisateur rend son hommage à une ville dont l’or réside essentiellement, comme l’indique le texte liminaire, dans l’espérance et la patience. Six sketches en forme d’anecdotes dressent une chronique quotidienne qui témoignent d’un savant dosage de comique dans le dramatique et vice-versa : Totò déguisé danse pour l’inauguration d’une épicerie, Sophia Loren exhibe ses rotondités, Silvana Mangano gèle immobile dans le froid du petit matin… S’il marque le glissement de l’auteur vers un cinéma idéologiquement moins engagé mais toujours concerné par l’expression des problèmes socio-culturels, ce sonnet populaire aux airs de comedia dell’arte demeure hélas inégal dans ses registres et sa fluidité, n’intéressant que par intermittence et ne touchant que rarement.

La ciociara
7.4

La ciociara (1960)

1 h 41 min. Sortie : 17 mai 1961 (France). Drame, Guerre

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

En cet été 1943, une veuve romaine se réfugie avec sa fille dans sa région natale, proche des Abruzzes, dont la tranquillité fragile est épargnée par la guerre. L’occasion pour De Sica de poursuivre son portrait nuancé des petites gens, de leur vie difficile et souvent douloureuse, entre égoïsme des uns et intransigeance idéaliste des autres. Il est servi par l’énergie volcanique et la beauté affolante d’une Sophia Loren merveilleuse en madone populaire, prête à déplacer les montagnes pour protéger la chair de sa chair. Mais c’est bien la perte de l’innocence que scellent les exactions commises lors de la libération, alors que même la victoire se charge du goût de l’amertume. Ne reste alors pour le spectateur et les héroïnes, enlacées dans la force d’un amour inviolable, que leurs larmes pour pleurer. Très beau film.

Boccace 70
6.9

Boccace 70 (1962)

Boccaccio '70

3 h 28 min. Sortie : 29 août 1962 (France). Comédie romantique, Fantastique, Sketches

Film de Vittorio De Sica, Federico Fellini, Mario Monicelli et Luchino Visconti

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Segment "La Loterie"
Le programme commandé aux trois cinéastes consistait en des moyens-métrages d’une demi-heure dont le thème commun est l’étude de la sexualité dans les différentes classes sociales. Aucun réalisateur n’a respecté la durée et tous ont fait dévier le sujet vers la notion plus large d’érotisme en livrant des exercices de style parfaitement reconnaissables. Concoctée par De Sica et située cette fois dans le milieu paysan, la conclusion du triptyque trouve une tonalité farcesque et gentiment grivoise en dressant le portrait d’une communauté chauffée par la mise en jeu de la loterie foraine – rien d’autre que la mégabombe du village, j’ai nommé la caliente Sophia. La comédie ne porte pas à conséquence mais elle est suffisamment cocasse et épicée pour faire passer un bon moment.

Il boom
7

Il boom (1963)

1 h 28 min. Sortie : 2 novembre 2016 (France). Comédie

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

En cette première moitié des années soixante, il restait encore à la comédie italienne beaucoup de chemin à parcourir dans la cruauté corrosive pour atteindre à la noirceur affreuse, sale et méchante d’un Scola. Mais De Sica fait un pas non négligeable à travers l’histoire d’un de ces losers toujours du mauvais côté de la marge, cherchant fébrilement à donner le change, et qui pour maintenir le lustre de sa situation et satisfaire les besoins de sa femme se voit contraint à une transaction pour le moins radicale. Nul épanchement de grotesque, d’outrance ni de bouffonnerie n’est de mise dans cette peinture drôlement angoissée d’un quotidien où l’on devine les couleuvres avalées, l’amour propre piétiné, la conscience fracassée. Et le cinéaste d’affirmer, derrière son humanisme de bon apôtre, une rage iconoclaste.

Hier, aujourd'hui et demain
7.1

Hier, aujourd'hui et demain (1963)

Ieri, oggi, domani

1 h 59 min. Sortie : 15 mai 1964 (France). Comédie romantique, Comédie dramatique, Sketches

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Sur la trace de "Bocacce 70", le réalisateur et son scénariste-fétiche construisent un triptyque qui donne une idée assez exacte de leurs problèmes de nouveaux demi-enrichis, devant leur situation à différents compromis. Hier-Naples est une historiette anecdotique dans la plus rudimentaire tradition du néoréalisme souriant. Aujourd’hui-Rome fournit le prétexte d’une comédie cocasse où le frisson catholique le dispute à la frivolité d’un pas-de-deux sentimental et grivois entre une volcanique prostituée et un notable veule mais sympathique. Demain-Milan, inséré en interlude, conclut sur la sécheresse de cœur provoquée par l’argent, avec une sorte de sous-entendu nostalgique pour l’époque des guenilles. L’ensemble, inégal, doit beaucoup à l’abattage et à la complicité évidente de son duo de vedettes.

Mariage à l'italienne
7.1

Mariage à l'italienne (1964)

Matrimonio all'italiana

1 h 42 min. Sortie : 30 décembre 1964 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Comédie à l’italienne surtout, mais hélas pas de la meilleure eau. Engagés dans une mauvaise pente manifeste, De Sica et Zavattini racontent sur vingt ans les perpétuelles volte-face amoureuses d’une prostituée napolitaine et d’un fils de famille veule qui n’assume jamais leur relation. Ce qui aurait pu être une satire sarcastique des bases morales de ce monde petit-bourgeois et du mariage qui en est le centre se réduit à une suite de résidus néo-réalistes coloriés en rose, rapiécés à coups de petits chantages sentimentaux maladroits et truffé de clichés assez éculés de roman-photo. L’ensemble recourt régulièrement à une vulgarité d’almanach flirtant avec la grivoiserie, une sensiblerie de mélo qui, malgré quelques instants d’émotion réelle, laisse une tenace impression de verre à moitié vide.

Le Jardin des Finzi-Contini
7.1

Le Jardin des Finzi-Contini (1970)

Il giardino dei Finzi Contini

1 h 34 min. Sortie : 8 décembre 1971 (France). Drame, Historique

Film de Vittorio De Sica

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

La jeunesse est éphémère, sa beauté transitoire et volatile. Mais il suffit que la tragédie la frappe de plein fouet pour qu’elle acquière une dimension éternelle, comme figée hors du temps dans l’intensité de son bonheur. Le jardin des Finzi-Contini, enclave de sérénité où les jeunes gens se livrent à des parties de tennis tandis que le fascisme gronde dans le monde extérieur, ne résistera pas au mal qui couve. De Sica évoque la montée de l’antisémitisme, la lente propagation du poison idéologique, les manifestations du danger rampant en des images lumineuses, limpides, pour mieux faire éprouver la douleur d’un passé à jamais révolu. Lorsque le malheur longtemps tenu à distance vient briser les trajectoires, ne subsiste que le souvenir d’une insouciance rendue plus poignante encore par le cauchemar de l’Histoire.

Thaddeus

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