Koud'kokoro pour l'boulot - Bouquins

Mini papiers sensés donner envie, faire la promo, vendre le truc quoi, et donc sans recherche d'originalité, analyse prise de tète ou obligation de slalomer entre ce qui a déjà été dit, redit et écrit mille fois... Et puis de l'auto-recyclage à la James Horner aussi, hein, tant qu'à faire...

Liste de

13 livres

créee il y a environ 1 an · modifiée il y a 6 mois

La Naissance de la tragédie
7.7

La Naissance de la tragédie (1872)

Die Geburt der Tragödie aus dem Geiste der Musik

Sortie : 11 février 1986 (France). Essai, Philosophie

livre de Friedrich Nietzsche

Annotation :

C’est l’été, les griffes du quotidien se relâchent : et si on en profitait pour se prendre un peu ? beaucoup ? passionnément ? la tête avec tonton Nietzsche ?

1872. Premier essai d’importance de son auteur, La Naissance de la tragédie prend pour sujet et point de départ de ses réflexions l’art emblématique de la Grèce antique. À travers les origines qu’il lui suppose, et plus largement à toute forme d’expression symbolique, il creuse nos pulsions les plus profondes, anticipe la psychanalyse et amorce sans prendre de gants sa grande entreprise de déconstruction des valeurs fondamentales de l’Occident. Excusez du peu.

Apollon et Dionysos donc, les deux dieux qui, selon lui, représentent notre rapport double à l’Art : le premier lié au monde des images (les formes), le deuxième à « l’esprit de la musique », porte d’accès privilégiée, parce qu’intuitive, à l’« abîme de l’être ». Le dionysiaque, pour le dire autrement, serait un puits sans fond vers notre inconscient, et l’apollinien ce qui traduirait tout ce qui en sort de terrible et de sublime, pour donner naissance à la tragédie, entre autre…

N.B. : pour un exemple d’application de ce rapport double à l’Art, cf. cette critique (
https://www.senscritique.com/film/midsommar/critique/199475725) du terriblement sublime film d’Ari Aster : Midsommar !

06/2020

Moby Dick

Moby Dick (1851)

(Traduction Henriette Guex-Rolle)

Moby-Dick; or, The Whale

Sortie : 1970 (France). Roman, Voyage, Aventures

livre de Herman Melville

Toshiro a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un monstre de roman pour les arrimer tous, les harponner, les engloutir, et dans l’écume de sa lecture… les faire méditer sur tout un tas de choses !

« Appelez-moi Ismaël… » : en voilà une célèbre introduction. Mais qui pour aller au-delà et s’attaquer à ce Léviathan de la littérature américaine ? Bien sûr, le grand classique d’Herman Melville est ce qu’on appelle une « bible » - et au format baleine s’il vous plaît. Mais quel plaisir à la dévorer ! Une lecture difficile ? L’ensemble est composite et troué de nombreuses digressions philosophique, certes. Mais quelle authenticité dans le détail documentaire ! quel pouvoir évocateur ! quels personnages truculents : des seconds faits chevaliers et harponneurs écuyers, hommes de l’Est, de l’Ouest et du Sud, amérindien, noir, quaker ou cannibale : tous dans le même bateau !

Quoi, vous n’avez pas le pied marin ?! Mais Moby Dick, c’est tellement plus qu’un récit maritime. Moby Dick, c’est une odyssée de l’Amérique. Moby Dick, c’est la condition humaine, la démocratie, le capitalisme, la mélancolie… Bref, un mythe moderne ! Et plus particulièrement celui du très shakespearien capitaine Achab, homme de fer et d’ivoire poursuivant sa maudite baleine comme s’il avait déclaré la guerre à l’Univers entier…

Et puis, comme pour tout mythe, il y a ici autant de lecteurs que de lectures possibles, y compris celle consistant à simplement se laisser bercer par le noble art du conteur…

08/2020

James Cameron, l'odyssée d'un cinéaste
7.7

James Cameron, l'odyssée d'un cinéaste (2017)

Sortie : 31 mars 2017 (France). Essai, Biographie, Cinéma & télévision

livre de David Fakrikian

Toshiro a mis 8/10.

Annotation :

Une biographie haute en couleur de J.C. : cinéaste démiurge, écolo-féministe guerrier et plus grande terreur des bilans comptables hollywoodiens !

De sa jeunesse entre dessin et lectures SF compulsives au développement de premières images de synthèse photoréalistes, de ses débuts sur l’inénarrable Piranha 2 : Les Tueurs volants à sa descente dans la Fosse des Mariannes, en passant par ses multiples mariages, documentaires, coups de sang et coup de com, délires mégalo et tournages apocalyptiques, plongez dans la carrière mouvementée d’« Iron Jim » en compagnie de David Fakrikian, plus grand connaisseur du Monsieur en France.

Et pour cause, ayant compilé depuis 1984 une impressionnantes somme d’informations de première main (dont les propres pognes d’Arnold !), le journaliste livre ici une bible abyssale - en soi digne des meilleurs dossiers du Mad Movies de la grande époque. Un travail d’une richesse documentaire on ne peut plus roborative donc, mais aussi une passionnante story à l’américaine, se lisant comme un page turner et carburant aux anecdotes parmi les plus truculentes de l’histoire du cinéma !

Un exemple ? Comment le futur « cinéaste océan », alors modeste esclave chez le pape du film fauché Roger Corman, aurait découvert comment faire gigoter des asticots dans une marre de faux sang en y mettant le courant... Et comment un obscur producteur italien alors en visite sur le plateau, témoin du « miracle », lui aurait offert son premier poste de réalisateur… Cocasse, non ? Mais totalement vrai dans l’enchaînement des faits, hmm, ça c’est une autre histoire...

Celle en l’occurrence du plus ricain des canadiens, « king of the world » et « bourrin virtuose » passé maître dans l’art de jouer avec sa propre légende - laquelle trouve ici un prolongement complice. De quoi, à défaut de parler avec les arbres, nous faire patienter jusqu’à son retour aux affaires...

See you on Pandora.

03/2021

Apocalypse cognitive
7.2

Apocalypse cognitive

Sortie : 6 janvier 2021 (France). Culture & société, Essai, Sciences

livre de Gérald Bronner

Toshiro a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ceci est une Révélation !

Vous souvenez-vous de la fameuse punchline d’Idris Elba dans Pacific Rim : « Today, we are cancelling the Apocalypse !» ? Bah, avec à peine moins d’ambition, c’est un peu le projet de Gerald Bronner ici : nous donner les moyens de conjurer une forme d’apocalypse certes assez peu hollywoodienne, mais consistant tout de même en l’abandon progressif de nos esprits aux puissances ô combien addictives du « marché cognitif » - ou de l’attention.

Comprenons nous bien : ce passionnant essai n’a rien d’un mauvais augure technophobe, pas plus que ledit marché n’a à voir avec une quelconque théorie du complot. Non ! Homme de science et rationaliste jusqu’au bout des ongles, Gerald Bronner est d’abord et avant tout un sacré vulgarisateur, dont la grande pédagogie et le sens du storytelling le situeraient quelque part entre Jamie Gourmaud et Rafik Djoumi. Nous rappelant le sens originel du mot « apocalypsis » (révélation ), il nous révèle de fait à quel point la révolution numérique et sa conséquence directe - la dé-régularisation des échanges par écrans interposés aux quatre coins du globe - constitue une véritable rupture anthropologique.

Imaginez : un cerveau façonné par environ 300 000 ans de survie soudain confronté à une sorte de miroir grossissant ses traits les plus disgracieux. « Peur », « sexe », « conflictualité », « ego », « narcissisme »… : autant de domaines synonymes d’alarmes dans notre matière grise parce qu’autrefois étroitement liés à notre survie en tant qu’animal social. Aujourd’hui, nous explique le sociologue chiffres à l’appui, ces circuits-réflexes se voient retournés contre nous. Comment ? Par leur conversion, au moyen d’« appâts cognitifs » disséminés sur tous nos écrans, en capital attentionnel. Véritable manne dans un écosystème toujours plus précisément calibré pour appuyer sur ces leviers-là (les plus faciles à monétiser), quitte à faire tourner en bourrique notre système de récompense.

Résultat : avant même qu’on ne s’en soit rendu compte, voilà notre précieux temps de cerveau vampirisé. Sans parler de cet autre phénomène, effet pervers de sollicitations collant toujours plus près à nos supposés désirs : ces bulles ou « chambres d’échos » enfermant pernicieusement chaque individu connecté dans SA réalité, et par là-même virtuellement en guerre contre toutes les autres. Le Big Data du XXIe siècle comme le pétrole du XXe ? [...]

2021

Michael Mann
8.4

Michael Mann (2021)

Mirages du contemporain

Sortie : 22 septembre 2021. Essai, Cinéma & télévision

livre de Jean-Baptiste Thoret

Toshiro a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Il est un des dieux du cinéma américain, et Jean-Baptiste Thoret est le plus frenchy de ses prophètes.

« Or c’est par le surf que Mann accède à nos abîmes. »

Voilà concentrés en quelques mots évocateurs - presque un aphorisme - tout le paradoxe de l’auteur de Collateral. Un cinéaste chez qui hyperréalisme rime avec abstraction, faisant de chaque images la projection d’un état d’âme particulier dans l’atmosphère nocturne d’une mégapole - In the Air Tonight pour paraphraser Phil Collins. Le fait que, percuté de plein fouet un jour de 1995 par un film cathédral nommé Heat, Jean-Baptiste Thoret se sera laissé le temps de les digérer, ces images. Résultat, 26 ans plus tard ? Un magnum opus : par son « montage » et sa finesse d’analyse comme dans cette façon (typique de la patte Thoret) de passionner quoiqu’il raconte.

Passé entre temps à la réalisation de documentaires et à la direction de la collection Make My Day chez Studio Canal, l’inénarrable historien du cinéma reste celui (le seul ?) qui aura trouvé les mots pour coller à l’indicible du cinéma de Michael Mann, du plus iconique des plans océaniques à la surface vibrante d’une Ferrari filmée au raz du bitume. Un cinéma à la fois en retard et en avance sur le Temps, explique-t-il, tant ses protagonistes ont toujours un œil dans le rétro et l’autre vissé sur la l’horizon, tiraillés qu’ils sont entre un « programme vital » et un autre, « existentiel ». En somme, une œuvre à la perspective double, intensément réflexive et fondamentalement romantique. Du Manhunter à Miami Vice en passant par Le Dernier des Mohicans, Ali ou encore Révélations : pas un seul métrage du Monsieur qui, de fait, ne questionne l’envers de ses mirages, le sentiment d’aliénation qui va avec et la hantise diffuse d’obscurs puissances à la manœuvre derrière.

Le livre l’apprendra peut-être à ceux qui ne voient encore en lui qu’un « pubard » issu des bling-bling 80’s, mais Mann est en réalité un intellectuel biberonné au radicalisme de la Nouvelle Gauche. Son logiciel politique ? Marxiste. Oui, au cœur même de l’usine à rêves hollywoodienne ! Héritier des contre-cultures des années 60-70, il puise aux sources philosophiques les plus pointues : Carl Gustav Jung, Gabriel García Márquez, Henry David Thoreau, Herbert Marcuse, etc. Tandis que le cinéma expressionniste allemand, sa grande culture picturale et sa passion pour l’architecture constituent sa matrice plastique. De quoi mieux comprendre une œuvre [...]

2021

Corps Politiques, Le sport dans les luttes des Noirs américains pour l'égalité depuis le XIXe siècle

Corps Politiques, Le sport dans les luttes des Noirs américains pour l'égalité depuis le XIXe siècle (2020)

Sortie : 18 juin 2020. Histoire, Culture & société, Essai

livre de Nicolas Martin-Breteau

Toshiro a mis 8/10.

Annotation :

Fictions des races et performances de corps

« Les performances de Jesse Owens ébranlèrent ce que la population blanche considérait être une évidence : la supériorité physique des ‟Caucasiens”, notamment ceux d’origine ‟anglo-saxonne”. La période de l’entre-deux-guerres vit ainsi le début du retournement du discours sur l’inaptitude ‟naturelle” des Noirs pour le sport vers un discours sur leurs dons athlétiques ‟innés”. »

Et si la lutte pour l’égalité raciale aux État-Unis n’avait pas commencé dans les années 1950 avec le mouvement pour les droits civiques, ni ne s’était limitée à la seule question juridique ? Voilà grosso modo la thèse du dernier ouvrage de Nicolas Martin-Breteau, historien français spécialiste de l’histoire afro-américaine.

Longtemps avant le fameux rêve de Martin Luther King, il y aurait eu ces « corps politiques » des athlètes Jack Johnson, Lucy Slowe, Joe Louis, Anita Gant et autre Jackie Robinson. Et puis ces lycée (Dunbar) et université (Howard) où, dans les années 1910-1930, des pionniers tels qu’Edwin Henderson auraient initié plusieurs générations à la stratégie de l’ « élévation de la race » par le sport. Avant qu’une autre génération, celle d’Harry Edwards, du Black Power et des ghettos noirs en flamme, en dénonce les limites, les mirages et les effets pervers.

L’angle retenu par l’auteur est aussi original que pertinent : c’est le sport, en tant que vitrine idéale de la démocratie libérale américaine, mais aussi comme miroir grossissant de son hypocrisie et son « racisme institutionnel ». Se concentrant sur Washington, longtemps la première ville noire du pays, Nicolas Martin-Breteau fait presque œuvre de micro-histoire, détaillant ces nombreuses institutions où les classes moyennes et supérieures afro-américaines de la première moitié du XXe siècle auront patiemment posé les jalons des luttes autrement plus radicales et populaires des années 1960-70.

Soit une remarquable façon de montrer que, derrières les points gantés de Tommie Smith et John Carlos au J.O. de 1968, l’odyssée de Mohamed Ali ou plus récemment le genoux à terre de Colin Kaepernick, il y a toute une histoire à redécouvrir. Et elle est ici aussi documentée que passionnante, rigoureuse dans la méthode qu’accessible dans l’écriture !

02/2022

Survivre à Hollywood
7.8

Survivre à Hollywood

Just Tell Me When To Cry

Sortie : 11 mai 2021 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Richard Fleischer

Toshiro a mis 8/10.

Annotation :

« Il est presque impossible de parler de l'industrie cinématographique sans faire rire tout le monde. Plus le désastre et grand, plus les gens se marrent. [...] Mais derrière la folie et l'étrangeté se cachent autre chose : le regard d'un homme qui connaît les ficelles du métier et les secrets du milieu.»

Ainsi Richard Fleischer présente-t-il son «Just tell me when to cry», titre original de ses mémoires écrites en 1993 et aujourd'hui, près de 20 plus tard, enfin traduites en français. Où l'histoire d'un regard en ayant vu de toutes les couleurs en presque 50 ans de carrière (de 1940 à 1989). Un regard taillant les costards au scalpel, mais toujours avec tendresse. Parce que le Monsieur était une crème d'homme à l'acuité remarquable: s'il n'avait pas rencontré le cinéma, il serait devenu psy ou dessinateur de presse.

Lecture bizarrement très feel good, le récit de ses mésaventures derrières nos écrans de lumière et de fumée est à mi chemin entre le train fantôme et le conte voltairien. Tyrans des studios (Walt Disney, Howard Hughes), funambules de l'ébriété (Rex Harrison, Robert Mitchum), couple pathétique (Darryl Zanuck & Juliette Gréco), star constipée (John Wayne) et autres monstres de talents (Orson Welles, Kirk Douglas) y défilent entre enfer du développement, poulpe récalcitrant et chef d'oeuvre voué aux gémonies.

On savait l'auteur de 20 000 lieues sous les mers, Barabbas et Mandingo un immense cinéaste. Il était en fait plus que ça: un conteur-né ainsi qu'une très belle personne.

10/2022

Lénine a marché sur la lune
7.2

Lénine a marché sur la lune

La folle histoire des cosmistes et transhumanistes russes

Sortie : 12 janvier 2022 (France). Essai

livre de Michel Eltchaninoff

Toshiro a mis 8/10.

Annotation :

Ressusciter les morts et coloniser l’espace : nom de Zeus ! mais qui a eu cette idée folle ?!

De Jésus Christ à Jules Vernes, il y a comme qui dirait un gouffre, qu’un obscur bibliothécaire marchant sur la tète à défaut de sur la Lune à un jour décider de sauter, armé de sa seule foi d’orthodoxe mystique.

Nikolaï Fiodorov, qu’il s’appelait. Et devinez quoi ? Des années 1870 à aujourd’hui, ses lubies n’ont cessées de se répandre avec ses héritiers, inspirant le programme spatial soviétique, grossissant sous la glace de l’URSS, avant d’exploser en milles et unes variantes dans les années 1990. De quoi donner à boire et à manger à un peu tout le monde : d’Andreï Tarkovski à Vladimir Poutine en passant par la Silicon Valley et Interstellar.

Une histoire aussi invraisemblable que passionnante, que nous conte ici avec un grand soucis de vulgarisation Michel Eltchaninoff, très fin connaisseur de l’histoire de la pensée russe. Et un livre qui arrive à l’heure, tant cette nébuleuse « cosmiste » est fondatrice pour la Russie contemporaine. Et même au-delà, tant certains de « ses » thèmes nourrissent aujourd’hui les débats sur notre rapport à la Terre, berceau qu’il s’agirait pour certains de quitter, pour d’autres d’envisager comme un organisme vivant dont nous serions responsable.

Mais pas de prise de tète, hein : si ça vous démange sous l’occiput, c’est bon signe, vos neurones vous remercient simplement pour votre curiosité.

09/2022

Introduction à l'hindouisme

Introduction à l'hindouisme (2021)

Textes fondateurs - Philosophies - Grands Maîtres

Sortie : 2021 (France). Philosophie, Culture & société, Art de vivre & spiritualité

livre

Toshiro a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Que vous vous soyez récemment mis au yoga, ayez atteint le nirvana devant le dernier film de James Cameron ou soyez adepte du développement personnel, difficile de ne pas avoir été en contact, un jour ou l’autre, avec certains pans de la tradition indienne, même si passée au filtre de la mondialisation, bien sûr.

Dharma, karman, samsâra, Kali et Shiva, Bhraman et âtman, avatars de Vishnou et autres devas : peut-être vous demandez-vous ce que signifient tous ces mots exotiques croisés ici sur Youtube ou là dans tel article sur une société aussi occulte qu’influente. Dans quel contexte ces notions sont-elles nées ? Et quel sens leur accordait-on dans l’antiquité, au moyen-âge ou encore à l’époque de Gandhi ?

Autant de questions auxquelles répond ici Ralph Stehly. Ex universitaire spécialisé dans l’histoire des religions, le Monsieur est aussi pédagogue que fin connaissance des textes et pratiques à l’origine de ce qu’on appelle aujourd’hui l’hindouisme. Soit un ensemble millénaire de traditions et de croyances, de récits mythologiques et philosophiques, ou encore de rites et autres pratiques ascétiques parmi les plus originaux de l’histoire.

Un joyeux bazar en vérité, et ce pour un raison toute simple : dans cet univers là, le « ET » a longtemps primé sur le « OU », nous explique l’auteur. Ce qui d’un point de vu d’occidental obsédé par les frontières (entre la nature et la culture, le bien et le mal, le rationnel et l’irrationnel, etc.) peut paraître bien étrange. Mais rassurez-vous, tout au long de ce passionnant voyage aux sources de bien de choses, Ralph Stehly ne vous lâchera jamais la main.

01/2023

À la recherche d'une autre Genèse

À la recherche d'une autre Genèse (2022)

Anthropologie de l'"irrationnel"

Sortie : 27 octobre 2022. Document, Essai, Culture & société

livre de Wiktor Stoczkowski

Toshiro a mis 9/10.

Annotation :

« La théorie des Anciens Astronautes transforme les dieux de nos religions en êtres naturels […] Mais la réduction des dieux des religions à des êtres venus de l’espace s’accompagne en retour d’une divinisation des extraterrestres […] »

Ainsi peut-on résumer le sujet et la thèse de Wiktor Stoczkowski dans À la recherche d’une autre Genèse. Ce passionnant travail de vulgarisation s’intéresse en effet aux extraterrestres, mais pas à ceux qui peuplent sans doute l’univers sans que l’humanité ait la moindre chance de les croiser un jour. Non. On parle là des petites hommes verts, Ovnis, Grands Anciens, Ingénieurs et autres fantasmes qui peuplent depuis des décennies voire des siècles notre imaginaire.

Pourquoi un tel intérêt, de la part d’un anthropologue tout ce qu’il y a de plus sérieux ? Parce que, précisément, quasi aucun universitaire, du haut de toute sa « savance » pour parler comme dans Cloud Atlas, n’a jamais pris au sérieux cette croyance moderne. Enfin moderne, moderne… : façon de parler. Car en remontant aux racines antiques de celle-ci, l’auteur met à jour un sacré arbre généalogique, dont la spécificité serait qu’il a toujours poussé sous terre, autrement dit au nez et à la barbe de cette rationalité dont on se gausse tant.

Là où cette histoire gagne d’ailleurs en intérêt - outre cette impression de tomber dans le terrier du lapin avec Alice - c’est que la rationalité y a justement toute sa place. En montrant à quel point les pères et mères de la théorie des Anciens Astronautes et ses ancêtres occultes (gnosticisme, théosophie, anthroposophie, etc.) se souciaient de rendre scientifiquement crédibles leur mythologie à la Stargate, Wiktor Stoczkowski nous invite a soulever le capot de notre propre raison contemporaine.

Est-elle si pure et immaculée qu’on le pense ? N’y a t’il pas une part de religion dans la façon dont accepte certaines vérités (en économie par exemple) à la façon de dogmes ? Bien sûr, loin de ce livre l’idée de remettre en cause les apports des Lumières et de la Révolution Scientifique ; mais juste de tendre un miroir à l’homme moderne, singe savant à peine tombé de l’arbre et se comportant parfois, force est de constater, comme une grosse pomme.

Une lecture qui, à défaut d’être toujours facile, fait du bien sous l’occiput.

02/2023

Boniments
6.9

Boniments (2023)

Sortie : 13 janvier 2023. Essai

livre de François Bégaudeau

Toshiro a mis 7/10.

Annotation :

"Cet automate ne branle rien !

C’est le client qui trime, ajoutant deux tâches à sa gamme traditionnelle - tirer les produits des rayons, les porter dans le panier, les déposer sur le tapis, sortir la carte bleue, taper le code. L’automate, c’est moi."

Exemple parmi d’autres du même tonneau, cette saillie synthétise assez bien l’approche critique de François Bégaudeau, ici comme dans son podcast co-animé avec « l’homme qui n’a pas de prénom » : La gêne occasionnée. Le Monsieur peut parfois agacer à force de sarcasmes et autosatisfaction un peu vaine. Mais force est de lui reconnaître un sacré talent dans l’art de tirer le tapis sous les pieds des « évidences » et autres actes de paresse intellectuelle.

Il faut dire que ça fait quelques décennies qu’il l’aiguise, sa plume acerbe. Passé par les Cahiers du Cinéma, Trafic ou encore l’émission Le Cercle de Canal +, François Bégaudeau est un esprit critique à l’ancienne, du genre poil à gratter à la grille de lecture anarco-marxiste - et sourcilleux sur le sens des mots ! Parce qu’il vit d’autres activités (romancier, scénariste, réalisateur, parolier et chanteur dans un groupe punk rock), jamais a-t-il à se poser la question : alors sur qui je tire ? (et surtout ne tire pas).

Aussi ne comptez pas sur lui pour vous proposez des alternatives ce qu’il moque. L’auteur d’"Entre les murs" et "Histoire de ta bêtise" se contente de dézinguer les plus retorses manifestations du régime capitaliste. Au menu de ce petit essai donc : la rhétorique libérale. Celle d’une « femme puissante », d’un pharaon qui « assume », la liberté... des flux, les gens de « gaute » et de « droiche », etc... Ou comment faire le partage entre ce qui est à moitié vrai et à moité faux dans les raccourcis quotidiennement mis sur le marché du prêt-à-penser. Ce qui, dans un monde ayant réduit au silence les Guignoles de l’Info, est une question d’hygiène mentale.

Et puis si ça vous démange sur les bord voire même vous irrite bien au centre, bah c’est que ça fait effet.

05/2023

Indiana Jones - Explorateur des temps passés
7.1

Indiana Jones - Explorateur des temps passés

Sortie : 28 avril 2022 (France). Essai

livre de Romain Dasnoy

Toshiro a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Alors qu’à 80 balais, ses mandales décrochent toujours aussi bien les mâchoires, tonton Indy se voit enfin offrir une biographie digne de son aura so pulp. Et ce dans un style aussi fluide que le contenu est dense (336 p. tout de même !), sans parler du joli travail éditorial signé Third Éditions.

Oui, vous avez bien lu, Indiana Jones : explorateur des temps passés n’est pas juste un making of particulièrement bien documenté. C’est la synthèse de toute une vie d’aventures fictionnelles, industrielles et artistiques. Bien avant le mariage pour tous, Henry Walton Jones Jr. (1899- …) est né des amours de nombreux pères, chacun ayant écrit un bout de son parcours entre la fin des années 1970 et nos jours. De quoi nourrir un véritable univers étendu à l’ombre de celui de Star Wars. Films, comics, romans, jeux vidéos, bandes originales et même une série (Les Aventures du jeune Indiana Jones - 1992-93) : le phénomène est transmédia.C’est que l’odyssée de l’archéologue au chapeau Fédora a pour carte la frénétique histoire du XXe siècle. De la révolution mexicaine à l’opération Plumbbob en passant par l’Angleterre des suffragettes, les tranchées de Verdun ou le Congo belge : Indy a cette faculté d’être toujours au mauvais au mauvais moment, comme si un X l’y attirait à chaque fois à la façon d’un trésor, avant de se refermer sur lui tel un piège tapissé de « gâteaux secs »… C’est là son ADN, dont le programmateur est quant à lui seul est unique, j’ai nommé George Walton Lucas Jr. (1944 - …).

Voilà en tout cas la thèse de Romain Dasnoy aka le MacGuffin Maker sur Youtube. Indy serait ce concentré de pop culture et témoin de l’Histoire que Steven Spielberg et Harrison Ford auraient su incarner avec juste ce qu’il faut de burlesque et de second degré pour lui donner des airs d’oncle génial auquel on pardonne tout - y compris de surfer sur l’imaginaire colonial.

En prime, un chapitre entier est consacré à l’écriture musicale de la saga par John Williams - dont l’auteur est l’un des plus fins connaisseurs en France. Grand merci à lui !

06/2023

Africa Unite !
7.6

Africa Unite !

Une histoire du panafricanisme

Sortie : 23 octobre 2014 (France). Essai

livre de Amzat Boukari-Yabara

Toshiro a mis 8/10.

Annotation :

Une histoire connectée des Africain(e)s et Afro-descendant(e)s.

« De Londres à Monrovia, de Kingston à Accra, de New-York à Dar es Salaam, d’Alger à La Havane ou à Rio de Janeiro, l’esprit panafricain a irrigué les Africains, du continent comme de la diaspora. Un réseau s’est formé qui a remporté, par les mots ou par les armes, de belles victoires contre le racisme, le colonialisme et l’apartheid. Mais la lutte est loin d’être terminée [...] »

Historien et militant béninois, Amzat Boukari-Yabara résume ainsi le panafricanisme : lignage d’abolitionnistes, penseurs, artistes ou encore chefs d’États ayant entre la fin du XVIIIe siècle et nos jours porté le projet d’une Afrique recollant les morceaux de son histoire. Ce fut d’abord le « retour » sur le continent d’anciens esclaves, avec la création des colonies du Liberia et de la Sierra Leone ; ensuite le lent cheminement vers les indépendances ; et enfin, faute de la naissances des États Unis d’Afrique rêvés par Kwame Nkrumah et à défaut de l’Afrotopia de Felwine Sarr, l’approfondissement d’une conscience partagée (des élites aux peuples) et d’une philosophie de la relation à l’autre, au-delà des révolutions déçus, luttes intestines, plans d’ajustement structurels du FMI, et de la persistance des impérialismes.

Trésors de connaissances rendues accessibles par sa structure et la langue limpide de son auteur, ce livre lève le voile sur un bouillonnement d’idées trop méconnues en Europe. Contre-histoire du colonialisme, Africa Unite est aussi un kaléidoscope de sacrées personnalités : W.E.B. Du Bois, Marcus Garvey, Fela Kuti, Miriam Makeba, Julius Nyerere, Amílcar Cabral, Steve Biko, etc.

Et pour qui n’aurait pas le temps pour pareille lecture, cette conférence de Sarah Fila-Bakabadio sur le même sujet ne lui coûtera qu’une petite cinquantaine de minutes de sa vie :
https://urlr.me/zm4qM

10/2023

Toshiro

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