Un coup de cœur absolu pour le prix Goncourt 2018, obtenu par le vosgien Nicolas Mathieu. Originaire comme moi de l'Est de la France, Mathieu dresse de cette région et de ses habitants un tableau d'une justesse et d'une authenticité bouleversantes, le temps de 4 étés successifs durant la décennie 90.
Je suis issu de cette même génération née au tournant des années 70 et 80, et tout ce qu'écrit Nicolas Mathieu me parle directement : les portraits, les émotions, les désirs et les frustrations, les conflits familiaux, les scènes de sexe ou de violence, et bien sûr le poids du déterminisme social - tout sonne incroyablement juste. A commencer par les personnages d'Anthony et de Steph, particulièrement authentiques dans leurs failles et leurs espoirs.
Un mot sur le style de l'auteur, qui m'a parlé autant que le fond, parvenant à mêler élégance, fluidité et oralité (avec un langage fréquemment familier, voire vulgaire, toujours sincère et jamais surjoué).
Deuxième roman que je lis de Nicolas Mathieu, et c'est à nouveau une adhésion complète de ma part. La vision du monde et le style d'écriture de Mathieu me parlent à 100%, au point de me sentir moins seul face à l'existence après la lecture de ses livres. L'approche à la fois sociologique, psychologique et régionaliste de l'écrivain me touche particulièrement : ses personnages dégagent une authenticité troublante, les dialogues et les situations sonnent vrais, et en prime certaines lignes diffusent une poésie incroyable. En prime, il y a cette description formidable d'un club de hockey provincial, et du ressenti de la starlette vieillissante de cette équipe à chaque apparition sur la patinoire...
Il fallait un livre "politique" dans ce top 10, puisque ce registre fait partie intégrante de mes lectures depuis pas mal d'années.
Ce récit du journaliste Guillaume Tabard est ce qui se fait de mieux dans le genre : dense mais accessible, ample et précis, hyper documenté, factuel mais non dénué de subjectivité.
De même, il fallait une biographie dans ce top 10, puisque j'en lis énormément. Celle de Simenon coche toutes les cases car elle concerne un auteur que j'apprécie particulièrement, et qu'il s'agit d'un excellent livre, la bio de référence sur l'écrivain liégeois.
"Simenon" se dévore comme un roman, d'autant que Pierre Assouline propose tout sauf une bio autorisée, s'attachant au contraire à déconstruire le mythe.
Le biographe révèle certaines impostures et montre comment Simenon confond fréquemment réalité et fiction en écrivant sa propre légende.
A la limite, on pourra regretter une forme de systématisme dans la critique, mais le livre reste équilibré, n'oubliant pas de célébrer par ailleurs le génie du romancier belge.
Enfin, mon top 10 Livres se devait d'intégrer un récit de société consacré à un fait divers, une autre de mes marottes littéraires.
J'ai choisi "Le pull-over rouge" pour son ancienneté (c'est sans doute le premier livre de ce genre que j'ai lu) et pour sa profondeur, puisque en filigrane du récit se dessine le fameux débat sur l'abolition de la peine de mort (Christian Ranucci sera le dernier prisonnier français guillotiné).