Cover Top 10 Cinéma 2021

Liste de

10 films

créee il y a environ 2 ans · modifiée il y a presque 2 ans

Mad God
7.1
1.

Mad God (2021)

1 h 24 min. Sortie : 26 avril 2023 (France). Animation, Épouvante-Horreur, Fantastique

Long-métrage d'animation de Phil Tippett

Max_Sand_94 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Apocalypse de poupées. Phil Tippett, animateur expert en stop-motion (Robocop, Star Wars, Willow, etc.), déchu de son piédestal depuis les dinosaures faits de numérique dans "Jurassic Park" (voir le documentaire touchant à ce sujet, "Phil Tippett: Mad Dreams and Monsters") libère toute sa rage dans son long-métrage "Mad God". Achevé en trente ans, celui-ci hallucine par sa grandeur et sa monstruosité. Littéralement une "œuvre monde" en soi, le film de Tippett déploie plusieurs couches de fictions : une terre à l'agonie, un espion, descendant dans les entrailles d'une ville en ruines, découvre à sa grande surprise un microcosme d'univers vivotant encore dans d'autres espaces insoupçonnés. Le "Mad God" du titre est tout trouvé : derrière cet amas expérimental de formes (créatures en pâte à modeler, spectacle sinistre en ombres chinoises), se développe la relation tumultueuse entre la matière inerte et son créateur vivant qui l'anime. En ressort un syncrétisme d'influences, d'images mentales refoulées et de mythes laissés à l'abandon. Le ton de cette fresque est irrémédiablement triste, éprouvant, voire cruel. A chaque fin de vie, commence une autre. Un cycle de la folie, entamé et entretenu par un créateur aveuglé par ses passions, motivé par le besoin de dire tout le mal qui habite le monde. Des images qui resteront marquées dans mon esprit (le premier plan intimidant, cette ligne de fuite incarnée par la descente de l'espion, ces visions d'un Enfer de résidus en pâte à modeler), se dégage un esprit de franche colère, mais doublé d'un geste débordant de générosité. Le calme et la fureur matérialisé dans un film unique, présenté en avant-première au festival international de Locarno 2021. En espérant plusieurs projections en salles pour ce poème animé de Tippett, destiné à un public averti...

Le Sommet des dieux
7.7
2.

Le Sommet des dieux (2021)

1 h 30 min. Sortie : 22 septembre 2021. Animation, Aventure, Drame

Long-métrage d'animation de Patrick Imbert

Max_Sand_94 a mis 7/10.

Annotation :

Se retrouver à la cime. Adaptée du manga de Jiro Taniguchi (mort en 2017), cette épreuve des hauteurs filmée par Patrick Imbert touche de près le sublime avec son animation proche du photoréalisme. D'un travail effectué par un journaliste à la recherche du premier alpiniste qui a gravi l'Everest en 1924, nous arrivons en flash-back à l'odyssée d'un amoureux de la grimpe, disparu depuis un évènement tragique. Au sein de ce télescopage d'intrigues sous forme d'enquête, le long-métrage s'appuie sur des moments en apesanteur pour agripper le cœur du spectateur. Un regard incertain face-caméra, une vue lointaine de l'humain aux prises avec la Nature et un habillage sonore sobre, sans musique pompière, suffisent à tenir en haleine le spectateur. A lui faire ressentir la tension d'arriver au sommet. De se dépasser. Malgré un récit compressé pour tenir 80 minutes et une voix-off qui sursignifie trop certaines images, "Le Sommet des Dieux' est assurément une réalisation pleine d'ambition, une histoire touchante et une belle pierre à l'édifice de l'animation française.

La Loi de Téhéran
7.4
3.

La Loi de Téhéran (2019)

Metri Shesh Va Nim

2 h 11 min. Sortie : 28 juillet 2021 (France). Policier, Drame, Action

Film de Saeed Roustaee

Max_Sand_94 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Corps maltraités. Le long-métrage débute sur une course poursuite haletante entre un policier déterminé et un baron de la drogue insaisissable. Derrière ce canevas de thriller policier, se trouve le décor de l'Iran, grouillant et glaçant. Puis, suite à un changement de point de vue, "La Loi de Téhéran" bascule : espace clos, corps enfermés, enchaînement de procédures administratives qui conduisent toutes à la peine de mort. Le réalisateur iranien, Saeed Roustayi, souhaite sortir des figures connues du film policier. De fait, celui qui représente l'ordre complote pour atteindre sa promotion, tandis que l'autre placé derrière les barreaux s'humanise, se rend compte de l'ampleur de sa bêtise. Ainsi, le génie de "La Loi de Téhéran" se trouve dans la juxtaposition de personnages nuancés avec des actions extrêmes qui inscrivent l'intrigue dans une spirale infernale, une loi qui condamne tout le monde, peu importe le kilo de drogue consommé. Comme les travellings zénithaux sur une foule de prisonniers nus et suintant de toute part, le film, audacieux autant sur la forme que sur le fond, est hanté par un mal-être puant, déstabilisant et de surcroît fascinant.

First Cow
7.2
4.

First Cow (2019)

2 h 02 min. Sortie : 9 juillet 2021 (France). Drame, Western

Film de Kelly Reichardt

Max_Sand_94 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La vache au lait d'or. Dans l'Oregon, au début du XIXe siècle, un pâtissier, au service d'une bande de trappeurs, vient en aide à un immigrant d'origine chinoise mais tombe également sur une mine d'or, la première vache introduite en Amérique. Le premier plan donne le ton de cette fable intimiste : un plan fixe sur une embarcation au milieu de la Nature. Soit l'histoire d'une marchandisation naissante des ressources naturelles par l'Homme. Au cœur de ce cadre historique, se tisse une amitié sincère entre un cuisinier (John Magaro) et un étranger (Orion Lee). L'un est le "cookie's fortune" de l'autre, tandis que l'immigrant nommé King-Lu n'est pas le "king" de l'Oregon mais convoite assurément ce titre. Ce sont des personnages d'ordinaire tertiaires dans un western qui brillent ici par leur sincérité à toute épreuve. De ce postulat humaniste, la réalisatrice Kelly Reichardt choisit le format 4/3 et privilégie les plans rapprochés dans le but de servir à merveille cette amitié inattendue entre ces hommes en phase avec la Nature. La lutte des classes, représentée par l'aura du propriétaire de la vache (interprété par le fabuleux Toby Jones, décidément trop rare dans le paysage cinématographique actuel), dans l'intrigue se révèle secondaire ; l'important réside dans la suggestion des choses, en faisant confiance aux acteurs principaux, tous les deux justes, et à l'atmosphère contemplative, reposante tout au long de cette fable champêtre.

À l'abordage
7.4
5.

À l'abordage (2020)

1 h 36 min. Sortie : 28 mai 2021. Comédie

Téléfilm de Guillaume Brac

Max_Sand_94 a mis 7/10.

Annotation :

Le bonheur des petits hasards. Après le documentaire "L'Île au Trésor" et le film "Contes de juillet", Guillaume Brac retrouve un cadre estival avec ce joli (télé)film. Pouvant faire penser de ce fait à "Conte d'été" d'Eric Rohmer ou même à "The We and the I" de Michel Gondry dans sa démarche, "A l'abordage" suit le destin hasardeux de jeunes en quête d'apaisement et d'espoir. Alternant scènes émouvantes et drôles comme des scénettes amusantes, ce long-métrage cherche la quiétude du spectateur, en étant une capsule temporelle dépaysante.

Onoda
7.5
6.

Onoda (2021)

2 h 47 min. Sortie : 21 juillet 2021. Drame, Guerre, Biopic

Film de Arthur Harari

Max_Sand_94 a mis 7/10.

Annotation :

Perdus dans la jungle (mentale). Co-écrit et réalisé par Arthur Harari, ce biopic sur le soldat japonais Hiro Onoda, s'étant persuadé lui-même que la guerre demeure toujours jusqu'en 1974, ne cherche en rien le spectaculaire. Le jeune cinéaste tire parti de la situation de son personnage principal, coincé sur une île des Philippines, pour faire l'expérience d'une dilatation du temps. Ainsi, le spectateur ne prendra réellement conscience du temps passé avec ce soldat envoyé en mission que lorsque des victimes témoigneront de la fin de la guerre. Inscrit dans une boucle temporelle, le film dépeint une errance avec un rythme lent, en impliquant le spectateur dans cette impression subjective de temps suspendu. Si "Onoda" n'arrive pas à tutoyer l'ampleur d'une fresque à hauteur d'homme comme les films épiques de David Lean ("Le Pont de la rivière Kwaï", "Le Docteur Jivago", "Lawrence d'Arabie"), à cause d'un montage faible à certains instants, certains passages me restent bien en mémoire, comme cette scène hors-temps sur une plage.

France
5.9
7.

France (2021)

2 h 13 min. Sortie : 25 août 2021. Comédie dramatique

Film de Bruno Dumont

Max_Sand_94 a mis 7/10.

Annotation :

"La France, elle pleure maintenant ?" Sous couvert d'une satire des médias, Bruno Dumont propose un portrait trouble d'une journaliste-présentatrice-vedette, répondant au nom de France et représentant son pays sous tous ses travers. "France" semble vouloir à tout prix désarçonner le spectateur, aussi bien dans ses attentes que dans ses impressions face à ce qui se déroule à l'écran. De fait, France, journaliste prête à tout pour se mettre sous le feu des projecteurs, doit évoluer durant son parcours ; cependant, l'accident en voiture, censé devenir une prise de conscience pour elle, est risible, tandis que ses crises de panique s'avèrent éphémères. La rédemption du personnage est attendue, et elle ne vient pas totalement. De cette frustration, les images filmées en deviennent questionnables : les nombreux gros plans sur le visage de France épousent la réalisation des reportages la mettant en valeur. Dumont peut nous interpeller, nous interroger sur la fiabilité des images montrées et prolonge de cette manière sa description à charge des médias. La critique semble s'étendre à la fiction qui est mise en scène : comment le récit filmique peut-il tromper à ce point son public ? Malgré une répétition des événements qui créent des longueurs dommageables, le nouveau long-métrage de Bruno Dumont interroge et ne laisse certainement pas indifférent, à l'image de l'interprétation grandiloquente de Léa Seydoux, à la fois belle et infâme dans son rôle.

The French Dispatch
6.5
8.

The French Dispatch (2020)

1 h 43 min. Sortie : 27 octobre 2021 (France). Comédie dramatique

Film de Wes Anderson

Max_Sand_94 a mis 7/10.

Annotation :

Journal, mode d'emploi. J'aurai pu mettre à cette place "Annette" de Leos Carax (superbe croisement entre le cinéma et l'opéra) ou "Barbaque" de Fabrice Eboué (comédie décomplexée sur les limites des idéologies). Mon choix s'est porté sur le maniérisme de Wes Anderson sur sa dernière œuvre, intitulée "The French Dispatch". Dans le canevas de "The Grand Budapest Hotel", le réalisateur décrit l'organisation d'un journal français, reprenant la même narration, les mêmes protagonistes excentriques à leur manière et la même conjugaison de formats cinématographiques. Cependant, la particularité de "The French Dispatch", en dépit de son aspect artificiel poussé à l'extrême, est de parfaire cet art de narrer par différentes saynètes. A la manière de "La Vie, mode d'emploi" de Georges Perec dans le domaine de la littérature, la mise en scène, stylisée, parfois virevoltante, parfois statique, construit une manière virtuose de croquer des atmosphères variées, comme une belle collection d'articles. L'art du récit découpé en sketches laisse place dans ce film à une expérimentation honorable de possibilités visuelles.

Belle
6.6
9.

Belle (2021)

Ryû to sobakasu no hime

2 h 02 min. Sortie : 29 décembre 2021 (France). Animation, Aventure, Drame

Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda

Max_Sand_94 a mis 7/10.

Annotation :

Crise(s) d'identité(s). Mamoru Hosoda retrouve l'interface numérique comme cadre narratif après "Summer Wars". Dans "Belle", la relecture du conte "La Belle et la Bête" demeure timide pour ma part, car elle passe par des moments connus (voire jusqu'à des animations reprises de l'adaptation par le studio Disney) pour habiller son intrigue. Hélas ! En revanche, "Belle" compense par une exigence visuelle vertigineuse et une emphase musicale enivrante. Le long-métrage de Hosoda traite de la crise d'identité, et plus spécifiquement du besoin de se mentir (aux autres comme à soi-même) pour se persuader d'oublier le vide de notre existence. C'est ce que ressent le personnage principal, à travers son avatar, idole de milliers d'abonnés. Le mal de notre siècle y est dépeint de belle manière, tout autant que la quête d'humilité qui s'ensuit hors de l'interface. "Belle" déborde d'images créatives, souvent superfétatoires mais généreuses d'un point de vue graphique.

Benedetta
6.3
10.

Benedetta (2020)

2 h 06 min. Sortie : 9 juillet 2021. Biopic, Drame, Historique

Film de Paul Verhoeven

Max_Sand_94 a mis 6/10.

Annotation :

Désir religieux. Avec l'histoire vraie de la sœur Benedetta Carlini, nonne italienne au XVIIe s., Paul Verhoeven avait matière à aborder de front un sujet sulfureux, un amour lesbien interdit. Mais le réalisateur hollandais part de ce scandale d'époque, représenté comme une entorse au système réglementé de l'Eglise, pour bifurquer vers un jeu de pouvoir infernal autour de la question du sacré. Le récit devient mystérieux, et de ce fait fascinant, sur la nature des motivations qui poussent Benedetta à agir ainsi. Doublée d'un humour toujours à la lisière du grotesque avec Verhoeven, l'intrigue romantique de "Benedetta" tutoie le mysticisme et laisse planer le mystère, comme Virginie Efira en pleine transe (véritable ?) au cours d'une représentation sur scène.

Max_Sand_94

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