Vaporwave - Exploration musicale, vol. 1

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8 août 2010 - New York - 55 min. - The Curatorial Club :

Unique album de Mr. Oneohtrix Point Never (Daniel Lopatin) sous son pseudonyme Chuck Person, cette mixtape de 55 minutes est considérée comme le point de départ du courant vaporwave. Il s'agit d'une collection de samples courts tirés de morceaux éclectiques (d'un single RnB de JoJo aux Byrds en passant par Tupac ou Aphrodite's Child), ralentis avec la technique du Chopped and Screwed, passés en boucle (looping), puis plus ou moins torturés par l'artiste (Par exemple, ce sample de Marvin Gaye sur A8 à 1:04). Ça groove parfois, ça chill souvent, mais je trouve qu'il se dégage de la plupart de ces sons quelque chose de vraiment sombre. Comme l'impression d'être, fantomatique et solitaire, coincé dans un parc d'attraction en pleine effervescence mais peuplé d'hommes-automates tristes et sans visages.

Highlights : A3 (ce sample de JoJo !), B3, B7, B4, A4.
https://www.youtube.com/watch?v=unN7QvSWSTo
29/03/2021

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9 décembre 2011 - Oregon - 43 min. - Beer on the Rug :

On entre dans le vif du sujet avec le plus célèbre des albums du genre, Floral Shoppe. Derrière ce titre et cette pochette énigmatique se cache une artiste d'avant-garde très prolifique, Vektroid (Ramona Andra Xavier), dont on ne sait à peu près rien. Elle fait partie des pionnières de la vaporwave, et continue aujourd'hui de la faire évoluer sous ses nombreux pseudonymes.
Floral Shoppe en quelques mots, c'est des samples courts de soul et de new age des années 80 et 90, qui sont ralentis, glitchés et organisés dans un ordre réfléchi pour créer une ambiance chill urbaine et ensoleillée (sur les premier et dernier tiers de l'album), ou plus atmosphérique, aérienne ou aquatique (juste après la très oppressante 地理 [Geography]. Le travail est très musical et on n'a jamais cette impression désagréable d'écouter un disque rayé. L'une des vraies forces du disque, c'est la capacité qu'a eu l'artiste de s'approprier les samples pour créer une sorte de bulle pleine d'une âme propre, aux couleurs rétrofuturistes et digitales.
(Notes sur la version cassette parue en 2012)

Highlights : 数学 [Mathematics], リサフランク420 / 現代のコンピュー [Lisa Frank 420 / Modern Computing], ブート [Boot].
https://www.youtube.com/watch?v=4v8mo7mqBiQ
10/04/2021

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25 octobre 2011 - Californie - 45:40 min. - Hippos in Tanks :

Imaginez la mise en musique de toute la technologie banale qui vous entoure, celle à laquelle vous ne faites sûrement plus attention : machines à cafés, panneaux publicitaires auto-defilants, caisses de paiement autoroutier, voix digitales, bornes de retrait banquaire, ... Dans mon esprit, ça donnerait à peu près Far Side Virtual. Projet du ponte de la pop hypnogogique James Ferraro, il s'agit d'un disque complexe à aborder, à la fois très singulier parmi les albums de Vaporwave, et cristallisant pourtant mieux l'essence et les concepts du genre musical que beaucoup d'albums plus classiques.
Toutes les pistes sont des compositions originales réalisées sur GarageBand (et non basées sur des samples), ce qui distingue l'album de la masse de la vaporwave. Le concept même de l'album surfe sur l'une des thématiques forte du genre, le consumérisme : tous les morceaux sont créés à la fois pour être des sonneries de téléphone téléchargeables, et pour constituer un album commercialisable.
Expérience musicale plus qu'autre chose, Far Side Virtual est un album intéressant, à mon sens meilleur dans sa deuxième moitié, qui demande pour être apprécié une écoute vraiment attentive.

Highlights : Adventures in Green Foot Printing, Google Poeises, PIXARnia and the Future of Norman Rockwell.
https://www.youtube.com/watch?v=pd-uSm8ittU
26/04/2021

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1er juillet 2011 - Oregon - 29:40 min. - Beer on the Rug / PrismCorp :

Quelques mois avant la petite bombe que fut Floral Shoppe, Ramona Andra Xavier livrait son premier véritable album vaporwave, un travail qui se situait dans la continuité de ses sorties depuis l'EP Telnet Erotika. Cet opus, très distinct de Floral Shoppe, pourrait évoquer un programme télévisé nocturne composé uniquement de courtes publicités surréelles, rétrofuturistes, aux parfums du consumérisme et de l'hyperurbanisme des années 1980 et 1990. Il est aisé d'imaginer à chaque changement de morceaux, tous construits sur un sample court, souvent instrumental et loopé en boucle sur une durée dépassant rarement les deux minutes, un nouvel appareil électroménager ou un gadget en plastique pseudo-révolutionnaire tournoyant au ralenti sur un fond vert rétro. Il existerait deux versions du disque, l'une parcourue de voix off japonaises et l'autre non, mais je n'ai pas trouvé la première... cependant la seconde, variée, composée de morceaux vraiment tranquilles et d'autres plus rythmés pouvant presque flirter avec le hip-hop, est vraiment agréable à l'oreille, avec un côté très muzak évidemment, et possède son lot d’expérimentations amusantes.

Highlights : Data Dream, Select, Grid, Malls.
https://www.youtube.com/watch?v=vtHIueK8Afk&t=149s
03/05/2021

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2 octobre 2010 - New York - 19:09 min. - Indépendant :

Skeleton, c'est de la muzak de ruines, sépulcrale et fantomatique. C'est la nécromancie préférée à la nostalgie. C'est une vaporwave floue et à part, aux limites du dark ambiant ou du plunderphonics inclassable. C'est des samples décharnés, méconnaissables.
Ce premier album sort un mois avant l'obscur Holograms (celui qui selon Vektroid elle-même définira l'ésthétique de la vaporwave), et est produit par l'anonyme et discret.e producteur/trice new-yorkais.e 骨架的 [Skeleton]. Bien avant l'explosion de la vaporwave, les limites du genre en sont testées avec des samples étirés au maximum, de manière délirante et anti-musicale au possible, quelques secondes pouvant alors devenir plusieurs minutes. C'est souvent glaçant et vraiment pas pour tout le monde, mais c'est assez puissamment évocateur, bien que vraiment court.

Highlights : L'ensemble. Difficile de faire autrement.
https://www.youtube.com/watch?v=tD064_ifO7w
04/05/2021

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2 novembre 2010 - New York - 29:40 min. - Indépendant :

Le producteur 骷 [Skeleton] semble avoir un sujet qui l’obsède : l’altération de la mémoire. On trouvait déjà cela dans son premier album. C’est aussi le thème d’Holograms : un souvenir vague, subconscient et pas totalement certain, celui d’une époque et d’un monde révolu. Ce souvenir charme, mais perturbe aussi, car son objet est proche du connu mais n’est pas pleinement vraisemblable, il est en décalage avec la vie, avec l’humain. C’est le souvenir de l’impossible, qu’on continue de fixer sans jamais parvenir à le délimiter, à en dessiner les contours… La musique réussit parfaitement à exprimer ça. Elle est très atmosphérique, composée de samples relaxants, couverts d’écho, loopés et légèrement glitchés mais reconnaissables, tirés de morceaux de smooth jazz, de funk ou de soul des années 1980 (avec pas mal de Dionne Warwick). Les morceaux disparaissent plutôt que de finir, l’écho donne une impression de flou à l’ensemble, et tout est étrangement désincarné. Tout est à l’image de cette pochette alternative judicieusement choisie (celle que vous voyez sur SensCritique, avec le popotin couvert traversant un espace aquatique indéfini).
En plus d’être un excellent album de vaporwave atmosphérique et d’être particulièrement original dans son approche du genre, Holograms est un album déterminant dans la naissance du mouvement, et historiquement incontournable. Bien sûr, l’influence des Eccojams de Daniel Lopatin s’y ressent, mais c’est quelque chose de bien différent et d’innovant qui est proposé, avec en prime une vraie approche artistique.

Highlights : Tout, encore une fois… à écouter d’une traite, en hypnagogie. Parce que c’est précisément l’état de conscience dont parle cet album, à mon avis.
https://www.youtube.com/watch?v=iIavIxrtFV4&t=9s
18/05/2021

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16 janvier 2011 - Texas - 15 min. - Indépendant :

Datavisions Ltd., c'est deux personnes : Leonce Nelson, dont on ne reparlera sans doute plus jamais ici (il semble s'être éloigné de la vaporwave), et surtout Robin Burnett, futur artiste majeur et pionnier du genre sous le pseudonyme INTERNET CLUB. Vector Tables : New Stereo Sound for 1988, c'est le prototype de l'esthétique entrepreneuriale capitaliste qu'utilisera Robin Burnett par la suite, avec un titre faisant référence à la haute technologie informatique et un contenu évoquant immanquablement les musiques d'attente téléphonique. La qualité sonore des morceaux est variable, mais reste très basse. Certains sont calmes et presque agréables, quand d'autres sont stridents. Parfois, des inserts publicitaires sont ajoutés entre les morceaux. Tout cela accentue cet aspect de transmission téléphonique. En somme, on a un disque tenant un propos cohérent, et apportant une esthétique nouvelle à la vaporwave, qui sera largement développée par la suite. Malheureusement, le propos reste superficiel et l'EP est assez vide par conséquent, avec des morceaux qui échouent à marquer un minimum. Comme tout prototype ayant abouti à quelque chose, il a été dépassé depuis et paraît presque banal, anecdotique, malgré ce qu'il a apporté au genre.

Highlights : Funk Soul/Soulful Funk, Radiodiffusion.
https://www.youtube.com/watch?v=zxyj35MgdOo
08/06/2021

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14 mai 2011 - Texas - 10 min. - Beer on the Rug :

Ce court EP, formellement, reprend la formule du Vector Tables de Robin Burnett et Leonce Nelson, avec une série de pistes courtes, répétitives et minimalistes. L'ambiance est différente : Midnight Television est urbain, nocturne, enjoué et mélancolique, loin de Vector Tables qui lui était froid et corporatif. Le son est clair, pour une approche très easy-listening. Comme les productions ultérieures de cet artiste anonyme sous les noms Computer Dreams et Computer Slime, Midnight Television a assurément contribué à la définition de l'esthétique vaporwave, et plus particulièrement à l'éclosion du late night lo-fi, une des sous-branches du genre. Il est d'ailleurs cité par Robin Burnett comme inspiration importante pour son travail sur Internet Club. Personnellement, je trouve ces dix minutes de musique globalement inintéressantes, à cause d'un travail trop limité sur les samples et d'un manque d'intelligence globale : par exemple le morceau All Night (version chopped & screwed de l'outro du Let's Go Together de Change, sans modifications), avec son fort potentiel mélancolique, aurait gagné à être développé, alors qu'une piste comme Blind Dates, qui n'est qu'un looping simpliste d'une musique de la série Saved by the Bell*, est bien trop longue et aurait mieux fonctionné comme transition rapide et dynamisante.

Highlights : All Night, After Party.
* Musique post-générique. Blind Dates est le titre de l'épisode 6 de la saison 2 : https://www.youtube.com/watch?v=yxtGTWowFmo
16/08/21