Cover Les meilleurs (et les pires) films de 2019

Les meilleurs (et les pires) films de 2019

En 2019 je vais voir des films, comme d'hab, je vais en faire une courte critique, comme d'hab. Voilà. Rien de bien nouveau en somme.

Liste de

63 films

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a plus de 4 ans

The Irishman
7
1.

The Irishman (2019)

3 h 29 min. Sortie : 27 novembre 2019 (France). Drame, Gangster, Policier

film de Martin Scorsese

GISMO-PROD a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je vous promet de travailler sur une critique, voire même un article un peu plus détaillé sur ce film.

Pour ceux qui veulent néanmoins mon avis : c'est un chef-d’œuvre. Un grand film qui restera dans les annales historiques et les mémoires cinéphiliques. Le plus grand casting pour l'un des plus grands films du plus grand réalisateur actuel.

J'ai envie de lui mettre 10 mais je me laisse le temps d'un deuxième visionnage sur Netflix en novembre pour statuer.

Once Upon a Time... in Hollywood
7.2
2.

Once Upon a Time... in Hollywood (2019)

2 h 41 min. Sortie : 14 août 2019 (France). Drame, Comédie

Film de Quentin Tarantino

GISMO-PROD a mis 9/10.

Annotation :

Rarement, de mémoire de cinéphile, j'ai voulu me replonger dans un film aussi vite après l'avoir vu au cinéma. En tant qu'admirateur du cinéaste j'attendais avec beaucoup d'impatience ce 9ème film, avec une certaine appréhension aussi. Tarantino réussirait-il à se renouveler ? Ma culture cinéphilique qui a considérablement augmentée depuis ma découverte du cinéaste ferait-il que je m'en détourne ?
Me voilà rassuré et conquis. Once Upon a Time... in Hollywood est, je crois, un grand film dont il me faudra encore quelques visionnages pour statuer de sa place dans l’œuvre Tarantinesque. Et, si l'on retrouve tous les motifs (poncifs) qui font le cinéma du réalisateur : référence à gogo, musique playlist, casting de ouf (ici vraiment remarquable; on est tous tombés amoureux de Margot Robbie, si ce n'était pas déjà le cas), violence jubilatoire etc; nous sommes en présence d'un film résolument intelligent (Capacité de saisir une chose par la pensée). Conte à la fois cynique et terriblement amer, film à la fois fun et cafardeux. Ce 9ème métrage offre une multitude de pistes analytiques aussi bien par la date où se déroule le film (1969), avec ses bouleversements socio-politiques et artistique, mais aussi dans son traitements des références ciné génialement mises en scènes par Tarantino dans des questionnements inter-médiatiques où la barrière des réalités est transgressée au profit du post-modernisme (la séquence à Rome est culte). Questionnement sur la violence, sur la violence de ses films, citations godardienne dans le montage, séquence de western, hommage à Hollywood mais surtout... nostalgie funèbre d'un paradis perdu. En itw Tarantino déclare sans mal que le Hollywood moderne des franchises a tué l'époque bénie du ciné classique, du Nouvel Hollywood (qui portait en lui sa propre mort) et de la Cinecita; outre le fait que je partage son avis, cela rend pour la première fois chez lui, le film d'une mélancolie incroyable, qui nous fera revoir le film encore et encore pour apprécier un peu la réalité alternative, plus belle, qu'il a su créer ici. Transparaît ici l'amour inconditionnel du cinéma, des acteurs, des techniciens, traité de manière parfois encyclopédique mais surtout avec dévouement. Merci QT.

Les Misérables
7.5
3.

Les Misérables (2019)

1 h 44 min. Sortie : 20 novembre 2019. Drame

Film de Ladj Ly

GISMO-PROD a mis 9/10.

Annotation :

J'avais effectivement de grosses attentes pour ce film. En ces temps de contestations populaires (cf. la photo de couverture), plus de 20 ans après "La Haine" et "Ma 6-T a craqué" je considérai comme un besoin un film sur la banlieue, sur le soulèvement populaire, sur les "zones de non-droit"...
Directement venu de Montfermeil, armé par Kourtrajmé, sous le patronage Hugolien, Ladj Ly filme son territoire, les habitudes méconnues de ces lieux de vie. Un ensemble de communauté se croisent, se confrontent parfois. La première heure du film est une plongée dans cet univers à travers la première journée de Stéphane, bacqueux pas bien méchant. L'angle choisit est parfait. Cette moitié de film nous offre des situations de tensions quotidiennes mais reste largement drôle, les personnalités sont si originales, l'argot si affuté et les situations si absurdes qu'on peut se laisser surprendre à rire. Rapidement pourtant Ladj Ly met les pieds dans le plat. C'est la bavure, qu'il a parfois filmé lui-même dans sa jeunesse. Ce sont des policiers démunis en tension face à une jeunesse perdue, harcelée par ces derniers. Et en 24h tout part en couille pourrait-on dire, et les figures viriles, patriarcales du quartier sont remises en question par la jeunesse contestataire et déterminée.
Le gros point fort du film est son réalisme, des situations aux personnages, tout est terriblement tangible (sauf si on s'informe sur BFM évidemment), le système bien rôdé de la cité est montré tel quel. Vous le savez si vous me lisez, j'aime que les personnages soient nuancés, et c'est là qu'est la réussite totale du réal. Pas de bons, pas de méchants, juste des hommes sans repères, lâchés dans un jeu de confrontation violente. Les bacqueux sont aussi misérables que les autres, seulement eux sont armés. En terme de mise en scène Ladj Ly prend le partie des plans longs, des multiples mouvements de cam, recadrages, zooms etc. On retrouve une vraie tension dans les poursuites, c'est virtuose comme si Friedkin réalisait "enquête d'action". La fin, ouverte, nous place dans une situation de choix moral. C'est effrayant, car la révolution doit emmener à ce type de situation. Embarqués par ces flics on ne redescend pas en tension jusqu'à la fin du film, on ne comprend pas mieux le monde, mais il porte indéniablement un souffle en lui, qui doit nous alarmer, attirer l'attention des pouvoirs publics (bof...) mais surtout nous questionner sur une possible convergence des luttes populaires.

Irréversible (Inversion intégrale)
7.1
4.

Irréversible (Inversion intégrale) (2020)

1 h 26 min. Sortie : 26 août 2020. Drame, Thriller

Film de Gaspar Noé

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

(hors-catégorie)
"Irréversible" à l'envers... à l'endroit... ou que sais-je... j'étais tout à fait dubitatif. Pourtant (et je ne dit pas ça parce que j'étais en présence de G. Noé, M. Bellucci, A. Dupontel, P. Nahon etc), ce tout nouveau film naît d'un nouveau montage est intéressant. Cette fois-ci plus classique, on est proche des personnages, on s'y attache, on les suit, bref, la caméra n'imite plus tellement un mouvement d'âme (qui me rappelait la fameuse scène de "Ténèbres" d'Argento soit dit en passant) mais suit les pérégrinations tragiques des protagonistes comme un observateur externe qui leur collerait aux basques. Le film conserve en outre son impact, sa violence frontale (un malaise dans la salle, hop, ça dégage, c'est formidable) mais cette fois-ci l'identification du spectateur est plus forte, le film en est-il plus dur ? Je ne pense pas, car le sens de la première scène (dernière dans la version originale) est plus doux, moins terrible. Il n'y a de fait pas ce malaise durable qui plane sur l'ensemble du métrage. Du même coup si l'on perd cet aspect on gagne j'ai l'impression à remarquer le jeux des acteurs, formidable en tout point. Et pour cela, parmi d'autres points, cette version mérite largement sa place au cinéma.

(et oui, en vrai Monica Bellucci est tout aussi splendide, quelle femme, nom de dieu)

Le Daim
6.7
5.

Le Daim (2019)

1 h 17 min. Sortie : 19 juin 2019. Comédie, Thriller

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Quentin Dupieux le prolifique, le captivant nous gratifie de "Le Daim", nouveau délire absurde, moins surréaliste, moins Bunueliens qu'à l'accoutumé mais toujours aussi drôle, efficace et pour une fois muni d'un petit réseau de métaphores visuelles assez amusantes.
Outre la vision du cinéaste sur le métier de cinéaste, outre le talent scénaristique et un soucis du décor (que j'ai adoré), de la photo, de l'ambiance formidable; le génie du film tient à la fois de la direction d'acteur (Dujardin prouve son don, Haenel son talent et son tempérament), de la création d'un univers ambigüe, qui frôle le "what the fuck" (patte auteuriale indéniable de Dupieux) et enfin le succès de l'entreprise de réinvention de son cinéma.
En effet "Le Daim" est drôle, tordu, gore, fascinant... enfin plein de chose, mais c'est surtout "pas pareil" que le reste de sa filmographie.
Ma seule crainte, mais c'est un faux procès fait au film, est que le cinéaste s'enferme dans une recette : concept scénaristique décalé et gros casting, qui pourrait être décliné pendant des années et des années mais ferait perdre sa saveur à son cinéma si innovant, si rare.
Mais au fond, j'ai confiance en lui.

La Mule
6.7
6.

La Mule (2018)

The Mule

1 h 56 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame, Gangster, Thriller

Film de Clint Eastwood

GISMO-PROD a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un film bigrement crépusculaire, et à tous les niveaux.
Par ce biais de lecture on peut envisager la totalité du film et de son récit comme le baroud d'honneur d'un cinéaste âgé de 88 ans et qui par jeu et pour défier le temps qui défile inexorablement s'enferme dans son travail, délaissant sa famille, notamment sa fille (joué par... sa propre fille comme de par hasard) tâchant d'être récompensé par son milieu (en l’occurrence il est horticulteur mais le parallèle est plus qu'évident avec la cinéma). Ainsi le vieillard se retrouve emmené dans une histoire de drogue, de cartel à mi-chemin entre un film noir et un road-movie. Traqué par un jeune flic de la DEA, une sorte de lui plus jeune, on sait la considération qu'à Eastwood pour Bradley Cooper et on peut donc affirmer qu'il s'agit ici de son fils spirituel, de son double. Ainsi le film est constitué en deux phases : le polar, lent, acide, parfois très cocasse et le film, le mot est un peu fort, testament. Un message adressé à ses collègues du métier, à sa famille dont on sent le regret de n'avoir pu trop être là et une pierre peut-être finale, on l'espère pas, à l'immense monument qu'est sa carrière. De plus "La Mule" est un film résolument américain dans l'esprit, comme à son habitude le racisme, l'homophobie est vecteur de cohésion sociale aussi bizarre que cela puisse paraître, les railleries raciales ne sont qu'une façon passé mais pas bien méchante de s'exprimer. Ainsi à chaque mot regrettable, le vieil Eastwood ne reçoit qu'une remarque du même ton, le tout de manière amicale; de manière à se placer à égalité avec son interlocuteur. D'autre part, dans la lignée du western, l'américain ne peut compter que sur lui-même pour réussir, l'état n'est qu'un organe centralisé assez castrateur, au sens strict. L'américain préférera les longues routes sauvages, où le temps semble être mis en stand-by. Aussi, et c'est quelque chose de très touchant, on ressent bien l'amusement du tournage, le prétexte pour se faire plaisir ou en tout cas se choisir un personnage cool. En effet le vieillard jovial du film va trouver dans les cartels une seconde vie et on s'amuse à voir tout ses batifolages avec des chicas latinas toutes plus sexy les unes que les autres. D'ailleurs à l'image de la relation qu'il a avec les gangsters qui chargent son pick-up, le respect de l'ancienne génération est important et c'est les jeunes loups, scotchés à leur portable, qui seront les truands les plus violents. Bref, j'ai plus de place...

Le Traître
7.2
7.

Le Traître (2019)

Il traditore

2 h 33 min. Sortie : 30 octobre 2019 (France). Biopic, Policier, Drame

Film de Marco Bellocchio

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Belle année pour les films de gangster et pas mal du tout pour le cinéma Italien. Nos voisins transalpins s'emparent enfin de leur Histoire de la Mafia et c'est en plus fait par un auteur talentueux. Bellocchio signe une fresque mafieuse d'une grande envergure, très dure à cerner tant elle va à contresens des attentes des spectateurs. Interrogeant tour-à-tour la figure de la balance : le traître est-il un repentit ? Un mafieux comme les autres ?; la figure du gangster dans l'imaginaire collectif mais aussi la place de l’État dans l'organisation de Cosa Nostra (le procès Andreotti est une formidable scène). On pourra reprocher à Bellocchio quelques tics de montage un peu rébarbatifs (la hyène en cage) qui font néanmoins indéniablement partie de son style. D'autre part ce serait faire l'impasse sur une mise en scène savante gérant au mieux les envolées emphatiques à la Coppola et les caméra épaules résolument contemporaine. Le casting à évidemment une place prégnante dans le film avec un Pierfrancesco Favino dans le rôle de Tommaso Buscetta au meilleur de sa forme, enfin, pourrait-on dire pour un acteur qui a trop longtemps était employé à des projets inintéressants, mais aussi Fabrizio Ferracane que je découvre ici dans le rôle de Pippo Calo et aussi, mais pas des moindre, Maria Fernando Candido (puisqu'il faut bien une femme dans un film de gangster) qui éclaire de sa beauté et de sa classe ce casting viril et cruellement Siciliens. Le film reste certainement dur à cerner pour ceux qui ne sont pas au fait du maxi-procès de Cosa Nostra, mais j'en suis sûr passionnera comme moi les plus chevronnés.

Parasite
8.3
8.

Parasite (2019)

Gisaengchoong

2 h 12 min. Sortie : 5 juin 2019 (France). Drame, Thriller, Comédie

Film de Bong Joon-Ho

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte, je ne vais pas trop m’appesantir, néanmoins il faut bien dire que cette palme d'or est une superbe réussite.
Film jouant avec plusieurs genres grâce une mise en scène des plus formidables qui alterne le meilleur d'un style classique avec des scènes plus éloignées du scénario, plus expressives, plus poétique en un sens. Un scénario riche en rebondissements et qui se déroule sans forcer devant nos yeux; la réussite est partagée : un réalisateur talentueux et un casting formidable, la proposition de Song Kang-ho est géniale et la sublime Cho Yeo-Jeong dans son rôle de bourgeoise bêta est culte. Du reste le film s'axe autours de la porosité de la frontière entre les classes sociales symbolisé par la maison de riche, monument d'architecture et d'aliénation. Le film aborde en plus un sujet à la mode en ce moment, symbolisant la phobie courante de l'intrusion dans la vie privée, au sein du foyer. Le discours clairement inscrit dans le film est une variation de l’opposition bourgeoisie-aliénée-décadente/prolétariat-vengeur au bord de l'implosion, tout de même faite avec finesse avec une fin en demi-teinte qui aurait pu être rapidement catastrophique. Il est intéressant de comparer ce film avec "Get Out, on pense aussi à "Mademoiselle" notamment; pour se rendre compte d'à quel point le traitement est innovant.
En somme on a un film qui met richement en scène une histoire passionnante (quoi que parfois linéaire à l'extrême), politique, parsemé de scènes génialement drôles ou terribles.

Midsommar
7.2
9.

Midsommar (2019)

2 h 27 min. Sortie : 31 juillet 2019 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Ari Aster

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Seulement deux films, déjà deux bombes du film de genre.
Ari Aster a indéniablement un grand talent. Il réalise ici un pur film d'horreur extrêmement décalé, à contre-sens de tout poncifs, souvent terrifiant, parfois génial.
Avec une présupposée finalement assez simple, proche de "The Wicker Man" (pas le machin dégueulasse avec Nicolas cage là) c'est par la mise en scène et ses choix radicaux qu'Aster va s'éloigner du tout venant du film de genre US. Moralement assez complexe on ne sait trop où se placer quand on assiste aux atrocités à l'écran... de plus et encore une fois Aster place avec malice le fantastique (ou supposé fantastique) au cœur d'une horreur bien réelle (l'intro est pétrifiante).
Ce qui surprend (car le film surprend) c'est évidemment les choix de décors, de costumes, de lumières, tout est solaire, fleuri à l'extrême... finalement beau. A contrario la violence est sèche, extrême, réaliste. Le film fonctionne en fait par paradoxe, par contre-sens, par effets d'opposition et de nuances très fines ce qui permet de placer le spectateur dans un malaise moral constant. Paradis/enfer, délire/réalité, acceptable/amoral... Le spectateur, en proie à des questionnements éthiques est d'ailleurs pris à partit directement à plusieurs reprises (regards caméra, plan à la 1ère personne) comme si il était un personnage de plus dans la cérémonie sacrificielle à l'écran.
On pourra s'appesantir sur la beauté des plans, la justesse du cast, le formidable réseau de la mythologie païenne montrée à l'écran, la façon dont le film avance doucement vers l'horreur à la manière d'"Hérédité"; néanmoins je ne vais pas trop m'attarder à des velléités mais plutôt dire q'Aster vient en deux film d'imposer un style, radical, psychédélique, païen et franchement effrayant. C'est une réussite quasi totale (pour pinailler on dira que certains effets, spéciaux et de mise en scène, sont un peu maladroits). Le film rappelle aussi que la Suède terre de progrès social et de Greta Thunberg n'est en fait qu'un pays d'illuminés dégénérés prompts à nous exploser le crâne à coup de masse ! Non ça dit pas ça ? Ah bon...

The Lighthouse
7
10.

The Lighthouse (2019)

1 h 49 min. Sortie : 18 décembre 2019 (France). Drame, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Robert Eggers

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Quelle année pour le cinéma de genre !
Lovecraftien à souhait, incroyablement difficile à cerner, avec une inventivité formelle au service d'un récit sombre qui propose une exploration de la psyché torturé de personnages parfaitement interprétés dans deux types de jeu assez différents, entre la performance du théâtre expérimental New-Yorkais (Dafoe) et l'actor studio (Pattinson); "The Lighthouse" surprend, fascine, hypnotise et met mal-à-l'aise. Toujours dans la finesse dans le traitement des persos, dans la gradation dans la folie, dans les décors et les lumières. Robert Eggers au même titre qu'Ari Aster confirme sa place au sein d'une nouvelle ère du cinéma d'horreur US (la team A24 finalement), celle du génial formaliste. Le film a le génie de nous faire douter de tout, des dialogues aux hallucinations, de nous perdre dans le degrés de véracité de ce qui est vu, bref, de nous immerger dans la folie comme le faisait déjà Lovecraft avec brio dans ses meilleures nouvelles. Jusqu'à la fin on ne sait pas où se placer et le face à face Dafoe/Pattinson relève du grandiose. Les dernières minutes sont tétanisantes et c'est si rare que je dois le noter. Un film d'horreur qui dérange et fascine c'est un film d'horreur réussi.
"Les hommes doués intellectuellement savent qu'il n'y a pas de différence nette entre le réel et l'irréel, que les choses ne nous apparaissent qu'à travers la délicate synthèse physique et mentale qui s'opère subjectivement en chacun de nous. Mais le matérialisme prosaïque de la majorité condamne comme folie les éclairs de voyance qui déchirent, chez certains, le voile habituel de l'empirisme banal". HP Lovecraft, Extrait de La tombe. p.81. Qui éclaire sur les incompréhensions possibles de tels films.
(je n'ai même pas parlé de la BO expérimentale absolument in-cro-yable)

Piranhas
6.6
11.

Piranhas (2019)

La Paranza Dei Bambini

1 h 52 min. Sortie : 5 juin 2019 (France). Drame, Gangster

Film de Claudio Giovannesi

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Bon ok, je suis en train de regarder "Gomorra" excellente fresque mafieuse napolitaine sous forme de série, adaptée évidemment du roman de Saviano. Donc quelque part je ne serai pas du tout objectif puisque c'est pile ce qu'il me fallait en ce moment.
Pourtant cela reste une excellente surprise et un métrage de haute volée. Le film porte pourtant en lui une contradiction : on y trouvera tous les stéréotypes attendus du film de mafieux, on est là sur un scénario à la "Scarface" à la différence près que le protagoniste est un enfant de 15 ans... en outre la mise en scène, assez en retrait, a un partit pris intéressant et quelque part original puisque le film est entièrement filmé avec une très faible profondeur de champ, toujours extrêmement proche des personnages. La caméra virevolte souvent dans les scènes sans s'attarder sur l'action, le décor. Comme embarquée dans les déchainements de passion.
Ces aspects portent toute les thématiques et les sujets du film : des enfants immatures, puérils qui se retrouvent à la tête d'un quartier de Naples. La violence est présente mais pas du tout complaisante. La véritable force du film se trouve dans toutes les idées visuelles fortes qui parsèment les différentes scènes et surtout dans son réalisme extrême (il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas pour citer le "néoréalisme"). Le tout nous montre bien comment Naples crée ses bourreaux sur pattes, la ville envahie par le poison de la Mafia n'épargne personne. Pourtant l'enfance, fauchée prématurément, resurgit ici et là au détours d'un crime ou d'une fête d'adulte, mais pour filer ma métaphore, le poison à déjà agis. Naples la ville la plus violente d'Italie repose sur les bases boueuses du système Camoriste. Pour en sortir il faut partir, mais quand les moyens manquent, la jeunesse n'a pas d'avenir. D'autant plus quand cette jeunesse fantasme les attributs de la richesse, du faste vulgaire Napolitain où la déco est rococo, les boîtes de nuits pleines et les femmes extravagamment sexy, entre la vulgarité et la classe. Pourtant le film ne s'attarde pas tant sur les raisons socio-économiques du drame. Non, le film est vrai, quotidien, brutal et simple. Il en laissera beaucoup pantois mais pour autant il est parvenu à capter quelque chose du réel de cette ville, de cette région, de ce pays, de ses gens, de ses enfants. L’inexorabilité est filmée telle quelle, c'est dur mais on ne peut s'empêcher de constater à quel point ce pouvoir est grisant.

Les Oiseaux de passage
7.1
12.

Les Oiseaux de passage (2018)

Pájaros de verano

2 h 01 min. Sortie : 10 avril 2019 (France). Drame, Thriller, Film noir

Film de Ciro Guerra et Cristina Gallego

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

A mi-chemin entre un film ésotérique indigène et un film de gangsters, "les Oiseaux de passage" subjugue par sa justesse, sa beauté plastique, ses acteurs et son histoire; formidablement bien menée où le micro-récit (un clan amérindien du désert de La Guajira est tiraillé entre tradition et mondialisation, Rapayet, et sa tribu, devient narcotrafiquant) rencontre la macro-Histoire (la naissance des Cartels de la drogue de Colombie).
Le film réussit avec son rythme lent, sa mise en scène épurée voire désertique à créer des images d'un beauté rare, provenant d'influences chamaniques traditionnelles et d'effets stéréotypés du western (on pense évidemment à ce magnifique plan en contre jour hérité de "La prisonnière du désert"). De plus le récit innove en se plaçant dans la continuité d'une chanson de berger, sorte de mythe raconté au public, marquant la fin d'une époque le début d'une autre, où la violence d'un capitalisme exacerbé et sans limite vient rencontrer des logiques de clans ancestrales. Et où bien sûr l'argent, une certaine idée de l'honneur va tout détruire, tout salir, seule une pluie diluvienne dans le générique final pourra laver les sols.
La confrontation entre les deux écoles choque visuellement : le film file ses métaphores aberrantes à l'image de la villa construite au beau milieu du désert ou ces gangsters en pagne traditionnels et fusil-mitrailleurs en bandoulière, les scènes de villages contre les scènes attendus dans un film du genre, l'espagnol contre la langue traditionelle; un ensemble d'effets d'opposition systématiques qui vient souligner la principale : celle de l'ancien et du nouveau. Où comment les coutumes Wayuu s'accouplent et s'entrechoquent avec le narcotrafic.

El reino
7.2
13.

El reino (2018)

2 h 11 min. Sortie : 17 avril 2019 (France). Thriller

Film de Rodrigo Sorogoyen

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

"El Reino" c'est l'histoire d'un politicien comme les autres. C'est à dire corrompu. Le jour où les médias et l'opinion publique l'apprennent son parti décide de lui faire porter le chapeau pour toutes ses magouilles. Ça c'est la fresque politique.
Néanmoins Manuel est orgueilleux et décide que s'il doit tomber il ne sera pas le seul, il doit donc réunir des preuves au nez et à la barbe de ses ex-collègues, parfois haut placés. Voilà pour le thriller.
Mais Manuel va vite se rendre compte que les documents qu'il a en sa possession accusent la quasi totalité de la classe dirigeante, met en lumière les copinages avec les plus grands PDG d'Espagne et démontre de manière tangible la corruption de la quasi-totalité du système. En bref, il a entre ses mains une bombe à retardement. Ça c'est la troisième facette du film de Sorogoyen : le pamphlet politique.
Le gros défaut du film, indéniablement, c'est de s'être enfermé dans une mise en scène type documentaire un peu tape à l'oeil et parfois exténuante pour le spectateur. Même si j'aime bien l'idée d'un thriller politique filmé comme un film de gangster, par moments cette modalité de mise en scène fait mal au crâne (notamment les gros plans de visage, pas beaux faut bien le dire).
Néanmoins la justesse du casting (Antonio de la Torre en tête mais aussi la très charmante Barbara Lennie) sert parfaitement un scénario impeccable dont on ne devine jamais la direction. Les situations sont d'un réalisme prenant et la tension qui finit par arriver évolue dans un crescendo haletant pour arriver à une scène finale formidable de simplicité et qui porte dans son discours un souffle dissident, quasi nihiliste sur l'état de la politique que je trouve très juste.

Sympathie pour le diable
7.3
14.

Sympathie pour le diable (2019)

1 h 40 min. Sortie : 27 novembre 2019 (France). Drame, Guerre

Film de Guillaume de Fontenay

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Au delà de l'affiche, je ne savais absolument pas ce que j'allais voir. Et c'était une riche idée de ma part.
Ce film est un exemple de justesse. Dans le traitement de son sujet (le journalisme de guerre), de ses personnages (Paul Marchand en tête), de la thématique de la guerre (de Bosnie), de l'actualité qu'il met en scène (le siège de Sarajevo de 92 à 95); tout est impeccablement restitué. L'ambiance surréaliste de Sarajevo assiégée où des journalistes internationaux évoluent avec un relatif désordre (au vu des circonstances), le charisme de Paul Marchand toujours cynique cigare aux lèvres roulant à toute berzingue dans les ruines de la ville, un idéal journalistique en tête duquel il ne démordra pas et une répartie à toute épreuve.
Le film est en 4/3, filmé comme un reportage de guerre et est là encore pile dans le bon ton, c'était selon moi le juste choix à faire (même si cela à ses limites), les situations s'enchaînent à un rythme soutenu; la violence est réaliste, soudaine et imprévisible; on est embarqué dans une pure folie à l'échelle d'une ville. On se souviendra un moment, je pense, de cette formidable scène dans une boîte de nuit, une boîte de nuit au milieu d'une bataille, d'un siège qui fera près de 5500 morts civils. Un moment d'insouciance perdu dans les combats. Un film qui ne manque pas d'ambition, celle d'abord de nous présenter un personnage du réel pris dans une situation qui le dépasse mais dans laquelle il veut affirmer sa maîtrise. La représentation de la guerre et de la non-assistance de la coalition internationale. La représentation du monde journalistique (de l'époque, mais cela s'actualise évidemment) est on ne peut plus acide, car réaliste; et si le film ne s'encombre pas d'héroïsation malvenue, force est de constater que ce Paul Marchand avait de bien grosses couilles.

Chambre 212
6.3
15.

Chambre 212 (2019)

1 h 26 min. Sortie : 9 octobre 2019 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Christophe Honoré

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Le nouveau film de Christophe Honoré pourrait être décrit comme un vaudeville expérimental ! Un scénario très inventif et finalement assez cocasse, un casting parfait, simplement parfait, sans fausses notes et tout en nuance et une mise en scène léchée, millimétrée, qui laisse sa place à la poésie qui emporte le métrage dans des scénographies baroques et lyriques. Le film est une belle réussite porté par le quatuor de tête, plus troupe que cast et une mise en scène de talent, aussi douce que classe.

90's
7.4
16.

90's (2018)

Mid90s

1 h 24 min. Sortie : 24 avril 2019 (France). Comédie dramatique

Film de Jonah Hill

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

J'ai pas grand chose à dire.
Le réalité coule de tous les pores de ce film. Un regard attendris sur une enfance pas si spéciale, une histoire d'amitié pas si puérile. Une vraie sensibilité de la part de Jonah Hill avec une mise en scène pas révolutionnaire mais qui a le mérite d'avoir de la suite dans les idées.
Allez le voir. (Enfin faites ce que vous voulez moi je m'en fou).

Vice
7.1
17.

Vice (2018)

2 h 12 min. Sortie : 13 février 2019 (France). Biopic, Comédie, Drame

Film de Adam McKay

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Autre prétendant sérieux aux Oscars, "Vice" bénéficie de biens beaux atouts.
Un montage frénétique couplé à une mise en scène clipesque assez tarée, un casting incroyable avec la performance de Christian Bale, une histoire en béton mais surtout un ton vindicatif, accusateur, libéré et politique.
On se retrouve face à un film, peut être parfois un peu trop fourni face auquel certains peut-être frôlerons l'indigestion, véritablement corrosif et ne manquant pas de finesse. Le ton est impeccable entre un Michael Moore et "Il Divo" de Sorrentino, je dois dire que le biopic politique est un genre qui me fascine. Outre son sujet, la thèse politique de Mckay sur le monde contemporain, pas seulement politique, est appréciable; aussi les moyens mis en œuvre rende la vision plaisante. Cependant la grosse réussite pour moi est de marier un ton extrêmement virulent avec un récit palpitant.
Il faut, je pense, réévaluer la filmographie de McKay (que l'on connaissait surtout pour les films de Will Ferrell) selon un angle politique. Alors peut-être tenons nous là un auteur engagé qui sort du lot.
Là j'vais me regarder "The Big Short" pour être sûr...

Rolling Thunder Revue
7.1
18.

Rolling Thunder Revue (2019)

Rolling Thunder Revue: A Bob Dylan Story by Martin Scorsese

2 h 22 min. Sortie : 12 juin 2019 (États-Unis). Biopic

Documentaire de Martin Scorsese

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

A l'annonce de ce film je décidai de m'aventurer sur les terres Netflixiennes, que je ne connais guère bien, faute d'y voyager assez.
Je ne suis pas particulièrement fan de Bob Dylan (ni de Netflix d'ailleurs) bien que certains de ces classiques surgissent parfois dans mes "playlists". Par contre je suis un admirateur de Scorsese. Le film m’intéressait donc à plusieurs titres : voir le Scorsese documentariste, voir ce qu'il est capable de faire dans le giron de Netflix et prendre du rock'n'roll plein la gueule.
Le film quoique un peu longuet est une réussite rassurante.
Mélangeant gracieusement interviews, extraits de reportages, extraits de concerts c'est tout le mythe Bob Dylan qui est abordé par le cinéaste grâce à la tournée Rolling Thunder. Le film commence par un court-métrage de Méliès, bizarre. Pas tellement. Scorsese en utilisant les codes typiques du documentaire (type télévisé voire Netflix) n'a pas pour projet de faire l'Histoire de Bob Dylan mais de faire UNE histoire, la sienne et celle de quelques autres par l’intermédiaire de ce film; ainsi la légende et la réalité s'entremêlent sans qu'on ne puisse vraiment différencier les strates. Donc Méliès ouvre le film, car Scorsese emprunte la casquette de prestidigitateur pour nous introduire dans l'univers fantasmé de la rockstar. Tel Méliès, Scorsese s'avère un virtuose du montage tant le film est parfaitement rythmé, découpé. Les archives sont sélectionnées avec soins et montées de sorte à faire discuter les différentes époques montrées dans le film. Aussi les interviews, plus ou moins intéressantes, montrent comment l'intervieweur suggère les réponses aux interviewés de sorte à nous montrer le procédé de construction du récit documentaire. En outre les chansons en live issues de la tournée présentes dans le film, laissées entière (ou presque), sont appréciables pour cerner l'ambiance et la persona de Bob Dylan sur scène. Aussi et enfin, comme le rockeur, Scorsese va discourir grâce à ses intervenants et les sujets qu'il va décider d'aborder avec eux sur la grande Histoire américaine. Scorsese confronte la tournée au centre du film avec son époque, les années 70, période de basculement, période chère au cinéaste.
En bref, le film est intéressant pour ce qu'il raconte car il est fait par un auteur qui n'accumule pas les faits et les effets, mais illustre une vision d'une époque par le portrait d'une légende vivante du rock. Le film ne pâlit pas devant les autres docu de l'auteur.

Le Chant du loup
7.3
19.

Le Chant du loup (2019)

1 h 55 min. Sortie : 20 février 2019. Action, Drame, Thriller

Film de Antonin Baudry (Abel Lanzac)

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Quelle putain de bonne surprise. Quel pied. Quelle émotion.
Antonin Baudry dans une pure lignée du genre catastrophe, du film de sous-marin réussit à se ranger au côté des amerloques avec leurs budgets indécents et leurs techniciens syndiqués. Le film qui a bien des défauts (scénario prévisible, retournements de situations sans finesse, chapitrage trop évident, effets spéciaux qui dégoulinent de numéricité); réussit à emporter le spectateur dans un torrent d'agitations. Ainsi je suis plus apte à pardonner les petits couacs. Et ceux grâce à une mise en scène qui a tiré le meilleur du classicisme Hollywoodien, un sound-design monstrueux et une musique impeccable, aussi bien sûr un casting époustouflant (que ce soit Omar Sy, François Civil, Reda Kateb, Matthieu Kassovitz, Jean-Yves Berteloot et j'en passe) et surtout une idée : celle d'opposer le soldat à sa hiérarchie, le terrain à la procédure, les faits à l'usage, l'armée à l’État; le tout enveloppé dans un bel hommage à la marine et un certain fétichisme pour le sous-marin nucléaire.
Au final on se retrouve avec tout le meilleur de ce que le genre implique : punchlines, regard durs, jeune premier, casting de stars, violons, drapeaux, explosions, grosses basses, sueur, virilité, plans rapprochés, lumières rouges, codes, comptes-à-rebours, sacrifice. On se surprend même à essuyer une larmichette dans les séquences émotions et à se crisper sur son siège durant les moments de tension.
Un excellent film sur l'enfermement, la menace nucléaire, les procédures, la fraternité militaire, le courage, la masculinité et la mer.
J'aurai été bête de le rater car j'ai été emporté... ou plutôt, immergé.

Ne coupez pas !
7.3
20.

Ne coupez pas ! (2017)

Kamera o tomeru na!

1 h 36 min. Sortie : 24 avril 2019 (France). Comédie, Épouvante-Horreur

Film de Shin'ichirô Ueda

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Quelle belle inventivité ! Un film extrêmement fun de bout en bout qui ne se refuse rien pour mener à bien son pastiche de la production audiovisuelle de genre et l'hommage au film de zombie et à l'artisanat du gore qui va avec. C'est drôle, surprenant tout le temps, transcende son faible budget et est franchement bien vu. Une petite perle !

La Favorite
7.2
21.

La Favorite (2018)

The Favourite

1 h 59 min. Sortie : 6 février 2019 (France). Historique, Drame, Comédie

Film de Yórgos Lánthimos

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Avec son style si particulier Lanthimos catapulte les canons du film en costume. Des grands angles extra larges limite fish-eyes, des éclairages expressionnistes magnifiques, des panoramiques en veux-tu en voilà.
Le scénario est qui plus est excellent, la justesse des dialogue est remarquable et il faut évidemment rendre hommage au trio d'actrices toute trois formidables (Rachel Weisz dans une composition innovante est parfaite). Cette incursion dans les rouages du pouvoir, des intrigues de la cours, éminemment féminin ce relève assez cocasse par moments. On passe un excellent moment même si on constate quelques baisse de rythme dans la seconde partie du métrage, en outre le défaut majeur est certainement la sur-utilisation des mouvements de caméras, extrêmement nombreux, mais rarement justifiés. C'est beau, c'est indéniable, mais la justification des choix de mise ne scène m'échappe un peu parfois.
En tout cas, pas de doute on tient là l'un des favoris aux Oscars.

Santiago, Italia
6.8
22.

Santiago, Italia (2018)

1 h 20 min. Sortie : 27 février 2019 (France).

Documentaire de Nanni Moretti

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Posons d'abord les choses telles qu'elles sont : nous sommes ici face à un documentaire sans prétentions immenses, éminemment partisan et finalement simple et épuré.
A titre personnel je ne considère pas ces éléments comme des défauts, bien au contraire.
Il s'avère que ce nouveau film de Moretti (auteur que je découvre récemment et que j'aime énormément) se montre souvent passionnant, touchant, parfois ironique, avec tout le talent de Moretti pour les petites remarques incisives ou le choix d'intervenants qui savent raconter.
Puisqu'il s'agit bien de cela, un film de témoignages, entrecoupés de quelques images d'archives succinctes; sur l’exil/accueil des réfugiés politique Chiliens en Italie durant la junte militaire. Une Histoire précise et finalement peu traité, surtout chez nous autres, qui est ici traité de manière juste en laissant la place aux acteurs de cette Histoire. On notera aussi la présence de témoignages de l'opposition, des militaires Chiliens, qui se ridiculisent carrément en jouant le révisionnisme ou le "je n'ai rien vu, rien attendu"; c'est bien entendu un partit pris de Moretti, qui affirme qu'il n'est pas objectif et donc ne cherche pas à l'être. A partir de là, il faut prendre le film comme il est : le récit d'un coup d'état mettant fin à une utopie Socialiste et d'une entraide politique internationale. Pas plus, pas moins.
Dans sa forme et sa structure le film est composé d'interviews de réfugiés Chiliens, de journalistes... les cuts dans le discours sont apparents et Moretti se permet quelques assez rares moments de folie pourrait-on dire, notamment avec une scène surréaliste où un condamné, ancien bourreau de la junte, tente de se "défendre".
A titre personnel je trouve la démarche assez juste, le ton impeccable et le récit intéressant. Nous ne sommes évidemment pas face à un essentiel de la filmo du réalisateur, mais je le conseille tout de même.

Jeanne
6.4
23.

Jeanne (2019)

2 h 17 min. Sortie : 11 septembre 2019. Historique, Drame

Film de Bruno Dumont

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

C'est sûr que j'octroie à ce film une note bâtarde, qui le place aux côtés d’œuvres auxquelles il n'a pas grand chose à faire.
C'est mon premier Dumont j'dois dire. Ce qui explique tout. J'étais passé à côté du cinéaste mais je reconnais mon erreur... "Jeanne" est vraiment intéressant, formellement, je dirai même plastiquement il y a du génie. Dans le cadrage et la composition des plan il y a tour à tour une dimension picturale et une dimension personnelle, proche de ses personnages ou plutôt de son personnage : Jeanne d'Arc figure mythique s'il en est; magnifiquement interprétée par la jeune Lise Leplat Prudhomme au charisme et à la grâce touchante. D'autre part élément majeur du style du réal : la diction, le phrasé, le jeu des acteurs qui m'a désarçonné dès le début. Moins Bressonien qu'on veut bien le dire, il faut reconnaître que l'expérimentation sur l'acteur et son jeu offre une étrangeté réjouissante et une vision à la fois bienveillante et décalée des "gueules" qui parcourent le film. Néanmoins je suis resté hors du délire autours de la musique composée et interprétée par Christophe, sûrement trop contemporaine à mon goût. Le film démontre aussi peut-être la limite du minimalisme cinématographique en ayant tendance à se répéter inlassablement dans ses décors et situations. Aussi, si en tant que motif l'idée est pittoresque, je ne saisi pas trop le sens des collages anachroniques dans le film. Du reste le film me pousse à rattraper mon retard avec le cinéaste. Qui reste diablement original et radical par rapport à l'ensemble de ses camarades.

Ad Astra
6.5
24.

Ad Astra (2019)

2 h 05 min. Sortie : 18 septembre 2019 (France). Science-fiction, Aventure, Drame

Film de James Gray

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

SF à la portée philosophique assez ample, cette ré-exploration d'"Apocalypse Now" en milieu spatial est tout autant la quête des confins de l'univers et de la vie extraterrestres (sorte d'aboutissement humain ultime et vain) que la quête de soi, du "deviens qui tu es" Nietzschéens. Le film nous confronte à nos propre démons, l'envie démiurgique, la découverte avant tout (en ce sens "The Lost City of Z" était tout aussi génial, voire plus car moins didactique); il nous confronte à l'extrême solitude et à la froideur de l'espace et du devoir. "Ad Astra" est aussi un film résolument Freudiens qui implique de régler ses comptes avec son père pour pouvoir vivre sa vie. Sa fin profondément humaine met à mal les fantasmes maintes fois ressassés au cinéma de la vie au-delà de l'univers, c'est la preuve de sa radicalité. Autre point fort du film l'esthétique Martienne dont l'ascétisme rompt avec ces "salles de conforts" ultra symboliques. Le tout est toutefois légèrement didactique, la faute à une voix-off sans laquelle on ne capterai rien et je déplore finalement les quelques touches d'actions (sur la Lune essentiellement) un peu inutiles mais surtout, semble-t-il, forcées. Le reste est franchement intéressant et rafraîchit la grande tendance OVNIesque du genre.

Port Authority
6.5
25.

Port Authority (2019)

1 h 34 min. Sortie : 25 septembre 2019 (France). Drame

Film de Danielle Lessovitz

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Mention spéciale à ce film qui en plus de m'avoir surpris m'a touché. Elle n'a l'air de rien cette petite œuvre produite par le big boss Martin Scorsese. Mais pourtant voilà un film étonnant, dont le gros défaut est finalement son manque d'ambition, si je puis dire (pas assez radical dans sa représentation de l'underground US ?). Du reste, mes doutes et mes à-priori ont été vites balayés par un scénario d'une simplicité absolue mais où les légères nuances scénaristiques sur la classique histoire d'amour apportent tout le drame de la situation. Un jeune pommé sans le sou arrive à NY et tombe amoureux d'une jeune femme, membre d'une communauté afro-gay réfugiée dans la danse (nommée "voguing"). Enfin une jeune femme, il y a là la nuance autours de laquelle se cristallise toute la tension, la gourgandine est trans ! Hop là ! Le malaise... L'histoire d'amour est très belle et largement transcendée par une mise en scène inspirée avec quelques plans formidablement bien composés. On appréciera aussi largement le fait que le film ne s'enferme en aucun cas dans un bête discours lobbyiste et ses terminologies incompréhensibles et préfère s'en tenir humblement à la réalité des situations, sans affirmer jamais que les différentes ethnies et orientations sexuelles sont incompatibles entre-elles (elles s'entrechoquent néanmoins, dommage d'ailleurs que les pseudos bad-guys du film manquent de nuances). Les discriminations touchent tout le monde dans le film (les petits blancs de la marge comme les gays afro-américains). On appréciera aussi le casting, bien que l'acteur principal soit cruellement en carence de charisme, qui s'en sort pas mal et qui est même sauvé par la sublimissime Leyna Bloom qui est révélée par ce film. Bref, sur le fond comme sur la forme j'ai été servit. C'est pas du Ophüls non plus, calmez vous, mais c'est émouvant l'amour. "Ah, le printemps qui arrive bientôt...", allez allez, tut tut tut, ferme ta gueule quand même.
(hé c'est un premier long-métrage, ça se soutient un premier film !)

Bacurau
6.7
26.

Bacurau (2019)

2 h 12 min. Sortie : 25 septembre 2019 (France). Drame, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

La pure série B d'action, SF, violente est récompensée d'un prix du Jury à Cannes. Il faut féliciter "Bacurau" d'avoir grâce à ses thématiques sociales et son discours politique fort d'avoir su s’encrer à la fois dans l'actualité politique du Brésil (la politique de Bolsonaro) et le genre pur et dur. La musique de J. Carpenter, une tête qui explose, du LSD chamanique, un Udo Kier survolté à la tête d'un jeu de massacre à mi-chemin entre la farce rurale et "Assault on Central 13"; voici la recette du film. Pour ce qui est de l'esthétique du film on assiste à quelques moments de bravoures (la totalité de la séquence finale) et on s'amusera de noter tous les petits détails qui encrent le film dans un futur proche. Néanmoins il faut noter que pour ce qui est des ellipses et des transitions, le film ne parvient pas à se renouveler et pédale un peu dans la semoule tant les transitions en balayage manquent de fluidité. Du reste on passe un excellent moment devant cette œuvre "choral" qui nous rappelle l'importance de la communauté dans l'adversité et la brutalité de la mondialisation.

À couteaux tirés
7.1
27.

À couteaux tirés (2019)

Knives Out

2 h 10 min. Sortie : 27 novembre 2019. Comédie, Policier, Drame

Film de Rian Johnson

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Belle surprise. Quand il ne fait pas n'importe quoi avec Star Wars 67, Rian Johnson réalise des films AgathaChristiens avec un bon p'tit whodunit à l'ancienne et son lot de manoir bourgeois, poison et révélation finale. Et il applique le code comme il se doit, scénaristiquement parlant c'est tout à fait excellent. Le récit est diablement bien ficelé et on ne devine pas les twists, encore moins la fin (encore heureux); on rigole franchement aux répliques qui fusent en tout sens et le suspense fonctionne, au moins dans la partie finale. Le décor, les costumes, les postures, les accessoires créent un véritable univers à la fois encré dans notre monde et hors du temps. Mais ce remake du Cluedo ne fonctionnerait honnêtement pas sans son super cast. A l'affiche un paquet de reustas avec en tête le très charismatique Christopher Plummer mais aussi les toujours cools Jamie Lee Curtis et Don Johnson. Le film est tout de même tenu par un duo : le très bon Daniel Craig dans un surjeux surréaliste constant mais très bien emmené et la beaucoup trop belle Ana De Armas dont le personnage cristallise toute l'attention du spectateur. Du reste, Johnson aborde avec malice la destruction d'une cellule familiale tiraillée par la cupidité et dont les membres représentent tous un stéréotype de l'Amérique contemporaine (l'influenceuse insta attardée, la tripotée de "self-made-men et women" pistonnés par papa, la gourdasse SJW et son petit frère troll facho type 4chan sont franchement bien vus). Le tout est parfaitement bonard pour quelqu'un qui a un vrai intérêt pour ce type de film, qui est un vrai genre en soi et qui s'offre un beau moment de bravoure ici.
(Par contre, est-ce que Daniel Craig vient de jouer un détective français avec un genre d'accent du fin fond du trou du cul de l'Amérique ?)

Corleone, le parrain des parrains
7.9
28.

Corleone, le parrain des parrains (2019)

2 h 30 min. Sortie : 27 août 2019 (France). Portrait

Documentaire de Mosco Lévi Boucault

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Documentaire de facture très classique auquel il faut rendre honneur tant son sujet est traité en profondeur avec des intervenants de qualités. Du reste le sujet me passionne, et la déconstruction du mythe du mafieux est tout de même innovante puisque souvent les documentaires adoptent le point de vue des films de gangsters et leur romantisme. Le documentaire est assez crû et propose quelques séquences vraiment intéressantes dans la mise en relation des discours des différents partis. Le haut du panier du docu sur la Mafia.

J'accuse
6.7
29.

J'accuse (2019)

2 h 12 min. Sortie : 13 novembre 2019. Drame, Historique, Thriller

Film de Roman Polanski

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Le film interdit de l'année. Vous n'avez pas le DROIT d'aller voir ce film ! Polanski pédophile en cavale. Voir ce film c'est aimer la pédophilie. Voir ce film c'est être pédophile. C'est bon pour vous ? Aller on se sort la tête du cul et on essaye de penser par soi-même.
Au-delà de ce débat qui n'a rien de cinématographique, le film est un beau succès. Chronique d'une époque passionnante, thriller politique teinté d'une atmosphère antisémite, Polanski excelle dans la reconstitution d'un temps à la fois magnifique (costume + décors, j'admire la fin XIXe et le début XXe en terme architectural, design) et décadente (main mise de l'armée sur la justice, haine omniprésente). Le casting composé d'acteurs très talentueux long comme mon bras fait plaisir à voir, Dujardin assez sobre campe bien son personnage rigide mais emplit de doutes. Seule Emmanuelle Seigner est nulle. Mais alors, nulle. Du reste c'est scénaristiquement très bien ficelé, emplit d'un suspense bienvenu. L'homme acculé, seul contre tous, thématique Polanskienne typique est impeccablement adaptée ici.
Les effets spéciaux néanmoins sont bien trop visibles, les fonds verts sont dans l'ensemble tellement ostensibles qu'ils gâchent la scène d'intro. Je ne suis pas non plu convaincu par les renvoi visuels au nazisme (la scène de "la nuit de cristal" Parisienne notamment) qui, si elle ne manque pas de finesse, ne me paraît pas perspicace.
Pour ce qui est de la polémique qui cache le film mais lui fait paradoxalement de la pub : on ne peut que déplorer que la peine de prison de Polanski à l'époque des faits ne fut pas à la hauteur de ces actes, néanmoins il faut garder la raison et laisser la justice rendre la justice. Polanski a été jugé pour ces crimes (enfin celui pour lequel il a été prouvé qu'il est coupable, le reste n'est qu'élucubration à cette heure, et il est recherché par un juge privé pour le re-juger, la victime désire elle aussi classer l'affaire par ailleurs), crime odieux certes, mais pour reprendre la comparaison qu'on nous ressert à longueur de journée : "si un boulanger est accusé de pédophilie, on ne différencie pas l'artisan du pédophile"; si un boulanger accomplit sa peine pour ce crime, l'interdiront nous de pratiquer son métier ?

Entre deux fougères : Le film
5.7
30.

Entre deux fougères : Le film (2019)

Between Two Ferns : The Movie

1 h 22 min. Sortie : 20 septembre 2019 (États-Unis). Comédie

Film de Scott Aukerman

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

On va franchement parler, c'est un plaisir coupable. L'adaptation en film d'une série de sketchs cultissimes me laissait tout de même dubitatif à la base. Eh bien pas de quoi, le film ne tombe quasiment pas dans l'erreur de fournir un récit et enchaîne les saynètes comiques, ce qui est à la fois un aveux de faiblesse mais quel intérêt au fond ? En fait tout les moments où le soit-disant récit avance sont inintéressants. Ainsi je suis satisfait de la forme. Globalement j'ai rit d'un rire franc, ce qui ne m'arrive que très rarement. Chaque apparition de Will Ferrell est une masterclass et les quelques interviews qui parsèment le film sont très sympa ! Vraiment cool !

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