Mélomanie obsessionnelle — 2022

Annotation :

►Janvier◄

Plutôt bien accroché à ce Post-Punk qui s'inscrit très bien dans le courant du renouveau actuel du genre, avec la petite singularité irlandaise. Fontaine D.C. donne l'impression d'être parvenu à relier les fondamentaux hérités de l'époque originelle et les préoccupations plus contemporaines (sur le thème annoncé par la chanson d'ouverture : "My childhood was small / But I'm gonna be big"). Il y a un petit côté Indie qui ressort de temps en temps et qui me parle beaucoup moins, globalement le milieu / ventre mou de l'album, mais le premier tiers grosso modo est d'une très bonne efficacité à mon goût, avec des références ni trop avancées ni trop cachées (j'ai beaucoup pensé à Joy Division et à Mark E. Smith de The Fall par exemple). Le titre qui clôt le disque rappelle quant à lui les Pogues, sans toutefois atteindre le désespoir crado d'un Shane McGowan.

Big https://www.youtube.com/watch?v=aiLk6G5N-3Y
Sha Sha Sha https://www.youtube.com/watch?v=IayA-pUG22k
Too Real https://www.youtube.com/watch?v=CIbaqtcU0uI
Hurricane Laughter https://www.youtube.com/watch?v=R26xFm5n6aY

Annotation :

Un album dans la continuité de "Dogrel" mais qui mise davantage sur l'atmosphère globale. Moins tranché, plus tiède, et toujours ce même sentiment vis-à-vis des ballades qui peuplent le milieu de l'album — pas pour moi. Il n'y a plus grand-chose de Post-Punk là-dedans, si on veut exagérer le ressenti général. En l'absence de point d'accroche notable, c'est le désintérêt poli qui s'installe au fil des écoutes.

Annotation :

Je découvre Juliette Armanet avec cet album, attiré par la pochette et au travers de discussions quelconques. Eh ben je n'essaierai pas d'aller plus loin. J'ai saigné des tympans bien trop de fois au cours de l'album, le point culminant du supplice étant manifestement atteint à l'occasion de l'abominable "HB2U". Bon sang quelle horreur. Tout l'album n'est pas aussi atroce mais globalement ça reste de la Pop (et des passages carrément Disco) et des mélodies que je ne supporte pas du tout. À la limite je préfère Clara Luciani ou (un peu plus éloigné) Angèle. Ma sainte horreur en matière de chanson française.

Annotation :

J'accroche instinctivement assez bien avec le style Blues et Gothic Country de ce one-man band. L'album est un peu trop homogène pour maintenir l'intérêt acéré pendant 40 minutes, sans doute les effets utilisés pour le chant sont un peu trop unilatéraux, mais on est dans le registre de la ballade américaine sous couvert de blues électrique qui fonctionne assez bien à petite dose.

Fury of the Light https://www.youtube.com/watch?v=GL5pHfAVw1c

Annotation :

[ Fuser ]

Jonathan Linaberry n'a pas trouvé le moyen de se renouveler à la faveur de ce second album, et il laisse l'impression de ne pas être parvenu à exploiter une matière intéressante dotée d'un vrai potentiel. La guitare blues électrique un peu saturée, le côté rugueux du one-man band crado : les éléments sont là pour me plaire mais je ne sais pas, ça ne passe pas aussi bien que ça devrait. Un peu trop générique dans son style aussi, éventuellement...

Annotation :

Et encore une fois le même constat : un potentiel évident, une exploitation décevante. Les deux premiers morceaux résument l'ensemble, avec une accroche très efficace par The Drop pour retomber comme un soufflé ramolli sur Burden, ballade pénible et inconsistante. "I See You" vient s'insérer à mi-parcours, pour essayer de redynamiser l'album, mais franchement c'est trop tard et c'est bien dommage.

The Drop https://www.youtube.com/watch?v=DT6vuOxY3NI

Annotation :

Plus une réécoute qu'une vraie découverte, mais mes souvenirs de ce Pop Rock du lycée étaient bien trop vaporeux pour pouvoir prétendre ne serait-ce qu'apposer une note. Ce n'est pas un groupe contre lequel on aurait envie d'être méchant, l'esprit a l'air d'être bon, les gars ont l'air sympas, mais honnêtement les textes sont pas folichons et la partie instrumentale est d'une généricité terrible. J'ai écouté leurs autres albums en papillonnant et j'annule de ce pas mon projet de parcourir plus en détails leur discographie. Pas la force pour soutenir une pulsion masochiste.

Annotation :

Je n'aime que très rarement les compilations, mais ici l'effet est double : un aperçu rapide de la carrière de Lavilliers des années 1970 aux années 1990 grosso modo, et surtout la douleur du passage des années 1980 avec toutes ses horreurs. Plus pour rappel que par adhésion.

Annotation :

Je suis assez surpris par la diversité de l'album, sans accrocher aux délires des histoires racontées avec beaucoup de fierté par Lavilliers. Ambiance pré-années 80, quelques écarts jazzy, quelques morceaux où se développe un Funk sorti d'on ne sait où... Description de la banlieue caractéristique de cette époque, avec la vision idoine de la drogue, ambiance ouvrière (sur Fensch vallée) : les textes ont beau être assez datés, je m'attendais à quelque chose de beaucoup moins écoutable que ça. Mais je doute que ça se tienne sur d'autres albums.

Annotation :

Encore une diversité de styles surprenante, même si j'accroche très peu aux penchants de Lavilliers pour la salsa / samba / bossanova. Je reconnais là les chansons et les histoires qui ont contribué à l'image de baroudeur qu'il s'est construite et dont on s'est souvent moqué. Un album enregistré aux quatre coin de la planète (France, États-Unis, Jamaïque, Brésil), qui peut expliquer l'hétérogénéité de styles. À côté des sonorités latinos il y a du Rock français plus traditionnel dans la veine de ce qu'il a déjà fait, et quelques passages Reggae (avec notamment le tube des années 80 "Stand the Ghetto") ainsi que d'autres plus poétiques (textes d’Aragon et musique par de Léo Ferré). Un album intrigant, à défaut de me convaincre.

Annotation :

Terribles années 80 bien empesées. Le tube de l'album c'est On the Road Again, très caractéristique / symptomatique du style de Lavilliers. Mis à part ça, chou blanc.

Annotation :

Petit saut de 30 ans dans le temps, pour atteindre le dernier album de Lavilliers sorti il y a deux mois, dans un registre à la fois similaire et différent. Différent dans le calme ambiant qui règne sur un tel disque, forcément, à 75 ans on imagine que certaines choses s'imposent naturellement. Similaire au sens où l'on retrouve son attrait pour l'Amérique du sud et quelques facéties latinos qui ne me touchent pas du tout. Un morceau Corruption à noter aussi, assez balourd dans sa dénonciation de notre époque, et un autre plus surprenant : Qui a tué Davy Moore?, avec Eric Cantona, Izia, et Gaëtan Roussel. Pas ma came mais pas scandaleux.

Annotation :

Fin de parcours pour cette redécouverte plus sérieuse de Lavilliers avec ce live, première série de concerts pour lui (et pochette qui a marqué mon enfance pour moi). Les textes se prêtent assez bien à des interprétations live et Lavilliers parvient à les communiquer avec force — bon je n'ai pas l'image de ses pectoraux saillants mais c'est sans doute pas plus mal.

Annotation :

►Février◄

Du Garage Punk qui tâche, avec un son sale et des cris comme j'aime (en musique en tous cas). Pas étonnant que ce trio italien ait été produit chez Voodoo Rhythm !

Holy Motor https://www.youtube.com/watch?v=9gk2BAFSFyQ
One Up https://www.youtube.com/watch?v=hdY_3ge3JsA
Lost Memories https://www.youtube.com/watch?v=KHEELUzPaCI
By The River https://www.youtube.com/watch?v=kqQVFthw1k4

Annotation :

Sans grande surprise je reste très bon client de cette ambiance Punk poisseuse et de cette voix des cavernes. Du Garage sale qui trouve sa voie, avec un minimum d'originalité dans les sons distordus dans tous les sens.

Dillinger https://www.youtube.com/watch?v=17O6DovJtcM
No Make Up https://www.youtube.com/watch?v=qJfaeQXDBB4

Annotation :

[ PiotrAakoun ]

Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas penché sur le cas Zappa, et j'avais eu le temps d'oublier à quel point je me sens étranger à ce délire. J'avais très clairement sous-estimé son sens de l'humour, aucun doute là-dessus. Mais un peu de la même façon que je ne supporte pas sa musique "premier degré" qui est beaucoup trop prog et expérimentale, très loin de ma sensibilité musicale tournée vers le spontané et l'efficace, cet album manifestement potache ne me convainc pas davantage. Je ne me base sur rien de tangible mais j'ai vraiment la sensation que Zappa est en plein complexe de supériorité, qu'il montre qu'il peut s'abaisser à faire n'importe quoi en matière de musique plus ou moins populaire, et en profite au passage pour se foutre de la gueule de Bob Dylan ou les Ramones. Dans le genre satirique musical, je place les Dead Kennedys largement au-dessus avec ne serait-ce qu'un album, "Give Me Convenience or Give Me Death" à tout hasard. Le sentiment que Zappa se fout de la gueule de son public avec ses cheap thrills et qu'il s'amuse beaucoup en disant caca couille et bite. La canalisation de la technique me pose aussi problème, comme souvent dans son genre, car s'il ne fait aucun doute que Zappa est un immense musicien, je n'arrive pas à dégager de l'intérêt dans ces démonstrations-là — l'exemple-type étant "Yo' Mama" et son solo de guitare qui m'indiffère au plus haut point sur le plan émotionnel. Je retiendrai donc essentiellement la veine humoristique, qui fait de cet album une bizarrerie ambiguë, à la fois très portée sur la dérision mais dans le même mouvement témoin d'une très haute conscience de soi. Le délire, qui plus est lorsqu'il n'est pas intimement partagé, avec ses passages Pop, ses ballades et ses expérimentations, paraît en outre interminable.

Annotation :

[via Senscritchaiev ]

Un univers que je ne connais manifestement pas, et qui d'une part me demande beaucoup d'efforts pour l'appréhender et d'autre part ne se montre pas excessivement gratifiant. Les genres RYM parlent d'eux-mêmes : Neo Kyma, Post-Minimalism, Chamber Music, Persian Classical Music. Un mystère en soi, que je ne fais que caresser à la surface sans que les infimes variations à mon oreille ne se montrent constructives une heure durant. Un jour viendra...

Annotation :

Pfiou, quelle mélancolie du passé... J'étais un peu trop jeune pour apprécier véritablement à l'époque dans les conditions idoines, mais j'ai baigné là-dedans pendant de nombreuses années. Ma connaissance de la French House est très limitée (il faudrait que je crée une liste dédiée d'ailleurs, sous l'influence des "grands" de ces temps-là), je n'ai aucun idée de l'apport de Stardust au schmilblick, mais ce single a quoi qu'il en soit une grande valeur sentimentale.

Annotation :

Album intriguant pour un non aficionado de Bashung, qui accroche mon oreille par ses instruments et sa variété de styles. Entre la guitare de Marc Ribot, celle de Link Wray et la trompette de Stéphane Belmondo, il y a de quoi faire... J'accroche moins qu'avec "Osez Joséphine", car le côté Blues Rock et remplacé ici par des teintes Jazz, et l'album est comme parasité par le tube "Ma petite entreprise" qui a un peu trop hanté les ondes de mon adolescence.

Annotation :

Je trouve cet album impressionnant, il a exercé très vite une emprise assez folle, entre son enveloppe musicale envoûtante, sa complexité agréable, ses textes (beaucoup moins enclins à verser dans la métaphore sexuelle) aussi créatifs que l'habillage sonore. Un album qui ne ressemble à aucun autre chez Bashung, et que je placerais assez haut dans le Rock français. Il flotte sur le tout une ambiance un peu surréaliste, et même si tout n'est pas appréciable à mon goût, je reste majoritairement scotché.

La Nuit Je Mens https://www.youtube.com/watch?v=0MYN8mAEKUo

Annotation :

►Mars◄

[ Robin ]

Ah ce groupe me donne des frissons ! BCUC, ou "Bantu Continua Uhuru Consciousness", un groupe d'une petite dizaine de musiciens sud-africains. Ça fait un mois que j'écoute leurs trois albums essentiellement composés de chansons au long cours, avec à chaque fois un ou deux morceaux courts et deux titres d'une vingtaine de minutes, et impossible de m'en détacher. Les captations de leurs performances live sont aussi très sympas à voir et à écouter, sans doute un groupe qui vaut encore plus le détour en concert. Leur musique prend vraiment aux tripes, et ces jam sessions au format long sont parfaites dans leur dynamique, leurs différents temps, les montées et les descentes. Yinde est un morceau hallucinant, porté par une basse incroyable (la basse est un incontournable de tous leurs albums) et des percussions d'une diversité et d'une puissance géniales : de la poésie urbaine, du groove à fond, des cris presque vaudous, des chœurs attachants, une sorte d'afro-beat funk blues et psychédélique... C'est complètement fou. Un album frénétique, brut, presque punk par moments.

Yinde https://www.youtube.com/watch?v=CMJBDKDoVqU

Annotation :

Il y avait Yinde sur l'album précédent, "Our Truth", et il y a donc Moya sur celui-ci. C'est le morceau qui vaut vraiment le détour parmi les trois, près de vingt minutes avec une richesse de rythmes incroyables, cette basse prédominante qui domine l'ensemble, accompagnée d'une gamme étendue de super percussions. Toujours cette approche un peu punk dans l'esprit, dans les chants, j'aimerais bien approfondir les textes pour prendre pleinement conscience de la dimension politique de ce qui s'apparente à de l'activisme sud-africain.

Moya https://www.youtube.com/watch?v=Ja4sLOBYLjg

Annotation :

La recette s'use forcément un peu, étant donnée l'absence remarquable d'évolution au cours des quelques années et des 3 albums. Mais j'éprouve toujours la même sympathie pour ce groupe et sa musique, un peu moins "punk" ici et avec des featuring remarqués (Femi Kuti et Saul Williams).

Annotation :

Du Garage Punk de chez Voodoo Rhythm, c'est presque indispensable. Le label produit avec cet album du rock'n'roll espagnol qui associe avec brio deux choses a priori étrangères, flamenco et trash. Un vent bien coriace en provenance d'Alicante, enregistré pour la plupart des morceaux à Toulouse chez Swampland Studios. Un one man band qui tourne depuis quelques années déjà et à suivre de près.

Veneno Barato https://youtu.be/6e7GmxAKYTw
Infeccion https://youtu.be/hrdi96qv0Gk
Die Torero https://youtu.be/aFPz_-S8tjc
Mamba Jovencita https://youtu.be/JLPRyFEbBY0
Meow Meow https://youtu.be/GPy3dJ8vKuQ

Annotation :

Pépite majoritairement inconnue de Soul Jazz en direction d'Atlanta, et unique album dirigé par Fred Jackson — qui compte beaucoup de projets et de collaborations par ailleurs. Un style versatile, avec une association de sax et d'orgue vraiment originale et attrayante. Sans doute pas aussi virtuose que les grands classiques de Hard Bop mais beaucoup plus pragmatique et à ce titre beaucoup plus appréciable dans ce registre en ce qui me concerne.

Easin' On Down https://www.youtube.com/watch?v=uIvgx9ctJdc
Preacher Brother https://www.youtube.com/watch?v=Gn3Ake_I5hQ
Dippin' In The Bag https://www.youtube.com/watch?v=PU6NWbcavOs

Annotation :

On n'est pas loin de l'inécoutable honnêtement, et je dis ça sans affect, en tant qu'amateur du style de Flea depuis 15 ans et sans être un grand fan historique de ce que peuvent produire les Red Hot. Difficile de faire abstraction de la désertion de John Frusciante, bien sûr, chose qui m'interpelle davantage que le changement de producteur (tchao Rick Rubin, voici venu Brian Burton aka Danger Mouse). Mais pouah, entre ce qui est de l'ordre de la stricte redite et ce qui a trait à de la mauvaise soupe, l'album est une définition de l'informe. En comparaison, "I'm With You" était sympa, c'est dire. Je me sens totalement étranger à cette musique, incapable de me lancer dans des réécoutes nombreuses, tant le potentiel me semble inexistant. Le retour de Frusciante pour "Unlimited Love", qui sort bientôt, ne m'inspire pas des masses d'espoir non plus, c'est un groupe pour lequel je reste sensible aux qualités du côté de la basse mais qui n'a plus rien à proposer d'intéressant à mes esgourdes.

Annotation :

Plus du tout ma came, ces débuts très axés Funk, Rap et même Metal. J'ai jamais vraiment aimé à vrai dire, hormis la basse. Je préfère leur premier album voire même "Freaky Styley" mais je pense que c'est purement circonstanciel, ça fait X années qu'ils font partie de ma toile de fond musicale. Dernier album avec feue la guitare de Hillel Slovak en tous cas, et Jack Irons était à la batterie à l'époque. L'occasion également de s'appesantir sur le chant assez désagréable de Anthony Kiedis...

Annotation :

À mon oreille tout ça sonne extrêmement générique, les premiers signaux indiquant clairement que ce n'est pas un style pour moi. Cat Stevens est un "classique" dans une certaine mesure, mais précisément son morceau le plus connu me file des boutons — Wild World. Il y a quelques belles chansons comme Father And Son, quelques passages originaux (Sad Lisa notamment) mais l'ensemble est assommant, de la Folk à tendance Pop qui me laisse comme englué dans de la guimauve.

Annotation :

La monotonie de l'album est assommante. Je n'en tire presque rien. C'est de l'ordre du soporifique à l'intérieur d'un registre qui ne me meut pas de manière instinctive.

Annotation :

L'indifférence domine, sans engouement, sans aversion.