Lectures 2023

Annotation :

"Tu sais quoi ? Je crois bien que t’as raison.
— Un jour y m’est arrivé de penser que j’avais tort. Mais ensuite, je me suis rendu compte que je m’étais trompé."

Annotation :

Etait-il possible que la jeunesse de mes parents, de tant de joie, de tant d'amour, quelque chose demeurât et pénétrât l'esprit de leurs petit-fils, quelque chose de surnaturel ? (...) Interrogez les gens qui ne sont pas des mystiques, ou des nerveux, ou des malades, non, des gens ordinaires : "Est-ce que vous croyez au surnaturel ? Est-ce que vous croyez, par exemple, aux pressentiments, aux avertissements à distance ? Est-ce que vous croyez que les morts peuvent communiquer avec nous ?" Ils vous répondront en riant : "Bien sûr que non ! Quelle idée ! (...) " Mais interrogez-les encore, pressez-les. La seconde réponse sera : "Je n'y crois pas, mais... il m'est arrivé..." Peut-être est-ce le grand désir que nous avons de croire au surnaturel qui nous rend crédules et faibles. C'est possible. Moi, je sais seulement que René qui jouait avec mes mains et mes cheveux dénoués dans l'ombre me décrivait l'allée devant la terrasse qu'il n'avait jamais vue et la forme de la pièce d'eau : "Toute ronde, maman, rond comme un sou."

Vous êtes à l'écart de la vie, vous avez raison. La vie ne peut que faire du mal, mutiler, salir, blesser (...) Mais vous qui vivez seules, n'êtes-vous pas heureuses ? Regardez-moi. Je suis seule comme vous à présent, mais non pas d'une solitude choisie, recherchée, mais de la pire solitude, humiliée, amère, celle de l'abandon, de la trahison. Je n'ai pas de métier, rien pour occuper mon coeur et distraire mon esprit.
(...) Ah ! je ne sais pas si je l'aimais ou non. C'est à peine une question d'amour. J'avais besoin d'une inflexion de voix, d'un bruit de pas, du contact de sa main sur ma nuque, de ses coups et de ses baisers. Besoin comme de pain, d'eau et de sel.
(...) lorsque la petite est née, je la nourrissais, j'avais des crevasses au sein. C'est une douleur dont tu peux à peine te faire une idée ; on dirait que l'on t'enfonce la lame d'un couteau dans le sein et qu'on coupe l'intérieur en deux comme un fruit. Et pourtant, lorsque le lait coule, mêlé de sang parfois, dans la bouche d'un petit qu'on a fait... ah ! ma pauvre Marcelle... C'est la vie, que veux-tu ? la vie toute crue.
(...) J'envie vos existences tranquilles, mais... j'ai été riche, vous comprenez, j'ai été comblée, et vous, vous n'avez jamais rien eu.

Annotation :

"Ne perdons pas notre temps en vains discours. Faisons quelque chose, pendant que l’occasion se présente ! Ce n’est pas tous les jours qu’on a besoin de nous. Non pas à vrai dire qu’on ait précisément besoin de nous. D’autres feraient aussi bien l’affaire, sinon mieux. L’appel que nous venons d’entendre, c’est plutôt à l’humanité toute entière qu’il s’adresse. Mais à cet endroit, en ce moment, l’humanité c’est nous, que ça nous plaise ou non. Profitons-en, avant qu’il soit trop tard."

"Du fond du trou, rêveusement, le fossoyeur applique ses fers. On a le temps de vieillir. L’air est plein de nos cris. Mais l’habitude est une grande sourdine. Moi aussi, un autre me regarde, en se disant, Il dort, il ne sait pas, qu’il dorme. Je ne peux pas continuer. Qu’est-ce que j’ai dit ?"

Annotation :

"Tout ce qui ne commence pas par un éblouissement n'a pas d'avenir."

"Mais il ne suffit pas d’avoir des yeux pour voir. Il faut encore cette collision inattendue : un autre — du fond du temps et de l’espace — vous donne l’usage de vos yeux."