Le chant et ses pouvoirs dans la littérature

Où il est question de chant, de sirènes, de cantatrices ... Liste non exhaustive. Vos propositions sont les bienvenues!

Bon, je vais limiter le nombre de poètes, parce que sinon ...

Liste de

28 livres

créee il y a environ 10 ans · modifiée il y a presque 9 ans

Odyssée
8

Odyssée

(traduction Victor Bérard)

Odýsseia

Sortie : 1924 (France). Mythes & épopée

livre de Homère

Shâhin a mis 10/10.

Annotation :

"Viens, Ulysse fameux, gloire éternelle de la Grèce
arrête ton navire afin d'écouter notre voix !
Jamais aucun navire noir n'est passé là
sans écouter de notre bouche de doux chants.
Puis on repart, charmé, lourd d'un plus lourd trésor de science.
Nous savons en effet tout ce qu'en la plaine de Troie
les Grecs et les Troyens ont souffert par ordre des dieux,
nous savons tout ce qui advient sur la terre féconde"

Un artiste de la faim
8.2

Un artiste de la faim (1922)

tous les textes parus du vivant de Kafka - 2

Ein Hungerkünstler

Sortie : 1990 (France). Recueil de nouvelles

livre de Franz Kafka

Shâhin a mis 10/10.

Annotation :

Mais Joséphine chante-t-elle ou couine-t-elle ?

Poèmes et légendes
7.2

Poèmes et légendes

Poésie

livre de Heinrich Heine

Shâhin a mis 9/10.

Annotation :

"Die schönste Jungfrau sitzet
Dort oben wunderbar,
Ihr goldenes Geschmeide blitzet,
Sie kämmt ihr goldenes Haar,

Sie kämmt es mit goldenem Kamme,
Und singt ein Lied dabei;
Das hat eine wundersame,
Gewaltige Melodei.

Den Schiffer im kleinen Schiffe,
Ergreift es mit wildem Weh;
Er schaut nicht die Felsenriffe,
Er schaut nur hinauf in die Höh'.

Ich glaube, die Wellen verschlingen
Am Ende Schiffer und Kahn,
Und das hat mit ihrem Singen,
Die Lorelei getan."

Les Métamorphoses
7.7

Les Métamorphoses (8)

(traduction Georges Lafaye)

Metamorphōseōn

Sortie : 2009 (France). Poésie

livre de Ovide

Shâhin a mis 10/10.

Annotation :

"Tandis qu'il parlait, s'accompagnant des accords de sa lyre,
il arrachait des larmes aux âmes exsangues ; Tantale cessa
de saisir l'onde toujours fuyante et la roue d'Ixion s'immobilisa,
les vautours ne rongèrent plus leur foie, les Bélides laissèrent
leurs urnes, et toi, Sisyphe, tu t'assis sur ton rocher.
Ce fut la première fois, dit la tradition, que se mouillèrent de larmes
les joues des Euménides, vaincues par son chant ; l'épouse du roi
ni non plus le roi des Enfers, n'ont le coeur de repousser sa prière.
Ils appellent Eurydice. Elle se trouvait parmi les Ombres arrivées
récemment, et elle s'avança d'un pas ralenti par sa blessure."

"Il était une colline, et sur la colline, une plaine très ouverte,
surface toute verdoyante grâce au gazon qui la couvrait.
Le lieu manquait d'ombre. Aussitôt que le poète né des dieux
s'y fut assis et eut touché les cordes de sa lyre,
et le bois des Héliades, et le chêne vert aux hautes frondaisons,
l'ombre survint : l'arbre de Chaonie était là,
et les tendres tilleuls, et le hêtre, et le laurier toujours vierge
(...)
Telle était la forêt attirée par le poète, assis au centre
d'une assemblée de bêtes sauvages et d'une foule d'oiseaux."

"Toi, Orphée, les oiseaux affligés, la foule des bêtes,
les durs rochers, les forêts qui souvent ont suivi ton chant,
tous t'ont pleuré. L'arbre, dépouillé de son feuillage, cheveux rasés,
a pris ton deuil ; les fleuves mêmes racontent qu'ils se sont gonflés
de leurs propres larmes ; les Naïades et les Dryades couvrirent
leurs voiles de couleur sombre et laissèrent flotter leurs cheveux.
Les membres d'Orphée sont dispersés en divers lieux ; toi, l'Hèbre,
tu as recueilli sa tête et sa lyre, et par miracle, sa lyre,
glissant au milieu du fleuve, émet une sorte de sanglot plaintif ;
sa langue sans vie murmure, plaintive, et, plaintives, les rives répondent.
(...)
L'ombre d'Orphée se glisse sous terre et il reconnaît tous les lieux
qu'il avait vus avant ; puis, la cherchant dans les champs réservés
aux êtres pieux, il découvre Eurydice et la serre dans ses bras avides.
Tantôt tous deux, accordant leurs pas, se promènent en ce lieu ;
tantôt, il la suit et elle le précède ; tantôt il marche le premier,
et sans crainte désormais, Orphée se retourne et regarde son Eurydice."

La Promenade
7

La Promenade (1917)

Der Spaziergang

Sortie : 1987 (France). Roman

livre de Robert Walser

Shâhin a mis 9/10.

Annotation :

"La chanson que chantait la petite paraissait être d'un genre tout à fait joyeux et heureux. Les notes retentissaient comme le bonheur lui-même, le jeune et innocent bonheur de vivre et d'aimer; elles s'élançaient, comme des figures d'anges aux ailes allègres immaculées comme la neige, vers le ciel bleu, d'où elles paraissaient ensuite retomber pour mourir en souriant. Cela ressemblait à une mort de chagrin, à une mort causée peut-être par une joie trop grande, à un excès de bonheur dans l'amour et la vie, à une impossibilité de vivre à force de se représenter la vie avec trop de richesse, de beauté et de délicatesse, si bien qu'en quelque sorte l'idée subtile et débordante d'amour et de bonheur qui venait envahir l'existence avec exubérance semblait trébucher, basculer et s'effondrer sur elle-même".

Suite à ce passage, est employé l'adjectif "mozartien". Walser avait tout pigé.

La République
7.4

La République

(traduction Georges Leroux)

Politeía

Sortie : 22 juin 2016 (France). Essai, Philosophie

livre de Platon

Annotation :

Les sirènes règlent de leur chant l'harmonie des sphères.

" Sur le haut de chaque cercle se tient une Sirène qui tourne avec lui en faisant entendre un seul son, une seule note; et ces huit notes composent ensemble une seule harmonie. Trois autres femmes, assises à l'entour à intervalles égaux, chacune sur un trône, les filles de la Nécessité, les Moires, vêtues de blanc et la tête couronnée de bandelettes, Lachésis, Clôthô et Atropos, chantent, accompagnant l'harmonie des Sirènes, Lachésis le passé, Clôthô le présent, Atropos l'avenir. Et Clôthô touche de temps en temps de sa main droite le cercle extérieur du fuseau pour le faire tourner, tandis qu'Atropos, de sa main gauche, touche pareillement les cercles intérieurs. Quant à Lachésis, elle touche tour à tour le premier et les autres de l'une et de l'autre main. "

Les Argonautiques
7.9

Les Argonautiques

Argonautiká

Poésie

livre de Apollonios de Rhodes

Annotation :

"Depuis, transformées en des monstres moitié femmes et moitié oiseaux, elles étaient retirées sur un lieu élevé, près duquel on pouvait facilement aborder. De là, portant de tous côtés leurs regards, elles tâchaient d'arrêter les étrangers qu'elles faisaient périr en les laissant consumer par un amour insensé. Les Argonautes, entendant leurs voix, étaient près de s'approcher du rivage, mais Orphée prenant en main sa lyre, charma tout à coup leurs oreilles par un chant vif et rapide qui effaçait celui des Sirènes, et la vitesse de leur course les mit tout à fait hors de danger. Le seul Butés, fils de Téléon, emporté tout d'abord par sa passion, se jeta dans la mer, et nageait en allant chercher une perte certaine, mais la déesse qui règne sur le mont Éryx, l'aimable Vénus, le retira des flots et le transporta près du promontoire Lilybée"

Le Songe d'une nuit d'été
7.8

Le Songe d'une nuit d'été (1600)

(traduction Jean-Michel Déprats)

A Midsummer Night's Dream

Sortie : 27 mars 2003 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

Shâhin a mis 10/10.

Annotation :

Titania et sa "train of Fairies", Acte II, scène 2.

"TITANIA

Come, now a roundel and a fairy song;
Then, for the third part of a minute, hence;
Some to kill cankers in the musk-rose buds,
Some war with rere-mice for their leathern wings,
To make my small elves coats, and some keep back
The clamorous owl that nightly hoots and wonders
At our quaint spirits. Sing me now asleep;
Then to your offices and let me rest.

The Fairies sing

You spotted snakes with double tongue,
Thorny hedgehogs, be not seen;
Newts and blind-worms, do no wrong,
Come not near our fairy queen.
Philomel, with melody
Sing in our sweet lullaby;
Lulla, lulla, lullaby, lulla, lulla, lullaby:
Never harm,
Nor spell nor charm,
Come our lovely lady nigh;
So, good night, with lullaby.
Weaving spiders, come not here;
Hence, you long-legg'd spinners, hence!
Beetles black, approach not near;
Worm nor snail, do no offence.
Philomel, with melody, & c."

La Chartreuse de Parme
7.3

La Chartreuse de Parme (1839)

Sortie : 1839 (France). Roman

livre de Stendhal

Annotation :

L'histoire avec la Fausta etc.

Essai sur l'origine des langues
6.6

Essai sur l'origine des langues (1781)

Sortie : 1781 (France). Essai, Philosophie

livre de Jean-Jacques Rousseau

Shâhin a mis 8/10.

Annotation :

"On nous fait du langage des premiers hommes des langues de géomètres, et nous voyons que ce furent des langues de poëtes."

"(...) l'origine des langues n'est point due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la cause qui les écarte vînt le moyen qui les unit. D'où peut donc venir cette origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les pre¬mières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s'en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître : mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accens, des cris, des plaintes. Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passion¬nées avant d'être simples et méthodiques. "

"AVEC les premières voix se formèrent les premières articulations ou les premiers sons, selon le genre de la passion qui dictait les uns ou les autres. La colère arrache des cris menaçans, que la langue et le palais articulent : mais la voix de la tendresse est plus douce, c'est la glotte qui la modifie, et cette voix devient un son ; seulement les accens en sont plus fréquens ou plus rares, les inflexions plus ou moins aiguës, selon le sentiment qui s'y joint. Ainsi la cadence et les sons naissent avec les syllabes : la passion fait parler tous les organes, et pare la voix de tout leur éclat ; ainsi les vers, les chants, la parole, ont une origine commune. Autour des fontaines dont j'ai parlé, les premiers discours furent les premières chansons : les retours périodiques et mesurés du rhythme, les inflexions mélodieuses des accens, firent naître la poésie et la musique avec la langue ; ou plutôt tout cela n'était que la langue même pour ces heureux climats et ces heureux temps, où les seuls besoins pressans qui demandaient le concours d'autrui étaient ceux que le cœur faisait naître."

Hélène
7.5

Hélène

Ελένη / Elenē

Théâtre

livre de Euripide

Annotation :

"HÉLÈNE
Quelles douleurs cruelles ai-je à déplorer ! À quel genre de lamentations m'abandonner ? quels accents ferai-je entendre ? des sanglots, des chants funèbres ou des cris de désespoir ? Vierges ailées, filles de la Terre, Sirènes mélodieuses, venez accompagner mes gémissements avec le son plaintif du chalumeau ou de la flûte libyenne ; que vos larmes soient en accord avec mes maux déplorables, vos douleurs avec mes douleurs, vos chants avec mes chants ; que Proserpine envoie des chœurs lugubres répondant à mes lamentations, afin que dans le séjour ténébreux l'époux que je pleure reçoive avec joie nos hymnes en l'honneur des morts."

Voyage de Mozart à Prague

Voyage de Mozart à Prague

Sortie : novembre 1991 (France).

livre de E. Mörike

Shâhin a mis 9/10.

Annotation :

Le passage où Eugénie, accompagnée par Mozart, chante un air du Mariage de Figaro.

"Dès qu'elle eut fini de chanter [Mozart] s'approcha d'elle et, à sa manière cordiale et sans affectation, lui dit : "Ma chère enfant, que dire sinon que votre chant est égal au soleil généreux qui se fait aimer pour lui-même en accordant ses bienfaits à tout le monde ! En écoutant une telle mélodie, notre âme se réjouit et sourit comme un tout petit qui, heureux dans son bain, s'y plaît et semble ne rien connaître de meilleur au monde !"

La Divine Comédie
8.2

La Divine Comédie (1321)

(traduction Jacqueline Risset)

Divina Commedia

Sortie : 1321 (France). Littérature & linguistique, Poésie

livre de Dante Alighieri

Shâhin a mis 10/10.

Annotation :

"Ainsi, tournoyant à son rythme,
je vis chanter cette substance
sur qui double lumière s'assemble ;
puis toutes se murent accordées à sa danse
et, comme étincelles très rapides,
me furent voilées par soudaine distance"
Paradis, VII

"Dans la cour du ciel, d'où je reviens,
se trouvent des joyaux si précieux et si beaux
qu'on ne peut les porter hors du royaume ;
Tels étaient les chants de ces lumières
(...)
Lorsque, chantant ainsi, ces ardants soleils
eurent tourné trois fois autour de nous,
comme étoiles proches des pôles fixes,
ils me semblèrent dames non déliées de la danse,
mais s'arrêtant, en silence, à l'écoute,
pour recueillir le son des notes nouvelles".
Paradis, X

"(...) ainsi je vis la splendeur éclatante
venir vers les deux qui tournaient en mesure
comme il convenait à leur ardant amour.
Elle se mit là dans le chant et la danse,
et ma dame tenait sur elle son regard,
comme une épousée silencieuse, immobile"
Paradis, XXV

"Du premier jour où je vis son visage
en cette vie, jusqu'à cette vision,
le cours de mon chant n'a pas été rompu ;
mais il faut à présent que cesse ma poursuite
derrière sa beauté, en poésie,
comme tout artiste a sa limite"
Paradis, XXX

Mrs. Dalloway
7.3

Mrs. Dalloway (1925)

(traduction Marie-Claire Pasquier)

Sortie : 1994 (France). Roman

livre de Virginia Woolf

Shâhin a mis 9/10.

Annotation :

Le chant de la mendiante. L'un des plus beaux passages du roman

"A song interrupted him; a frail quivering song ...".
http://gutenberg.net.au/ebooks02/0200991h.html

Oh les beaux jours
6.9

Oh les beaux jours (1961)

Happy Days

Sortie : 1963 (France). Théâtre

livre de Samuel Beckett

Shâhin a mis 8/10.

Annotation :

La pièce se clot sur une chanson.

Par ailleurs, mais ça vaut pour toutes ses oeuvres, Beckett aimait beaucoup Schubert, dont les lieder lui ont inspiré certains textes tels que "Quoi où", "Nacht und Traüme" ...

Romances sans paroles
7.8

Romances sans paroles (1874)

Sortie : 1874 (France).

livre de Paul Verlaine

Annotation :

Ariettes oubliées.

La Tempête
7.8

La Tempête (1611)

(traduction Pierre Leyris)

The Tempest

Sortie : 1611 (Royaume-Uni). Théâtre

livre de William Shakespeare

Annotation :

Le chant d'Ariel

La Dernière Bande
7.2

La Dernière Bande (1958)

suivi de : Cendres

Krapp's Last Tape

Sortie : 22 mars 1960 (France). Théâtre

livre de Samuel Beckett

Shâhin a mis 7/10.

L'Arc-en-ciel de la gravité
8.1

L'Arc-en-ciel de la gravité (1973)

Gravity's Rainbow

Sortie : 1975 (France). Roman

livre de Thomas Pynchon

L'Art de jouir
7.5

L'Art de jouir (1751)

Sortie : 1751 (France). Essai, Philosophie

livre de Julien Offray de La Mettrie

Shâhin l'a mis en envie.

Annotation :

Merci à Mr-fox pour cette proposition et le choix de cette citation!

"Qu’entends-je! Le Dieu du chant serait-il descendu sur la Terre! Quels sons! Quel désespoir! Quels cris! Nouvel Atis, aimable Jéliote, sers-toi de tout l’empire que tu as sur les cœurs sensibles : non, jamais la puissance d’Orphée n’égala la tienne ! Et toi, frêle et surprenante machine, qui n’as point été faite pour penser, le Maure remercie l’amour de t’avoir organisée pour chanter; tu ravis nos âmes par les sons de ta voix!"

Aphrodite
8

Aphrodite (1896)

Mœurs antiques

Sortie : 1896 (France). Roman

livre de Pierre Louÿs

Shâhin l'a mis en envie.

Annotation :

Merci à Mr-Fox

"Alors Chrysis se mit à sourire et dit à l'Hindoue :

«Chante-moi.»

Elle se tenait assise et cambrée dans son fauteuil de marbre. Ses épingles faisaient un rayonnement d'or derrière sa face. Ses mains appliquées sur sa gorge espaçaient entre les épaules le collier rouge de ses ongles peints, et ses pieds blancs étaient réunis sur la pierre.

Djala, accroupie près du mur, se souvint des chants d'amour de l'Inde :

«Chrysis...»

Elle chantait d'une voix monotone.

«Chrysis, tes cheveux sont comme un essaim d'abeilles suspendu le long d'un arbre. Le vent chaud du sud les pénètre, avec la rosée des luttes de l'amour et l'humide parfum des fleurs de la nuit.»

La jeune fille alterna, d'une voix plus douce et lente :

«Mes cheveux sont comme une rivière infinie dans la plaine, où le soir enflammé s'écoule.»

Et elles chantèrent l'une après l'autre.

«Tes yeux sont comme des lys d'eau bleus sans tiges, immobiles sur des étangs.
- Mes yeux sont à l'ombre de mes cils comme des lacs profonds sous des branches noires.

- Tes lèvres sont deux fleurs délicates où est tombé le sang d'une biche.
- Mes lèvres sont les bords d'une blessure brûlante.

- Ta langue est le poignard sanglant qui a fait la blessure de ta bouche.
- Ma langue est incrustée de pierres précieuses. Elle est rouge de mirer mes lèvres.

- Tes bras sont arrondis comme deux défenses d'ivoire, et tes aisselles sont deux bouches.
- Mes bras sont allongés comme deux tiges de lys, d'où se penchent mes doigts comme cinq pétales.

- Tes cuisses sont deux trompes d'éléphants blancs, qui portent les pieds comme deux fleurs rouges.
- Mes pieds sont deux feuilles de nénufar sur l'eau ; mes cuisses sont deux boutons de nénufar gonflés.

- Tes seins sont deux boucliers d'argent dont les pointes ont trempé dans le sang.
- Mes mamelles sont la lune et le reflet de la lune dans l'eau.

- Ton nombril est un puits profond dans un désert de sable rosé, et ton bas-ventre un jeune chevreau couché sur le sein de sa mère.
- Mon nombril est une perle ronde sur une coupe renversée, et mon giron est le croissant clair de Phoebé sous les forêts.»

La Logeuse
7

La Logeuse

Хозяйка (Khozaïka)

Sortie : 1847 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

Shâhin l'a mis en envie.

Annotation :

Merci à Mr-Fox

"Soudain une voix chanta. C’était une harmonie comparable à ces musiques intérieures familières à l’âme aux heures de joie. Tout près de lui, presque au-dessus de sa tête, la voix claire et ferme de Catherine chantait une chanson douce et monotone. La voix montait, s’abaissait, puis expirait en une plainte, comme si elle s’absorbait en l’angoisse intime d’un désir inassouvi, maîtrisé, dérobé sans issue au fond d’un cœur languissant. Puis elle reprenait en roulades de rossignol, parfait symbole d'une invincible passion, et s'épandait en une mer d'harmonies puissantes comme les premières heures de l'amour. On distinguait aussi les paroles, simples, sentimentales, merveilleusement appropriées à la mélodie. Mais Ordinov les oubliait. La musique seule touchait. Au simple et naïf récital, il substituait d'autres paroles qui répondaient mieux aux détours cachés, - cachés à lui-même ! - de sa propre passion, des paroles toutes pleines d'elle ! Et c'était tantôt le dernier gémissement de la passion sans espérance, tantôt, au contraire, le cri de joie du cœur qui a enfin brisé ses chaînes et se livre, libre et serein, à un noble amour. Et tantôt, c'étaient les premiers serments de l'amante, la pudeur parfumée des premières rougeurs, l'éclair des larmes, et les chuchotement mystérieux et timides ; tantôt le désir stérile d'une vestal, orgueuilleuse et joyeuse de sa force, sans voiles, sans mystères, et qui, avec un rire lumineux, ouvre largement ses yeux enivrés...

Ordinov n'attendit pas la fin de la chanson, il se leva, et la chanson s'interrompit."

La Femme et le Pantin
7.8

La Femme et le Pantin (1898)

Sortie : 1898 (France). Roman

livre de Pierre Louÿs

Shâhin l'a mis en envie.

Annotation :

Merci à Mr-Fox

C’est alors que je remarquai dans un coin, en face de moi, une petite fille qui chantait.
(...)
Tout le wagon savait déjà qu’elle était élève au couvent de San José d’Avila, qu’elle se rendait à Madrid, qu’elle allait retrouver sa mère, qu’elle n’avait pas de novio et qu’on l’appelait Concha Perez.
Sa voix était singulièrement pénétrante. Elle chantait sans bouger, les mains sous le châle, presque étendue, les yeux fermés ; mais les chansons qu’elle chantait là, j’imagine qu’elle ne les avait pas apprises chez les sœurs. Elle choisissait bien, parmi ces coplas de quatre vers où le peuple met toute sa passion. Je l’entends encore chanter avec une caresse dans la voix :

Dime, nina, si me quieres ;
Por Dios, descubre tu pecho…

ou :

Tes matelas sont des jasmins,
Tes draps des roses blanches,
Des lis tes oreillers,
Et toi, une rose qui te couches.

Je ne vous dis que les moins vives"

Portrait de l'artiste en jeune homme
7.7

Portrait de l'artiste en jeune homme (1916)

(traduction Savitzky et Aubert)

Dedalus, or Portrait of the artist as a young man

Sortie : 1992 (France). Roman, Autobiographie & mémoires

livre de James Joyce

Shâhin a mis 9/10.

La Garden-party et autres nouvelles
7.5

La Garden-party et autres nouvelles (1922)

The Garden Party and Other Stories

Sortie : 1922 (France). Recueil de nouvelles

livre de Katherine Mansfield

Shâhin a mis 8/10.

Sur les bords de l'Issa
7.8

Sur les bords de l'Issa (1955)

Dolina Issy

Sortie : 1956 (France). Roman

livre de Czesław Miłosz

Shâhin a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Trois femmes, suivi de Noces
7.5

Trois femmes, suivi de Noces

Drei Frauen

Sortie : 1924 (France). Recueil de nouvelles

livre de Robert Musil

Shâhin a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

La Conscience de Zeno
7.7

La Conscience de Zeno (1923)

La Coscienza di Zeno

Sortie : 1954 (France). Roman

livre de Italo Svevo

Shâhin a mis 9/10.

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