Cover Lectures 2016 (commentées si j'ai pas trop la flemme)

Lectures 2016 (commentées si j'ai pas trop la flemme)

Liste de

23 livres

créee il y a plus de 8 ans · modifiée il y a plus de 7 ans

Manhattan Transfer
7.4

Manhattan Transfer (1925)

(traduction Maurice-Edgar Coindreau)

Sortie : 1928 (France). Roman

livre de John Dos Passos

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Il y a une élégance évidente dans l'écriture, avec cette impression de facilité, sans forcer. Le New-York du début XXème est décrit de façon très graphique, notamment dans les belles introductions de chaque chapitre : lignes verticales et horizontales, verre et acier, faubourgs et rivages... Là où c'est étrange c'est qu'on a beau graviter autour d'actrices, d'avocats, de journalistes ou de financiers, on ne sent que peu l'atmosphère frénétique et la mentalité "the show must go on" qui ont construit la ville. Les personnages apparaissent souvent résignés, plaintifs, et j'ai eu du mal à me passionner pour leurs destins, surtout que les ellipses sont assez massives. C'est une fresque d'espoirs déçus, mais sans la force tragique qu'on imaginerait en ce temps et en ces lieux.

Trajets et itinéraires de l'oubli
7.6

Trajets et itinéraires de l'oubli (2003)

Sortie : 2003 (France). Recueil de nouvelles, Science-fiction

livre de Serge Brussolo

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Une nouvelle piochée au hasard et parce que j'avais plutôt bien aimé Le syndrome du scaphandrier, du même auteur. Là encore le pitch est intriguant, avec ce décor excellent de musée-ville-labyrinthe aux oeuvres étranges, mais là encore aussi ça ne tient pas toutes ses promesses. J'ai trouvé le début assez mal écrit, surtout en enchaînant après Dos Passos, puis ça s'améliore un peu (ou on s'y fait) et j'ai pu mieux apprécier les quelques bonnes idées. Je colle un 6 parce que mes goûts persos font que je trouve les bizzareries SF rapidement kitsch, mais en même temps j'ai mis la même note à des classiques du genre type Fahrenheit 451 ou Le monde inverti.

Le Zéro et l'Infini
8.2

Le Zéro et l'Infini (1940)

Darkness at Noon

Sortie : 1945 (France). Roman

livre de Arthur Koestler

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

Un roman politique évidemment, mais sans être sec ou austère. Côté pile, un questionnement intellectionnel assez passionnant et subtil - les regrets se mêlent aux choses totalement assumées, les contradictions affleurent - qui évite le tout théorique en sachant se placer à hauteur d'hommes. Côté face, un roman carcéral qui délaisse certaines figures imposées du genre pour y chercher sa propre atmosphère : pas de luttes de pouvoir entre prisonniers mais un isolement combattu à coup de langage codé, pas de géôliers brutaux mais une guerre des nerfs et des joutes verbales orchestrées finement. Une histoire qui tenait profondément à coeur l'homme qui l'a écrit, et celà se sent.

Naufrages
7.8

Naufrages (1982)

破船

Sortie : 1999 (France). Roman

livre de Akira Yoshimura

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

L'épure des mots, palpable en seulement quelques lignes, comme pour mieux coller à ces vies rudes et élémentaires. Joli contraste entre le concret extrême de l'existence de ces villageois et, malgré tout, l'importance chez eux des rites, des superstitions, des signes et présages attribués à chaque palpitation de la nature, qui influent grandement sur l'humeur et le comportement de cette petite communauté isolée entre les vagues et les crêtes. L'épilogue moraliste finit par donner au tout des allures de conte mythologique, mais il faut sûrement voir ici la version shintoïste du karma, des causes et des conséquences entre une grande faute et le châtiment inévitable, implacable, qui finira par s'abattre.

Cinq matins de trop
7.7

Cinq matins de trop (1961)

Wake in fright

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de Kenneth Cook

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Les gens qui ne savent pas dire non, ces gros boulets. Dans un outback jamais magnifié mais toujours décrit sous l'angle de la fournaise poussiéreuse et désolée, Kenneth Cook arrive à distiller un climat trouble. Il y a toujours une pointe d'humour dans le récit, devant la loose quasi François Pignonesque de ce prof de Sydney égaré, la façon mi-désabusée mi-psychotique qu'il a de se faire balloter par les évènements, et en même temps, malgré le gîte et les verres offerts, reste toujours cette sensation que les choses peuvent déraper au milieu de ces gros bourrins matraqués par le soleil et la bibine. Bref je ne sais pas si ce bouquin est de la "nourriture pour l'esprit" comme on dit pompeusement, mais en tout cas il désaltère, un peu comme les trois binouzes que s'envoient les personnages à chaque page.
Et au fait, c'est le livre dont est adapté le film Wake in fright.

Terre d'exil, et autres nouvelles
6.8

Terre d'exil, et autres nouvelles

Sortie : 1972 (France). Recueil de nouvelles

livre de Cesare Pavese

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Un court recueil comme introduction à Cesare Pavese. Joli mélange de sensibilité et de tripes dans la plume, ça m'a plu. Au petit jeu des points communs entre les trois nouvelles, on pourrait parler d'une fièvre contenue, d'hommes tourmentés qui songent à un "ailleurs" géographique ou symbolique, qui repensent avec amertume à de mauvais coups du sort ou de mauvais choix personnels. Assez touchant donc mais dans un genre noir et désanchanté, donc je conseillerais pas la lecture avant d'écouter un solo de Thom Yorke ou après avoir vu un Haneke.

Carlota Fainberg
5.7

Carlota Fainberg

Roman

livre de Antonio Munoz Molina

VilCoyote a mis 4/10.

Annotation :

Chopé total au pif pour le prix d'1 €, sans rien savoir de l'histoire. Ça m'a déjà réservé de bonnes surprises (Avril brisé, le Pavese au dessus), là c'est juste sans étincelle, même si Molina convoque Borges à tout bout de champ pour cette histoire à la lisière entre banalité du quotidien et fantastique.

La glace
6.6

La glace

Lyod

Sortie : février 2008 (France). Roman

livre de Vladimir Sorokine

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

A priori j'ai rien contre les livres qui laissent le lecteur se forger sa propre opinion, mais ici j'aurais aimé mieux saisir le point de vue de l'auteur sur cette secte, peu importe qu'il soit accusateur ou bienveillant. L'histoire est plutôt originale, on tourne les pages en voulant savoir où tout ça nous mène, avec trois parties distinctes écrites chacune dans un style différent (des mini-chroniques sanglantes au début, une confession chaleureuse à la 1ère personne ensuite, puis un final polyphonique très oral), mais je ne suis pas certain d'avoir pigé les motivations de Sorokine à écrire tout celà. Quel est le sens de cette histoire ? Qu'est-ce qu'elle veut nous dire de fondamental, au delà de la simple succession d'évènements ? Ce flou diminue à mons sens la portée du bouquin, faisant à posteriori de sa diversité narrative des gimmicks plus qu'autre chose.

Vies minuscules
7.8

Vies minuscules (1984)

Sortie : 2 février 1984 (France). Récit

livre de Pierre Michon

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Quelle prose ! Toute en méandres, avec un sens du petit détail qui en dit long. Riche jusqu'à l'emphase parfois, mais en restant toujours viscérale. Contraste entre la simplicité des vies évoquées et le tumulte des mots qui jaillit de la plume de Michon pour les raconter. Comme c'est souvent le cas dans les recueils de nouvelles, tout ne se vaut pas. Dans les meilleurs moments, Michon parvient à saisir l'essence d'un être dans ses petits riens et à lui donner par ses mots puissants une sorte d'ampleur universelle. L'ordinaire qui devient noble en quelque sorte. Je sors du livre impressionné, et assez curieux de lire l'auteur narrer des personnages plus "grands" et éventuellement plus à même de soutenir le poids de sa prose (Les Onze ?).

Le Llano en flammes
7.8

Le Llano en flammes (1953)

El llano en llamas

Sortie : 1953 (France). Recueil de nouvelles

livre de Juan Rulfo

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Encore un recueil de nouvelles, cette fois-ci ancré dans le Jalisco mexicain des années 20, en pleine guerre civile entre l'Etat nouvellement laïc et les cristeros, rebelles chrétiens opposés au projet. Un mot qui résumerait l'ensemble : âpre. Les terres sont mauvaises, les paysans pauvres, les personnages frôlent la mort ou provoquent celle des autres. L'atmosphère rappelle un peu celle que je connais de l'œuvre de Cormac McCarthy, par sa noirceur désenchantée et ce cadre de terres brûlées par le soleil. Avec une plume plus sobre tout de même, même si celle de Rulfo ne manque pas d'intensité.

Owen Noone et Marauder
7

Owen Noone et Marauder

Sortie : octobre 2007 (France). Roman

livre de Douglas Cowie

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Rien de très grave à reprocher à l'ensemble, c'est sympa à lire, les deux membres de ce groupe de rock indé fictif des 90's sont de bons bougres, mais l'histoire ne parvient pas à s'élever au dessus de ça. La première partie manque un peu d'aspérités, et lorsqu'elles affleurent plus tard sur leur parcours ce n'est pas totalement convaincant. Le plaidoyer pour la musique pure, débarrassée des chichis du business, est d'évidence sincère, mais si vous voulez un roman rock plus intense et plus touchant allez du côté de Patti Smith et de son livre confession Just Kids.

Un sport et un passe-temps
7.4

Un sport et un passe-temps

A Sport and A Passtime

Sortie : 1967 (France). Roman

livre de James Salter

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

Très joli roman, dont l'apparente simplicité est trompeuse. Cette romance insouciante, construite à coup de virées en voiture le week-end, de sexe à l'hôtel, de petits gueuletons dans les restos, elle semble peu de chose au départ. Tout comme ces phrases courtes de Salter pour la conter, d'un ton qui semble détaché mais qui va se faire de plus en plus personnel et vibrant. La très belle idée du livre c'est ce narrateur : raconter l'histoire entre cet universitaire américain brillant et cette jolie française plus "modeste", non pas par l'un ou l'autre mais par l'ami du couple, à la fois bienveillant et envieux, qui va mêler dans son récit des évènements réels et ce qui relève aussi du fantasme ou de l'esprit qui vagabonde lorsqu'il imagine les moments où il n'était pas présent. Le tout dans une France des années 60 entre campagne et villes moyennes, croquée avec beaucoup d'amour par ces yeux de yankee .

Kampuchéa
7.3

Kampuchéa (2011)

Sortie : 1 septembre 2011.

livre de Patrick Deville

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Je pensais lire un roman mais ça a plutôt le parfum d'un essai journalistique, de la redécouverte des temples d'Angkor en 1860 à nos jours. Deville zigzague entre les lieux et les époques dans de courts chapitres dynamiques, se servant de sa remontée du Mékong pour aborder aussi bien la folie des khmers rouges que la beauté des paysages, les colonisateurs sans scrupules que les grands explorateurs humanistes amoureux des cultures lointaines. Le Cambodge, le Vietnam, le Laos, affrontements ethniques et idéologiques entremêlés, figures historiques du passé ou amitiés fugaces tissées avec les locaux lors de son séjour là-bas. Le ton, lui, est humain sans chercher l'emphase ou la dramaturgie, conservant plutôt un certain flegme teinté d'ironie et toujours une affection palpable pour cette Asie. Bref du beau boulot, qui m'a fait me connecter plusieurs fois à Internet dans l'envie d'approfondir certains points.

Chronique d'une mort annoncée
7.4

Chronique d'une mort annoncée (1981)

Crónica de una muerte anunciada

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de Gabriel García Márquez

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Fan de réalisme magique, passe ton chemin. Ici Garcia Marquez fait dans le 100% terrien sans fantaisie prophétique pour faire éclater le cadre. On retrouve tout de même un trou paumé en Colombie, condensé de moeurs villageoises : tout le monde se connaît et tout le monde sait tout sur tout le monde, les amitiés comme les haines sont souvent affaires de famille, et la bonne réputation est le bien le plus précieux. La mécanique est parfaitement huilée, tout comme le rythme du récit qui déroule cette affaire de meurtre comme une pelote de laine. Avec cette idée des coups du sort, de l'effet domino de petits hasards aux grandes conséquences. Du boulot bien mené donc, auquel il manque un petit quelque chose pour se sentir plus impliqué que ça, même si j'ai du mal à définir ce quelque chose (et du coup vous êtes pas hyper avancés, hey ouais).

Les lance-flammes
6.8

Les lance-flammes

The Flamethrowers

Sortie : 14 janvier 2015 (France). Roman

livre de Rachel Kushner

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Ce livre promettait un mélange des genres assez cool: le NY artiste des 70's, L'Italie des Brigades Rouges, la passion de la moto. Kushner papillonne plutôt bien autour des trois facettes mais sans saisir totalement le nerf de l'une d'entre elles, la faute à un récit trop sage au vu de ses sujets phares. Et ce titre, qui laissait augurer d'un brûlot, accouche plutôt d'un doux feu de cheminée qui crépite seulement par intermittence. Je voudrais pas être trop dur, il y a des fulgurances, des sensations décrites avec justesse, des tournures bien senties, issues du regard de cette héroïne justement bien plus dans l'observation que dans l'initiative. Dommage pour le manque d'urgence.

Scipion
7.2

Scipion (2008)

Escipión

Sortie : 15 janvier 2015 (France). Roman

livre de Pablo Casacuberta

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

Dès les premières mots on sent palpiter un ton personnel, la certitude qu'au minimum Casacuberta ne nous racontera pas cette histoire comme Monsieur Tout-le-Monde. Et puis un doute, quand même. Cet anti-héros geignard, il va pas nous gonfler sévère au bout d'un moment ? Réponse non, car d'une part l'humour à froid désamorçe régulièrement ce qui pourrait devenir pesant, d'autres part la clairvoyance - et l'honnêteté - avec laquelle cet homme sonde ses doutes perpétuels rendent touchants les thèmes majeurs qui ressortent de l'intrigue. Ces thèmes ce sont la filiation, le rapport au père. Le fils et donc l'enfant que l'on a été, vus à travers le prisme de l'homme que l'on est devenu depuis. Et fatalement les déceptions qui vont avec, les nôtres comme celles que nos proches nourrissent envers nous. On est pas dans la grande insouciance donc, mais encore une fois il y a des haut-les-coeurs pour éclaircir les pages.

Le Dernier Monde
6.2

Le Dernier Monde (2007)

Sortie : janvier 2007. Roman

livre de Céline Minard

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Attention Objet Littéraire Non Identifié, vous pourrez adorer comme détester. Tout ça part comme un roman de SF-enquête prenant, et Minard aurait pu continuer dans cette veine... sauf qu'un homme désormais seul sur terre, forcément ça finit par dérailler du ciboulot et virer schyzophrène. Et là le récit part dans autre chose, de tellement protéiforme que c'est inutile de vouloir le résumer en quelques lignes. Parfois jubilatoire d'inventivité, parfois touffu jusqu'à perdre le lecteur, à lui faire se demander ce qu'il vient au juste de lire 3 lignes plus haut. J'étais assez lassé à la moitié du truc honnêtement, mais Minard reprend bien la barre par la suite, en restant toujours dans une certaine folie (notre homme essaie quand même d'apprendre le "karaté shotokan" à un tatou) mais en suivant un cap qui m'a semblé alors enfin palpable. Et puis le ton est quand même souvent génial, à la fois grande gueule et érudit, trivial et mythologique.

Jack Barron et l'éternité
7.7

Jack Barron et l'éternité (1969)

Bug Jack Barron

Sortie : 1969 (France). Roman

livre de Norman Spinrad

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Je n'employerai pas le terme "brillant" mais c'est de la SF d'anticipation qui contient de bonnes idées (comme ce 3ème parti politique américain) et traite avec une juste mesure les thèmes scientifiques de la cryogénie et de l'immortalité. Intéressantes surtout, les questions morales et sociétales qu'ils soulèvent. Il y a des côtés plus cheaps avec du machisme et des scènes de cul balourdes, le style se rate un peu quand Spinrad veut trop en faire, mais les nombreuses joutes verbales sont pour le coup bien dialoguées et dynamisent ce grand jeu de manipulations et d'alliances entre médias et pouvoirs politiques. Le tout drivé par un Jack Barron à l'ambivalence XXL : showman mégalo mais soucieux des gens, tantôt tête brûlée tantôt froid comme une lame, bravache et calculateur à la fois, chevalier blanc du peuple mais... corruptible.

Corniche Kennedy
6.5

Corniche Kennedy (2008)

Sortie : 25 août 2008. Roman

livre de Maylis de Kérangal

VilCoyote a mis 6/10.

Annotation :

Un roman des débuts pour Maylis de Kerangal, avec une sorte d'épure et de modestie dans l'intrigue. Le décor et les rôles de chacun sont plantés assez rapidement, et je pense que les 180 pages n'auraient pas souffert de quelques copines en plus pour étoffer le contexte personnel des personnages principaux. Reste que la plume est vivante, et s'amuse à alterner avec un certain talent les niveaux de language. On sent le coeur aussi, l'empathie pour ses personnages, quitte à être un peu trop lyrique par moments pour décrire ce qui reste une bande d'ados qui s'éclatent à faire des plongeons dans la Méditerranée. Une histoire éclairée par de jolis passages, la célébration de petits moments d'insouciance, mais un certain manque de résonnance dans l'ensemble. Bonus : ça se passe à Marseille, et ça c'est bien.

Projection privée
6.2

Projection privée

Ndibijuaru Purojekushon

Sortie : mai 2000 (France). Roman

livre de Kazushige Abe

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Chez les japonais contemporains, je n'avais lu que Ryu Murakami. Verdict : Kazushige Abe est moins barje, mais ça se joue pas à grand chose non plus. Yakuzas, bastons de rue, formation d'espionnage branquignole pour étudiants sortis du système, une bonne dose de vice à tous les étages... l'univers et l'esprit ressemblent à l'idée que je me fais du ciné de Sono Sion. Les évènements peuvent virer au nawak mais la plume reste nippone par son laconisme, altéré simplement par le language familier du narrateur. Mélange de pics de violence et de suspense série B, Projection privée devient plus intriguant lorsqu'à force d'informations de seconde main, de pièces de puzzle manquantes et d'évènements incohérents, le héros ne sait plus ce qu'il peut croire et se met même à douter de ce qu'il a pu voir de ses propres yeux. Une façon pour Abe, si j'ai bien compris, de prôner la lucidité de l'esprit au sein de nos sociétés saturées d'informations, afin d'y trouver sa voie ('fin j'en suis pas sûr, vu que c'est fait à travers l'exégèse d'une chanson de Julio Eglesias o_O).

Le Chant du monde
7.7

Le Chant du monde (1934)

Sortie : 16 mai 1934 (France). Roman

livre de Jean Giono

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

"Le chant du monde" et son fameux soin apporté à décrire la faune, la flore et les éléments. Là où c'est fort c'est que ça n'empêche pas l'histoire d'être dense, ça y participe même. C'est que Giono n'est pas un contemplateur béat de la nature. Il la dépeint complexe, hissée bien au delà du rang de simple décor, sans cesse personnifiée à travers ces personnages qui en ont une perception ultra-sensorielle, sur-naturelle justement. Le roman se révèle à la fois terrien et ample, calme et puissant dans son aspect primitif, là où les hommes parlent peu mais leurs mots résonnent. Comme dans "Un roi sans divertissement" il y a aussi un vrai talent à faire surgir l'action, à mener des scènes haletantes où la mort ne se contente plus de planer au dessus des têtes mais fait enfin irruption avec fracas.

Fortune
6.8

Fortune (1913)

Chance

Sortie : 1913. Roman

livre de Joseph Conrad

VilCoyote a mis 8/10.

Annotation :

Et bien figurez-vous que Teodor Józef Konrad Korzeniowski était un excellent conteur d'histoire. Ouais ! A travers la voix d'un Marlow bienveillant et roublard à la fois, mais aussi celle d'un jeune marin pur et loyal, c'est ici un subtil portrait de femme qui se dessine. En relief aussi, l'étude des petits hasards aux grandes conséquences, des rencontres bonnes ou mauvaises. La difficulté d'accorder sa confiance. Conrad délaisse dans un premier temps les flots pour la campagne semi-bourgeoise, pas si feutrée qu'elle en a l'air, avant de plonger ses personnages dans un huit-clos, celui d'un navire étouffant de non-dits. Forcément, l'abcès finira par crever, et le ciel jusqu'ici bien gris s'éclaircira au moment où le passé rejoindra le présent, pour se conclure sur une note apaisée.

Les Grands
7

Les Grands

Sortie : 28 août 2014 (France). Roman

livre de Sylvain Prudhomme

VilCoyote a mis 7/10.

Annotation :

Un mélange de réalité et de fiction dans cette histoire du Super Mama Djombo, groupe mythique né dans la jeune Guinée-Bissau indépendante des années 70. Les premières pages sont agréables, sans que l'on soit happé d'emblée, et puis on réalise qu'on s'imprègne de plus en plus de ces personnages fanfarons et pudiques à la fois, de leurs amitiés, de leur sixième sens pour la musique et le rythme. Il y a une douceur et une élégance simple dans la façon dont c'est raconté, en mélangeant flashbacks de la génèse du groupe et temps présent. Sylvain Prudhomme aime l'Afrique et y a vécu. Sa plongée dans la méconnue Guinée-Bissau a le parfum authentique du récit qui sait aborder le folklore en le dépassant malgré tout, évoquer les maux du pays en adoptant une sorte de fatalisme local, et restituer par des détails l'ambiance des rues, des conversations, des états d'esprit qui la composent.

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