Cover Journal de Bord - Cinéma (2019)

Liste de

248 films

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a 14 jours

Rio Grande
6.9

Rio Grande (1950)

1 h 45 min. Sortie : 17 août 1951 (France). Western, Romance

Film de John Ford

Alifib a mis 8/10.

Annotation :

01/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

J'aime beaucoup la première partie du film, tout ce qui se passe avant l'attaque des Apaches, on est au cœur de ce qui me touche le plus chez Ford, des petites scénettes tantôt comiques, tantôt mélancoliques, à l'émotion pudique, digne, à la lisière des contradictions de son auteur. Daney disait, à propos de Ford que le plan fordien durait juste le temps qu’il fallait pour que le spectateur puisse prendre la mesure de ce qu'il y à voir. C'est qu'il y a, il me semble, deux choses dans le plan fordien : l'explicite (le cadre général, admirable de composition) et l'implicite (des petits détails, placements, déplacements de personnages, changements sur un visage, ombre, lumières...) dans lesquels se nichent si ce n'est une dialectique, au moins une force mélancolique. C'est - par exemple - ici dans ce film l'admirable scène d'introduction, où on y voit à la fois par la force évidente du cadre captant le retour de la cavalerie, la gloire si ce n'est l'éloge de la cavalerie et en même temps sur ces visages, ces blessés, ces femmes apeurées, l'absurdité de celle-ci, un dégoût du but même d'une armée ; « je hais ce qui fait d'un bon soldat, un bon soldat » dit Maureen O'Hara à un moment du film. Ou encore, dans ce qui est pour moi le plus beau plan du film, les contradictions entre les aspirations, les obligations professionnelles et les désirs familiaux, sentimentaux : John Wayne et sa femme Maureen O'Hara assistent à une sérénade que Wayne semble avoir commandé à la cavalerie - bien que celui-ci le nie dans toute sa maladroite pudeur. Il y a un mouvement tout simple du visage et du buste de Maureen O'Hara, elle se rapproche tout doucement du torse droit et fier de son mari (dont les mains maladroites trahissent ce qui n'est qu'une posture), elle tente, en vain, de l'extirper de ses obligations de colonel, en un simple regard. Il y a dans ce plan, à la fois le tendresse de Ford pour les désirs de Maureen O'Hara (qui sont ceux cachés de Wayne), mais aussi le respect et l'attache à ce que représente l'armée. Merveille de l'idéalisme fordien à la fin du film : les deux penchants, les deux aspirations, se réconcilient.

Le Fils du désert
7

Le Fils du désert (1948)

3 Godfathers

1 h 46 min. Sortie : 17 novembre 1950 (France). Western, Drame

Film de John Ford

Alifib a mis 7/10.

Annotation :

02/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

La longue parabole religieuse sur la rédemption, aux allures tragiques permettant de rejoindre et - d'enfin - vivre dans le monde idéaliste fordien aperçu au début du film. Je trouve le film un peu inégal, parfois un peu trop forcé, cabotin, notamment dans les scènes avec le bébé ou dans ses symboles, mais il y a des choses formidables : Ford qui pendant la traversée du désert - rédemptrice - ne va parfois filmer que les pieds et les ombres en mouvement au lieu de regarder les personnages bien en face, les plans larges sur le désert et l'imagerie très forte qui se crée lors de la tempête de sable ou à la toute fin du chemin de John Wayne.

L'Homme qui tua Liberty Valance
8

L'Homme qui tua Liberty Valance (1962)

The Man Who Shot Liberty Valance

2 h 03 min. Sortie : 3 octobre 1962 (France). Western

Film de John Ford

Alifib a mis 10/10.

Annotation :

03/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

C'est un des films les plus commentés et analysés de l'histoire du cinéma, il y a un tous un tas de conférences et de littérature sur celui-ci, alors à quoi bon répéter tout ce qui a été dit. Et puis de toute manière le film est si riche, dialectique, pétri de contradictions et d'hésitations que cet espace ne s'y prête pas. J'ai cependant l'impression qu'on réduit trop souvent le film à un film d'idées, de concepts, à quelque chose de très théorique, c'est vrai en un sens, mais c'est oublier tous ces moments de profonde mélancolie fordienne, voire d'amertume. Il y a tout à un de scènes qui m'ont ému mais en vrac : le léger travelling au tout début du film sur Halie et Appleyard invoquant pour la dernière fois (dans le cinéma de John Ford ? ) un passé idéal(isée), l'escale devant la maison abandonnée (où l'émotion y est tangible alors que nous ne connaissons pas encore l'histoire), les moments de légèreté en cuisine, l'abnégation de Doniphon et en particulier ce plan où Stoddard retrouve la foule qui l'acclame : la porte se ferme laissant Doniphon partir seul, oublié de l'histoire qu'il a construite mais Ford digne et humaniste, lui, ne l'oublie pas - et nous non plus. Ou encore le regard de Stoddard à la fin du film qui porte toute l'ambiguité et lé mélancolie du film.

Les Cheyennes
7.2

Les Cheyennes (1964)

Cheyenne Autumn

2 h 34 min. Sortie : 30 octobre 1964 (France). Western

Film de John Ford

Alifib a mis 8/10.

Annotation :

04/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

C'est un film bancal, un peu ronflant, qui peine parfois à intéresser mais je le trouve tout de même très beau et noble dans sa volonté d'offrir le hors-champ de tous les westerns passés et de rendre aux indiens toute leur humanité et leur dignité. Il y a là aussi quelque chose de très triste, très amère, non seulement dans la culpabilité qui se fait ressentir mais aussi car il y a un constat froid - avec une rage en sourdine - que ces héros que Ford filmait par le passé, ces héros mythifiés n'existent pas ou plus et ne sont pas capables d'agir et de changer les choses, pire le Wyatt Earp de My Darling Clementine est en dehors de l'histoire et se fout de tout. Le salut se trouvera alors dans un regard tourné vers le passé, dans une question adressé à Lincoln, héros fordien intouchable : "Que puis-je faire ?".

Les Deux Cavaliers
7

Les Deux Cavaliers (1961)

Two Rode Together

1 h 49 min. Sortie : 6 octobre 1961 (France). Western

Film de John Ford

Alifib a mis 9/10.

Annotation :

05/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

Il y a quelque chose de très étrange dans le film qui ressemble à un renoncement total de la part de Ford aux illusions passées, il y a quelque chose de l'ordre de la maladie, du dégoût envers toute la mythification qu'il a pu créer et même dans une certaine mesure envers les motifs fordiens eux-mêmes : la posture de James Stewart qui renvoie à celle d'Henry Fonda dans My Darling Clementine mais en présentant cette fois-ci un homme cynique, les ruptures de ton souvent maladroites et acerbes, l'humour et les fêtes qui ne réunissent plus la communauté mais la font éclater et se confronter, ou encore la relecture de The Searchers qui n'aboutit cette fois-ci qu'à drames et impossibilités (le lynchage sans sauveur, le rejet et donc l'impossibilité d'assimilation, il ne s'agit plus de repousser la frontière pour construire mais seulement de détruire, la cohésion et la communauté ne pourra se faire qu'en dehors de cette Amérique comme en témoigne le départ de Guithrie et Elena).

L'Homme tranquille
7.4

L'Homme tranquille (1952)

The Quiet Man

2 h 09 min. Sortie : 7 novembre 1952 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de John Ford

Alifib a mis 8/10.

Annotation :

10/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

Si il est réputé pour être le film le plus intime de Ford (quand est-il vraiment ? En tout cas si il l'est, cette intimité ne le serait que sur l'aspect émotionnel) c'est parce que Ford, dans l'Homme Tranquille, ne cesse de travailler son idéal. Non seulement par la dimension autobiographique et par une projection fantasmée de l'Irlande (Ford et son jeu sur les couleurs ne nous trompe pas là-dessus) mais aussi car c'est un film qui est en majeure partie composé de digressions fordiennes (digressions vis à vis d'un certain hollywood classique, ces scènes font partie de l'identité de Ford), de ces moments où le drame se suspend et où les communautés se font. Ici, le drame aboutit systématiquement à la comédie, les conflits en marques de respect et bienveillance. Il y a bien l'ombre d'un - réel - conflit évoqué avec l'IRA mais la question est vite balayée.

Il y a peut-être deux questions fordiennes qui subsistent à la fin du film : comment l'individualité s'intègre à la communauté ? Et comment progressisme et tradition peuvent coexister sans que l'un ne fasse disparaitre l'autre ?

Sinon, esthétiquement c'est superbe, et j'ai parfois beaucoup pensé à une BD en ligne claire, si Hergé devait dessiner une Irlande fantasmée en couleurs, c'est sûrement à ça qu'elle ressemblerait.

Asako I&II
7

Asako I&II (2018)

Netemo sametemo

1 h 55 min. Sortie : 2 janvier 2019 (France). Drame, Romance

Film de Ryusuke Hamaguchi

Alifib a mis 7/10.

Annotation :

12/01 - Vu au cinéma (Katorza)

J'ai aimé, mais il y a un entre deux de ton, de forme dans le film qui fait qu'il ne m'a pas complètement touché. Il y a une grande pudeur, si ce n'est une réserve dans la mise en scène d'Hamaguchi, une grande précision dans la composition qui - pour moi - ne laisse pas place à l'imprévu, à la passion à la rupture formelle, or c'est ce qu'Hamaguchi semble faire. Il y a ces quelques rares plans qui arrivent sans prévenir et semblent tirés d'un drama ou d'un anime (à titre d'exemple la rencontre entre Asako et Baku), ou encore ces sursauts presque oniriques dans le film (le retour de Baku au restaurant) et plus généralement l'amour fou, déraisonné d'Asako, tout cela semble aller au-delà de ce que la mise en scène autorise. En soit, ce style est compréhensible et à l'image de son héroïne aux passions et rêveries dissimulés derrière une grande réserve, mais ça n'a pas entièrement pris chez moi, j'y ai ressenti une certaine distance - avec je le reconnais quelques percées - voire un certain mauvais goût par moment.

La Poursuite infernale
7.8

La Poursuite infernale (1946)

My Darling Clementine

1 h 37 min. Sortie : 30 avril 1947 (France). Biopic, Drame, Western

Film de John Ford

Alifib a mis 10/10.

Annotation :

13/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

Peut-être - à mon sens - le plus beau film de Ford avec Seven Women. J'aime beaucoup la force évidente, paisible qui le parcours malgré la tragédie qu'il met en scène et les contradictions que Ford conjugue. C'est que lorsque Ford filme le mythe en mettant en scène la version mensongère de Wyatt Earp et en immortalisant ses personnages par des postures, jeux de lumière, contre-plongées (avec parfois comme seul fond, le ciel), il n'oublie pas dans le plan d'après ou dans la profondeur de champ de filmer l'histoire (il n'y a qu'à voir le plan le plus célèbre du film : Wyatt Earp au premier plan dans sa posture mythique et dans l'arrière plan, distingués par les barreaux, les dilligences des pionniers), et lorsqu'il filme ses fameux trois-quarts ciel, la caméra reste au niveau des hommes. Dans le même genre d'idée, lorsque Ford filme la violence, la mort tout paraît brumeux, évanescent presque décharger de toute dimension matériel. Le tragique mais terre à terre, le mythe et la réalité, et la violence en sourdine.

N'oublions pas ces merveilleux moments de mélancolie fordienne (enfin de tragique...), la magnifique scène où le tragédien déchu saoul récite Shakespeare et oublie son texte : Doc Holliday continuera avant que le sublime s'efface devant la violence. Le reflet de Doc Holliday dans le cadre brisé de son diplôme, le premier regard de Wyatt Earp sur Clementine, et j'en passe...

Vers le sud
7.8

Vers le sud (1980)

De Weg naar het Zuiden

2 h 25 min. Société

Documentaire de Johan van der Keuken

Alifib a mis 8/10.

Annotation :

15/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

C'est un film sur le voyage qui s'affranchit de la frontière (physique) et de tout obstacle géographique matériel, c'est presque un voyage mental, qui si il devait avoir une cohérence géographique, matériel, ne l'aurait que dans un rêve. C'est en de francs raccords que nous passons des Pays-Bas à la France puis de l'Italie à l'Egypte en faisant des retours aussi abrupts au lieu d'origine du cinéaste. C'est un film de voyage de visage en visage (Comme Van de Kreuken le rappelle à trois reprises dans son film) et si il devait être un voyage de lieu en lieu ce serait en s'intéressant aux lieux avec lesquelles ces visages d'hommes et de femmes sont en luttes, puisque reflet de leur condition matérielle d'existence ; il n'est à aucun moment question (si ce n'est dans un bref aperçu des pyramides égyptiennes mais à l’ode des travailleurs) de filmer les symboles des ces lieux, pays, leur mise en scène. De Paris - par exemple - nous ne verrons que des rues de la goutte d'or. Il est donc question de filmer pauvres, prolétaires, immigrés, et militants de leur donner une voix, le temps de s'exprimer, car tous ont quelque chose à exprimer et ces mots seront toujours conséquence de ces conditions matérielles (en terme marxisant) que le cinéaste n'oublie pas de filmer, et de ce voyage flottant, sans barrière il sera question de lier ces luttes et ces démunis.

Qu'elle était verte ma vallée
8

Qu'elle était verte ma vallée (1941)

How Green Was My Valley

1 h 58 min. Sortie : 25 juillet 1946 (France). Drame

Film de John Ford

Alifib a mis 9/10.

Annotation :

16/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

Certainement le plus beau film d'idéalisme fordien, c'est à dire ces films à l'instar de celui-ci ou de L'Homme Tranquille, où Ford recrée un monde irréaliste mais guidé par quelque chose de très intime, très nostalgique. Ce n'est pas aussi uniforme que dans L'Homme Tranquille par contre (bien que le conflit puisse exister dans celui-ci), cette recréation, cette nostalgie idéaliste (explicitement annoncée dès l'ouverture) n'est là que pour essayer de réprimer la réalité que Ford ne cache pas pour autant, on y voit problèmes économiques et ouvriers, déterminisme et mépris de classe, mort d'un père etc... seulement tout y est vu par le prisme de la nostalgie, et donc déformé par une innocence aujourd'hui perdu. Que ce soit les évènements en eux mêmes, où la vallée en elle-même, tout est recrée.

Il y a une utilisation absolument formidable de la profondeur de champ aussi, Ford crée constamment des grands volumes d'espace, composé du premier plan à l'arrière plan et souvent, la clé de la beauté du film vient de cette organisation spatiale, je prends pour témoin ce plan magnifique où lors du mariage d'Angharad, celle-ci d'abord au premier plan, disparait du cadre aux bords des larmes, et laisse apparaître à l'arrière plan, Gruffydd, désœuvré, qui la regarde partir.

Mogambo
6.6

Mogambo (1953)

1 h 51 min. Sortie : 24 septembre 1954 (France). Aventure, Romance

Film de John Ford

Alifib a mis 8/10.

Annotation :

17/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

Il y a une séquence que je trouve superbe, celle qui va de l'escapade de Linda dans la jungle au rapprochement entre elle et Victor sous le porche. Déjà car d'un pur point de vue esthétique je trouve tous les plans fixes dans la jungle admirables de composition, (avec un superbe technicolor reflétant la passion - mogambo - du film) et que cette séquence témoigne d'une sorte d'évidence de la part de Ford que j'aurais bien du mal à décrire pleinement. Mais aussi car cette séquence, quasi-mutique, porte en elle toute la force et les intentions du film. Ça commence par une série de plans fixes montrant Linda émerveillée par ce qu'elle voit, et où celle-ci sort systématiquement du cadre sans que celui ne soit perturbé, comme ci elle n'avait pas sa place ici, que cet espace magnifique - et filmé ainsi - ne devait et ne pouvait être altéré par la « civilisation ». Puis il y a ces plans où Linda commence à rencontrer des animaux sauvages, mêmes sorties de cadre mais avec une Linda apeurée cette fois-ci, elle fuit la jungle. Et enfin arrive Victor qu vient la sauver, il la suit et là au lieu de laisser Linda une nouvelle fois sortir du cadre, Ford la suit - elle et Victor - en un travelling (si Ford bouge la caméra ce n'est pas pour rien), et lorsque Ford ne bouge pas la caméra, c'est Victor qui empêche Linda de sortir du cadre, ou plus exactement c'est Linda qui se laisse prendre au piège. De l'aventure sauvage qu'elle fuit, se substitue l'aventure passionnelle. Le programme du film est annoncé, celui de la passion amoureuse, et du désir - impossible - de faire se rencontrer civilisation et vie sauvage (il n'y a aucun dénigrement de la part de Ford, entendons-nous bien), Clark Gable entre les deux, et Ava Gardner et Grace Kelly qui incarnent les deux pôles.

Hatari !
7.1

Hatari ! (1962)

2 h 31 min. Sortie : 17 décembre 1962 (France). Aventure, Romance, Comédie

Film de Howard Hawks

Alifib a mis 9/10.

Annotation :

19/01 - Vu

Pas grand chose à dire, on touche là à l'essence même du cinéma de Hawks, une sorte de revisite de Seuls Les Anges ont des Ailes mais débarrassé de drames et de la dramaturgie hollywoodienne classique, la confirmation qu'Hawks est bien un des premiers cinéastes moderne du cinéma américain. On a presque l'impression que tout est improvisé, qu'Hawks a laissé ses acteurs vivre ensemble, créer une famille avec comme seule directive la cohésion totale du groupe, à hauteur d'homme, sans séparation ni hiérarchie, à l'image de ce plan filmant au départ le couple Wayne/Martinelli et où un léger travelling dévoile que l'ensemble du groupe est bien là, près d'eux. C'est quand le cadre se remplit que ces petits moments de joie et de vie prennent toute leur ampleur.

Les Dieux du stade
7.4

Les Dieux du stade (1938)

Olympia 1. Teil - Fest der Völker

1 h 55 min. Sortie : 20 avril 1938 (Allemagne). Sport

Documentaire de Leni Riefenstahl

Alifib a mis 8/10.

Annotation :

20/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

Malgré quelques crispations à certains moments, on passera outre l'idéologie qui a amené à ce film. C'est un objet cinématographique impressionnant, avant-gardiste et dont l'ampleur ne laisse pas de marbre. Il y a une musicalité dans le montage, une façon d'idéaliser ces corps en mouvement pour les propulser au rang de statues grecs, une sublimation des mouvements en un état de grâce. C'est sublime et passionnant à analyser, cette mise en scène, ce régime d'image, portant - en plus de sa pure beauté esthétique - l'essence même de ce qui fait l'image propagandiste et en un sens publicitaire.

L'Homme qui n'a pas d'étoile
7.1

L'Homme qui n'a pas d'étoile (1955)

Man Without a Star

1 h 29 min. Sortie : 19 octobre 1955 (France). Western

Film de King Vidor

Alifib a mis 7/10.

Annotation :

21/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

Le cow-boy solitaire qui voit son espace de liberté se faire gangréner par l'arrivé des lois et d'un nouveau système socio-économique, ici métaphorisés par les barbelés délimitant les territoires. J'aime bien ces westerns crépusculaires, ce qu'ils disent sur l'histoire et l'esprit américain, mais ici, comme pour Notre Pain Quotidien, sans trop que je ne sache pourquoi je suis comme tenu à distance . Peut-être est-ce dû à ce ton constamment léger, aux seconds rôles qui le sont tout autant, ou bien plus simplement parce que je ne retrouve pas cette mélancolie qui parcourt habituellement ce genre de western.

Pauline à la plage
6.7

Pauline à la plage (1983)

1 h 34 min. Sortie : 23 mars 1983. Comédie, Drame, Romance

Film de Éric Rohmer

Alifib a mis 7/10.

Annotation :

21/01 - Vu

C'est le film où les contradictions rohmeriennes m'ont paru les plus vives. Par contradiction j'entends son art de conjuguer et cultiver les contraires. C'est à dire à la fois donner à ses acteurs des textes très littéraires, anti-naturaliste, un phrasé emprunté résonnant comme quelque chose d'anti-populaire, et en même temps proposer des histoires, et un fond qui eux le sont éminemment (populaire), pour faire parvenir au romanesque ce qui est de l'ordre du quotidien. C'est aussi réussir à filmer (et ce surtout dans ce film) avec amour, à hauteur d'homme, et avec la distance nécessaire pour ne jamais les étouffer, des personnages assez détestables voire insupportable (Dombasle, probablement la pire héroïne rohmerienne), sans jamais nous cacher mensonges, jeux, manipulations etc.... . En terme de forme, ce n'est pas vraiment une contradiction, mais j'aime beaucoup ce côté très statique, anti-spectaculaire, presque fauché, mais toujours avec un grand sens de la composition qu'elle soit picturale ou scénographique.

En somme il parvient à donner une certaine légèreté à la profondeur et inversement, et ces petits marivaudages estivaux pouvant paraître un peu bêtes par moment dévoilent quelque chose de très cruel.

Capitaine Blood
7.4

Capitaine Blood (1935)

Captain Blood

1 h 54 min. Sortie : 20 février 1936 (France). Action, Aventure

Film de Michael Curtiz

Alifib a mis 5/10.

Annotation :

25/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

Michael Curtiz me parait être un simple petit faiseur, sans grand intérêt. Le film n'est pas foncièrement mauvais, mais il n'arrive jamais à passionner. Il y a comme un trop plein romanesque, une générosité qui le met à mal, le film à un rythme trépidant, ne s'arrête jamais, multiplie les mouvements de caméra et les coupes rapides avec comme seule idée de ne jamais ralentir et d'embrasser les milles péripéties d'un roman d'aventure en deux petites heures. Le problème, c'est que le film ne parvient jamais réellement à s'incarner, il glisse d'aventure en aventure sans que rien ne se passe réellement et Curtiz se contente de filmer son scénario sans génie mais avec - admettons le - sincérité, et c'est très vite oublié.

La Mule
6.7

La Mule (2018)

The Mule

1 h 56 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame, Gangster, Thriller

Film de Clint Eastwood

Alifib a mis 6/10.

Annotation :

26/01 - Vu au cinéma (Katorza)

Je trouve le film assez touchant, mais quelque chose me déplait dans sa structure, je l'ai ressenti dès le départ dans le montage, où de façon un peu maladroite, raté, on atterrit dans la famille d'Eastwood, puis plus tard chez les DEA. Disons que ça m'a semblé forcé, et en règle général, je trouve la venue de thriller dans le film un peu vulgaire, même si elle amène à deux belles choses à la fin du film : un renvoi à Un Monde Parfait et une transmission d'une génération à l'autre (et on sait que cette idée de transmission est essentielle chez Eastwood, et ici cette transmission résonné comme un testament). Là où le film me plait par contre, c'est quand il se consacre uniquement au personnage d'Eastwood, qui semble tout droit revenu d'entre les morts pour porter un dernier regard sur son époque, pour se rattraper, s'excuser et pour en quelque sorte reconstruire. Il le fera financièrement dans un premier temps, et réussira à reconstituer des lieux propres à une communauté (les vétérans etc...) puis physiquement, dans un adieu paisible, en reconstituant, rejoignant sa cellule familiale délaissée. Bref je trouve le film très maladroit dans sa dramaturgie, mais il y a quelque chose de très beau - et très drôle n'oublions pas le ton du film - dans ce qu'il a de plus intime.

Ali
6.7

Ali (2001)

2 h 37 min. Sortie : 27 février 2002 (France). Biopic, Drame, Sport

Film de Michael Mann

Alifib a mis 7/10.

Annotation :

29/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

En soit tout le film est à l'image de Mohammed Ali : dense et vif. Que ce soit dans sa mise en scène, entre des aspérités presque documentaire et quelque chose de très etherée, flottant (le fameux réalisme-romantique mannien qui prendra encore plus de force dans les films à venir), mais surtout dans son fond, dans sa volonté de densité, d'évoquer une partie de la vie d'Ali, la boxe, la Nation of Islam, la religion, le Vietnam, le racisme, les médias etc... en 2h30. L'entreprise est louable, les sujets évoqués sont intéressants (bon le côté boxe je m'en fous un peu pour être honnête), mais tout est trop léger, trop peu fourni, c'est sûrement d'une grande justesse mais on prend un sujet, on le développe peu, et on l'abandonne trop rapidement, sans le travailler en profondeur ; et quand on abandonne le sujet de la Nation of Islam ou de l'incorporation pour repartir sur un récit de boxe et une histoire d'amour, c'est frustrant. Il y a de très beaux instants, et le film me passionne par moment mais en dépit de sa densité d'apparence, j'en ressors avec trop peu.

Un grand voyage vers la nuit
7

Un grand voyage vers la nuit (2018)

Di qiu zui hou de ye wan

2 h 18 min. Sortie : 30 janvier 2019 (France). Drame, Film noir

Film de Bì Gàn

Alifib a mis 5/10.

Annotation :

30/01 - Vu au cinéma (Katorza)

Fondamentalement, le plan séquence de ce film et celui de Kaili Blues existent pour la même raison : filmer en plan séquence, donc au présent, un lieu (réel ou rêvée) où les strates mémorielles et temporelles s'entrecroisent. L'idée est belle, intelligente et son exécution dans KB reste un des plus beaux gestes cinématographiques de ces dernières années, par contre dans ce film son exécution me semble raté. C'est à dire que le plan séquence de KB n'était pas soumis à l'idée de performance, il ne montrait pas sa technique, il était même instable, il laissait place à l'accident, à la déroute et seule son essence et son émotion existaient. C'est tout le contraire dans ce film, tout est là pour nous rappeler systématiquement la performance, non seulement dans sa technique pure et sa gratuité (le plan en tyrolienne, l'envolée, le cheval qui frôle le caméra...), mais surtout dans la connivence qu'il crée avec le spectateur à plusieurs instants : que se passe t-il si Luo perd au ping-pong ? Si le voyou ne marque pas le point au billard ? etc... . Tout ça crée non seulement une vision permanente du dispositif mais aussi une brèche avec notre réalité* qui va à l'encontre du désir sensoriel du film, et du voyage au sein de la mémoire du héros.

Et puisque Bi Gan se plait à citer Tarkovski, je vais le faire également : je comparerais certains éléments de ce plan séquence, à celui de la bougie dans Nostalghia, dans les deux cas, la réussite du plan est soumis à la réussite de l'action du protagoniste, cependant chez Gan cette réussite n'est là que pour renforcer la performance, si le héros échoue, le plan (perf) échoue, or chez Tarkovski non seulement les échecs du héros sont filmés mais la réussite de l'action donc du plan est sous tendu par ce qui fait vibrer le film : la survie de la foi et de l'espoir de Tarkovski. Un plan séquence comme acte de foi donc, non comme volonté performative.

* on pourrait me rétorquer, que cette brèche est voulue, la scène - ridicule - des lunettes et Lu essoufflé après l'envolée de la caméra (qui a du parcourir en vitesse le chemin pour arriver à l’atterrissage) vont dans ce sens. Mais pourquoi ? Je ne vois pas l'intention, et pire ça va à l'encontre de l'entreprise du film.

Light as Feathers

Light as Feathers (2018)

1 h 26 min. Sortie : 4 octobre 2018 (Pays-Bas). Drame

Film de Rosanne Pel

Alifib a mis 3/10.

Annotation :

02/02 - Vu au cinéma (Le Grand Théâtre - Festival Premiers Plans)

Bon, c'est toujours de la fumisterie ce genre de cinéma qui sous couvert de naturalisme s'en va filmer caméra à l'épaule avec une image crasseuse, des histoires violentes et horribles qui ne mènent à rien d'autre que leur volonté de choquer (même dans cette optique le film est raté). Mais surtout, ce qui m'agace le plus, c'est qu'à chaque fois, la caméra dans ce genre de film se sent obligé d'écraser ses personnage, de les étouffer dans le cadre, de les maltraiter, il n'y absolument aucun regard sur eux, qu'il soit empathique ou analytique, tout est soumis à la simple volonté de perturber. Pénible.

État de siège
7.1

État de siège (1973)

2 h 10 min. Sortie : 8 février 1973 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Costa-Gavras

Alifib a mis 5/10.

Annotation :

02/02 - Vu au cinéma (Le Grand Théâtre - Festival Premiers Plans)

J'ai un problème avec le cinéma de Costa-Gavras , je n'aime pas sa façon de traiter la politique au cinéma. Il met en scène des pays, des structures, des groupes politiques mais jamais des personnages, et surtout il le fait toujours de manière très démonstrative, discursive, avec un parti pris qu'il ne veut ni reconnaitre ni assumer. Tout me parait assez pataud, , je trouve ça ronflant et rarement très pertinent malgré que les sujets soient passionnants

Comme si de rien n'était
6

Comme si de rien n'était (2018)

Alles ist gut

1 h 30 min. Sortie : 3 avril 2019 (France). Drame

Film de Eva Trobisch

Alifib a mis 3/10.

Annotation :

03/02 - Vu au cinéma (Le Quai - Festival Premiers Plans)

La démarche d'Eva Trobisch est louable, il s'agit de parler du viol en évitant le sensationnalisme et le pathos, de ré-ancrer le crime dans sa dimension quotidienne, réaliste, loin de l'imagerie cinématographique habituelle qui va trop souvent nous éloigner de la réalité et la possibilité du drame, et de ce fait il s'agit aussi de réinterroger notre regard sur les victimes et sur les agresseurs. Ça, c'est pour la démarche, dans l'exécution je trouve le film raté, innocent et inoffensif, la mise en scène est d'une grande platitude (il ne s'agit pas de pudeur), sans idées ni incarnation. Les scènes semblent s'enchaîner maladroitement pour amener du drame et des situations de conflits, de quiproquos (au point où l'on va à l'encontre de la démarche réaliste du film) et les personnages (à l'exception de celui d'Aenne Schwarz) n'existent pas, je n'y crois pas. Pire, la volonté de traiter le violeur à l'opposé de l'idée qu'on s'en fait, finit - presque - par faire de lui le seul personnage sympathique du film (ça reste dans la démarche du film, mais je ne sais pas, dans les faits je trouve ça vraiment bancal). On repassera, malgré les bonnes intentions.

Coup de tête
7.3

Coup de tête (1979)

1 h 29 min. Sortie : 14 février 1979. Comédie dramatique, Sport

Film de Jean-Jacques Annaud

Alifib a mis 4/10.

Annotation :

04/02 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

J'aime bien le côté un peu franchouillard, mais au-delà de ça, sans le cabotinage de Dewaere le film s'effondre. C'est un film de pitre, dans tout ce que ça a de péjoratif.

Hors jeu
7.4

Hors jeu (2006)

Offside

1 h 28 min. Sortie : 6 décembre 2006 (France). Comédie dramatique

Film de Jafar Panahi

Alifib a mis 7/10.

Annotation :

05/02 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

Très beau film, j'aime beaucoup la façon qu'à Panahi de filmer ces petits moments de joie, de traiter avec légèreté une situation oppressante, et pour une fois avec Panahi, l'ombre de Kiarostami ne m'a pas paru trop imposante. Il y a toujours des liens à faire avec Kiaro, notamment dans le jeu constant qu'il y a entre le documentaire et la fiction, mais là où chez Kiarostami (et souvent chez Panahi mais de façon plus superficielle) ce rapport est source de réflexion théorique sur la possibilité et le moyen pour le cinéma de parler du réel et d'atteindre là ou une vérité, ici cette dualité nait d'une censure, d'une nécessité. Il s'agit de plaquer explicitement de la fiction (jamais la mise en scène ne ment sur l'aspect fictionnel) sur du réel, du documentaire (la situation, les prises de vues illégales, le hors champ). J'aime beaucoup le rapport qu'à le film au hors-champ et au hors-film également, non seulement car il alimente cet aspect documentaire, mais surtout parce qu'il permet de dénoncer non pas les gens mais les structures (patriarcales en l’occurrence), jamais les gardiens ne sont injuriés ou moqués, l'oppression, l'ennemi est toujours ce qui se situe hors-champ, et seuls des petits moments d'humanité permettront de l'oublier.

Haewon et les hommes
7

Haewon et les hommes (2013)

Noogooui Daldo Anin Haewon

1 h 30 min. Sortie : 16 octobre 2013 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Hong Sang-Soo

Alifib a mis 7/10.

Annotation :

07/02 - Vu

Enfin je suis parfaitement sensible au cinéma de HSS. De ce que j'ai vu jusque-là, c'est sans aucun doute - pour moi - son plus beau film, il m'a beaucoup ému et j'aurais bien du mal à en parler de façon concrète. Disons que j'ai ressenti le film comme une musique très simple tenue d'une seule note, sans changement de tonalité, sans une note, une émotion plus haute que les autres, avec ses répétitions, ses motifs dans lesquels on aime se retrouver. Ça tient à pas grand chose je pense, c'est que quasiment tous les plans de Hong Sang-Soo, qu'ils captent une étreinte, une simple discussion ou une dispute sont construits de la même manière, et à la réflexion je trouve ça admirable d'autant plus que tout est très humble, très simple. Il y a une idée d'harmonie dans la composition des plans, une harmonie entre les personnages, leur environnement, leur sentiments et les mots, jamais un de ces aspects ne vient prendre le pas sur le reste, tout est tenu sur la même ligne. C'est comme si HSS avait trouvé la distance parfaite entre sa caméra et les personnages pour que tout entre en résonance. C'est cotonneux, très doux, très léger et à travers l’évocation de Jane Birkin, de sa fille, d'un sac "London film festival" il ouvre une légère brèche avec la réalité pour qu'on puisse nous aussi entrer en résonance avec lui

Numéro deux
7

Numéro deux (1975)

1 h 28 min. Sortie : 24 septembre 1975. Expérimental, Société

Documentaire de Jean-Luc Godard

Alifib a mis 8/10.

Annotation :

09/02 - Vu

Comme tout Godard , ça demande un temps de maturation, mais bien que ce soit encore un peu confus, j'y vois plusieurs choses. Un JLG qui se (re)cherche, perdu au début du film entre deux flux d'images incessants : sur l'écran du haut, du drame bourgeois, des films d'action et de la pornographie et sur l'écran du bas de l'actualité, de la politique, des manifestations, ce à quoi Godard répond par une 3ème image, celle du drame prolétaire en vidéo, sorte de docu-fiction conjuguant les deux images précédentes où le sexe est devenu politique et inversement ( « Pourquoi un film ne pourrait pas être les deux ? »). Choix, dépit ou simple résultat arithmétique, je ne sais pas, reste que ça semble s'inscrire dans une industrialisation généralisée, à la fois dans la production d'images (mais la vidéo semble également ouvrir la voix à une vraie image naturaliste ?) mais également dans les relations familiales elles aussi soumises à l'industrialisation par le sexe et le ménage. C'est laid, triste et ça ne mène qu'à de la violence, de la solitude et de l'enfermement, mais peut-être n'est-ce que le résultat de cette profusion d'images.

As I Was Moving Ahead, Occasionally I Saw Brief Glimpses of Beauty
8.5

As I Was Moving Ahead, Occasionally I Saw Brief Glimpses of Beauty (2000)

4 h 48 min. Expérimental

Documentaire de Jonas Mekas

Alifib a mis 10/10.

Annotation :

10/02 - Vu

L'étoffe dont les souvenirs sont faits. Assembler des fragments de mémoire en suivant le flux de sa pensée pour capturer l'essence même de la vie, et s’apercevoir que c'est dans les souvenirs que les petits moments de la vie révèlent toute leur beauté et leur importance. A quoi bon en parler, As I Was Moving Ahead... est de ces films qui ne peuvent être commentés, ou en tout cas, pas sans qu'on y laisse une grande part de nous même.

Si Beale Street pouvait parler
6.5

Si Beale Street pouvait parler (2018)

If Beale Street Could Talk

1 h 59 min. Sortie : 30 janvier 2019 (France). Drame, Romance

Film de Barry Jenkins

Alifib a mis 3/10.

Annotation :

11/02 - Vu au cinéma (Katorza)

Ça manque terriblement de fougue, d'incarnation. Il y a peut-être une bonne intention au départ, celle d'utiliser les couleurs et les mouvements de caméra comme représentation des sentiments personnages, de filmer leur expression tangible, mais ça ne fonctionne pas. C'est fou de donner un quelconque crédit à ces cinéastes qui ne pensent leur mise en scène qu'en termes plastiques, sans jamais se soucier de l'accord avec le sujet et à ce que celle-ci peut-dire ou dit de la morale du film. C'est tout en jolies couleurs, en travellings proprets, il n'y a aucun accroc, la musique envahie plus de la moitié des plans et ne laisse jamais place à l'expression des sentiments, alors que derrière se joue un mélodrame et la question du racisme. Mais bon, ça ne se joue que vaguement dans quelques paroles, Jenkins lui semble filmer autre chose, une petite publicité idyllique sans colère, ni amour dont le rare cri, grotesque, sera un policier qui l'est tout autant.

A Scene at the Sea
7.5

A Scene at the Sea (1991)

Ano natsu, ichiban shizukana umi

1 h 41 min. Sortie : 23 juin 1999 (France). Romance, Comédie dramatique, Drame

Film de Takeshi Kitano

Alifib a mis 8/10.

Annotation :

12/02 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

C'est un très beau film mais le geste cinématographique ne me parait pas assumé tout le long, il y a plusieurs scènes, séquences qui - à mon sens - rompent avec l'intention formel du film, comme si Kitano ne l'assumait pas jusqu'au bout ou n'arrivait pas - encore - à le faire. C'est à dire qu'on trouve déjà en partie ce qui fait Kitano (violence mise à part) : des longs plans minimalistes dans leur composition où les actions et non-actions des personnages évoluent sans que jamais rien ne soit surligner par un plan en trop, un gros plan ou un zoom. Les silences et les non-dits, ce sentiment de sérénité, cette impassibilité, où les gags trouvent une certaine mélancolie et inversement. Néanmoins, il y a plusieurs séquences du film qui rendent le tout un peu dissonant, je pense surtout aux scènes du concours de surf, où d'un coup les plans se retrouvent remplis de personnages, de dialogues et de bruits, et où le caméra va suivre en de rapides travellings latéraux les épreuves des candidats. Bref, une sorte de rupture formelle (et non de ton comme dans les Kitano suivants) qui me semble entrer en contradiction avec le mutisme et l'apaisement du film.

Les Chasses du comte Zaroff
7.3

Les Chasses du comte Zaroff (1932)

The Most Dangerous Game

1 h 03 min. Sortie : 16 novembre 1934 (France). Aventure, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel

Alifib a mis 6/10.

Annotation :

15/02 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

C'est sympathique mais ça va guère au delà, disons que je trouve la première partie du film pas vraiment intéressante, elle patine un peu pour amener à ce qui semble vraiment intéresser Shoedsack et Pichel : la chasse à l'homme. Il y a un côté très ludique et des trouvailles formelles intéressantes dans cette seconde partie, mais rien qui ne va réellement me passionner ou me stimuler au-delà du simple amusement. Notons tout de même, la découverte de la forteresse, les travellings dans la jungle et ce plan à la fin du film ou le comte Zaroff tente de tirer depuis la fenêtre.

Alifib

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