Les meilleurs albums des années 2020

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Troisième album des Fontaines. Skinty Fia vient trouver le bon équilibre entre la brutalité trop brouillonne de Dogrel et l'apparition du chant, intéressant mais légèrement trop larmoyant, sur Hero's Death.

Enième renouveau dans la musique punk, ce troisième album récupère les éléments du genre tout en y incorporant une bonne partie de culture irlandaise.

Skinty Fia est rafraichissant et donne une réelle bouffée d'air. Accessible sans être simple, original sans être inaudible. Fontaines DC semble être à son apogée, en espérant que la redescente ne soit pas trop brutale.

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Premier album du groupe britannique Black Country, New Road, For The First Time est le digne héritier contemporain du prog rock.

Sans jamais renier ses influences crimosniennes, le groupe propose une musique pleinement originale.

Oeuvre trop négligée, meilleure que Ants From Up There selon moi, c'est clairement l'un des meilleurs albums récents.

Fort de six morceaux, BCNR montre énormément de choses, de la douceur d'Athens à la folie enivrante d'Opus, des violons stridents à la musique électronique.

Le tout s'inscrit dans une musique parfaitement homogène, sans jamais se répéter.

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Kristin Hayter arrive en 2023 avec un nouvel album, sous un nouveau nom de scène.

Album de folk renversant. La chanteuse quête sa tant attendue rédemption dans des textes remplis de demandes de pardons et d’espoir. C'est l'album le plus puissant de 2023.
SAVED! continue d’illustrer le parcours de la chanteuse, en faisant une suite chaleureuse à ses deux précédents albums – écrits sous Lingua Inguita. Le black metal est cette fois-ci totalement abandonné.

Néanmoins, l’ambiance globale demeure triste et glaciale. Entre sons distordus, pianos sombres, et multiples voix tremblantes en fonds.

Ce mélange antinomique entre espoir et perversion fait de SAVED! une œuvre énigmatique, l’une des plus belles et intéressantes des dernières années, compliquée à aborder et à interpréter.

C’est selon moi le meilleur album de la chanteuse, et I will be with you always est l’un des meilleurs morceaux de l’année 2023.

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Neuvième album du groupe suédois Cult of Luna, The Long Road North est surtout le meilleur de toute leur discographie, encore plus, il est celui qui m’a vraiment tourné vers le metal, et concrétise ce que je préfère dans le genre.

Neuf morceaux, un peu moins d’une heure dix de musique. The Long Road North est assez parfait en tout point de vu. Même les trois interludes – moins riches musicalement – permettent de respirer, et ce sans faire tâche, tout en accentuant l’ambiance nordique caractérisant l’album.

Évidemment, ce n’est pas la première œuvre réussie du groupe, Somewhere Along The Highway notamment jouit de plusieurs morceaux d’exception – DCDM étant même peut-être le meilleur morceau de punk-metal -, mais c’est la plus homogène, du début à la fin. Chaque long morceau possède son climax, qui, lors de la première écoute, nous suprend, et qui, lors de suivantes, génère une impatience excitante.

Into The Night est l’exemple parfait : probablement le moins bon morceau de l’album, le plus faible dans sa première partie, mais l’explosion finale est l’un des temps fort du projet.

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Alfredo, c'est dix morceaux concoctés par Alchemist et sublimés par Freddie Gibbs. Trente-quatre minutes d'un rap rapide sur des instrus lentes et sombres, remplies de détails subtils, notamment pour effectuer les transitions entre les morceaux.

Il n'y a pas de défauts, pas de superflu, et c'est d'une cohérence rare. Meilleur album de l'artiste selon moi, deuxième dans le genre (derrière le Daytona de Pusha) et probablement l'une des meilleures choses à écouter ces dernières années.

Trop facile d'y voir une référence probablement involontaire au Ratatouille de Disney, entre le nom du projet et ce grand plat de linguine en couverture.

C'est un album qui me suit partout.

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Je ne m’y connais que très peu en musique latine, voir pas du tout. J’ai donc le sentiment de ne pas avoir énormément de légitimité pour parler de cet album.

Natalia Lafourcade, chanteuse mexicaine, est visiblement une figure importante de la musique latine au XXIème siècle.

De Todas Las Flores propose une folk lente et planante. L’album profite d’une instrumentation discrète et parcimonieuse, mais brillante. Plus gros avantage de cette heure de musique.

Sa voix, à elle, est douce et berçante, même si je ne comprends pas un mot d’espagnol et que je n’ai aucune idée de ce qu’elle nous raconte.

Globalement, De Todas Las Flores est maîtrisé de A à Z – mais aurait sûrement mérité à être légèrement plus court. Entre rythme et variations, l’ensemble est plus que réussi, s’écoute à tout moment dans le but d’apporter éclairicie et apaisement.

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Let’s Start Here est probablement le temps fort de l’année 2023. Lil Yachty jusque alors (justement) considéré comme un artiste de rap médiocre surprend tout le monde avec ce virage complet, aux influences nouvelles.

C’est aussi probablement l’une de mes notes les plus subjectives. Même si l’album reste très bon, il ne mérite probablement pas une place si haute et un 9/10. Mais, en plus d’être un véritable coup audacieux – qui fait du bien à la sphère rap en perte de vitesse, surtout dans le style Yachty – il me met automatiquement de bonne humeur, étant rattachée à une période très heureuse. Après tout, la musique est imminemment subjective.

Il est vrai qu’il y a une hétérogénéité entre certains excellents morceaux (Black seminole ; drive me crazy ; officially lost vision), et d’autres un peu moins bons, surtout les deux/trois morceaux après l’intro et avant l’outro, le cœur de l’album étant particulièrement réussi.

Il faut prendre ça comme un très bon bonbon.

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La moitie de Gnarls Barkley s’isole de Ceelo Green pour cette fois-ci s’associer avec Black Thought. Il en résulte trente-huit minutes de musique compacte et anachronique, tellement cela semble compliqué de concevoir que cet album est sorti en 2022.

L’utilisation de boucles de samples est remise au centre, comme avant, que cela des voix chantées ou de multiples instruments. Par-dessus, les invités sont multiples, du défunt MF Doom jusqu’aux contemporains – Asap Rocky ; Joey Baddass ; RTJ – qui viennent tous se prêter au jeu.

Véritable balade, illustration de la crème du rap – dans un genre particulier – Cheat Codes, s’il n’est pas rafraichissant, est grandement surprenant (et réussi).

Néanmoins, l’album s’inscrit dans une certaine modernité. L’instrumentalisation est très léchée et est surtout parfaitement mixée. La différence avec le rap avant 2000, elle s’entend, et elle est plaisante. Gros coup de cœur sur la production de Because, qui en est l’exemple parfait.

Pour les amateurs de rap old school, nostalgiques et curieux, c’est l’album à découvrir.

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Il est l'heure de rester lucide durant cette réécoute de Unison Life, troisième album du groupe Brutus, et peut-être la musique qui a le plus rythmé mon dernier trimestre de 2022. Dans mon entourage, tout le monde a entendu parler de Brutus à cette période là.

Rester lucide, c'est compliqué lorsque l'album commence si fort avec l'enchaînement de Miles Away et de Brave, déjà le highlight du projet. A chaque fois je suis stupéfait par l'efficacité de ces deux morceaux.

Déjà, la formation d'origine belge est impressionnante. Un guitariste, un bassiste, mais surtout une chanteuse et batteuse à la fois, ce qui en fait toute sa particularité. Je vous renvoie aux différents lives qu'ils ont pu donner, notamment la reprise de A Forest qui a servi de promotion à l'album. La voir jouer et chanter en même temps est absolument stupéfiant.

A la première écoute, l'album est enivrant. Ambiance inhabituelle parfaitement installée par les deux premiers morceaux, constructions toutes plus recherchées et brillantes les unes que les autres. Dix morceaux de rock intense, à la limite du métal par moment, Unison Life est une véritable bombe.

Avec le recul et plus d'un an après, Unison Life s'épuise malheureusement un peu sur la fin. Même s'il cela ne dure que 42 minutes, cela reste une écoute intense et fatigante, de plus que, plus on avance, plus la recette perd en efficacité. Même si Desert Rain revient donner une bouffée d'air,

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Tout le monde connaît 070 Shake sans nécessairement être au courant, elle est celle qui prêtera sa voix pour les Violent Crimes et Ghost Town de Kanye sortira son premier album en 2020, deux ans après.

Sorti sous Good Music et en empruntant le producteur Mike Dean (Kanye West ; Travis Scott), Modus Vivendi est très certainement ce que l’univers Kanye aura produit de mieux depuis 2020. A cheval entre le glitch pop et le rap, Modus Vivendi est un véritable vaisseau spatial, principalement dicté par les synthétiseurs et les modifications de voix. Autour de tout cela, le guitariste Dave Hamelin amène ses inspirations rock pink floydiennes pour aboutir à un joli mélange. Pas un seul featuring.

Morrow a un rythme saisissant, Divorce emprunte aux rythmes africains pour finir sur un solo de guitare électrique, et Microdosing pourrait s’apparenter à une reprise moderne de Welcome to The Machine.

C’est excessivement bien produit, et cela regorge d’intérêt. Court, concis original et déstabilisant, Modus Vivendi s’inscrit comme l’un des albums à découvrir, exemple et illustration même des nombreuses qualités de la musique moderne et technologique, proposant un véritable univers logique et cohérent, sans le moindre morceau à sauter.

Malheureusement, la recette sur You Can’t Kill Me, son deuxième album, s’avérera être globalement la même, et perdra donc en intérêt.

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Sevdaliza revient en 2020 après son premier album Ison, sur lequel je suis assez neutre.
Majoritairement trip-hop, folk par moment, Shabrang vient donner un peu de renouveau – surtout pour le trip-hop qui, après Portishead et Massive Attack, a été tiré dans tous les sens, souvent pour le pire.

Ce qui est sûr et certain, c’est que Shabrang propose quelque chose d’original. Et après réécoute, c’est – si ce n’est la meilleure – l’une des plus belles et plus riches instrumentations de cette liste. Entre constructions originales, loin du couplet/refrain traditionnel, mais surtout grâce au mélange des instruments classiques et électroniques, l’album est d’une richesse folle, rempli de détails et de subtilités.

Mais, le principal (et gros) problème réside dans sa voix. Son larmoiement et tremblement quasi constant rend l’écoute beaucoup moins facile – ce qui vient contraster avec l’instrumentation pleine de légèreté. En fait, je crois que je ne l’aime juste pas, ou plus. Sa modification sur Oh My God rend le morceau presque inécoutable à la longue, bien que surprenant la première fois. C’est surtout lorsqu’elle se limite et qu’elle ne pousse pas trop, restant dans une douceur naturelle – qui vient alors s’aligner avec le reste des instruments – qu’elle est la plus performante vocalement – Joanna ; All Rivers at Once.

Après, il y a le cas Human Nature, autotuné à la mort – ce qui exclue d’office ceux qui y sont allergiques – mais le choix artistique est plus que payant, le morceau étant, selon moi, l’un des meilleurs de toute cette liste. Entre ses synthés, sa boucle de batterie martelant, et cette explosion au violon, c’est absolument grandiose.

Shabrang reste néanmoins l’un des albums à découvrir absolument, regorgeant de qualités comme énoncées. Son écoute reste encore très excitante.

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JPEGMAFIA et Danny Brown ensemble sur un même album, deux des rappeurs les plus intéressants encore en 2023. L’association est à la fois évidente et effrayante.

Je n’avais jamais été pleinement convaincu par le travail de JPEG, tout en lui reconnaissant une capacité évidente à être particulier. Mais là, c’est une leçon de sampling et de production. Scaring The Hoes regorge de séquences empruntant à droite à gauche. C’est destructuré et déstabilisant, peut-être un peu fourre-tout par moment. Il y a mille sons, mille rythmes, c’est un laboratoire en ébullition permanente, sans aucune limite d’expérimentation. Le problème d’un laboratoire, c’est que pas tout ne réussi. Scaring The Hoes est parsemé de séquences absolument géniales, de temps en temps noyé dans d’autres non-concluantes.

Ce qui est sûr, c’est que cela ne plaira pas à tout le monde, et que c’est une écoute épuisante. Heureusement que l’album jouit d’une courte durée. Quinze minutes de plus et on m’aurait perdu.

Je n’ai aucune idée de si le duo prévoit de se réunir une deuxième fois, je l’espère, pour éventuellement aboutir à quelque chose toujours plus concluent (et ça passera pas un léger plus en modération).

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Quatrième album de la série Run The Jewels, le duo El-P et Killer Mike est plus affuté que jamais. Énorme album sous-côté et pointe du rap d’aujourd’hui.

Les productions sont toutes exceptionnelles, débordantes de créativité, dans un style bien précis, pas forcément le plus facile à appréhender. Agressives et remplies de bruitages, samples et scratchs, le tout s’inscrit dans une belle homogénéité. A chaud, gros coup de cœur sur les productions de holy calamafuck ; walking in the snow ; a few words for the firing squad.

Durant trente-neuf minutes, le rythme ne ralentit jamais, chacun délivrant couplet aiguisé sur couplet aiguisé, invités compris – le traitement effectué sur 2chainz est particulièrement intéressant.

La seule chose qui m’empêche de le mettre un peu plus haut ? Probablement le fait que je ne me le suis jamais approprié et qu’il a jamais prit part à mon quotidien. A l’écriture de cette annotation, c’est peut-être la troisième fois qu’il passe entièrement dans mes oreilles.

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Call Me If You Get Lost rompt brutalement avec l'apparté IGOR pour revenir aux sources d'un rap gras et explosif. Accompagné de DJ Drama dans le rôle d'un présentateur-narrateur, CMIYGL vient se situer à mi-chemin entre la mixtape et l'album.

Véritable invitation au voyage, le projet a tourné tout l'été dans mes oreilles. Je viens de le réécouter deux fois avant de rédiger cette annotation, et il en résulte une grande frustration.

L'album est globalement excellent, mais il aurait pu figurer dans le très haut du panier si Sweet et Wilshire - par leur longueur plus que leur contenu - n'étaient pas venus rompre la dynamique et le chemin emprunté. Il en aurait résulté 36 minutes de musique cohérente, bien-construite, riche et originale. Il en aurait résulté le meilleur album de Tyler, et l'un des meilleurs de cette liste.

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Pendant 45 minutes, le producteur de musique électronique Floating Points, accompagné de Pharoah Sanders et du London Symphony Orchestra, vont disséquer, découper et étirer, ces premières notes qui retentissent, et qui ne s’arrêteront pas.

Procédé plus qu’original, on explore à travers neuf mouvements – qui ne sont pas des morceaux individuels en soit car tous se suivent sans interruption pour ne faire qu’un – toute une construction harmonique et instrumentale, parsemée de (insérer instument jazz), de plages sonores électroniques, et d’une orchestration classique.

Promises fait ralentir le temps, l’auditeur devant porter attention à chaque légère variation. Promises est aussi le témoin que les grandes œuvres artistiques, orginales et ambitieuses, existent encore, et ne demandent qu’à être découvertes.

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En février 2022, Black Country, New Road sort son deuxième album. Ants From Up There est probablement pour l'instant considéré comme le meilleur album rock de la décennie en cours, et à séduit tout le monde avec son The Place Where He Inserted The Blade.

Successeur de For The First Time, ce nouvel et dernier album avec Isaac Woods au chant est beaucoup plus abouti que le premier, mais aussi beaucoup moins fou. Tout est beaucoup mieux maîtrisé et calculé, quitte à perdre un peu du charme originel, le tout s'installant lentement (et trop longuement).

Toujours dans une lignée prog rock, s'étendant aussi de plus en plus vers le post rock, Ants From Up There reste une superbe orchestration musicale - entre cuivres, pianos, guitares et flûtes - de grande qualité qui plaira aux amateurs de musique et qui vaut le coup d'une écoute précise et attentive

Là où For The First Time ne plaira pas à tout le monde, Ants From Up There souffre peut-être un peu de son uniformité.

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Premier long-format du groupe californien Sprain, il faut aborder As Lost Through Collision comme le prélude à l’album gigantesque qui suivra, The Lamb As Effigy.

Recette originale à cheval entre le punk agressif et le post-rock, c’est un super album sans réel défauts, bien écrit et bien construit, du moins pour le genre dans lequel cela cherche à s’inscrire.

Son principal défaut est que son successeur est une œuvre beaucoup plus puissante, reléguant celle-ci à un rôle plus secondaire.

Il faut le concevoir comme une introduction à l’une des plus grandes œuvres contemporaines.