Cover Un itinéraire dans les musiques extrêmes

Un itinéraire dans les musiques extrêmes

L'essentiel des albums qui m'ont marqué durablement dans l'ordre approximatif (ça remonte un peu...) de leur découverte. D'ailleurs, tout ceci est assez embrouillé, puisque la progression logique et cohérente vers la Découverte est faite d'aller-retours nombreux et répétés, parfois très espacés dans ...

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30 albums

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a 7 mois

Count Your Blessings
5.6

Count Your Blessings (2006)

Sortie : 30 octobre 2006 (France). Deathcore

Album de Bring Me the Horizon

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Tout commence en 2011. Le lycée, l'adolescence, quelle période ingrate à vivre dans une vie ! La découverte de cet album a été une immense claque : une rage si féroce, si intense, saturée d'un vaste panel d'émotions à fleur de peau entremêlées dans un chaos insondable. Exactement le défouloir que je recherchais à ma colère à un moment précis de mon existence. Ce fut également ma première approche sérieuse avec les musiques extrêmes — jusque-là, je n'écoutais qu'un vague panel de groupes de rock et de Metal « soft » à la mode, sans grande conviction.

Count Your Blessings. Ces écoutes non-stop, presque 24h/24, à la fin d'un mois de novembre chaleureux qui annonçait l'été à venir et la fin de l'année scolaire (je vivais dans l'hémisphère sud), ont scellé dans mes entrailles entre la musique et moi un contrat qui ne s'est jusqu'à présent jamais démenti.

La mode était alors au metalcore et au deathcore, ce qui voulait naturellement dire qu'il fallait détester ces groupes, pas toujours sans raisons d'ailleurs. Mais je l'ignorais à l'époque. Je ne connaissais rien. En tout cas, je reconnais toujours à cet album une qualité exceptionnelle, un jeu de guitare dément, un maelstrom infernal qui vrille les entrailles dans un bouillonnement de rage et d'amour déçu. Une plongée dans la noirceur, dans sa propre noirceur, dans le mal à l'état pur, dans le désir d'anéantissement de soi, la mort en face des yeux, la rancœur aux tripes, la haine de ce monde trop beau, trop mièvre, trop prospère, trop parfait : un pur chef-d'œuvre de nihilisme décadent offert par ces jeunes anglais.

« I hear the fear in your voice, but you shouldn't feel a thing
Your life's already worse than any pain that I could bring
That I could bring, that I could bring
I could make it December every day
But you're so blind, it may as well be May.

I whispered in her ear "Fear me, dear, for I am Death"
I'll take everything you ever loved
I whispered in her ear "You better fear me, for I am Death"
For I am Death, for I am Death, bitch »

J'ai appris la guitare en potassant les morceaux de l'album. J'étais fou. Je savais shredder avant même de savoir suivre un rythme au métronome... Mais je crois que ce fut on ne peut plus formateur : viser haut dès le départ, un excellent moyen d'apprendre vite. Enfin, selon moi. Anecdote inutile : joués à l'acoustique, en mi standard, les morceaux de l'album sonnent comme de la... salsa.

Tomb of the Mutilated
7.1

Tomb of the Mutilated (1992)

Sortie : 22 septembre 1992 (France). Death Metal

Album de Cannibal Corpse

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Dans une médiathèque, près de chez moi, au rayon « rock psychédélique », il y avait un album de Cannibal Corpse — mais pas celui-ci, Kill je crois. Cette médiathèque a bien aidé à donner une assise à ma culture musicale naissante.

Ce qui est sûr, c'est que Cannibal Corpse est revenu naturellement pour assouvir cette colère démente susmentionnée, en ce début d'été. Tomb of the Mutilated, ça reste mon album préféré du groupe. Hammer Smashed Face est un morceau dément, un bon exercice à la basse. Je n'ai jamais aimé l'esthétique gore mais Cannibal Corpse ont au moins le mérite d'être drôle. Et puis, je voulais juste de la violence.

The Cleansing
6.6

The Cleansing (2007)

Sortie : 18 septembre 2007 (France). Deathcore

Album de Suicide Silence

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

L'été s'avance, il faut nourrir mes écoutes avec toujours plus de violence. Je connaissais un peu de nom Suicide Silence (c'était on ne peut plus à la mode), sans trop m'être penché ; j'avais du mal à adhérer. Mais il y avait cet album, The Cleansing : un jour, j'ai compris. De la brutalité pure, rien de plus. Une caisse claire en folie, avec son tac-tac-tac-tac-tac terrible, l'idée aussi bête que géniale de l'album.

Monotheist
7.8

Monotheist (2006)

Sortie : 26 mai 2006 (France). Experimental, Death Metal, Doom metal

Album de Celtic Frost

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

Celtic Frost figure parmi les premiers groupes de metal extrême que j'ai écouté. Il m'a fallu beaucoup de temps pour vraiment apprécier cet album, effectivement resté fort original (je n'ai écouté les autres que bien plus tard). Il faut dire que le clip de A Dying God Coming into an Human Flesh mettait en avant l'album sous un angle plutôt original : c'est lent, lugubre, cérémonieux, mystérieux (sinon mystique) ; il y a ce son de basse délicieusement saturé que j'étais incapable de déchiffrer à l'époque, et la voix claire du bassiste, cérémonieuse, solennelle, avec son accent allemand à couper au couteau...

« All is cold and frozen.
Frozen the sea, frozen the sky.
Frozen is death, but I cannot die.
Cannot die.
As the snow falls.
To cover this all.
And all is cold.
And cold is all.
All is cold and cold is all. »

Voilà ma première rencontre avec Celtic Frost, groupe suisse qui m'a toujours évoqué des châteaux lugubres au sommet des montagnes enneigées, dans un Moyen Âge en noir et blanc, piégé dans un hiver éternel, où les paysans tirent une gueule de décomposition au bord des chemins boueux, cherchant désespérément à manger. Le chanteur et guitariste, Tom Gabriel Fischer, est sans nul doute un personnage fascinant. Un de ces éternels souffreteux, un hypersensible pour qui la vie semble être une agression permanente ; un de ces gens comme auréolés de souffrance, repliés dans leur richesse intérieure, avec cette conviction sans faille qu'il y a autre chose, que ce monde n'est pas le seul, qu'il y a une félicité au-delà, par-delà la douleur. Toutes choses qui transparaissent dans cet album : une noirceur intense, lente, souffreteuse, avec son lot de références vétéro-testamentaires, mais d'où luit quelque étrange rayon cristallin derrière le voile. Quant à Fischer, il l'aura dit lui-même : son seul mauvais album (parce qu'il est tout de même assez orgueilleux malgré tout) a été composé au seul moment de sa vie où il a été un peu heureux...

Stormblåst
7.2

Stormblåst (1996)

Sortie : 25 janvier 1996 (France). Symphonic Rock, Black Metal

Album de Dimmu Borgir

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Un ami m'avait fait découvrir Dimmu Borgir, un des groupes qu'il appréciait le plus. J'ai bien sûr commencé par les albums plus récents et très commerciaux, que je trouvais déjà à l'époque d'assez mauvais goût et qui m'avaient peu parlé. Puis un jour, je suis tombé sur la version 2005 de cet album (complètement réenregistré avec un son moderne et propre), qui ne m'avait pas laissé insensible. L'écoute de la version originale m'avait plus marqué encore. Quel son bizarre ! Vraiment déroutant pour l'époque, je n'avais jamais entendu ça. Je me suis empressé de chercher les tablatures où j'ai découvert le charme irrésistible des power chords "renversés" chers au Black Metal. Je me suis rapidement dit qu'il y avait un "quelque chose" d'incroyable dans ce style qu'il fallait absolument approfondir, une sorte de secret à percer. Je ne m'étais pas trompé mais il m'aura fallu quelques années encore pour vraiment m'y mettre.

L'ordure à l'état pur
7.5

L'ordure à l'état pur (2011)

Sortie : 20 mai 2011 (France). Black Metal

Album de Peste Noire

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Ce devait sans nul doute être l'un des premiers albums de Black Metal que j'ai écouté — une approche étrange, mais je me doutais bien que Peste Noire faisait figure originale dans la scène. Comment suis-je tombé dessus ? Nulle idée. Ca paraissait vraiment obscur. Le morceau J'avais rêvé du nord était coupé en deux vidéos de 10 min chacune sur YouTube à l'époque ! Mais c'était français, c'était écrit en français, ça respirait les vieilles cités médiévales — tout pour me plaire (j'ai toujours dû être un peu chauvin après tout). Et cette violence politique, ces prises de parti extrêmes : un groupe à écouter en cachette chez ses parents. Ca avait son petit truc jouissif faut avouer, comme toute transgression adolescente. J'étais déjà politisé depuis un moment à cette époque, mais plutôt à l'extrême opposé de l'échiquier politique (j'avais développé très tôt une affinité immense pour Proudhon, gros chamboulement dans ma vie intellectuelle — alors quasi inexistante — que cette possibilité : l'anarchisme)... Découverte musicale, découverte aussi d'un univers politique marginal...

Paranoid
8.1

Paranoid (1970)

Sortie : 18 septembre 1970 (France). Heavy Metal, Rock, Hard Rock

Album de Black Sabbath

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Ca, ça venait de la médiathèque. Black Sabbath : j'avais dû lire quelque part que c'était considéré comme le premier groupe à jouer du Metal au monde. Ce qui était assez dingue, c'est que les types que je connaissais qui étaient un peu dans le rock ou le metal au lycée ne connaissaient pas du tout ce groupe. Que des poseurs !

Ce qui est sûr, c'est que j'ai tout de suite accroché. Ce son si étrange, si unique, et qui (ce qui est proprement magique) parvient à rendre intact à chaque nouvelle écoute, même dix ans après la première, ce sentiment que ce son est bel et bien étrange, bien unique. Quelque chose à avoir avec les doigts mutilés du guitariste, sans doute, mais aussi à cette spatialisation du son parfaite, à cette basse clairement distincte à droite, bien ronde, qui ressort bien, et la guitare qui reste sagement à gauche. Une excellente idée car je crois qu'on sous-estime le génie monumental du bassiste, compositeur absolument brillant ; peu de bassistes parviennent à se tailler une place si fine et subtile dans une composition. Ma fascination pour la basse, qui a longtemps mûri avec frustration avant que je m'en procure finalement une, vient probablement de cet album.

Autre chose qui m'a frappé : c'est lent, c'est plutôt calme. Quelque part, je l'ai tout de suite vu comme la pure essence du Metal, comme son réel archè — origine, principe, au sens de l'origine qui domine la destinée de. Et c'est quelque chose de très anglais, de divinement anglais. Dans ma tête, c'est la campagne coupée de haies qui défile la nuit, au bord d'une voiture, dans les années 60, passant les villages crasseux, les églises gothiques, les farmstead proprets, les cottage fleuris, et soupçonnant un conclave de fées au bord de la rivière, là-bas, dans la nuit... La nuit de tous les mystères, où tout est voilé, assombri, dans sa plus véritable lumière. Pour moi, c'était l'Europe, la belle Europe. Et des réminiscences de voyages en France de quand j'étais tout gamin, quand on traversait la campagne par les petites routes je ne sais où...

Killers
7.2

Killers (1981)

Sortie : 2 février 1981 (France). Heavy Metal, Hard Rock

Album de Iron Maiden

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

Peu après Black Sab', un autre des fameux dont je savais que c'était fameux. La tête de proue de la New Wave of British Heavy Metal, les tous débuts d'un phénomène à vocation mondiale, dix ans après Black Sabbath... Evidemment, fallait bien que je l'écoute. Et je dois dire avoir tout de suite immensément accroché. Ces guitares, ce jeu de basse à trois doigts que je me suis empressé d'apprendre quand j'ai fait l'acquisition de cet instrument, tout est clinquant, brillant, bien clair chez Iron Maiden. Mais peut-être un peu trop pour que je sois jamais devenu un inconditionnel du groupe ; au-delà du génie d'écriture, ça manque peut-être d'un quelque chose...

Il était une forêt…
7.7

Il était une forêt… (2007)

Sortie : 20 décembre 2007 (France). Black Metal

Album de Gris

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Probablement parce que c'est avec ce genre de groupes que j'ai découvert le Black Metal, je n'ai jamais vu dans ce style le ramassis de diableries diaboliques auquel on l'associe généralement (surtout quand on n'y connaît rien) mais plutôt quelque chose de poétique, de romantique, évoquant la nature, l'éternel retour des saisons, la belle harmonie sous les cieux, dans la mort, dans la vie. Il était une forêt... Un sacré album ! Presque seul bon album de "Depressive Suicidal Black Metal" à mon sens. C'est resté un album que j'affectionne énormément. D'une grande beauté, peut-être un peu maniéré dans l'écriture des paroles, il constituait sans nul doute une bonne introduction à l'univers nordique et sauvage propre au BM. Sauf que le grand nord ici, c'est le Québec : Gris, tête de proue de la scène québécoise qui avait un certain succès à cette époque.

Cet album, c'était peut-être aussi pour moi une des premières introductions au son crade. J'arrivais à avoir un son similaire avec la saturation de mon horrible ampli Ashton (marque australienne très bas de gamme)10 watts et la médiocre guitare vendue avec (dont le manche a fini par accuser un écart d'un bon centimètre par rapport aux cordes à force de l'accorder n'importe comment). Et je me dis toujours que ça devait bel bien être avec ce genre de matériel que l'album a été enregistré. Au-delà de ça, je crois pouvoir dire que c'est resté un album très original en son genre, avec un son bien à lui. Et des paroles....

« Il était une forêt
où l'écorce des arbres
reflétait la beauté d'un monde perdu »

Ca, répété dans un hurlement désespéré de longues minutes, c'est simplement sublime. La souffrance, la douleur, le regret, la beauté d'un monde perdu... Il me semble que les membres de Gris étaient très jeunes quand ils ont écrit l'album. En tout cas, il a quelque chose de cette beauté profondément triste de l'adolescence, de cette chose qui naît et qu'on peut garder en soi, cultiver en grandissant, ou oublier, en se vautrant dans la médiocrité et l'indifférence, comme disait grosso modo Armel Guerne.

The Way of All Flesh
7.7

The Way of All Flesh (2008)

Sortie : 13 octobre 2008 (France). Heavy Metal, Death Metal, Experimental

Album de Gojira

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Toujours à la fameuse médiathèque. J'avais presque complètement épuisé le rayon "Metal/Hard Rock". Ne restait plus que cet étrange CD. Gojira. Jamais entendu parler. Qu'est-ce que c'est ? La pochette est bizarre. Apparemment c'est français ? Bon, ma foi...

... Et quelle claque !

Gojira, c'était à peine connu à l'époque, ça sortait tout juste des milieux des connaisseurs. Je me demande d'ailleurs bien comment ce CD s'est retrouvé dans cette médiathèque obscure, à 22 000 kilomètres de la ville d'origine des membres du groupe. Je crois que j'avais écouté l'album à peu près au moment de la sortie de l'Enfant sauvage, peu après le passage du groupe aux Vieilles Charrues... Donc un groupe encore à peine connu en train de rencontrer une renommée nationale, puis mondiale. Quelques années plus tard, je les voyais en concert... en Australie, où ils faisaient la tête d'affiche.

En tout cas, cet album a été une immense révélation pour moi à l'époque. Je n'ai fait que l'écouter pendant plusieurs mois, potassant sérieusement les paroles imprégnées de spiritualité bouddhiste, entre deux séances de code de la route intellectuellement sensiblement moins stimulantes... Les paroles me fascinaient, c'était tout un potentiel à cogiter. Dieu ? Le divin ? La vie après la mort ? L'âme ? L'art de mourir ? Le temps ? Les cycles ? Cette histoire de cycle des réincarnations, j'en avais tiré une interprétation, disons, de type historiciste hégélienne, ce que je trouve plutôt amusant avec le recul. Je ne crois pas avoir jamais entendu parler de Hegel à l'époque mais tout de même, les idées de cet immense penseur ont dû tellement imprégner notre culture européenne que c'est à se demander si la dialectique de l'Esprit s'amenant à sa propre connaissance ne m'est pas venue comme malgré moi se surimposer sur les cycles de réincarnation permettant d'atteindre le Nirvana.

Musicalement, ce côté « tribal », strictement rythmique (il n'y a presque aucune mélodie), demeure quelque chose que je trouve très original chez ce groupe, avec cet usage plutôt génial des harmoniques par les guitaristes. Quelques temps plus tard, j'ai commencé à rencontrer les aînés de la scène locale, qui regardaient le succès de ce groupe avec un certain mépris.

Je n'ai pas écouté cet album depuis des années au moment où j'écris cette note (septembre 2023), je le trouve toujours très bon, mais il est vrai que le message écologiste un peu gnangnan est trop explicite, trop frontal, ça manque de finesse..

Koloss
7.4

Koloss (2012)

Sortie : 23 mars 2012 (France). Thrash, Death Metal

Album de Meshuggah

Antrustion a mis 7/10.

Annotation :

Il paraissait que ce qui se rapprochait le plus de Gojira, c'était Meshuggah. Alors je m'étais mis leur dernier album en date à l'époque, et c'était celui-ci, Koloss.

Des paroles qui avaient encore de quoi bien me faire cogiter. Le Koloss, métaphore d'un système aveugle de contrôle absolu des masses dans leur moindre intimité.

Meshuggah est un groupe vraiment à part, qui ne s'écoute pas facilement. Pourtant, ils acquéraient un énorme succès à l'époque. Ils sont à l'origine d'un genre, le « djent », bruit censé être produit par un palm mute à vide sur la corde grave d'une guitare à huit cordes. Partant de là, Meshuggah développe des successions de rythmes découpés en courtes phrases musicales qui se modifient constamment en longueur pour produire un effet progressif de décalage du phrasé par rapport à la signature rythmique. De fait, on finit par ne plus très bien parvenir à compter les mesures. En réalité, c'est tout simplement du 4/4, tout au long du morceau : le riff se « décale » peu à peu selon une logique mathématique donnée pour finir, après un certain nombre de répétitions, à retourner « enclos » dans un nombre « normal » de mesures. En somme, à la fin du cycle, la phrase musicale se clôt correctement sur le dernier temps d'une mesure. Ce qui permet au prochain cycle de commencer...

La musique de Meshuggah progresse comme ça, en boîtant, avec un son grave monotone, la voix monocorde du chanteur, les accélérations régulières de la batterie. C'est très mécanique. Une mécanique qui se dérègle et se rerègle en permanence. D'un certain point de vue, c'est fascinant, et à l'époque, j'écoutais ce groupe religieusement.

Meshuggah a aussi énormément contribué au développement de l'amplification virtuelle. C'est-à-dire qu'au lieu d'enregistrer les guitares et basses via un microphone positionné devant l'ampli sur lequel le musicien joue, celui-ci branche directement son instrument sur l'ordinateur via une carte son externe dédiée. Ensuite, les différents modèles d'amplificateurs et de pédales d'effets sont synthétisés dans d'immenses banques de données. Le résultat : un son froid, inorganique, tranchant. Ce sont les mêmes raisons pour lesquelles les amplis à transistor n'ont jamais supplanté les vieux amplis à lampes, en dépit des avantages pratiques. Comme l'ampli à transistors, l'ampli virtuel est devenu l'ampli du pauvre. Tout comme Pantera avec le transistor, Meshuggah a su en faire un réel outil artistique original, mais ils semblent bien seuls.

The Mantle
7.8

The Mantle (2002)

Sortie : 13 août 2002 (France). Prog Rock, Folk Rock, Doom metal

Album de Agalloch

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Ah, Agalloch ! Peut-être la rencontre musicale la plus marquante. Bien que l'album m'ait immédiatement plu, il m'a tout de même fallu le ruminer de longues années pour en tirer la pleine substance. La révélation agit par une nuit glaciale (22 degrés ?), sous cette pluie torrentielle bien connue des tropiques. Une plongée méditative et mélancolique dans l'Amérique sauvage. En raison de mon immersion dans un milieu colonial, face à un Nouveau Monde intouché, il m'a toujours semblé avoir une compréhension instinctive des groupes nord-américains de Black Metal, surtout ceux de la côte Ouest, parlant abondamment de la nature. Le sentiment d'une nature vierge, silencieuse, sans histoire et même étrangère est quelque chose qui n'existe pas en Europe. L'histoire de la colonisation, avec cet esprit "pionnier", d'un certain point de vue, comporte une espèce de poésie probablement vouée à rester négligée et inconnue (puisque l'expérience coloniale n'a jamais intéressé les métropoles, qu'elle a toujours été aux marges de l'histoire et qu'elle est visiblement destinée à le rester).

Et ces quelques mots m'ont fortement marqués, en ce qu'ils traduisaient exactement l'impression que me faisait la nature sauvage à laquelle j'étais habitué :

« Here at the edge of this world
Here I gaze at a pantheon of oak, a citadel of stone
If this grand panorama before me is what you call god
Then god is not dead »

Le Dieu dont l'histoire est racontée par le menu dans la Bible ne m'a jamais paru crédible, même gamin, car beaucoup trop humain, beaucoup trop connu. Comment Dieu peut-il être ce bonhomme qui se met en colère dans l'Evangile, qui se mêle des petites histoires des hommes, qui promet de sauver l'humanité dans l'au-delà et qui, en plus, se laisse faire tuer par un... vulgaire mortel ? Non, s'il y a une sorte de dieu, ça ne peut bien sûr qu'être l'abîme insondable et mutique de ce monde qui ne dit rien, mais qui est animé de forces mystérieuses et exaltantes pour peu qu'on veuille bien les écouter (la violence, la mort, l'amour, le désir, la perpétuation de la vie, les cycles de la nature...)

paysage d hiver
7.7

paysage d hiver (1999)

Sortie : 1999 (France). Black Metal

Album de Paysage d'Hiver

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

C'est dans la foulée que j'avais découvert Paysage d'Hiver, si je me souviens bien. Autant dire que l'expérience fut brutale, puisque je ne connaissais rien au « true » Black Metal dont ce groupe suisse allemand est le représentant de loin le plus radical pour ce qui concerne la saleté volontaire du son. Un son crade, abrasif, opaque et froid du plus bel effet avec cette pochette... tellement bien vue. Quelle est cette forme étrange, tordue, voutée, dans la pente raide des alpages ? Quelque créature de folklore venue hanter la montagne un soir de tempête de neige ? Paysage d'Hiver, « Welt aus Eis » — le premier morceau —, c'est-à-dire monde de glace... Tout est invitation au froid, aux forêts enneigées, aux prairies courbées d'opale, aux lacs glacés sous les saules noirs tordus dans le ciel blanc...

Hélas, on ne retrouve plus la magie de la première impression, cet instant de grâce qui n'a lieu qu'une fois, cet instant où notre conscience a comme découvert une potentialité sonore ou musicale jusque-là pas même concevable...

Mais cette première impression m'a longtemps hantée. Même s'il a fallu du temps avant que je trouve enfin et explore le « Raw » Black Metal, je ne l'avais pas oubliée, et je souhaitais la retrouver... Peut-être un premier pas dans ma fascination pour l'amplification électrique, dont l'usage peut, dans certaines conditions, en poussant au maximum son potentiel, suffire à lui-même à désigner une musique comme « extrême » ?

Era Vulgaris
6.9

Era Vulgaris (2007)

Sortie : 8 juin 2007 (France). Alternative Rock, Stoner Rock, Indie Rock

Album de Queens of the Stone Age

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Era Vulgaris ne constitue certainement pas la meilleure introduction à la discographie des Queens of the Stone Age — mais ça, c'est encore la faute à la fameuse médiathèque : c'était l'unique album qu'ils avaient du groupe.

Un album très inspiré par les groupes à la Bauhaus, par la scène post-punk, gothique, dark wave, tous ces trucs qui se faisaient énormément au Royaume-Uni et en Irlande dans les années 80. Sauf que les Queens viennent tout droit du désert californien. Et ça se sent, avec ce son lourd bien fuzzy à la californienne. Le résultat ? C'est complètement perché, complètement claqué, à l'image de la pochette. Le chant de Josh Homme est particulièrement génial, plein d'ironie et de superbe dédain pour le sérieux. Il m'a fallu un certain temps pour pleinement apprécier cet album mais je continue à trouver que c'est ce que les Queens ont fait de mieux, ou de plus intéressant, le reste étant plus consensuel (tout en étant excellent dans leur style : ce petit renouveau de rock à l'américaine, plein de cactus, de spots lumineux aux couleurs pétantes au beau milieu du désert et de danseuses en petites tenues). Josh Homme y renoue un peu avec ses débuts au sein de Kyuss : l'album est lourd, avec une basse fuzzy tout-à-fait brillante.

... Or, voilà qui me conduisait sur les pas d'un genre que je cherchais d'autant plus qu'il était introuvable : le Stoner. Nous étions deux ou trois ans avant l'explosion complète du genre, devenu tout à coup le centre d'intérêt de millions d'adhérents, et de tout autant de groupes qui faisaient (honnêtement) pour l'essentiel tous la même chose. Le hic, c'est que tout avait été dit en 1992, quand les deux albums fondateurs du genre sont sortis, dans un épais silence qui est resté conforme à lui-même pendant des années, jusqu'à 2014-2015 où c'est devenu follement à la mode. Etrange, non ?

Blues for the Red Sun
7.9

Blues for the Red Sun (1992)

Sortie : 30 juin 1992 (France). Alternative Rock, Stoner Rock, Hard Rock

Album de Kyuss

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

Alors nous y voilà. Il se trouvait que j'avais un oncle qui était immensément fan de Josh Homme, le chanteur des Queens of the Stone Age, et que j'avais visité en Métropole peu de temps après la découverte d'Era Vulgaris. Il a donc pu longuement m'entretenir de sa passion pour le chanteur et guitariste et me faire écouter les différents projets où il a participé. Et voilà donc : Kyuss ! L'un des pionniers du Stoner, où Josh Homme officiait uniquement à la guitare !

Eux disaient « Desert Rock », n'appréciant pas la connotation « chanvre et papier à cigarette » du mot Stoner. Pourtant, fallait quand même voir ce qu'écrivait leur chanteur, bonne chance à qui voudra y comprendre quoi que ce soit de cohérent.

Kyuss, ça divague, et c'est génial pour ça. C'est planant, avec un son lourd, il y a une influence psychédélique, on part pour d'autres galaxies... C'est relaxant. Blues for the Red Sun, ça me rappelait aussi la « terre rouge » de mon île. Comment me procurer une pédale fuzz cela dit ? Introuvable à l'époque. Je n'ai résolu le problème que bien plus tard. Quelle frustration, en attendant !

Sleep’s Holy Mountain
7.7

Sleep’s Holy Mountain (1992)

Sortie : novembre 1992 (France). Stoner Rock

Album de Sleep

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Et donc, toujours à la recherche du Stoner, je devais au moins trouver rapidement Sleep, l'autre fondateur du genre, avec leur 2e album de 1992, Holy Mountain.

Ils viennent tous deux de Californie, mais là où Kyuss est plus « Stoner Rock », Sleep fait clairement dans le « Stoner Metal ». La différence ? Bien sûr, le son est plus lourd, la batterie plus véhémente. Mais surtout, le culte à Black Sabbath est rendu avec le respect et la piété attendus. Tel n'est pas le cas des impies de Kyuss. Le Stoner Metal, comme le Doom Metal, son grand-frère, se rangent dans la pure tradition sabbathienne. Ca s'entend de partout. Mais ils arrivent à innover avec, à réunir et poursuivre les idées géniales du groupe dans un sens qu'ils n'ont pas (ou ne pouvaient pas) prendre.

Et donc Sleep ? Le clip de Dragonaut, de 1992, dit déjà tout. Les codes sont là. Première image : un ampli. Puis le bassiste — un autre bassiste génial d'ailleurs —, et encore des têtes d'amplis. L'ampli, divin ampli, délivre-nous la grâce du son gras. De quoi jouer lentement, en coulant des bangs, et en partant on ne sait où, loin de ce désert où y'a rien à faire...

Stonehelm
7.7

Stonehelm (2010)

Sortie : 2010 (France).

Album de Stonehelm

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Le Stoner. Je l'ai saisi. Mais je peine à creuser. Je rassemble devant moi les quelques groupes qui y ressemblent — j'y ajoute, un peu en peine, des trucs qui ne font qu'y ressembler que de loin pour avoir un peu plus l'impression d'avoir trouvé quelque chose de sérieux. Les recherches sont difficiles. Il y a peu de résultats. Pas encore de chaîne dédiée sur YouTube. Quasi rien sur Wikipédia. Vaguement un forum illisible pour les néophytes. Aucune explication. Rien, que dalle, rien de rien. Et nous sommes deux ans seulement avant l'explosion du genre !

Et puis, je tombe sur cet album, je ne sais bien comment. L'unique album de Stonehelm, qui semble tombé dans l'oubli aujourd'hui, pour peu qu'il n'ait jamais été connu. Et pourtant... Une bonne entrée en matière dans le Stoner sabbathien dépravé, très inspiré par Electric Wizard, comme on le comprendra à la lecture des paroles — mais j'ignorais encore ce groupe qui allait bientôt faire l'effet d'une immense révélation...

« We hate the fucking cops
We like to smoke dank pot
Worship the god of weed
All hail the lord in green
So High...
We Hail... »

Ou encore...

« Smoke Weed
Snort Coke
Get Drunk
Chase Dope
Fuck Sluts
Take Drugs
Hate Everyone
A Life Of Scum »

Avec l'excellent sample du film Conan le Barbare en intro :

« - Conan ! What's best in life ?
- To crush your enemies, see them driven before you, and to hear the lamentation of their women. »

Tout y est...

Et je m'étonnais de n'avoir que des pubs pour des pages ou des groupes vantant les doux effets du cannabis sur Facebook, alors que je ne fumais même pas... encore (mais la musique n'y est sincèrement pour rien).

Oh et quitte à être polisson. Cet album restera pour toujours associé à, disons, une partie de jambes en l'air exercée tard dans une soirée, après la prise de stupéfiants multiples dont je ne parviens pas même à me souvenir la liste exacte, tard dans la nuit, très tard, quand on est imbibé jusqu'à l'os. Et la remarque de ma compagne de cette nuit d'été : « Si tu comptes aller au même rythme que la musique, on va jamais s'en sortir. » Peut-être la musique déprave-t-elle réellement la jeunesse... Mais que c'était drôle ! De bien courtes années de totale insouciance.

Black Sabbath
7.8

Black Sabbath (1970)

Sortie : 13 février 1970 (France). Heavy Metal, Blues Rock

Album de Black Sabbath

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Les recherches ne donnent pas grand-chose, alors autant rester sur des valeurs sûres. Black Sabbath : c'est le Père du Stoner avais-je donc compris. Donc autant approfondir l'écoute de la discographie, et reprenons le tout premier album, le fondateur, celui qui s'ouvre sur les cloches inquiétantes de l'église, sur la pluie, et les trois notes diaboliques, le fameux triton sacrilège avec son clip aussi inquiétant que cheap mais qui m'avait tant fasciné...

Tout ceci était bel et bien anglais, nul doute sur la marchandise. Gothique, avec plein de haies épineuses, des arbres dans les prés, quelques pins d'Ecosse ramassés en petits fourrés, des églises gothiques, des petits villages pittoresques avec leurs jardins bien entretenus et bien fleuris. Paranoid, c'est une virée nocturne. Black Sabbath, c'est une virée un dimanche après-midi. La campagne est ensoleillée, bucolique, les fées dansent dans le gui des chênes... A l'orée des bois, la sorcière s'occupe patiemment de ses herbes, tandis que le chaudron ronronne dans la petite cabane en bois. Toutes choses que le Doom n'a cessé d'essayer de retrouver par la suite. Vous vous souvenez de mon idée d'archè ? (au fait, c'est du grec ancien, ἀρχή)

Je ne parviens toujours pas à savoir lequel des deux, de Paranoid à l'éponyme, je préfère.

In the Rectory of the Bizarre Reverend
7.7

In the Rectory of the Bizarre Reverend (2002)

Sortie : 28 mars 2002 (France). Doom metal

Album de Reverend Bizarre

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

In the Rectory of the Bizarre Reverend de Reverend Bizarre, pendant Doom, si l'on veut, au In the Court of the Crimson King de King Crimson... Un immense classique du Doom traditionnel, de très loin le meilleur du genre.

J'étais tombé dessus tout à fait par hasard au détour d'un article de blog sorti de nulle part, dont je ne me souviens plus du tout le sujet (probablement assez anecdotique). Dès la première écoute, ce fut une immense claque. Déjà, je ne comprenais pas très bien ce que j'écoutais — à cause du son, je crois, assez nouveau pour moi à l'époque (surtout avec cette basse fuzz prenant beaucoup de place dans le mix). Cette sorte de Black Sabbath « caverneux » m'a immédiatement enchanté. Et Reverend Bizarre est encore aujourd'hui un de mes groupes favoris, de très loin...

L'ambiance est simplement incroyable. Entre guerres de Religion, histoires de sorcières qui transpirent un folklore chrétien bien compris, et même un peu de Tolkien, Reverend Bizarre arrive à réaliser une sorte d'idéal-type ou de quintessence du Doom — et je lisais plus tard dans un entretien de Sami Hynninen sur le site Doommantia (entretien qui a disparu, hélas, avec l'auteur du site qui l'hébergeait, site qui a eu une certaine importance dans le milieu du Doom renaissant) que c'était exactement l'effet recherché avec cet album.

Écouter plusieurs heures de Reverend Bizarre d'affilée un après-midi d'été suffocant, ça retourne le cerveau, ça plonge dans un état second. Je me souviens que cet album a eu immédiatement sur moi comme des vertus curatives qui, avec le recul, m'étonnent toujours beaucoup : à cette époque où j'étais constamment nerveux, l'écoute du Doom (à partir de cet album) m'a apaisé avec une efficacité surprenante. Je suis resté quelqu'un d'habituellement serein, depuis...

Mais donc voilà où nous ont conduites nos recherches : je cherchais le Stoner, je suis revenu à Black Sabbath, et maintenant, je suis sur le Doom Metal Traditionnel. Ou même plus exactement, The New Wave of Traditionnal Doom Metal. Toutes choses qui s'éclairciront en temps et en heure. L'itinéraire se poursuit, de plus en plus étrange...

Monoliths & Dimensions
7.2

Monoliths & Dimensions (2009)

Sortie : 19 mai 2009 (France). Experimental, Drone, Doom metal

Album de Sunn O)))

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Posons le contexte. Les quelques albums ci-dessus constituaient réellement l'essentiel de ma maigre culture musicale un peu "sérieuse". Il faut dire qu'à l'époque les informations sur Wikipédia étaient vraiment minces et peu fiables. Il fallait chercher dans des blogs, à condition d'avoir déjà les bons mots clés. Mais j'avais une bonne méthode : fouiller dans les commentaires sur Youtube où, parfois, je trouvais une indication intéressante, un renvoi vers un autre groupe proche ou similaire.

C'est comme que ça que je me suis retrouvé à écouter Sunn O))).

Sunn O)))... Ce nom bizarre, qui vient d'une marque d'ampli légendaire ayant donné du matériel incroyable, inimitable, devenu introuvable — et je rêverais de jouer sur un tel engin un jour.

Sunn O))) c'est donc le culte de l'amplificateur à l'état pur. Car le groupe ne propose rien de plus qu'un travail expérimental sur le son. Uniquement sur le son, et rien d'autre. C'est-à-dire que c'est musicalement... pauvre. Sunn O))), ce n'est que des répétitions de notes lugubres en boucle pendant une éternité, avec des guitares, une basse, et des appareils électroniques pour surajouter une texture basse par-dessus. En concert, les types sont habillés en moines bénédictins, sacré truc. Et j'ai eu la chance de les voir : on est littéralement saturé par le son, comme si le son devenait la seule réalité sensible pendant tout le long de l'exercice... dont on sort assez surpris de ne pas être devenu sourd, en surgissant d'un état second d'hébétement, d'un instant figé dans le temps où le son devint une réalité matérielle aussi tangible que le béton ou la roche.

Or, la première fois que j'ai écouté Sunn O))), c'était cet album, qui a le mérite d'être un peu scénarisé. Je me souviens très bien de cette écoute. C'était l'été, il faisait une chaleur étouffante. Je suis resté scotché sur ma chaise sans bouger pendant tout l'album, complètement fasciné, hypnotisé. Ce qui est fascinant avec cet album, c'est le passage graduel entre un début caverneux, bourdonnant, avec cette voix incantatrice et grave, et une fin qui finit dans une apothéose cristalline et éthéré de légèreté. On passe de la Terre au Ciel. Mais comment ? Impossible de rester suffisamment concentré pour le découvrir... Du génie.

L'écoute, un soir, avec un pote, fort imbibé en liqueur et chanvre (procuré par un type qui nous en a filé un sachet entier à la sortie d'un bar, gratos, sans raison...), fut un moment particulièrement mémorable en mon jeune âge.

The Bees Made Honey in the Lion’s Skull
7.5

The Bees Made Honey in the Lion’s Skull (2008)

Sortie : 22 février 2008 (France). Avantgarde, Post Rock

Album de Earth

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Du Soleil, on passe à la Terre, d'autant plus facilement que le premier est nommé d'après le second. Earth, en effet, est le groupe qui a inspiré Sunn O))), qui est à l'origine de ce genre musical, le Drone Metal. Drone, en anglais, veut dire bourdon. En musique, un bourdon est une répétition continue d'une note généralement grave. La méthode est employée pour provoquer un effet hypnotique, et est très courante dans les musiques traditionnelles et la musique médiévale (la vielle à roue remplit ce rôle).

Mais au final, je n'ai pas tant écouté les premiers albums d'Earth, quand ils faisaient du Drone pur et dur. Earth étaient basés à Seattle, scène volontiers expérimentale dans les années 90. Scène d'où provenait Nirvana et son prodigieux chanteur et guitariste. Pour l'anecdote, l'un des membres d'Earth était proche de Cobain. C'est lui qui lui a filé l'arme avec laquelle il s'est flingué, six jours plus tard.

The Bees Made Honey in the Lion's Skull... Rien qu'au titre, sacré programme ! Et la pochette, sublime...

C'est donc surtout cet album qui a retenu mon attention — et je crois ne pas être le seul. On pourrait se dire que ça n'a rien à voir avec le Drone Metal des débuts ; ça n'en demeure pas moins on ne peut plus original. Un mélange de guitares fuzz et claires, de piano, d'orgue, de batterie, de basse, sans chanteur. De longues constructions musicales psychédéliques, progressant très lentement, très calmement, dans des successions de détonations sonores, comme si la musique passait son temps à se rétracter et à se détracter en un cercle interrompu par quelques longs ponts, hésitants, où les différents instruments se répondent, se superposent, le grave et le saturé toujours parallèle au clair et éthéré.

Un soir de festival, de boue et de pluie, nous nous étions réfugiés avec deux amis dans la voiture et avions lancé cet album pour finir de vider notre bouteille de Whisky. Mon pote m'avait demandé ce que cet album m'évoquait. Pour lui, c'était le vol d'un aigle au-dessus du désert. Pour moi, ça a toujours été un chemin de campagne en terre, passant au bord des haies pleines de ronces et d'épines, avec des parcelles en jachères, un chaos végétal dans la sécheresse de l'été, et quelques petits bois touffus ; un bout de campagne abandonné, laissé à la vie bourdonnante des insectes de tous côtés...

Master of Reality
7.9

Master of Reality (1971)

Sortie : 21 juillet 1971 (France). Heavy Metal, Hard Rock

Album de Black Sabbath

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

La lecture des commentaires sur Youtube paie une fois de plus. Il paraît que le troisième album de Black Sabbath a joué un rôle particulièrement important dans l'élaboration du Doom Metal. Et dès la première piste, ce superbe morceau, Sweet Leaf (qui déjà, introduit cette thématique...), le dit très clairement.

A partir de cet album, Black Sabbath adopte l'accordage en C# (do#) standard, un ton et demi en-dessous du E (mi) standard, celui normalement utilisé à la guitare et à la basse, sauf dans le cadre d'accordages ouverts. L'explication donnée est que, avec ses doigts mutilés par un accident du travail en usine, Tony Iommi, le guitariste, aurait préféré jouer avec des cordes plus souples : en passant à un accordage plus grave sans rerégler le manche pour compenser, on distend effectivement les cordes, qui deviennent plus lâches. Cela dit, il est en règle générale impératif de régler le manche en adéquation avec son accordage, et d'adopter des cordes d'une épaisseur conforme (plus l'accordage est bas, plus les cordes doivent être épaisses) : le bois est un matériau vivant et le manche ne tient droit que grâce à la tension des cordes qui doit être maintenue à un niveau précis, sans quoi il risque de se déplacer par rapport aux cordes, voire de vriller.

Pour ce qui est de Black Sabbath, c'est leur période succédant l'immense succès de leur deuxième album. Comme tous les groupes de rock de cette époque, ils signent un gros contrat bien confortable avec un des labels dominant le marché de la musique. Les années 70, c'était l'époque des pratiques déplorables des labels à l'égard de leurs groupes. Comme tant d'autres, les membres de Black Sabbath se sont vus offrir un vaste château, endroit confortable, à l'écart du monde, afin de composer, d'être productif et inventif. Pour s'en assurer, et pour les tenir tranquille, on les fournissait en drogues à volonté. A cette époque, le quatuor a sombré dans la cocaïne, addiction dont ils ne parviendront que très difficilement à sortir.

Mais voilà qui explique peut-être la tendance psychédélique de Master of Reality. Ce troisième volet apporte des innovations considérables pour l'avenir du Doom : l'adoption d'un accordages plus grave, avec son cortège de riffs lourds et gras, qui va jouer un rôle considérable dans la définition du son Doom, en plus du psychédélisme nouvellement introduit dans la musique de Black Sabbath.

Volume One
7

Volume One (1991)

Sortie : 1991 (France). Stoner Rock, Doom metal

Album de Sleep

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

Le Stoner, le Doom, le Drone, donc. Faute de très bien connaître encore cet univers musical, je creusais pas mal les discographies du peu de groupes que je connaissais.

J'avais ainsi beaucoup poncé le premier album de Sleep, sobrement nommé Volume One — si étrange album ! Il me semble que l'aura d'Holy Mountain l'a quelque peu éclipsé. Il faut dire que Sleep n'y a pas encore tout à fait son son arrivé à maturité... Voire pas du tout. Volume One, pour commencer, c'est bien lourd, les guitares sont sous-accordées, mais il n'y a pas de pédale fuzz. Le chant est bizarre, lugubre, passant du récital religieux à cet espèce de voix rauque martelant les paroles couplet après couplet. L'ambiance est sombre, lourde, un peu mystique, et en même temps, on reconnaît très bien la patte de Black Sabbath dans tout ça, quelques percussions tribales en plus, et une basse discrètement saturée.

Un album original, unique en son genre, le genre d'albums qui s'écrivent quand un nouveau genre musical est en train de naître, mais qu'il n'est pas encore clairement défini.

Peu de temps après sa sortie, le batteur a quitté Sleep pour entrer dans les ordres, dans un monastère orthodoxe. Un côté religieux qui restera toujours présent chez Sleep, et surtout chez Om, le futur groupe de l'excellent bassiste, Al Cisneros.

Vol 4
7.6

Vol 4 (1972)

Sortie : 25 septembre 1972 (France). Heavy Metal, Psychedelic Rock

Album de Black Sabbath

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Ainsi donc, le premier album de Sleep s'appelait Volume One. L'EP suivant immédiatement, quant à lui, se nommait Vol. 2 et détournait carrément la pochette du quatrième album de Black Sabbath, Vol 4. Evidemment, il y avait quelque chose qui méritait d'être écouté....

... Et, hélas, je crains avoir été au départ assez déçu. C'est vrai que c'est lourd, c'est le second album en C#, il y a des riffs doomesques... Mais je m'attendais à plus. En fait, il m'aura fallu un certain temps à percevoir toutes les originalités de cet album et l'importance de son influence. Un album tout de même plus intéressant à bien des égards que le précédent, ne serait-ce pour ses expérimentations parfois très originales. Ce qui aura sans doute le plus marqué les esprits des aspirants disciples du Maître de Birmingham, ce sont ces premières notes lugubres d'Under the Sun... On comprend mieux le culte voué à cet album !

Dopethrone
7.8

Dopethrone (2000)

Sortie : 25 septembre 2000 (France). Doom metal, Stoner Rock

Album de Electric Wizard

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

J'ignore comment fonctionnait l'algorithme sur Youtube, qui devait se méfier des vidéos avec très peu de vues, mais c'est lui qui m'a conduit en ces étranges contrées.

Les premières écoutes furent délicates. Quel son étrange ! Plus étrange, encore, que celui de Reverend Bizarre, avec la même impression d'un son aux contours peu clairs, difficiles à distinguer. Il me faudra du temps pour l'entendre clairement.

Ce qui est sûr, c'est que Jus Oborn et Tim Bagshaw, chanteur/guitariste et bassiste, poussent le son fuzz dans des extrémités qui m'étaient jusque là inconnues ; ce son qui embellit les graves au détriment des aigus, habituellement plein de rondeur et de chaleur, devient ici un mur opaque de misanthropie sinistre qui pénètre peu à peu, insidieusement, l'esprit saturé par la saturation, en proie à l'hypnose.

D'emblée le ton est donné :

« Funeral planet, dead black asteroid
Mausoleum, this world is a tomb
Human zombies, staring blank faces
No reason to live, dead in the womb
Death shroud existence, slave for a pittance
Condemned to die before I could breathe
Millions are screaming, the dead are still living
This Earth has died yet no one has seen »

Avant de scander :

« Nuclear warheads ready to strike
This world is so fucked, let's end it tonight »

Clôture du premier morceau légendaire de l'album, Funeralopolis.

Puis la fuzz se disperse, prend toute la place, vient mourir en longs filaments depuis la rondeur initiale du son, après d'interminables contorsions tissant vibrations sur vibrations, s'entrecroisant, s'accumulant, sans répit, ne cédant au silence qu'après de longs larsens suraigus.

Et puis, le deuxième gros morceau de l'album en conclusion : Dopethrone, vision délirante où des mages de quelque secte diabolique se réunissent autour d'amplificateurs gigantesques pour une grande messe noire :

« Rise, black amps tear the sky
Feedback will free your mind and set you free
Rise, black amps tear the sky
Riff hewn altar wreathed in smoke and weed

Dopethrone, in this land of sorcery
Dopethrone, vision through T.H.C.
Dopethrone, feedback will free
Dopethrone, three wizards crowned with weed, yeah

(et donc, pour clore, après moult larsens :)

Fuck. »

Trois sorciers couronnés de weed : évidemment, Jus Oborn, Tim Bagshaw et Mark Greening, le line-up légenaire des débuts d'Electric Wizard, au sommet de leur talent. La batterie et son rythme groovy dément, la voix de possédée de Jus, la basse qui hurle littéralement à travers l'ampli...

Black Masses
7.3

Black Masses (2010)

Sortie : 1 novembre 2010 (France). Psychedelic Rock, Stoner Rock, Doom metal

Album de Electric Wizard

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

Electric Wizard et moi, ça a allait rapidement devenir une grande histoire d'amour. Passé Dopethrone, je me lance sur leur dernier album en date, Black Masses. Pas un album extraordinaire mais le dernier à être correct, avant le déclin irrémédiable du groupe. Il y a au moins ce morceau, Black Masses, tellement entraînant avec son refrain accrocheur qu'on a envie de scander à l'unisson :

« Hear me Lucifer,
Black Mass, Black Mass,
Take me Higher, Higher,
Black Mass, Black Mass. »

Jouant, comme toujours, habilement sur les mots... Take me higher, Lucifer, un contre-sens. Sauf si on le lit autrement : to be high, être défoncé. Lucifier, vilain génie des choses interdites selon la doctrine toute-simple de l'occultiste anglais du XIXe siècle Aleister Crowley, entraîne le chanteur plus loin dans la défonce, plus haut dans l'Esprit...

Si mes souvenirs sont exacts, toutes ces découvertes ont eu lieu dans l'été 2013-2014. J'associe toujours cette période à cet album. Une période festive, entourée de beaucoup de potes, avec lesquels on allait toujours chez les uns les autres picoler toujours plus tard dans la nuit noire, deux grammes dans le sang à parler de tout et de n'importe quoi sous la quiétude des étoiles. On y passait littéralement notre temps, des nuits entières à siffler bouteille de Vodka sur bouteille de Whisky, en essayant (sans aucun succès, ou presque) de flirter avec la moindre demoiselle qui passait par là — sans compter le facteur cœur d'artichaut, nous n'avions que dix-huit ans après tout... Le jour, je travaillais pour un boulot d'été dans un magasin. Je m'assurais toujours de pouvoir mettre cet album à fond chaque fois que je me trouvais seul dans une pièce, sous le regard amusé et sidéré des vendeuses. Et le soir, les amplis à fond, ou les beuveries à grands litres avec les potes...

« Black acid nightmare,
Demons rise inside.

Acid burns your mind,
You will never find,
Only darkness inside,
Turn, turn off your mind.

Colours die and turn to grey,
All love has turned to pain. »

J'avais aussi beaucoup de temps seul dédié à mon initiation vers la Découverte.

Southern Discomfort
7.7

Southern Discomfort (2000)

Sortie : 25 janvier 2000 (France). Sludge Metal

Compilation de Eyehategod

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

Autre genre musical appartenant au Doom paraissait-il : le Sludge, mélangeant Doom, voire Stoner, et Hardcore. Le genre est principalement né à la Nouvelle-Orléans autour de groupes comme Crowbar, Down (ex-chanteur de Pantera) ou les Melvins. Je ne connaissais pas ces derniers et quant à Crowbar et Down, ils n'ont jamais su attirer mon attention...

... Au grand contraire d'Eyehategod, groupe issu de la même scène. Dans une esthétique un peu complexe, le groupe mêle images pieuses de Marie et exposition pure et brute de la souffrance humaine, sous forme de mutilations sur leur premier album par exemple.

Je crois que je m'étais particulièrement arrêté sur Southern Discomfort, qui contient une compilation des premiers titres du groupe avant leur premier album en 1992. Un rythme groovy, cassé en longs cris plaintifs tels que le manie si bien le Hardcore, laissant place aux riffs gras et lourds. Le Hardcore et le Doom n'étaient-ils pas fait pour avoir un enfant ensemble, un jour où l'autre ?

Eparistera Daimones
7.8

Eparistera Daimones (2010)

Sortie : 19 mars 2010 (France). Black Metal, Death Metal, Doom metal

Album de Triptykon

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Poursuivant mes recherches sur ce mystérieux Tom Gabriel Fischer à l'origine de Celtic Frost, je tombe assez vite sur son nouveau projet : Triptykon. Tryptique en tant qu'il ferme une trinité : HellHammer (nous aurons à en reparler...), Celtic Frost et Triptykon.

Peu d'artistes, après plus de quarante ans de carrière, conservent une telle intensité dans leur engagement, dans leur passion viscérale pour leur art, surtout dans le milieu des musiques extrêmes. J'avais vu Triptykon en concert, à un festival ; Fischer, en guise d'introduction, avait traité de poseurs « les musiciens qui viennent du même pays que nous et qui ont joué juste avant nous » — il s'agissait d'Eluveitie. Pour le reste, il s'est contenté de jouer son set sans aucune interruption.

On sent pour Fischer que la musique qu'il joue l'engage tout entier dans son être, dans son âme, et même par-delà la mort... qui sait ?

Cet album est une fois de plus rempli de références bibliques ambigües, tantôt implorant le pardon du Seigneur, tantôt adoptant une attitude provocatrice, pessimiste, en guise d'interrogations blasphématoires récurrentes sur l'abandon de ses brebis — ou simplement du narrateur de la chanson — par Dieu. Quel est ce monde atroce ? Peut-on sincèrement espérer qu'il y en ait un autre ? Le doute, paraît-il, est le quotidien de tout chrétien, qui ne peut que s'appuyer sur sa foi pour le surmonter. Un registre sur lequel jouer habilement en postures blasphématoires et provocatrices.

Ces références, le jeu des paroles, créent une atmosphère unique, renforcée par cette musique lugubre, lente, lourde, avec sa basse divinement saturée, ces chœurs fantomatiques. Musicalement, Triptykon poursuit, en le développant, l'élan du dernier album de Celtic Frost, lequel rompait drastiquement avec les précédents opus du même groupe.

J'avais énormément écouté cet album, et quand il est sorti par la suite, le second, Melana Chasmata (2014). L'ambiance est terrible. Musicalement, c'est inclassable, comme d'habitude avec Fischer. Ca se rapprochait certes du Doom mais il m'aura fallu encore de nombreuses années pour réaliser le poids du Doom dans les influences de Fischer...

Into Darkness
7.6

Into Darkness (1990)

Sortie : 1990 (France). Rock, Death Metal, Doom metal

Album de Winter

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Avec mon modeste groupe de reprises, on commençait à donner quelques concerts, ce qui me permit de rencontrer un peu la scène locale (essentiellement du grindcore) dont je ne ratais désormais plus un seul concert. C'est là que j'ai rencontré un type d'une quarantaine d'années qui assurait avoir été le guitariste du premier groupe de Metal local. Il m'avait gentiment donné tous ses disques où il stockait sa musique en mp3, soigneusement triée selon les différents genres et sous genres. Une mine d'or pour quelqu'un comme moi qui avait encore tout à découvrir !

Dans le dossier Doom Metal, il y avait ce groupe, Winter, et son unique album. Album unique à plus d'un titre : sorti en 1990, il est resté peu ou prou inimité, véritable ovni dans la galaxie des musiques extrêmes.

En général, on en fait un des pionniers du Death/Doom, non pas dans la veine des groupes de Peaceville Record (Anathema, Paradise Lost), très gothiques, dépressifs, et lyriques, plutôt cet autre Death/Doom qui a eu que bien peu de représentants, tous très marginaux, proposant quelque chose d'extrêmement austère, lourd, lugubre, parfois brutal.

Winter — j'ignore si aucun groupe n'a jamais joué aussi bas qu'eux à cette époque. La basse disparaît six pieds sous terre, à peine audible, même quand elle joue seule. La guitare, presque atone, offre un mur de son invarié et invariable, froid, captivant, s'entortillant de temps à autres en tremolos démoniaques comme le Doom Traditionnel en prescrit l'usage. Le growl est parfait. La batterie passe d'une caisse claire et d'une grosse caisse bien aigües à des toms perdus dans les tréfonds des enfers au terme de roulements infernaux. La musique avance comme ça, en rampant, aussi monotone qu'un jour d'hiver sans soleil. Ca s'énerve juste un peu sur Destiny, où la caisse claire martèle le contre-temps, mais c'est tout. Pour le reste, rien qu'un bourbier de noirceur, de bourdons et de tremolos tirés aussi bas que possible.

Un album assez exigeant, mais incroyable.

Mourning in the Winter Solstice (EP)

Mourning in the Winter Solstice (EP) (1993)

Sortie : 1993 (France). Death Metal, Doom metal

EP de Mythic

Antrustion a mis 9/10.

Annotation :

Autre pépite découverte dans les disques de mon généreux donateur. Mythic, pionnières du Doom/Death Metal. Oui, pionnières, vous avez bien lu : trois demoiselles derrière ce fleuron de brutalité, une bassiste, une guitariste et une batteuse. Sorti en 1993, le Death Metal old school est en pleine expansion. Autant dire que ce petit EP a quelque chose d'assez novateur avec son son ultra lourd, cette basse sournoise, évidemment saturée au possible, ces rythmes pesants, rampants, succédant aux accès de violence pure.

Mythic, un groupe mythique... pour ceux qui connaissent. C'est underground à souhait mais les amateurs sauront apprécier avec toute la délicatesse requise ce petit joyau de brutalité atavique, aux rythmes mi-tribaux, mi-groovy, pleins de lourdeurs et de bourdons. Hélas, une formation qui ne vécut pas plus longtemps que le solstice : un EP (sur fond de Caspard David Friedriech, évidemment), quelques démos, c'est tout.

Plus tard, j'ai découvert Thorr's Hammer, un groupe norvégien avec une gente dame au chant également, possédant des caractéristiques fort similaires à ce groupe : existence brève, quelques EPs et démos, du Death/Doom assez précoce (mais plus Doom que Death, contrairement à Mythic), du gros son lourd et brutal... Je recommande chaudement également.

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