Liste de

60 films

créee il y a presque 7 ans · modifiée il y a environ 1 mois

L'Exorciste
7.3
1.

L'Exorciste (1973)

The Exorcist

2 h 02 min. Sortie : 11 septembre 1974 (France). Épouvante-Horreur

Film de William Friedkin

Horror a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Si 'L’Exorciste' est arrivé en tête de ce classement des films d'horreur, ce n’est pas uniquement parce qu’il est le plus culte, doté de répliques inoubliables (« Ta mère suce des bites en enfer, Karras »). Nul besoin en effet de rappeler ce que sont les scènes de l’exorcisme, de l’araignée sur le dos, ou, bien sûr, celle du crucifix : elles font désormais partie de la mémoire collective, au-delà du cercle restreint des passionnés du genre. Ce n’est pas non plus parce qu’il est l'un des films d’épouvante les plus rentables – plus de 402 millions de recettes –, ni le plus primé – deux Oscars (meilleur son et meilleur scénario adapté), sans oublier six nominations.

Mais c’est avant tout parce que le film de William Friedkin est un bijou d'horreur cinématographique qui réconcilie les différentes branches du genre, alliant la beauté visuelle d’un ‘Suspiria’ à la monstruosité très concrète de ‘La Nuit des morts-vivants’. Et quoi de plus terrifiant que la vue d’une enfant innocente ainsi pervertie, crachant des obscénités avec la conviction d’un taulard, se tordant dans tous les sens – y compris un 360° cervical des plus dérangeants –, tout en projetant des litres de vomi sur quiconque ose l’approcher ?

Privilégiant des acteurs inconnus (hormis Ellen Burstyn) à des célébrités, passant des souks d’Irak aux rues tranquilles de Washington, mêlant drames personnels et violence graphique, William Friedkin parvint à créer un film unique, à la fois brutal et artistique. S’il s’inscrit parfaitement dans la lignée de thrillers sataniques comme ‘Rosemary’s Baby’ ou ‘La Malédiction’, ‘L’Exorciste’ sent le soufre, la putréfaction, la pisse et le sang comme aucun autre.

Un film si moralement et religieusement incorrect que la jeune actrice Linda Blair reçut des menaces de mort, et fut obligée de vivre sous protection policière pendant plusieurs mois. Le fait qu’aujourd’hui encore il parvienne à provoquer la même stupeur viscérale qu’en 1973 atteste de la puissante vision esthétique de Friedkin. Et justifie assez clairement sa position au sommet de ce classement.

Shining
8.1
2.

Shining (1980)

The Shining

1 h 59 min. Sortie : 16 octobre 1980 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Stanley Kubrick

Horror a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

‘Shining’, c'est l'histoire d'un pétage de plomb. Celui de Jack Torrance (un Jack Nicholson félin), quadragénaire écrivain à ses heures, qui vient d’accepter de remplacer pendant l’hiver le gardien de L’Overlook Hotel, labyrinthique palace isolé dans les montagnes du Colorado. Avec lui, sa femme, Wendy (Shelley Duvall) et leur jeune fils, Danny (Danny Lloyd). Peu à peu, le passé sanglant de l'hôtel paraît prendre possession de l'esprit de Jack ; bientôt, la neige coupe les voies de communication. Et quelques bons coups de hache dans la porte des chiottes plus tard…

Inutile de s'appesantir davantage sur le synopsis, tiré de l'ultra-fameux roman de Stephen King : ce ‘Shining’ est avant tout une histoire d'atmosphère. Une énorme partie du livre se trouve d’ailleurs évacuée par le réalisateur, en particulier les passages, nombreux, ayant trait à l’histoire mafieuse de l'hôtel. Non. En fait, la grande force des adaptations d'œuvres littéraires par Stanley Kubrick (presque tous ses films en sont), c'est de savoir se saisir de quelques scènes, d'une poignée d'éléments-clés du bouquin d’origine pour les amplifier, leur donner la puissance et la densité de symboles, de projections mentales, avec des moyens purement cinématographiques.

Maniaque de la symétrie et des jeux d’espace dans la composition des plans, il fait ici alterner une mise en scène froide, impérieuse (les lents travellings sur les salles de l’Overlook) et un dynamisme sinueux, agressif et véloce – ainsi, lorsque sa caméra suit comme une proie l'enfant en tricycle dans les couloirs. Huis clos oppressant dans un environnement gigantesque, ‘Shining’ slalome entre le surnaturel (option maison hantée) et le réalisme (ce type est juste fou), et en profite pour jouer à merveille sur la barbarie hilare de Jack Nicholson, qui trouve sans doute là l’un des personnages les plus jouissifs de sa carrière.

Massacre à la tronçonneuse
7.2
3.

Massacre à la tronçonneuse (1974)

The Texas Chain Saw Massacre

1 h 23 min. Sortie : 5 mai 1982 (France). Épouvante-Horreur

Film de Tobe Hooper

Horror a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Il y a les films d’horreur qui jouent sur le mystère, la subtilité, la tension psychologique. Et puis, il y a ‘Massacre à la tronçonneuse’. Le film de Tobe Hooper, réalisé avec un budget microscopique, et symbole de l'esprit do it yourself du cinéma d’horreur, fait preuve d’un style tellement frontal qu’il fut très longtemps censuré dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni, où il fallut attendre 1999 pour qu’il soit projeté sur grand écran.

Comme son titre l'indique, ‘Massacre à la tronçonneuse’ ne laisse aucune place à l’imagination, installant au contraire une terreur des plus pures, amplifiée par l’absence totale de musique – à l’exception de quelques menaçantes timbales. Revenant d’un road trip au fin fond du Texas, cinq jeunes innoncents – dont une blonde et son frère en fauteuil roulant – tombent en panne d’essence, et se retrouvent coincés dans un village de rednecks aux déficiences mentales et dentaires plutôt critiques. Mais leur plus grande menace est peut-être Leatherface, un immense boucher qui porte la peau de ses victimes en guise de masque.

En accord avec le style radicalement direct du film, aucun mystère n’entoure l’identité de ce monstrueux tueur, qui nous apparaît complètement – et en plein soleil – dès son premier meurtre. Pourtant, s’il achève brutalement ses proies à coups de marteau ou de tronçonneuse, “Face de Cuir” s’avère au final être le plus sympathique des personnages, pleurnichant d’un air coupable après avoir découpé et congelé ses deux premières victimes.

Le plus effrayant n’est donc pas tant cet étrange serial-killer que le reste de sa famille, bouseux vicieux et attardés qui fabriquent des lampes avec les têtes de leurs victimes (plutôt original, ceci dit). Ainsi, un peu à la manière d'un Elephant Man, Leatherface parviendrait presque à nous émouvoir, y compris à la fin du film, lors de sa danse macabre en plein milieu de la route, baigné par la lumière orangée du crépuscule. A la fois grotesque, lyrique et audacieux.

Psychose
8.3
4.

Psychose (1960)

Psycho

1 h 49 min. Sortie : 2 novembre 1960 (France). Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Horror a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Dépassant tous les genres, les cadres, les catégories, 'Psychose' est l'un des plus grands coups de maître d'Hitchcock, et une référence absolue dans l'histoire du cinéma. Le film commence sur le mode policier, où l'on suit Marion Crane (Janet Leigh), une secrétaire criminelle qui tente de s'enfuir avec le fric de ses patrons (en même temps, on la comprend).

Autrement dit, la paranoïa et la culpabilité de la jeune femme sont au centre de la première partie du film. Jusqu'au moment où elle fait halte dans une pension, tenue par un type assez chelou, personnage dès lors devenu mythique dans la culture populaire : Norman Bates (Anthony Perkins), le summum du serial-killer œdipien.

Sa grande modernité, le film la partage avec ‘L’Avventura’ d’Antonioni, sorti la même année : elle se joue au niveau d'une narration rompue, brisée, qui laisse le spectateur pantois et désorienté. Puisqu'en effet, 'Psychose' change de personnage principal en cours de route, abandonnant le cadavre de Janet Leigh au carrelage d'une salle de bains, pour s'attacher à scruter la folie meurtrière de Bates.

Il y aurait beaucoup à dire sur l'interprétation impressionnante de Perkins, sur le sentiment de malaise distillé par Hitchcock dans un simple champ-contrechamp, et, bien sûr, sur la mythique scène de la douche, certainement l'une des séquences les plus célèbres du cinéma mondial, mélange d'érotisme voyeur (tout à fait hitchcockien, donc) et de violence esthétisée. A elle seule, le scène prit quasiment un tiers du temps de tournage.

Aujourd'hui, les hommages et références à 'Psychose' – à commencer par le 'Halloween' de John Carpenter – ne se comptent plus. Adorateur du film, Gus Van Sant en a même fait un remake tout à fait dispensable. Et pourtant, ‘Psychose’ continue de donner l’impression de pouvoir être redécouvert, ou au moins resavouré, à chaque visionnage. Bref, un film qui tue.

Alien - Le 8ème Passager
8.1
5.

Alien - Le 8ème Passager (1979)

Alien

1 h 57 min. Sortie : 12 septembre 1979 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Ridley Scott

Horror a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ceux qui, à sa sortie, ont reproché à ‘Alien’ son apparent manque d’action n’avaient précisément rien compris à son génie. Dès le générique, qui déroule lentement mais inexorablement des barres obliques pour former le mot “Alien”, on perçoit déjà la menace indicible qui pèse sur le Nostromo. Et c’est justement parce que ces premières quarante-cinq minutes du film – que certains trouvèrent donc soporifiques – s’attardent sur les tâches quotidiennes de l’équipage du vaisseau spatial, qu’une angoisse pérenne s’installe.

Et, lorsque la tension éclate enfin, le rythme du film tourne à la crise d’épilepsie sous cocaïne. L’argument d’'Alien’ est simplissime mais implacable : une bête très grosse, très méchante, et surtout très visqueuse se retrouve à bord d’une navette : techniquement, il n’y a donc non seulement personne pour vous entendre crier, mais aucun moyen de vous échapper non plus.

La meilleure scène du film reste sans doute celle où un monstre répugnant s’éjecte violemment de l’estomac du capitaine du vaisseau, invoquant à la fois l’imagerie du viol et de l’accouchement. Car ‘Alien’, avec force symboles phalliques et métaphores sur l’enfantement, est aussi une puissante critique féministe, incarnée à l'écran par Sigourney Weaver, figure de proue des héroïnes badass au cinéma.

Lors du tournage de cette première scène d’action, bouclée en une seule prise, les acteurs ne savaient d'ailleurs pas à quoi s’attendre, et leur stupeur écœurée dut être à peu près la même que celle du spectateur. Ajoutez à ces accès de violence une ambiance moite et claustrophobe, des éléments visuels futuristes et quasi-visionnaires, et vous obtenez simplement l’un des meilleurs films de science-fiction jamais réalisés.

The Thing
8
6.

The Thing (1982)

1 h 44 min. Sortie : 3 novembre 1982 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de John Carpenter

Horror a mis 8/10.

Annotation :

Parmi le cortège de possibilités alléchantes qu’un voyage dans le temps pourrait offrir, on se dit qu'on en profiterait bien pour aller dire au John Carpenter de 1982 qu'un jour, son nouveau film serait reconnu comme l’un des plus grands films d'horreur, surclassant même son emblématique ‘Halloween’. Car comme nombre de classiques du genre, ‘The Thing’ fut d'abord boudé, vilipendé, critiqué comme un vague clone d’'Alien’, simplement occupé à repousser les limites des effets spéciaux.

En deux mots, la réception du film fut un flop catastrophique, menaçant même la réputation de Carpenter, pourtant reconnu à l'époque comme le maître incontesté de l'épouvante. Mais avec le recul, cette angoissante histoire de mal intérieur et de créature métamorphe, d'équipe de chercheurs perdus dans l'environnement inhumain de l'Antarctique, en est arrivée à poser quelques-uns des jalons essentiels du cinéma fantastique et d'angoisse contemporain.

Rosemary's Baby
7.6
7.

Rosemary's Baby (1968)

2 h 16 min. Sortie : 17 octobre 1968 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Film de Roman Polanski

Horror a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un déménagement, ce n’est jamais facile. Mais quand en plus les voisins d’en face sont un couple de satanistes octogénaires bien décidés à vous faire porter l’enfant du diable, c’est encore moins marrant. Ambiance claustrophobe, onirisme menaçant et paranoïa latente caractérisent cette première réalisation hollywoodienne de Roman Polanski, adaptation du roman d’Ira Levin paru un an plus tôt.

Après ‘Répulsion’ et avant ‘Le Locataire’, le film s’inscrit dans une trilogie sur l’horreur quotidienne de la vie en appartement : ainsi, dans la prison dorée des Woodhouse, le tic-tac de l’horloge se fait de plus en plus oppressant, tandis que les murs, immaculés, paraissent de plus en plus étroits. Le ton, d'une angoisse sournoise, est donné dès les premières secondes du générique, lorsque la voix de Mia Farrow retentit, fredonnant un air mi-innocent, mi-inquiétant – le désormais célèbre “Lullaby”.

Car si l’horreur se manifeste à plusieurs reprises – notamment lorsque Rosemary se fait violer par le diable en personne –, les scènes les plus glaçantes sont en fait les plus ordinaires : lorsqu’on assiste à la désintégration progressive du couple formé par Mia Farrow et John Cassavetes, alors que la grossesse de Rosemary, elle, progresse comme une véritable bombe à retardement.

Réalisé en 1968, le film de Polanski est resté dans les mémoires pour sa capacité à brouiller la frontière entre fantastique et psychologique, mais aussi pour avoir ouvert la voie au genre des thrillers sataniques, suivi par ‘La Malédiction’ ou ‘L’Exorciste’.

La Nuit des masques
7.2
8.

La Nuit des masques (1978)

Halloween

1 h 31 min. Sortie : 14 mars 1979 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de John Carpenter

Horror a mis 7/10.

Annotation :

Si la série des 'Halloween' a bien vu défiler une ribambelle d'épisodes parfois médiocres, cette ‘Nuit des masques’ inaugurale reste une œuvre incontournable du cinéma d'horreur fin-1970, et une véritable leçon d’angoisse. Dès sa séquence d'ouverture, hommage appuyé au 'Psychose' d'Hitchcock, John Carpenter (dont ce n'est que le troisième long métrage) se révèle un réalisateur impeccable et extrêmement inventif.

Par exemple, lorsqu’il choisit de filmer son premier meurtre en caméra subjective, plaçant le regard du spectateur à la place même de celui de l'assassin. Ce dernier, Michael Myers, se révèle ensuite n'être qu'un enfant de 6 ans… qui vient de trucider sa sœur à grands coups de couteau de cuisine le soir d’Halloween, sur fond de musique stressante et de cordes suraiguës (ça vous rappelle quelque chose ?). D’une certaine manière, Myers nous apparaît d’emblée comme un Norman Bates extrêmement précoce, une sorte de Mozart du serial-killing...

Quinze ans plus tard, à la veille d'Halloween – oui, oui, c’est gros comme un camion – Myers parvient à s'échapper de l'établissement psychiatrique où il était interné depuis, mutique. Autant dire, on s’attend à une belle surprise party… Sauf que la grande classe du film est de ne presque rien montrer, de simplement suggérer la présence de Myers : lorsque son pick-up rôde, ou lorsque revient le thème angoissant de la bande originale du film, composée par Carpenter lui-même (un piano répétitif et des violons synthétiques).

Déjà, le futur réalisateur de ‘The Thing’ brille par son tempérament novateur : il est ici l'un des premiers à avoir recours à la stabilisation d'un steadicam, créant des mouvements de caméra d’une fluidité impressionante, alors inédite – que Kubrick systématisera, deux ans plus tard, dans les couloirs de l’Overlook Hotel de ‘Shining’. Bref, une référence incontournable. Et toujours habilement stressante.

Suspiria
7.6
9.

Suspiria (1977)

1 h 38 min. Sortie : 18 mai 1977 (France). Fantastique, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Dario Argento

Horror a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Avec ses meurtres au graphisme léché, sa bande-son prog-rock signée Goblin et ses décors délirants faits de couloirs interminables et de couleurs acidulées, ‘Suspiria’ ne ressemble à aucun autre film. Le sixième long métrage d’Argento, considéré comme son véritable passage du giallo à un cinéma d’horreur surréaliste, se déroule comme une hallucination multi-sensorielle longue d’une heure trente, un délire onirique fiévreux dont on ressort vaguement déboussolé.

Abandonnant toute tentative de logique narrative, Argento mise ici tout sur le style, et pour cause, on a rarement vu production aussi visuellement saisissante. ‘Suspiria’ fut en effet le dernier film de l’histoire à utiliser une caméra Technicolor, procédé alors déjà obsolète depuis une vingtaine d’années, qui donne aux couleurs cet aspect singulièrement artificiel.

Le film suit les déboires d’une jeune étudiante fraîchement débarquée dans une mystérieuse école de danse, et débute par une folle course en voiture, suivie par un double-meurtre tout bonnement époustouflant – surveillez bien les mains du tueur : ce sont celles du réalisateur. Evoquant tour à tour Kubrick et Hitchcock, le chef-d’œuvre d’Argento en influença ensuite de nombreux autres, de John Carpenter jusqu’au ‘Black Swan’ d’Aronofsky, sorti en 2010.

Si ‘Suspiria’ est donc immanquable, c’est avant tout parce qu’il est, au-delà d’une œuvre cinématographique, une véritable expérience sensorielle. Une transe angoissante et implacable que même l’héroïne semble subir, sirotant tout au long du film un vin rouge dangereusement capiteux.

Zombie - Le Crépuscule des morts-vivants
7.5
10.

Zombie - Le Crépuscule des morts-vivants (1978)

Dawn of the Dead

1 h 59 min. Sortie : 11 mai 1983 (France). Action, Épouvante-Horreur

Film de George A. Romero

Horror a mis 5/10.

Annotation :

Alors qu'il est reconnu comme l'une des plus célèbres usines à zombies du cinéma mondial (bien qu'en perte de vitesse), il est étonnant de se souvenir que, dans un premier temps, George Romero se disait dubitatif quant à l'idée de donner une suite à sa 'Nuit des morts-vivants' de 1969. Mais après que son projet le plus personnel, 'Martin' (1977), se soit pris une tôle au box-office, le réalisateur empoigna le zombie par les cornes et en profita pour donner un sérieux coup de fouet à sa carrière !

Ainsi, bien que 'La Nuit des morts-vivants' ait déjà pu être un véritable pavé dans la mare de l'horreur, c'est avec ce 'Zombie' late-seventies qu'il entra de plain-pied dans la mémoire collective : son long métrage le plus sauvage, le plus délirant, et qui redéfinit l'horreur en tant que genre filmique socialement conscient, et politiquement malin. Il suffit de voir ses morts-vivants arpenter comme leur territoire le parking d'un centre commercial, pour comprendre à quel point l'ironie peut constituer l'un des aspects les plus jouissifs du cinéma d'épouvante.

Remarquons qu'on ne compte plus, depuis, les variations sur les zombies ; la série 'Walking Dead' montrant d'ailleurs l'intacte vitalité de ces cadavres chancelants. La raison en est simple : contrairement à Dracula et, par extension, aux vampires (sous la surveillance méticuleuse des ayants droit de Bram Stoker et consorts), les zombies de Romero restent insoumis au droit d'auteur – cf. l'instructif article d'owni sur le sujet. Ce qui fait, sans doute, de 'Zombie' ('Dawn of the Dead' en VO) un film doublement populaire. Drôle, excessif et sarcastique.

Les Dents de la mer
7.2
11.

Les Dents de la mer (1975)

Jaws

2 h 04 min. Sortie : 1 janvier 1976 (France). Épouvante-Horreur, Thriller, Drame

Film de Steven Spielberg

Horror a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

'Les Dents de la mer' a beau être devenu l'archétype du blockbuster estival, autant que la matrice de tous les 'Piranha 3D' sortis depuis (le film d'Alexandre Aja étant d'ailleurs également une réussite, dont on s'est laissé dire que Jean-Luc Godard lui-même était fan), le long métrage de Steven Spielberg n'est pas non plus sans rappeler les grandes fresques marines d'un Conrad ou d'un Melville... Sauf qu'il fait de son Moby Dick un requin d'une intelligence redoutable, perverse et sanguinaire, qui terrorise (et dévore goulûment) les joyeux touristes d'une petite station balnéaire.

On connaît l'histoire ; bientôt, Roy Scheider, Richard Dreyfuss et Robert Shaw partent à l'assaut du thalassoraptor... Evidemment, depuis 1975, Spielberg a souvent succombé à la guimauve, au tape-à-l'œil facile, voire à des détournements honteux de ses propres œuvres (l'impardonnable 'Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal') et, du coup, paraît souvent un tantinet surestimé. Pourtant, il serait regrettable d'oublier l'immense maîtrise du suspense dont ses premiers films témoignent.

Reprenant ici le thème général (et assez kafkaïen) d'un harcèlement absurde et meurtrier (déjà à l'œuvre dans 'Duel', en 1971, dans lequel un automobiliste se retrouvait pourchassé pendant deux heures par un semi-remorque sans qu'il parvienne jamais à comprendre pourquoi), Spielberg orchestre une tension dramatique mémorable, montée en puissance qui convoque par moments une maestria toute hitchcockienne. A l'époque, le futur réalisateur de 'Rencontres du troisième type' n'a que 29 ans – c'est ce qu'on appelle un génie précoce...

Ne vous retournez pas
7
12.

Ne vous retournez pas (1973)

Don't Look Now

1 h 50 min. Sortie : 18 septembre 1974 (France). Drame, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Nicolas Roeg

Horror a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Dans le peloton de tête de notre classement figure donc 'Ne vous retournez pas', délire onirique et hallucinatoire mis en scène par Nicolas Roeg en 1973, d'après la nouvelle éponyme de la romancière britannique Daphné du Maurier. Le film suit l'histoire d'un couple, joué par Julie Christie et Donald Sutherland qui, suite à la mort accidentelle de leur fille par noyade dans un lac en Angleterre, profite d'une opportunité professionnelle pour s'enfuir dans la mystérieuse ville de Venise.

Beaucoup de choses peuvent être à l'origine de son succès... Le film parvient à la fois à remplir tous les critères du genre fantastique et à combler les adeptes du cinéma d'art et d'essai. Il utilise le cadrage, le son, le montage et le mouvement de la caméra pour construire un conte fascinant autour de personnages terriblement réalistes. Il ose attirer par la ruse les fantômes tapis dans les innombrables canaux de Venise, et donne probablement à voir l'une des plus belles scènes d'amour jamais filmées...

Ou alors, disons simplement qu'il s'agit d'un film magnifique, dont la moindre image regorge de sens, d'émotion et de mystère, et qui reste le couronnement d'un des plus grands iconoclastes et maîtres du cinéma britannique.

La Nuit des morts-vivants
7.4
13.

La Nuit des morts-vivants (1968)

Night of the Living Dead

1 h 36 min. Sortie : 21 janvier 1970 (France). Épouvante-Horreur

Film de George A. Romero

Horror a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C’est ici que commença le cinéma d’horreur des temps modernes. Tourné en 1968, le film culte à petit budget de Romero ouvrit en effet la piste à tous les autres, y compris Wes Craven ('La Dernière Maison sur la gauche'), David Cronenberg ('Frissons'), Tobe Hopper ('Massacre à la tronçonneuse') ou encore Sam Raimi ('Evil Dead'). L’histoire est classique : isolé dans un coin reculé de campagne, un groupe de personnes se retrouve assailli par des mangeurs de cerveaux toujours plus nombreux.

Mais caractérisé par une approche radicalement subversive, un nihilisme social viscéral et un militantisme anti-Vietnam enragé, ce film de zombie révolutionnaire piétine allègrement toutes les règles, tabous et conventions préalablement établis : l’acteur principal, afro-américain, finit abattu par la police (celle-ci l’ayant pris pour un zombie) lors du générique de fin. Ainsi, si Romero réalisa par la suite d’autres films de zombies (‘Dawn of the Dead’, ‘Day of the Dead’, ‘Land of the Dead’), aucun d’entre eux ne parvint à égaler celui-ci.

Les Innocents
7.8
14.

Les Innocents (1961)

The Innocents

1 h 40 min. Sortie : 18 mai 1962 (France). Épouvante-Horreur, Fantastique, Drame

Film de Jack Clayton

Horror a mis 8/10.

Annotation :

Adapté du roman de Henry James 'Le Tour d'écrou' (1898), 'Les Innocents' est ici coiffé au poteau par 'Ne vous retournez pas' de Nicolas Roeg (n°12), comme meilleur film d'horreur britannique de notre liste. De l'œuvre de Jack Clayton, Martin Scorsese dira pourtant combien elle fut « conçue et interprétée avec délicatesse, impeccablement tournée… et terriblement effrayante ». Deborah Kerr y incarne Miss Giddens, la nouvelle gouvernante de deux orphelins : la nièce et le neveu du riche et puissant Michael Redgrave, auxquels on donnerait le bon Dieu sans confession.

Pourtant, lorsque le garçon se voit renvoyé de l'école pour sa mauvaise influence sur ses camarades, Miss Giddens se persuade que les gamins ont été possédés par les esprits d'un couple d'amants défunts – leur précédente gouvernante et un ancien valet. Le sont-ils réellement ? Ou s'agit-il seulement des fantasmes délirants d'une célibataire frigide ? Jusqu'au bout, le film joue à merveille sur cette ambiguïté. Il n'est guère surprenant que François Truffaut ait donc qualifié ces 'Innocents' de « meilleur film britannique » après le départ d'Hitchcock en Amérique.

Carrie au bal du diable
7.3
15.

Carrie au bal du diable (1976)

Carrie

1 h 38 min. Sortie : 22 avril 1977 (France). Épouvante-Horreur, Thriller, Fantastique

Film de Brian De Palma

Horror a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Jonglant de manière virtuose entre rêverie adolescente et séquences de pure horreur, ‘Carrie’ fait partie de ces chefs-d’œuvre cinématographiques qui dépassent amplement les limites d’un seul genre. Brian De Palma réalisa cette adaptation deux ans seulement après la parution du premier roman de Stephen King, pour en faire un classique instantané, sublimé par la musique de Pino Donaggio et, bien sûr, l’interprétation magistrale de Sissy Spacek.

Difficile en effet d’imaginer qu’au début, De Palma ne voulait pas de la jeune actrice, cheveux de feu et regard corrosif, inégalable dans le rôle de l’adolescente martyrisée par ses camarades de classe comme par sa fanatique religieuse de mère. Passant en une fraction de seconde du statut de petite chose fragile à celui de vengeresse implacable, Spacek livre ici la performance de sa carrière, recouverte de faux sang de porc – en réalité, un mélange de sirop de maïs et de colorants –, inspirant des déguisements d’Halloween pour plusieurs générations. Et l’on a beau connaître la scène du bal par cœur, jusqu’à la dernière seconde, on continue de prier, en vain, pour que ce satané seau ne tombe...

Mister Babadook
6.2
16.

Mister Babadook (2014)

The Babadook

1 h 32 min. Sortie : 30 juillet 2014 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Jennifer Kent

Horror a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, l’actrice Jennifer Kent réussit un joli coup double : livrer un film d’horreur convaincant, bien fichu, avec un louable souci de l’artisanat – et le refus d’effets numériques tape-à-l’œil. Et en même temps, son film traite de la condition féminine contemporaine sur des plans assez divers, bien mieux qu’un bon paquet de traités féministes.

Le synopsis, pourtant, paraît classique. A vue de nez, Amelia (Essie Davis) a une petite quarantaine d’années. Depuis la mort brutale de son mari, elle vit avec son fils unique, Samuel (Noah Wiseman). Or, celui-ci manifeste de plus en plus de troubles du comportement, jusqu’à ce qu’une sévère inquiétude gagne tout son entourage : école, famille, camarades… Il faut dire qu’au même moment, Amelia et Samuel se trouvent harcelés par un livre pour enfants assez terrifiant, ‘Mister Babadook’.

Occupant la même fonction, angoissante et fantastique, que la mystérieuse cassette vidéo du début de ‘Lost Highway’ de David Lynch (ou dans ‘Caché’ de Haneke, qui en reprend l’idée), le livre d’images sert ici de support au démon, de puits à l’angoisse, d’objet maudit. Mais il relève finalement de ce qu’Hitchcock qualifiait de « MacGuffin » : un simple prétexte pour parler d’autre chose. Avec Hitchcock, il s’agit généralement de fétichisme. Chez Jennifer Kent, il est plutôt question d’humiliation au travail, de deuil, ou de frustration sexuelle chez les mères de famille cantonnées à leur maternité, leurs rôles de maîtresses de maison, d’éducatrices.

Le Loup-garou de Londres
7.1
17.

Le Loup-garou de Londres (1981)

An American Werewolf in London

1 h 37 min. Sortie : 4 novembre 1981 (France). Épouvante-Horreur

Film de John Landis

Annotation :

Ce qui paraît le plus brillant, dans ce thriller lycanthrope de John Landis, c'est la fabuleuse manière dont il bascule en un clin d'œil de la comédie burlesque à la terreur macabre, et vice versa. On y retrouve le génie du maquillage Rick Baker, quelques-uns des monstres les plus choquants et inventifs du cinéma d'horreur (ah, ces zombies nazis...), et une sélection d'enfer de classiques FM – sans même parler de Jenny Agutter en tenue d'infirmière...

Autant dire, pas vraiment étonnant que le film se place si haut dans notre classement. A sa suite, le cinéma d'horreur parodique deviendra un genre prolifique, dont Landis – déjà réalisateur de comédies comme 'Hamburger Film Sandwich' et 'The Blues Brothers' – restera avec ce long métrage l'une des références essentielles. Et nul doute, en effet, qu'il s'agit là du sommet de sa carrière.

La Maison du diable
7.4
18.

La Maison du diable (1963)

The Haunting

1 h 52 min. Sortie : 4 mars 1964 (France). Épouvante-Horreur

Film de Robert Wise

Annotation :

Ce long métrage de 1963 est sans doute la quintessence même du film de maison hantée ; voire, Martin Scorsese déclara qu'il s'agissait pour lui du plus effrayant jamais réalisé. Le Dr Markway (Richard Johnson), anthropologue, enquête sur des activités paranormales autour d'une pierre tombale, près d'un édifice gothique de la Nouvelle-Angleterre. Jadis, l'épouse du premier propriétaire des lieux mourut en y pénétrant. On devine la suite.

Plus tard, le docteur découvre donc la maison, accompagné de deux jeunes femmes à tendance psychotique : la sympathique Theo (qui possède l'une des plus belles garde-robes jamais vue, conçue par la couturière Mary Quant), et l'angoissée Nell, qui se retrouve vite l'attraction principale des fantômes de la demeure. Le réalisateur britannique Robert Weiss réussit ici un chef-d'œuvre de suggestion : nous n'apercevons pas le moindre fantôme, mais sa diabolique caméra parvient à faire d'une sculpture, sur une porte en bois, un spectacle plus effrayant que n'importe quel type de maquillage ou d'effet spécial.

Audition
6.8
19.

Audition (1999)

Ôdishon

1 h 55 min. Sortie : 6 mars 2002 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Takashi Miike

Annotation :

Le meilleur film d’horreur japonais des temps modernes, vous diront certains. Un producteur de cinéma veuf décide, sur les conseils de son fils et de son meilleur ami, de chercher une nouvelle femme. Afin de trouver la compagne idéale, il organise un faux casting, tombant rapidement sous le charme de la douce et mystérieuse Asami. Le seul problème, c’est que la délicate jeune fille fut en réalité violée et torturée lorsqu’elle était enfant, et semble éprouver quelques difficultés à faire confiance aux hommes.

Après une première moitié penchant plutôt du côté du drame sentimental, ‘Audition’ adopte dans ses dernières séquences une narration schizophrène, déployant une tension sournoise et inexorable. Jusqu’à la scène finale, où l’on assiste à une séance de torture-acupuncture particulièrement crispante, pimentée par l’utilisation d’un fil à scier spécial moignons. Comme quoi finalement, être célibataire, ce n’est pas si mal.

Evil Dead 2
7.4
20.

Evil Dead 2 (1987)

Evil Dead 2: Dead by Dawn

1 h 24 min. Sortie : 8 juillet 1987 (France). Comédie, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Sam Raimi

Annotation :

Rares sont les suites de film capables d’égaler leur prédécesseur. Or, dans le cas d’'Evil Dead 2’, beaucoup de gens ignorent même l’existence du premier opus tant celui-ci le surpasse. Loin d’être une suite, le deuxième 'Evil Dead' de Sam Raimi est une version améliorée, beaucoup plus efficace, de celui de 1981 : en moins de dix minutes, les personnages principaux sont soit morts, soit possédés, soit les deux.

Le premier long métrage de Raimi offrait déjà son lot de blagues, mais son objectif principal restait malgré tout de choquer les spectateurs – faut-il rappeler la scène du viol dans les bois ? Ici, on sent au contraire l’influence des carrières de Raimi et Campbell, qui alternaient alors entre courts métrages d’horreur et films à sketches. Le résultat est un mélange désopilant de flots d’hémoglobine et de comédie – qui réussit aussi bien sur chacun des deux tableaux.

Alors qu’yeux et moignons volent dans tous les sens, le gag le plus mémorable reste sans doute celui où Campbell, partiellement possédé, se livre à une séance de slapstick hallucinante, attaqué par sa propre main. Sans oublier la scène où notre héros cherche désespérement à se débarrasser de la tête de sa défunte petite amie, péniblement accrochée à son poignet – redonnant alors tout son sens à l'adjectif « têtu ».

La Malédiction
7
21.

La Malédiction (1976)

The Omen

1 h 51 min. Sortie : 17 novembre 1976 (France). Épouvante-Horreur

Film de Richard Donner

Horror a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

L’avantage des films sur Satan et sa progéniture, c’est qu’on peut s’y permettre à peu près n'importe quoi. 'La Malédiction' (‘The Omen’) ne déroge pas à la règle, avec, entre autres, une nounou glaçante accompagné d’un rottweiler maléfique, un prêtre empalé par le paratonnerre d’une église, tout un tas de babouins au comportement étrange, et surtout, une scène de décapitation absolument culte, filmée sous plusieurs angles et au ralenti.

Comme beaucoup de films d’horreur, le premier long métrage de Richard Donner ne fut pas particulièrement bien accueilli par la critique à sa sortie, mais il est désormais considéré comme un classique du genre. La légende raconte d'ailleurs que le film lui-même était maudit : d’étranges événements à répétition frappèrent plusieurs membres de l’équipe ; quant à la femme du réalisateur, elle fut décapitée dans un accident de voiture peu de temps après la fin du tournage...

Freaks - La Monstrueuse Parade
8
22.

Freaks - La Monstrueuse Parade (1932)

Freaks

1 h 04 min. Sortie : 7 octobre 1932 (France). Drame, Thriller

Film de Tod Browning

Horror a mis 8/10.

Annotation :

Est-ce vraiment un film d'horreur ? Ou plutôt un conte humaniste et touchant, d'amour et de trahison ? Le réalisateur Tod Browning lui-même quitta l'école dans sa jeunesse pour travailler dans un cirque. Avec 'Freaks', il met en scène une troupe de « bêtes de foire » (qui se révèlent également de remarquables acteurs), pour raconter l'histoire d'une jolie trapéziste, Cleo (Olga Baclanova), qui accepte de se marier au nain Hans (Harry Earles) pour sa fortune, avant de l'empoisonner.

Le reste du temps, Browning suit la vie itinérante de ces étranges forains avec beaucoup de sympathie et d'humour – par exemple à travers l'histoire de ce type qui épouse une fille dont il ne peut supporter la sœur siamoise... Pourtant, ce qui fait de 'Freaks' un authentique film d'horreur, c'est sa fin dérangeante et macabre, lorsque les « monstres » chassent Cleo et son amant à travers la forêt – bien qu'évidemment, l'horreur la plus violente réside dans la cruauté médiocre des prétendus « gens normaux ». D''Ombres et Brouillard' de Woody Allen à 'Elephant Man' de David Lynch, on ne compte d'ailleurs plus les clins d'œil du cinéma à la parade fondatrice, émouvante, grotesque et sublime de Tod Browning.

Nosferatu le vampire
7.7
23.

Nosferatu le vampire (1922)

Nosferatu, eine Symphonie des Grauens

1 h 34 min. Sortie : 4 mars 1922 (France). Épouvante-Horreur

Film de Friedrich Wilhelm Murnau

Annotation :

Avant Edward Cullen, Spike et Bill Compton, il y avait Nosferatu – certainement moins scintillant, mais beaucoup plus terrifiant. Librement adapté du ‘Dracula’ de Bram Stoker, ‘Nosferatu’ n’était peut-être pas le tout premier film d’horreur de l’histoire du cinema (cet honneur revient sans doute au ‘Manoir du Diable’ de Georges Méliès), mais ce fut certainement le plus influent.

Le jeu sur l’ombre et la lumière, le basculement entre beauté et horreur, l’homme menaçant pourchassant une jeune innocente... La plupart des codes du genre furent ainsi inaugurés par Murnau. Et, à près d’un siècle de distance, son film reste profondément dérangeant : la tension sournoise instaurée par la musique de Hans Erdmann, l’effroyable raideur de Max Schreck, ainsi que son atroce maquillage, sont désormais devenus cultes. Quant à l’invasion de rats, particulièrement angoissante, on n’ose imaginer l’effet qu’elle eut à l’époque, sur un public à peine sorti de la Première Guerre mondiale.

La Mouche
7.5
24.

La Mouche (1986)

The Fly

1 h 36 min. Sortie : 21 janvier 1987 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de David Cronenberg

Horror a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

irante reprise par David Cronenberg d'un canevas classique du récit fantastique (où un scientifique voit ses expériences de téléportation se solder par un vilain quiproquo génétique), 'La Mouche' n'est pas seulement un film d'horreur des plus élégants : c'est aussi l'une des histoires d'amour les plus tragiques du septième art.

La relation, charmante, hésitante, magnifiquement écrite, entre Jeff Goldblum et Geena Davis, commence en effet comme une fragile romance… qui ne rend que plus atroce la dégradation physique et mentale auquel le film va peu à peu soumettre Goldblum. Aussi, entre les mains de Cronenberg, la maladie génétique devient-elle une puissante métaphore de tout mal intérieur imaginable, qu'il s'agisse du cancer, du sida, de la vieillesse, ou de l'amour perdu, du désespoir sentimental…

Superbe, écœurant, exaltant, brutal, inspirant et inspiré, 'La Mouche' est un film humaniste et paradoxal, où l'humain lui-même tend à disparaître. Et c'est aussi sans conteste l'une des plus grandes réussites de son réalisateur, alors à l'apogée de son art.

Les Oiseaux
7.5
25.

Les Oiseaux (1963)

The Birds

1 h 59 min. Sortie : 6 septembre 1963 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Horror a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Après 'Jamaïca Inn' (1939) et ‘Rebecca’ (1940), ‘Les Oiseaux’ est le troisème film d’Hitchcock adapté d’un récit de Daphné du Maurier. Et comme le maître de l’angoisse l'a prouvé à de nombreuses reprises, nul besoin d’esprits frappeurs, de monstres dégoulinants ou de zombies qui titubent pour terroriser le spectateur le plus averti.

Ici encore, Hitchcock parvient à nous perturber par de simples suggestions – comme la vue menaçante de centaines d’oiseaux perchés silencieusement sur des câbles électriques – ou par son travail sur le son, et le bruit de plus en plus assourdissant des vicieux volatiles. Quant aux scènes de pure épouvante, malgré des effets spéciaux vieux de soixante ans, elles ont encore de quoi filer la chair de poule (on n’ose imaginer ce que ça donnerait en 3D).

Mais au fond, 'Les Oiseaux' est surtout un parfait exemple de la manière dont Hitchcock joue avec les nerfs et la psyché du spectateur : reprenant le thème des envahisseurs, il le plonge dans une inquiétante familiarité toute freudienne. Et s'il est commun de dire que le réalisateur piochait abondamment dans la psychanalyse ('La Maison du Dr Edwards', 'Psychose'), rarement dans son œuvre les thèmes du danger et du désir, de la compulsion sensuelle (entre Tippi Hedren et Rod Taylor) et de sa censure (la mère du personnage masculin et... les oiseaux), auront à ce point débouché sur une menace irrationnelle, violente, sauvage et fétichiste.

Berberian Sound Studio
6.1
26.

Berberian Sound Studio (2011)

1 h 32 min. Sortie : 3 avril 2013 (France). Épouvante-Horreur, Drame

Film de Peter Strickland

Annotation :

Entre hommage au giallo, expérimentations sonores, métadiscours teinté de nostalgie et épouvante au second degré, ce puissant ‘Berberian Sound Studio’ rappelle le ‘Blow Out’ de Brian de Palma (et, par ricochet, le génial ‘Blow-Up’ d’Antonioni qui l’inspira) avec de vrais bouts de schizophrénie lynchienne dedans… Bluffant.

L’action se déroule en 1976, en Italie, dans un studio d’enregistrement où Gilderoy (Toby Jones), ingé-son britannique un peu coincé, se retrouve à devoir mixer les bruitages du dernier film de Santini (Antonio Mancino), l'un des maîtres du film d’horreur de l’époque. Peu à peu, une atmosphère d’étrangeté s’installe, entre actrices vociférantes, producteurs antipathiques, assistants cinglés et organisation kafkaïenne… jusqu’à ce que l’environnement même de Gilderoy bascule dans l’irrationnel.

Afin de ne rien gâcher des habiles retournements qui constituent le récit, on évitera d’en dire plus. Toutefois, il faut noter que le long métrage de Peter Strickland fait preuve d’une impressionnante densité, ouvrant de multiples pistes d’interprétation, et interrogeant les perceptions du spectateur avec une maestria qui, par moments, n'est pas sans évoquer ‘Mulholland Drive’ ou ‘Lost Highway’ de David Lynch.

Le travail sur le son – inquiétant et profond – et les images vintage, parfois dissociés, contribue notamment à faire planer sur le film une ambiguïté tout à fait délicieuse. Une véritable expérience de cinéma, passionnante et souvent virtuose.

L'Enfant du diable
6.6
27.

L'Enfant du diable (1980)

The Changeling

1 h 47 min. Sortie : 29 octobre 1980 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Peter Medak

Annotation :

Réalisé à l'ancienne (dans le meilleur sens du terme), ce thriller surnaturel et mésestimé de Peter Medak parvient à nous effrayer par son impressionnante maîtrise technique. Le remarquable George C. Scott y interprète un compositeur en vogue qui, après la mort de sa femme et de son fils dans un accident de la route, part enseigner à Seattle dans une étrange maison victorienne (hantée, bien évidemment).

Or, même les séquences les plus banales, les clichés les plus éculés – comme cette séance de spiritisme où un médium tente d'entrer en contact avec l'esprit inapaisé du garçon défunt – sont mis en scène avec beaucoup d'habileté et une grande force de conviction. Guillermo del Toro soutient que les meilleures histoires de fantômes ont toujours un grand arrière-fond de mélancolie. C'est assurément le cas ici.

La Fiancée de Frankenstein
7.5
28.

La Fiancée de Frankenstein (1935)

Bride of Frankenstein

1 h 15 min. Sortie : 7 juin 1935 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de James Whale

Annotation :

'La Fiancée de Frankenstein' serait donc la meilleure adaptation du célèbre roman de Mary Shelley ? C'est en tout cas ce qu'ont tranché nos spécialistes de l'horreur. A l'époque, le réalisateur, James Whale, ne pensait pas donner de suite à son 'Frankenstein' de 1931. Mais sous la pression des studios, il décida qu'elle serait un chant nocturne, un véritable « hululement », selon son expression.

En parallèle à son humour narquois et à son esthétique camp, cette 'Fiancée' marque le retour d'un Boris Karloff incroyablement émouvant dans le rôle du monstre. Le Dr Frankenstein a alors cessé de se prendre pour Dieu et renoncé à bricoler des cadavres dans son garage le dimanche ; mais son mentor orchestre un odieux chantage pour qu'il fournisse une compagne (Elsa Lanchester) à sa créature.

Le maquillage de la mariée, toujours réalisé par l'incontournable Jack Pierce – avec cicatrices de barbelés, rouge à lèvres de diva, cheveux foudroyés – et les mouvements mécaniques, étrangement innocents, de Lanchester ont fait de ce film un véritable classique du cinéma gothique américain.

Vidéodrome
7.3
29.

Vidéodrome (1983)

Videodrome

1 h 29 min. Sortie : 16 mai 1984 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction, Thriller

Film de David Cronenberg

Horror l'a mis en envie.

Annotation :

Sans doute l’œuvre la plus visionnaire de Cronenberg, ‘Vidéodrome’ explore les dangers de la télévision à travers le regard déréglé de Max Renn (James Woods), programmateur de télé controversé. Dans un monde gouverné par des organes de censure, le contact avec des images choquantes détruit peu à peu la capacité de discernement entre réalité plastique et fantasme pervers.

Ainsi, après avoir visionné une cassette intitulée "Vidéodrome”, Max voit sa perception s'altérer : impossible alors de savoir si sa relation sado-masochiste avec Nicki Brand (interprétée par Debbie Harry, la chanteuse du groupe Blondie) n’est que pure hallucination, au même titre que l’étrange vagin qui lui pousse au milieu du ventre. Et lorsque cet orifice béant se transforme en magnétoscope dans lequel les censeurs insèrent des cassettes, chair et technologie finissent par former un ensemble organique particulièrement troublant.

Morse
7.5
30.

Morse (2008)

Låt den rätte komma in

1 h 55 min. Sortie : 4 février 2009 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Film de Tomas Alfredson

Annotation :

Un classique immédiat ? Si la présence de 'Morse' au sein de notre classement signifie quelque chose, alors oui, certainement. Le film d'épouvante de Tomas Alfredson – dont les décors neigeux accompagnent à merveille la tristesse – ressemble à un conte initiatique sur l'expérience amoureuse.

Oskar, 12 ans, aime sa voisine, Eli. Parfois, il trouve qu'elle a une drôle d'odeur. Plus tard, les bonbons qu'il lui offre la rendent violemment malade. Et ses yeux saignent lorsqu'elle pénètre chez lui sans avoir été invitée : eh oui, Eli est un vampire… « Cela fait une éternité que j'ai cet âge… »

Comme le cinéaste suédois ne voulait pas d'interprétations policées, il préféra travailler avec des acteurs non professionnels. Pourtant, Eli paraît véritablement intemporelle. Horrible et touchant, 'Morse' reçut, entre autres, le Grand Prix et le Prix de la critique au Festival du film fantastique de Gérardmer.

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