Cover Lectures 2024

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14 livres

créee il y a 5 mois · modifiée il y a 13 jours

Chien Blanc
7.8

Chien Blanc (1970)

Sortie : 1970 (France). Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

On commence l'année avec un de mes écrivains favoris que je n'avais pourtant pas lu depuis longtemps. Bien m'en a prit de me replonger dans sa prose ! Chien blanc commence d'abord comme un hymne aux animaux, compagnon de toujours de Gary et de sa compagne Jean Seberg. Ils recueillent dans leur maison de Beverly Hills un berger allemand. Manque de peau, l'animal s'avère être un ancien chien policier hostile aux noirs. Partant de ce postulat, l'auteur se voit dans l'obligation de tirer le portrait d'une Amérique en pleine révolte et surtout sur la cause des noirs américains. C'est un Gary à la parole libre, parfois subversive, avec un humour déconcertant. Il y dénonce sans cacher son propre nihilisme le militantisme d'apparat des vedettes d'Hollywood. Il livre également ses propres réflexions sur les raisons de la colère des noirs américains, la violence des discriminations. Le sens de la formulation et les exemples et anecdotes illustrant ses propos font tout l'attrait de ce livre.

Le Moine
7.9

Le Moine (1931)

Sortie : 1 janvier 1966 (France). Roman

livre de Antonin Artaud et Matthew Gregory Lewis

StanDC a mis 9/10.

Annotation :

De base peu client de livre gothique, je me suis attaqué à ce livre par son auteur que j'avais envie d'approfondir. Manque de peau il s'agit ici plus d'une réécriture d'un autre auteur, Lewis. Mais coup de chance, ce récit devient très vite passionnant et dans style lyrique digne des grandes épopées. Je ne sais pas ce que l'un doit à l'autre mais cette expérience de lecture m'a décontenancé. Car je ne suis pas non plus un très grand lecteur de récit d'époque, avec ces codes sociaux barbants et trop souvent stéréotypés. Ici on en abuse pas temps et l'on passe outre. Une tragédie gothique mêlant érotisme et mystique religieuse.

Austerlitz
8

Austerlitz (2001)

Sortie : 2001 (France). Roman

livre de W.G. Sebald

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Une écriture dense et riche nous tend la main dans cette histoire labyrinthique, une quête d'identité. Celle du personnage principal, Austerlitz, homme érudit difficilement cernable y compris par lui-même. C'est d'ailleurs pour cela qu'il se raconte à cet inconnu, le narrateur. Le texte est accompagné de photographie. On pourrait se méfier de ce qui peut apparaître comme un artifice, le texte parlant de lui-même. Mais ces images finement choisies sont un bonus pour toucher l'authenticité de ce parcours. On y traverse l'architecture de la gare d'Anvers, la campagne galloise et bien d'autres endroits mais le livre trouve sa meilleure essence lorsqu'il commence à éclairer peu à peu le origines d'Austerlitz. Un enfant victime collatéral de la Seconde Guerre mondiale, déraciné pour échapper au pire mais on ne grandit pas sans passé.

Le voyage d'automne

Le voyage d'automne

Sortie : 2000 (France). Essai

livre de François Dufay

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Un épisode méconnu d'auteurs plus ou moins oubliés qui ont pourtant fait parfois les grandes heures de la littérature française mais qui se sont largement compromis dans la collaboration. Et ce voyage en terre nazi n'en est que le symbole. François Dufay prend un malin plaisir à nous décrire de façon parfois pittoresque ce voyage avec des protagonistes aux situations parfois rocambolesques comme Marcel Jouhandeau en pleine idylle avec son portecteur ou Jacques Chardonne qui s'invente sauveur des écrivains français. On pardonnera alors la liberté de ton de l'auteur n'ayant pas toujours la rigueur méthodique d'un historien. Mais l'ouvrage reste une référence concernant le rôle et la compromission des intellectuels français pendant l'occupation.

Le Wagon à vaches
8.1

Le Wagon à vaches

Sortie : 1953 (France). Récit

livre de Georges Hyvernaud

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Très bonne lecture et découverte d'un auteur d'après guerre, de juste après guerre même. Presque complétement ignoré de son vivant sauf par certains de ses pairs (Sartre, Cendrars...), Georges Hyvernaud puise son inspiration en tant que témoin et ancien prisonnier de guerre après la débâcle française durant la Seconde Guerre mondiale. Il a le don de décrire avec désillusion, sans filtre et avec drôlerie la petitesse de la société entre résistant de la dernière heure, attentiste plus soucieux de conserver leur rang et collabo se faisant tout petit. Certaines scènes sont mémorables comme ce "Comité d'érection" chargé de coordonné la mise en place d'un monument aux morts et les officiers militaires à la lutte avec leurs hommes pour instaurer les règles d'hygiène. Un portrait à vif de l'après guerre bien loin du récit national portait à l'époque. C'est peut-être d'ailleurs ce qui a desservi sa notoriété. La langue utilisée est des plus juste, entre langue populaire et prose analytique inspirée. Ce portrait social au vitriol porte un écho bien au-delà de l'immédiate après guerre, certains faux-semblants traversant bien entendu les époques.

Un privé à Babylone
7.8

Un privé à Babylone (1977)

Dreaming of Babylon : A Private Eye Novel 1942

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de Richard Brautigan

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Une lecture d'un grand plaisir et très drôle, une sorte de parodie d'un roman noir à la Dashiell Hammett avec un personnage paumé qui à l'en croire aurait pu finir flic ou en tout cas bon détective privé s'il n'avait pas tendance à trop rêver de Babylone. Et dans ces rêves il fantasme son personnage de détective irrésistible, un peu comme Belmondo dans Le Magnifique. C'est écrit avec les mots du narrateur, simplement, avec la tchatche de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Un livre qui se dévore malgré le sordide avec une valse des cadavres dans une morgue assez cocasse.

L'Absolue perfection du crime
6.8

L'Absolue perfection du crime

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de Tanguy Viel

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Troisième livre lu de cet auteur et comme souvent, le récit s'apparenterait à un polar, une histoire mafieuse et de braquage, mais avec une écriture d'orfèvres dans le sens où chaque formule est pesées sans être un style boursouflé. Le narrateur raconte son milieu dans une "famille" où "l'oncle" à sa tête est en plein déclin et son successeur, Marin, sort tout juste de taule avec un plan infaillible, une absolue perfection du crime d'après lui. Plein de guillemets car tout ceci n'est qu'une façade, une famille de circonstance sans vraiment d'âme. Ce qui est fort dans ce roman c'est le découpage en trois partie qui élude les passages obligés et donc les longueurs. Le meilleur livre que j'ai lu de l'auteur jusqu'à présent.

Chez les anarchistes

Chez les anarchistes

Reportages, nouvelles et autres textes

Sortie : 7 avril 2021 (France). Journal & carnet, Nouvelle

livre de Jean Meckert / Jean Amila

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Un recueil de texte plutôt social réunissant des articles, reportages, nouvelles et entretien de qualité inégal. Intéressant pour ceux qui connaissent l'auteur des "Coups" mais certainement pas la meilleure porte d'entrée dans son œuvre. Certains textes ont un encrage social pertinent sur une France d'après guerre désenchanté d'autres par contre sont assez anecdotiques comme celui sur Zola.

Aux animaux la guerre
7.4

Aux animaux la guerre

Sortie : 5 mars 2014 (France). Roman

livre de Nicolas Mathieu

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Premier vrai roman de l'auteur lorrain qui encre d'ailleurs bien son récit dans son territoire natal, plus particulièrement dans des Vosges avec des usines en fin de vie, des rades paumés et un hiver infernal. Un univers pas loin de la réalité et largement favorable à l'atmosphère d'un roman noir. On retrouve le soucis du détail d'un encrage social qui fait déjà l'intérêt des ouvrages qui succéderont. Pour cela, Nicolas Mathieu est très fort et pousse même jusqu'à changer le style d'écriture quand il parle au nom d'un personnage selon son milieu, de l'ouvrier à la DRH. Ce soucis amène parfois l'auteur à chercher l'authenticité dans des détails pas toujours nécessaires. Ce qui est déconcertant c'est le prologue du roman dont j'ai du mal à voir totalement l'intérêt. Quant à la fin, elle paraît assez bâclé. C'est dommage car au niveau du rythme et de la construction des chapitres, les intrigues sont vraiment prenantes et remplissent le cahier des charges d'un bon roman noir. Pour le style, on ressent une écriture naissante qui s'améliorera dans les romans à venir.

Vairon

Vairon (2019)

Sortie : janvier 2019 (France). Roman

livre de Hélène Zimmer

StanDC a mis 5/10.

Annotation :

Loin d'être convaincu par cette lecture. J'avais pourtant été attrapé par le style fait de phrases courtes, hachées, direct, au présent. Mais je me suis parfois un peu perdu dans cette façon justement parfois trop haché et effleuré d'un destin misérable, parfois misérabiliste. Zulma débarque dans un Paris de 1909 où émerge les idéaux notamment anarchique, avec un enfant dont on retient surtout l'hygiène déplorable et l'appétit gloutonne. Il y a parfois une exagération à montrer la misère par des images sordides et crasseuses qui m'ont assez lassé puisque pas vraiment utile. Reste le portrait d'une femme qui au fur et à mesure ne voudra se soumettre à aucune main mise y compris celle de courtisane. La scène où elle rejette un riche comte qui se veut à son chevet en est une belle illustration jubilatoire.

Kudos

Kudos

Sortie : 15 octobre 2020 (France). Roman

livre de Rachel Cusk

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Commencé par la fin cette trilogie dont Kudos est le dernier et troisième tome ne semble d'aucune importance. Il m'a en tout cas donné bien envie de retrouver cette narratrice qu'on devine semblable à l'autrice. Une écrivaine qui, au grès de son voyage à l'occasion d'un salon littéraire où elle est invitée, multiplie les rencontres de son voisin en avion à des journalistes, avec ces récits de vie donnant lieu à une accumulation de portraits comme de courtes nouvelles dont seul la narratrice est le fil conducteur. Ces histoires intimes rendent comptes de la complexité de l'intime comme de l'universel, des sentiments humains comme de certains bouleversements du monde (entre autre le féminisme mais pas seulement). Rachel Cusk a l'art de raconter ainsi d'autres vies que la sienne dans une langue riche et fluide avec des récits plus ou moins captivants mais dont il reste toujours quelque chose à retenir même dans la banalité de ses existences à l'image d'un Raymond Carver avec une écriture moins familière et moins amère. C'est la rencontre d'une vraie plume qui me donne envie d'aller plus loin dans son œuvre.

De si braves garçons
7.2

De si braves garçons (1982)

Sortie : 1982 (France). Roman

livre de Patrick Modiano

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Au collège et pensionnat Valvert cohabitent élèves atypiques et professeurs tout aussi singulier et souvent paumés, des héritiers d'un milieu plus ou moins pittoresques. S'y noue des amitiés, un collectif et un vécu fort d'expérience commune mais que le temps dissipera. Mais c'est sans compter le hasard des rencontres du narrateur (qui pourrait être Modiano mais cela reste trouble). A chaque chapitre correspond le récit d'une rencontre ou d'une histoire de ce pensionnat et ce que le temps à fait de ses protagonistes. Des chapitres courts où Modiano fait preuve de tout son talent stylistique. Certains portraits sont plus intéressants que d'autres mais montre déjà les thématiques et obsessions du prix Nobel, une volonté de capter le sensible du passé, de trouver l'essence même de son histoire. Il plane un certain mystère et des noms-dits dans la plupart de ces textes à l'image de ce mystérieux Charell comme si tout l'intérêt de cette suite de rencontres de fantômes du passé se cachait dans cette zone trouble. C'est en tout cas la force de ce livre.

L'Équipage
7.8

L'Équipage (1923)

Sortie : 1923 (France). Roman

livre de Joseph Kessel

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Écrit en 1923, ce roman sur fond de romance et d'aviation militaire durant la Première guerre mondiale à fait largement écho à ceux de Saint Exupéry. Mais je garderais une préférence pour l'auteur de Vol de nuit dont le style me parle davantage. On pense aussi à Stefan Zweig dans la construction du drame à venir.

Le Livre des illusions
7.5

Le Livre des illusions (2002)

The Book of Illusions

Sortie : 20 avril 2002 (France). Roman

livre de Paul Auster

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Après la disparition de l'écrivain américain, beaucoup aiment à citer la trilogie new-yorkaise comme son œuvre la plus emblématique. Et pourtant voilà bien ici pour moi le livre qui aura bien plus fini de me convaincre que Paul Auster est bien l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Bien plus convaincant par la construction de son récit et son style mesuré mais sans froideur, ce livre des illusions est un véritable conte pour adulte avec un pouvoir de captation vertigineux. Difficile de ne pas le lâcher. On y retrouve deux des passions de l'auteur, le cinéma dont il rend un magnifique hommage à travers le personnage d'Hector et la traduction littéraire avec ce fascinant projet de traduction des Mémoires d'outre-tombe. Certains pourront trouver un peu trop de drama chez ce professeur qui perd d'entrée toute sa famille dans un accident d'avion voir de mélo vers la fin du livre avec cette histoire d'amour sur le tard. Sortie de son contexte tout cela paraît effectivement un peu gros. Mais le talent des grands écrivains est aussi de pouvoir vous convaincre malgré tout, même dans ces situations et c'est le cas ici.

StanDC

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