Matériaux pour une critique politique matérialiste et féministe

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"Vivre dans cette société, c’est au mieux y mourir d’ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin."

Derrière le ton pamphlétaire qui est la seule chose que beaucoup en retiennent, Valerie Solanas propose une critique radicale de la masculinité, de l'amour, de la sexualité, de l'alternativisme politique et de l'économie, en ne se limitant pas à l'affrontement des classes (de sexe ou pas).

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Postone propose une relecture de l'oeuvre "de la maturité" de Marx, en s'appuyant de façon très importante sur les Grundrisse, ce qui lui permet de développer une réinterprétation du Capital assez différente de celle de ce qu'il appelle "marxisme traditionnel" (y compris l'Ecole de Francfort ou les situationnistes), en se concentrant essentiellement sur les catégories marxiennes de travail, de valeur et de capital.

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Arendt propose ici une thèse (qui se discute par ailleurs) sur la naissance de l'antisémitisme moderne (distinct donc de l'antijudaïsme religieux pré-moderne), qui aborde notamment la constitution de l'Etat et la distinction entre crime et vice. C'est en relisant cet ouvrage que l'on se souvient, lorsque l'on appartient par la force des choses à une minorité, que la protection étatique n'est qu'une option de bien court terme.

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En s'appuyant sur les thèses qu'il développe très longuement dans TTDS, Postone propose ici une analyse de l'antisémitisme moderne, distincte de celle d'Arendt, en ceci qu'au lieu de l'envisager essentiellement en lien avec la naissance de l'Etat, il l'enracine dans le caractère contradictoire du fétichisme de la marchandise. La thèse peut passer pour terriblement abstraite, mais je crois en sa pertinence.

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L'anatomie politique reste à ma connaissance un des sommets atteints par la critique féministe matérialiste dans la seconde moitié du 20ème siècle.
Il s'agit d'un recueil d'article, qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres. On y trouve notamment un des écrits les plus célèbres de Mathieu, "Quand céder n'est pas consentir".
Dans l'ensemble du livre, l'autrice élabore sa conception matérialiste du rapport social de sexe. Tous les aspects de l'oppression des femmes y passent, du travail domestique à l'horreur quotidienne des violences sexuelles, des mythes des sociétés pré-modernes à l'androcentrisme des sciences sociales modernes, l'élaboration logique et scientifique de la critique ne le cédant en rien à la charge politique.
J'y reviens souvent, et toujours avec une profonde émotion devant l'intelligence du propos de l'autrice et l'horreur des violences qu'elle y énumère