la beauté du concept

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Gianni Motti
"Mani Pulite"
En 2005, une savonnette est fabriquée à partir de la graisse provenant d'une liposuccion effectuée par le premier ministre Silvio Berlusconi dans une clinique suisse. Le clan Berlusconi et ses adeptes nient virulemment la provenance de la matière. La polémique s’arrête lorsque Gianni Motti propose de mettre à disposition un échantillon du savon pour procéder à un test ADN.

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Nedko Solakov
"The Deal"
En 2002, Nedko Solakov convertit 1000 couronnes danoises en dollars américains dans une banque de la petite ville de Herning. Ces dollars sont rechangés en couronnes danoises puis, à nouveau, en dollars américains, et ainsi de suite jusqu'à ce que l'argent soit englouti dans les commissions et autres taux de change. Des étudiants en économie filment la scène.

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Michael Elmgreen & Ingar Dragset
"How are you today" (2002)
L'espace de la galerie Massimo de Carlo est apparemment vide, à l'exception d'une échelle de chantier et, au plafond, d'une petite ouverture juste assez grande pour passer la tête. L'échelle permet de grimper jusqu'à une petite bulle transparente, installée au sol de la cuisine d'un appartement milanais typique, habité par une dame affable qui reçoit de temps à autre ses amis. Pour Elmgreen et Dragset, « au siècle dernier, on s'est efforcé de créer un environnement architectural totalement neutre pour présenter les œuvres d'art, ce qui est évidemment impossible. Il suffit de réorganiser les éléments même de ces espaces pour remettre en question leur neutralité. »

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Julien Prévieux
"Lettres de non-motivation"
Depuis 2000, Julien Prévieux répond par la négative à des offres d’emploi récoltées dans la presse. L’auteur endosse divers rôles pour argumenter son refus. Les réponses des entreprises, automatiques ou personnalisées, alimentent le dialogue.

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Ducha
"Laranja" (2000)
Au moment où les piétons traversent une large avenue de Rio de Janeiro, Ducha laisse tomber comme par inadvertance un sac d'oranges au milieu de la chaussée. Des passants l'aident à ramasser les fruits qui roulent dans toutes les directions, tandis que les voitures redémarrent, produisant un moment de confusion dans la circulation. L'ensemble est filmé depuis un gratte-ciel proche.

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Pawel Althamer
"Film"
En 2000, sur une place animée de Ljubljana, Pawel Althamer met en scène un scénario incluant un vieil homme assis sur un banc, un musicien, deux adolescentes, un sans-abris, un skater, un policier et un jeune couple qui s'embrasse. La pièce n'est pas signalée et est suffisamment banale pour passer inaperçue. Elle se déroule tous les jours pendant trois mois, ce qui laisse à certains habitants le temps de s'en apercevoir.

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Santiago Sierra
"Remunerated for a Period of 360 Consecutive Hours"
En 2000, Santiago Sierra engage une personne pour vivre derrière un mur dans le lieu de l'exposition, vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant quinze jours.

"160cm tatuadas sobre quatro personas"
Sierra embauche quatre prostituées pour leur tatouer un trait horizontal sur le dos et leur donne en échange une somme leur permettant de se procurer de l'héroïne.

"Muro de une galeria arrancado, inclinado a 60 grados del suelo y sostenido por 5 personas"
Pendant cinq jours, un mur est soutenu cinq heures d'affilée par quatre intérimaires qui le maintiennent à soixante degrés par rapport au sol, tandis qu'un cinquième vérifie l'exactitude de l'angle d'inclinaison, chacun étant payé 65 dollars.

« L'emploi de personnes repose sur leur abondance et leur disponibilité sur le marché ; je les utilise comme un autre matériau. Elles peuvent être classées, modifiées, tatouées, etc. Le seul but de ces actions du point de vue des travailleurs est la rémunération versée en échange de leurs efforts, qui indemnise leur travail physique éreintant et de l'abandon de la libre disposition de leur corps. »

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Roberto Cuoghi
(sans titre)
Depuis 1998, alors qu'il a 25 ans, Roberto Cuoghi s'est glissé dans la peau de son père, imitant sa manière de parler, sa gestuelle, sa façon d'être. Il s'est physiquement transformé pour lui ressembler, s'est laissé pousser la barbe et a pris 15 kg. Il a adopté les mêmes vêtements, la même alimentation et les mêmes lunettes. (Cela ne correspond pas aux besoins d'institutions culturelles telles que les musées ou les galeries. Cuoghi ne se considère pas comme une sculpture vivante ou un spectacle, et les photographies qui montrent sa transformation ne sont pas des œuvres d'art.)

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Gianni Motti
"ONU"
Le 7 novembre 1997, Gianni Motti s’infiltre à l’ONU et prend part à la 53ème session de la Commission des Droits de l’Homme. Il prend la place du délégué indonésien absent ce jour-là. Au moment du vote de la 48ème résolution concernant les minorités ethniques, Motti intervient en faveur de ces dernières. Suite à cette prise de parole, les représentants indoaméricains et des différentes ethnies se rallient aux propos du "délégué indonésien" et quittent l’assemblée. La séance est momentanément suspendue.

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Jens Haaning
"Turkish Jokes"
En 1994, sur une place du centre d'Oslo, Jens Haaning installe un haut-parleur qui diffuse des histoires drôles en turc. Contrairement aux norvégiens qui ne comprennent pas cette langue, les immigrés turcs de la ville s'esclaffent.

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Yann Toma
"Ouest Lumière"
En 1991, Yann Toma découvre l'ancienne usine Ouest-Lumière, entreprise à l'origine d'EDF qui a arrêté ses activités en 1946 au moment de la nationalisation. L'usine, construite par Gustave Eiffel, commence alors à être démolie. Luttant contre sa disparition, Yann Toma en sauve certains objets : ampoules, compteurs ou encore dossiers administratifs d'ouvriers. Durant plus de trois années, il collecte et classe les archives de l'entreprise. En 1993, Yann Toma rachète à l'Institut National de Protection Industrielle le nom et la marque Ouest Lumière, et se réapproprie les restes de l'administration pour s'autoproclamer président à vie de l'entreprise. Tout ce qu'il réalise est désormais déclaré produit dérivé de la marque.

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Gianni Motti
"Revendications"
En 1986, la navette Challenger explose dans le ciel de Floride. Gianni Motti contacte les agences de presse et revendique l’explosion. Le 28 juin 1992, la terre tremble en Californie. L’artiste avise l’agence Keystone et se déclare responsable de la secousse. En 1994 et 1996, l’artiste récidive et affirme être l’auteur des deux tremblements de terre survenus dans la région Rhône-Alpes. L’information est relayée par l’AFP.

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Gregor Scheider
"Haus u r"
Depuis 1985, Gregor Schneider transforme perpétuellement la maison qu'il a hérité de son père. Il déplace les murs de façon aberrante, ajoute des pièces à l'intérieur des pièces existantes, obstrue des fenêtres et construit un dédale d'escaliers, de sols et de recoins.

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Cildo Meireles
"Incerçôes em circuitos ideologicos"
En 1970, Cildo Meireles imprime des slogans antiaméricains sur des bouteilles de Coca-Cola en verre réutilisables, puis les remet en circulation.

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Robert Barry
"Inert Gas Series : Argon (from a measured volume to indefinite expansion)"
Le 4 mars 1969, sur une plage de Californie, Robert Barry envoie un litre d'argon dans l'atmosphère.

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John Baldessari
"California Map Project"
En 1969, John Baldessari transpose dans le paysage réel les dix lettres du mot "CALIFORNIA" en respectant l’endroit où elles sont imprimées sur une carte des États-Unis. Sur chaque site, il construit une lettre monumentale avec les moyens naturels à disposition aux alentours.

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Oscar Bony
"La Familia obrera"
En 1968, Oscar Bony demande à une famille d'ouvriers de se tenir sur un socle, comme une œuvre d'art, durant les heures ouvrables d'une exposition à Buenos Aires. On peut lire sur le cartel : "Luis Ricardo Rodriguez, ouvrier dans la métallurgie, touche le double de ce qu'il gagne pour son travail habituel en étant ainsi exposé, avec sa femme et son fils, pendant la durée de l'exposition".

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Mel Bochner & Robert Smithson
"The Domain of the Great Bear"
En 1966, Robert Smithson et Mel Bochner éditent une brochure proposant une visite guidée du muséum d'histoire naturelle et du planétarium de New York. Le fascicule met en relation ces institutions humaines avec les phénomènes naturels et cosmiques qu'elles mettent en scène.

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John Latham
"Art & Culture"
En 1966, John Latham emprunte "Art & Culture" de Clément Greenberg à la bibliothèque de la faculté où il enseigne. Cet ouvrage défend les principes de la peinture moderniste et de l'expressionnisme abstrait. Latham propose ensuite à des connaissances de mâcher les pages du livre de Greenberg, puis il conserve ce qui en est recraché dans une fiole avec du dissolvant. Lorsqu'il rend à la bibliothèque un bocal muni de l'étiquette "Art & Culture", la faculté le licencie.

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Hans Haacke
"Cube de condensation"
En 1963, Hans Haacke fabrique une série de cubes en plexiglas de dimensions variables, partiellement remplis d'eau et hermétiquement fermés. L'éclairage chauffe l'intérieur, l'eau s'évapore et se condense. Selon Haacke « le processus de condensation est sans fin. La boîte change lentement mais constamment d'apparence. Les conditions sont comparables à celles d'un organisme vivant qui réagit en fonction de l'environnement. »

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Robert Morris
"Déclaration de retrait esthétique"
En 1963, suite au non-paiement d'une sculpture par un collectionneur, Robert Morris fait certifier par un huissier un document dans lequel il déclare ôter toute valeur esthétique à l'œuvre en question.

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Akasegawa Genpei
"L'incident du billet de 1000 yens"
En 1963 la police japonaise ne parvient pas à mettre le main sur le faussaire d'un billet de 1000 yens. Le numéro de série est bientôt connu du public. Akasegawa fabrique des faux du faux, comportant le même numéro de série, mais dont un seul côté est imprimé. Il utilise ces faux billets comme cartons d'invitation pour une exposition. Un soir, un inconnu essaie d'utiliser l'un des billets ainsi imprimés et la police en est avertie. Elle remonte jusqu'à Akasegawa, fait une perquisition chez lui et découvre les faux. Il s'ensuit un procès qui fait beaucoup de bruit, où l'artiste est défendu par des historiens de l'art et des critiques reconnus. Lors du procès, une démonstration de quatre heures explique les intentions de l'artiste. Son procès dure six ans et il est finalement condamné en 1970.

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Robert Morris
"Card File"
En 1962, Robert Morris réalise et expose un fichier-répertoire mural contenant des fiches classées par ordre alphabétique sur lesquelles sont notées les étapes nécessaires à la conception et à la fabrication de l'objet lui-même. Il répertorie et classe de nombreux détails par catégories, tels que le lieu où les fiches ont été achetées et leur prix, les aléas du processus, le fait que l'idée soit née à la bibliothèque municipale de New York, etc.

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Robert Rauschenberg
"Erased De Kooning Drawing"
En 1953, Robert Rauschenberg efface un dessin de Willem De Kooning.
« Au début il n'aimait pas tellement l'idée ; mais il avait bien compris, et au bout d'un moment il acquiesça. Il sortit un carton de ses dessins et commença à les passer en revue. Il en tira un, le regarda et dit : "Non, je ne vais pas vous faciliter les choses. Ce doit être quelque chose qui me manquera". Il sortit alors un autre carton, l'examina et me donna finalement un dessin que j'emportais chez moi. Ce ne fut pas facile du tout. Le dessin avait été fait avec une mine dure, mais grasse aussi, et il m'a fallu travailler dur dessus, utiliser toute sorte de gommes. Mais en fin de compte, cela a vraiment bien marché, j'aimais le résultat. Cela me parut une œuvre d'art tout à fait légitime, obtenue à partir d'un effaçage. Ainsi le problème était résolu, et ce n'était pas la peine de recommencer. »

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Marcel Duchamp
"Fontaine"
En 1917, la Société des artistes indépendants de New York organise sa première exposition à l'Armory Show. Le principe : tout envoi sera exposé, car il n'y a "ni jury, ni récompense". Marcel Duchamp envoie un urinoir sous le nom et la signature de "R. Mutt", ce qui suscite le désaccord des organisateurs malgré le principe de départ. L'objet n'est pas refusé mais escamoté le jour de l'inauguration. Avant de disparaître, l'urinoir est photographié par Alfred Stieglitz sous la demande de Marcel Duchamp, qui s'en sert pour illustrer la couverture de la revue dans laquelle il divulgue anonymement l'affaire. Des répliques de l'objet certifiées par l'artiste sont exposées depuis les années 1960.

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Marcel Duchamp
"Porte-bouteille"
En 1914, Marcel Duchamp acquiert un porte-bouteille au rayon quincaillerie du Bazar de l’Hôtel-de-Ville, puis le dépose dans son appartement. « Ce choix était fondé sur une réaction d’indifférence visuelle, assortie au même moment à une absence totale de bon ou mauvais goût. » Il écrit à sa sœur en 1916 : « J'avais acheté ça comme une sculpture toute faite. [...] Prends pour moi ce porte-bouteille. J'en fais un "Readymade" à distance. Tu inscriras en bas et à l'intérieur du cercle en bas, en petites lettres peintes avec un pinceau à l'huile en couleur blanc d'argent, l'inscription que je vais te donner ci-après, et tu signeras de la même écriture comme suit : "[d'après] Marcel Duchamp". »