Les Lectures de Lewis Carroll

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HAYDON, Benjamin Robert (1786-1846), peintre, contemporain et ami de Keats. (Lewis Carroll, Œuvres complètes)

3 janvier 1855 :
"Lu à peu près la moitié du premier volume de la Vie de Haydon."
6 janvier 1855 :
"Commencé le second volume de la Vie de Haydon"
15 janvier 1855 :
"Presque fini le second volume de [La Vie] de Haydon.
16 janvier 1855 :
"Fini le second volume de la Vie de Haydon.

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GRAY, Thomas (1716-1771), fut en son temps considéré comme un des très grands poètes anglais. Aujourd'hui on se rappelle surtout que ce poète classique, ami de l'écrivain-voyageur Horace Walpole (1717-1797) qui fonda le roman « gothique » avec Le Château d'Otrante (1764), ouvrit la voie à la poésie de la nature avec son 'Elegy in a Country Churchyard' (...). (Lewis Carroll, Œuvres complètes)

5 janvier 1855 :
"Suis allé (...) au palais épiscopal où j'ai emprunté l'Élégie de Gray, avec les enluminures d'O. Jones, pour recopier des passages."

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« John Horne Tooke, original name John Horne, (born June 25, 1736, London, Eng.—died March 18, 1812, Wimbledon, Surrey), radical politician, one of the most effective English agitators for parliamentary reform and freedom of dissent in the late 18th century. He attacked the powerful Whig magnates but stopped short of advocating democracy.
Born John Horne, the son of a poultry dealer, he assumed (1782) the additional surname Tooke to honour his friend and benefactor William Tooke. He graduated from the University of Cambridge and, in 1760, became a vicar. In 1769 he helped the embattled radical John Wilkes found the Society for the Supporters of the Bill of Rights, but two years later he broke with Wilkes and created his own Constitutional Society to agitate for parliamentary reform and self-government for the American colonies.
Horne’s outspoken support of the colonists led to his conviction and imprisonment (1778) for seditious libel. From 1782 to 1785 he rallied public support behind William Pitt’s unsuccessful attempts to obtain reforms of Parliament. When the revolutionary events in France prompted the British government to suppress radicals, Horne Tooke was arrested in May 1794 and charged with high treason. Six months later he was acquitted by a London jury. The radical movement was dispersed by the end of the century, but Horne Tooke gained a seat in Parliament in 1801. An enthusiastic philologist, he was among the first to regard language as a product of historical development rather than as a fixed structure. »
(Encyclopaedia Britannica)

5 janvier 1855 :
"Lu un peu des Diversions of Purley."
Pourquoi "un peu" ? Sans doute parce qu'il s'agit d'un essai philologique « qui prêchait la nécessité d'étudier l'« anglo-saxon », parfois appelé « vieil anglais ». » (Lewis Carroll, Œuvres complètes, notes)

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MILNES Richard Monckton, 1er Baron HOUGHTON (1809-1885)
Voir :
https://data.bnf.fr/en/16278266/richard_monckton_milnes_houghton/
https://www.senscritique.com/liste/lewis_carroll_ses_contemporains_i_auteurs/3129797?page=5

11 janvier 1855 :
"Commencé la Vie de Keats de Milnes".

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COLERIDGE Samuel Taylor (1772-1834)
Fils de pasteur anglican, comme tant d'écrivains anglais du XIXe siècle, [Coleridge] commença à écrire des poèmes dès 1793, en liaison étroite avec son ami Robert Southey, avant de trouver, en William Wordsworth, un partenaire durable. Les 'Ballades lyriques' (« Lyrical Ballads ») qu'ils publièrent en œuvres croisées, en 1798, sont considérées comme la première grande manifestation du romantisme anglais, avec entre autres, pour Coleridge, « Le Dit du Vieux Marin » (« The Rime of the Ancient Mariner ») et « Kubla Khan ». Très séduit par l'esprit de la Révolution française, avant de la rejeter en 1798, il subit l'influence de la poésie allemande et traduisit des œuvres de Friedrich Schiller, avant de tenter en 1825, avec les 'Aids to Reflection' (« Pour aider à la réflexion ») de populariser la philosophie allemande. Son autobiographie littéraire, 'Biographia Literaria' (1817) est un témoignage de premier ordre sur un grand esprit de l'époque et une grande œuvre de critique littéraire. (Lewis Carroll, Œuvres complètes)

14 janvier 1855 :
"Lecture des Aids to Reflection de Coleridge, le soir ; c'est un de ces livres dont l'intérêt grandit à la deuxième lecture : je n'y trouve maintenant presque plus rien qui soit seulement obscur."
3 janvier 1858 :
"J'ai commencé à relire Aids to Reflection de Coleridge, avec cette fois-ci l'intention d'en faire une sorte d'analyse."

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COCKTON (Henry) [1807-1853]
(Lewis Carroll, Œuvres complètes)

16 janvier 1855 :
"Lu Valentine Vox ce matin au lieu de travailler."

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SMITH James (1775-1839) et Horatio (1779-1849)
Écrivains, auteurs de 'Rejected Addresses' (1812), recueil de parodies des premiers romantiques. (Lewis Carroll, Œuvres complètes)

23 janvier 1855 :
"Acheté 'Rejected Addresses' (...)."

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SHAKESPEARE William (1564-1616)

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3 mars 1855 :
"Ai fini Henry IV ce soir : un poète de second rang serait absolument insupportable sans les accessoires du costume et du décor ; Shakespeare lui-même devient très ennuyeux dans les grandes tirades."

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MULOCK (Dinah Maria) (Mrs. Craik) [1826-1887], écrivain, auteur de 'Olive', 'The Head of the Family', 'John Halifax, gentleman'. (Lewis Carroll, Œuvres complètes)

3 mars 1855 :
"J'ai lu récemment The Head of the Family (par l'auteur d'Olive) c'est une histoire d'une grande beauté. Elle pèche sans doute par un manque de précision dans la peinture des personnages, qui ne sont pas assez individualisés ; c'est Ninian qui paraît le plus vivant. L'auteur – on voit bien que c'est une femme – a repris plusieurs personnages qu'elle avait utilisés dans Olive : Ninian est une espèce de Harold Gwynne qui se serait converti, et Mrs. Forsyth, pour autant qu'on la voie, un double de sa mère. Hope a les grands traits d'Olive. Il est étrange que les deux personnages dont on nous dit qu'ils sont les plus gais et les plus bavards, Tinie et Charlie, ne prononcent pratiquement pas une parole. Le naufrage est la scène la plus forte du livre, et les scènes sentimentales sont tendres et simples : mais le meilleur reste le personnage de Ninian ; on ne peut tirer que du profit à lire une histoire aussi grave, aussi vraie, aussi héroïque que la sienne, même s'il ne s'agit que d'une fiction."

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HELPS (Arthur) [1813-1875], auteur de 'Friends in Council', recueil de dialogues fictifs touchant à des problèmes sociaux et intellectuels. (Lewis Carroll, Œuvres complètes)

16 mars 1855 :
"Fini (...) le premier volume de 'Friends in Council', livre très bien écrit, et qui mérite (...) une seconde lecture."

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28 mars 1855 :
"Eheu fugaces ! Video meliora proboque, deteriora sequor."
Ovide (Les Métamorphoses, VII, 21)

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23 avril 1855 :
"Lu ce soir une partie d'Othello, pour célébrer à ma façon l'anniversaire de la naissance et de la mort de Shakespeare."

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28 avril 1855 :
"J'ai fini récemment la lecture du 'The Bachelor of the Albany' par l'auteur de 'The Falcon Family', livre dont j'ai entendu dire le plus grand bien, ce qui m'a peut-être prévenu contre lui : quoi qu'il en soit j'y ai trouvé bien peu de choses à aimer. Pour commencer, le ton sur lequel il est écrit n'est pas 'sain' ; tout l'ouvrage est parcouru par une espèce de satire malveillante, et l'auteur semble incapable de peindre un personnage vraiment aimable. Ce ne sont que des pantins mal faits ; quant aux rouages de l'intrigue, il vous les met sous le nez au lieu de les cacher. Ensuite, il s'imagine que seuls des seconds rôles d'une valeur éminente conviendront à son histoire. J'entends par là qu'il installe un riche commerçant en retraite dans une espèce d'impossible paradis poétique, qu'il serait bien en peine d'apprécier. C'est un des défauts des romans de la plus basse catégorie, comme de faire des houris de toutes les héroïnes et des princes incognitos de tous les héros. L'héroïne de cette histoire, dont l'auteur nous donne négativement une image de perfection, - aucune raison de 'ne pas' la juger favorablement ne nous étant fournie – finit par s'envoler avec un jeune homme qui, si l'on en croit la 'description' qu'on en a, doit être un pauvre niais, - le tout au grand dam des lecteurs sensés."
SAVAGE (Marmion W.) [1803-1872], romancier, auteur de 'The Bachelor of the Albany' et de 'The Falcon Family'.
(Lewis Carroll, Œuvres complètes)

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1er mai 1855 :
"J'ai fini 'The Ogilvies' aujourd'hui. Ce livre est très proche par le style de 'The Head of the Family', et vient juste derrière lui pour la qualité. Il a une grande faiblesse : il n'y a pas de personnage vraiment aimable 'au premier plan' du tableau, car Philip et Eleanor sont deux personnages secondaires. C'est pourquoi 'l'impression générale' laissée par l'ensemble du livre est désagréable. Ses beautés maintenant : Katherine est dessinée de façon grandiose ; c'est peut-être la création la plus noble de cet écrivain, et elle réussit à être beaucoup plus 'réelle' que son homologue, Rachel Armstrong. La mort de Leigh est pleine de tendresse et d'émotion, bien que la sympathie que nous éprouvons pour lui soit passablement refroidie par les traits sous lesquels il nous apparaît d'abord, ceux d'un imbécile invétéré. Eleanor est dix fois plus vraisemblable que Hope Ansted, mais son personnage incorpore tellement de traits du caractère de Lindsay qu'elle semble presque trop mère de famille pour le rôle qu'elle joue.
Le fond de l'intrigue, à savoir : un premier mariage malheureux de l'héroïne, contracté par méprise, et, à la faveur de son veuvage prématuré, l'union avec son ancien amoureux, est exactement repris, mais à l'envers, dans 'The Head of the Family', et le résultat est beaucoup plus agréable. Il n'est pas naturel que Philip et Katherine prennent pour argent content une rumeur dont l'exactitude est d'une importance critique, et encore moins qu'une tante qui l'aime mette à exécution un projet aussi extravagant que celui de forcer son neveu à entrer dans l'Église avec une hypocrisie aussi insensée et une cruauté aussi contre-nature.
Dans l'ensemble, c'est une histoire très habile et très 'saine', et qui mérite bien d'être lue."

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14 mai 1855 :
"J'ai fini la lecture de 'Shadows of the Clouds' de Froude, que j'ai fait relier récemment après en avoir enlevé les passages condamnables. Ce qui fascine le plus dans ce livre, à mon avis, c'est le style : l'auteur donne l'impression d'écrire exactement comme il pense, sans même s'arrêter pour réfléchir à la façon de s'exprimer."

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14 mai 1855 :
"Je me suis procuré 'The Cathedral' de Williams l'autre jour, qui m'a beaucoup déçu. Je me demande bien pourquoi j'en espérais mieux que ses 'Thoughts in Past Years' ; si différence il y a, je dirais que 'The Cathedral' est nettement inférieur à l'autre livre, du point de vue poétique."

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1e juin 1855 :
"J'ai acheté 'The Christmas Stocking' de Miss Wetherell [Susan Warner (1819-1885)], et l'ai envoyé à Henrietta [Dodgson] comme cadeau d'anniversaire pour demain."

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22 juin 1855 :
"Henry VIII [de William Shakespeare] (...) probablement ce que je verrai jamais de plus beau au théâtre. (...) Je (...) n'ai jamais eu autant envie de pleurer devant une œuvre d'imagination, si ce n'est peut-être en lisant cette perle poétique que nous a donnée Dickens avec la mort du petit Paul."

Annotation :

9 juillet 1855 :
"Fini aujourd'hui 'Con Gregan', roman extrêmement ingénieux, rempli d'aventures très pittoresques. L'idée même de l'auteur le contraint à faire de son héros un menteur consommé et, sinon un voleur, du moins un spécialiste sans scrupule de l'appropriation de biens abandonnés. Le style rappelle 'Charles O'Malley'."

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1er août 1855 :
"J'ai lu récemment Frank Hilton or the Queen's Own de James Grant, histoire pittoresque bien écrite, bien que les aventures soient hautement invraisemblables."

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1er août 1855 :
"Je suis à présent en plein dans Les Pierres de Venise de Ruskin et Les Grands Moments de l'histoire d'Angleterre de White."

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1er août 1855 :
"J'ai (...) lu récemment 'Angel in the House' de Coventry Patmore : on y trouve beaucoup de pensées profondes, beaucoup de belles phrases et un style totalement original, ce qui me semble son principal mérite, sa caractéristique principale étant une aimable bizarrerie. La poésie y dégénère à l'occasion en prose pure et simple."

Annotation :

14 août 1855 :
"Maud, le poème de Tennyson, est arrivé, et je l'ai lu en totalité dans la journée. Je ne crois pas que ce volume ajoutera ni enlèvera quoi que ce soit à sa réputation : il contient de courts passages d'une grande beauté, comme celui qui se termine par :
'La vie n'est donc pas si amère / Qu'un sourire ne la puisse adoucir.'
et le passage des « deux hommes, quelque part, Qui en buvant parlent de moi », est une idée très originale.
Il a amélioré considérablement son 'Ode au Duc' et 'La Charge de Balaklava' : « Que quelqu'un avait transmis de travers » a disparu, mais les sabres continuent de « sabrer ». L'idylle du 'Ruisseau' est jolie, mais fait un peu trop répétition chez quelqu'un qui a écrit :
'Que l'amour vienne, que l'amour parte. / Mais nous ne marcherons pas côte à côte / Pour l'éternité.'
deux thèmes que l'on retrouve réunis dans 'Le Ruisseau' :
'Que les hommes viennent, que les hommes partent, / Mais moi je suis ma voie éternellement.'
Le marchandage au sujet du poulain, avec la répétition du vers :
'Mais il restait ferme, et les choses n'avançaient pas'.
rappelle beaucoup le style de 'Dora'."
25 septembre 1855 :
"Relu Maud ce soir : je l'ai beaucoup mieux aimé à la seconde lecture ; le chant qui commence par 'I have led her home' est de la poésie vraie, passionnée ; il est difficile de penser que cela n'a pas été écrit sous l'influence d'un premier amour."

Annotation :

28 août 1855 :
"(...) j'ai lu [à haute voix ] des passages d'Henry VIII, bouillant presque tout le temps de colère contre moi-même, à cause de mon incapacité à rendre ne serait-ce que ma propre idée de cette pièce grandiose.

Annotation :

3 septembre 1855 :
"(...) j'ai donné une lecture de la farce 'Away with Melancholy', avec incontestablement plus de succès que l'autre soir avec 'Henry VIII'... Je me demande si l'on peut vraiment aimer une tragédie lue à voix haute."

Annotation :

15 septembre 1855 :
"Fini de lire 'Nord et Sud', de l'auteur de 'Mary Barton' ; c'est bien écrit et cela donne une impression de vérité, mais l'intrigue part dans tous les sens et ne satisfait pas. Je me méfie de cette romancière, après avoir lu son 'Ruth', publication totalement condamnable."

Annotation :

3 janvier 1856 :
"Ai continué Alton Locke, livre puissant et magnifiquement écrit."
7 janvier 1856 :
"Fini Alton Locke. Il raconte bien les privations et la détresse des pauvres, mais j'aurais aimé qu'il proposât quelque remède plus précis, et plus spécialement qu'il nous expliquât par quoi il souhaite remplacer l'exploitation inique qui règne dans la confection et dans d'autres professions.
Si ce livre était un tant soit peu plus précis, il attirerait peut-être d'autres ouvriers dans le bon champ du progrès social."