Cover Ils ont des morceaux longs vivent les Mormons ♪ [Portrait d'une discographie #10 - Low]

Ils ont des morceaux longs vivent les Mormons ♪ [Portrait d'une discographie #10 - Low]

Ah c'est sûr que "DRONE, NOT DRONES" ça aurait eu vachement plus de gueule en nom de liste, mais je suis incorrigible.

Voici donc le dixième volet de ces discographies commentées que je n'arrive jamais à finir. Je me suis pris d'une petite passion pour Low ces dernières semaines, pour ...

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11 albums

créee il y a presque 6 ans · modifiée il y a plus de 5 ans

I Could Live in Hope
7.6

I Could Live in Hope (1994)

Sortie : 18 février 1994 (France). Slowcore

Album de Low

T. Wazoo a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Tout commence ici. Par un album tellement fort et fondateur qu'il éclipsera le reste de leur carrière, snif. Fondateur même s'il arrive à un moment où Galaxie 500 a déjà pavé une route de pionnier dans le ralentissement de la musique et l'allongement des notes pour exprimer la même rage angoissée que leurs compères grunge mais sans faire autant de bruits que ces sauvages aux cheveux sales. Les Red House Painters de Kozelek ont déjà alors sorti deux albums eux aussi restés classiques, enfonçant le clou dans l'épure et la mélancolie. I Could Live in Hope cependant, montre encore une nouvelle voie dans cette vague qu'on aura nommé "slowcore" à défaut d'un meilleur terme (celui est pas trop mal ma foi, on a vu pire étiquette *tousse*choucroute*tousse*), où le songwriting plus classique (comme celui de Galaxie ou des RHP) est mis en arrière plan par rapport au travail sur l'atmosphère même, sur l'humeur.

Cette voie, c'est une apesanteur encore accrue, où chaque instrument résonne très distinctement des autres, une musique très solitaire, un vortex qui aspire tout désespoir pour en faire quelque chose de plus... ambivalent, désolé mais d'une telle beauté... On est au fond du trou ("Cut" quand même, quelle noirceur), mais on se dit qu'on se sent bien confortable là dedans. Le temps se distend, on se sent exister différemment. Pas étonnant qu'un tel disque ait marqué l'histoire à sa manière. Sans doute ne se doutait-on pas à l'époque que Low serait capable d'aller encore plus loin dans la lenteur et le dénuement, et pourtant... Intéressant de noter que déjà sur ce disque Low expérimente très épisodiquement avec l'électronique, comme sur "Lullaby" et ses manipulations sur la voix de Mimi Parker qui la transforment en une espèce de drone hanté, brrr...

Cut :
https://www.youtube.com/watch?v=SsUR8vPxI8g
Lullaby :
https://www.youtube.com/watch?v=E8Ekec42E98

Long Division
7

Long Division (1995)

Sortie : 23 mai 1995 (France). Indie Rock, Rock

Album de Low

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un an plus tard, Alan Sparhawk (more like Sparse-hawk immaright?) et Mimi Parker remettent le couvert, mais pas vraiment pour refaire un I Could Live in Hope bis. Déjà John Nichols, le premier bassiste, a laissé sa place à Zak Sally, qui les suivra jusqu'en 2005. Ensuite, à sa manière, Long Division est plus extrême encore que I Could Live in Hope.

Peut-être moins "vortex" dans son dénuement - Long Division me semble avoir un peu plus de reverb - l'album cependant réduit la moyenne de ses chansons pour n'en garder vraiment que la substantifique moëlle, diminuant les instants d'apesanteur où les instruments jouent seuls pour mettre en valeur l'alchimie guitare/batterie/chant (comme sur "Throw Out the Line" par exemple, dont on se demande si elle est vraiment aussi légère qu'elle n'y parait), ainsi que quelques autres instruments qui font discrètement leur apparition (est-ce un mellotron qui apparaît sporadiquement sur "Swingin'"?). Par ailleurs le jeu de guitare devient de plus en plus basé sur des accords qu'Alan égraine lentement et moins sur des motifs mélodiques. Le son du groupe devient également plus brut, plus rêche, avec certaines pistes sur lesquelles la lenteur de Low cesse de caresser tristement et commence à faire mal (écoutez la marche funèbre "Turn" vous éroder petit à petit l'espoir avec ses coups de griffes à la guitare, ses coups de boutoir percussifs et la voix de Sparhawk qui n'a jamais été aussi faible et désolée, pareil pour la fin de "See-Through" sur laquelle les instruments se taisent peu à peu tandis que seule reste la batterie monolithique de Parker). Un album qui me semble à la fois plus désespéré et plus optimiste, musicalement, que I Could Live in Hope, qui est capable d'alterner noirceur ("Turn") et douceur apaisée (la tendre et superbe "Caroline"). Un excellent album, même si dans son dénuement particulier il sera dépassé par son petit frère qui arrive juste après.

Throw Out the Line :
https://www.youtube.com/watch?v=mSkDCprGl-4
Turn :
https://www.youtube.com/watch?v=jIesRX4t3HI
Stay :
https://www.youtube.com/watch?v=e7OT_e3aC_4

The Curtain Hits the Cast
7.7

The Curtain Hits the Cast (1996)

Sortie : 13 août 1996 (France). Slowcore

Album de Low

T. Wazoo a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

On a souvent vite fait de regrouper les trois premier albums de Low dans le même sac. Certes le changement s'effectue de manière plus visible à partir de Secret Name (parfois même de façon radicale, coucou The Great Destroyer et Drums & Guns), mais les différences entre les trois premiers sont assez évidentes à partir de quelques écoutes tranquilles.

The Curtain Hits the Cast est l'album de la pureté, Low à son plus ineffable. J'essaierai quand même d'en dire brièvement quelque chose. Je ne sais pas vraiment à quoi c'est dû, y a certes un changement de producteur, qui n'est donc plus celui des deux premiers albums, mais ça n'est sans doute pas dû à ça. Ici, Low soigne. Si le désespoir résonnait sur I Could Live in Hope, s'il déchirait parfois sur Long Division, ici je ne sens plus d'angoisse, juste un baume sur mes plaies, que l'on m'étale avec un petit sourire. De l'angoisse il y en a certainement plein chez les membres de Low, mais ici ils la subliment tout à fait, par de simples arpèges, des cymbales caressées doucement, des voix simples qui chatouillent l'absolu sans effort (la manière dont la voix de Parker émerge d'une façon presque surnaturelle sur "Coattails"). Peut-être le groupe apprend il aussi de mieux en mieux à jouer ensemble ; chaque plan est soigné et apparaît de plus en plus comme le fruit d'une seule entité qui se déploie en harmonie avec elle-même. On dirait que les membres étaient au courant de cette alchimie, de cet alignement des astres, car ils en profitent pour étirer leurs chanson bien plus qu'ils ne le faisaient sur Long Division... "Coattails", "Laugh", "Standby", "Mom Says" passent la barre des 5 minutes, l'une frise même les 10. Et puis bien sûr il y a Do You Know How to Waltz, 15 minutes rien que ça, où le groupe chatouille la quintessence de sa musique ; partant d'éléments minimaux pour créer une substance intense et poignante (ici c'est presque un morceau drone... et si vous voulez voir une version live de 30 minutes devenue célèbre, rendez-vous dans les liens en fin d'annotation).

Peut-être mon album préféré de Low à ce stade de mon parcours. Il a ce "truc" en plus, et le fait que je ne sache pas pointer précisément du doigt ce que c'est est un bon signe. Ineffable, je vous avais bien prévenu. "You're gonna laugh..."

Over the Ocean :
https://youtu.be/FHrfvMQtsoM
Coattails :
https://youtu.be/DB1n3QOsMDw
Laugh :
https://youtu.be/RCIAyvp43LM
Do You Know How to Waltz (version live de 30mn) :
https://youtu.be/zI5-MuV5NSo

Secret Name
7.7

Secret Name (1999)

Sortie : 30 mars 1999 (France). Indie Rock, Rock

Album de Low

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Dès les premières secondes de Secret Name on sait qu'on est parti pour un bout de route sensiblement différent de ce qu'on a pu connaître auparavant avec nos mormons mélancoliques. Certes les trois premiers albums étaient loin d'être identiques, l'évolution entre chacun d'entre eux est palpable, mais c'est avec celui-ci que s'amorce le lent départ du trio de ses racines ultra minimalistes. Il suffit de peu : une couche de crépitements façon vinyle, de douces notes de clavier tenues... pas de basse, la batterie reléguée au fond du mix avec un poum poum tchak discret, la guitare gratte quelques notes toutes les 10 secondes et s'éteint aussitôt. "I Remember" vient de se terminer, on entend bien que les choses ne sont plus pareilles, mais que l'émotion, l'humeur Low, elle, est toujours aussi intense qu'auparavant. "Starfire" enfonce le clou, sans doute la chanson la plus upbeat de leur répertoire jusqu'alors (i.e. on s'approche du mid tempo, diantre!), ils ont même foutu un violon (ou est-ce un mellotron?) ; une rencontre joyeuse avec un indie rock doux et serein.

L'album s'écoule ainsi, avec la surprise de découvrir de nouvelles couleurs ici et là (le jeu de Sparhawk se diversifie de plus en plus), de voir qu'à mesure que Low étendent les limites de leur spectre sonore, de leur artisanat, de leur savoir faire studio (sont-ce des overdubs que j'ouï çà et là?), ils apprennent à modeler un écrin spécifique pour chacune de leurs compositions, à expérimenter au delà de leurs outils et de leurs timbres d'alors afin de poursuivre leur quête. Ça leur permet notamment d'accoucher d'un de leurs morceaux les plus (im)puissamment désespérés : le terrible "Don't Understand" et ses lents coups de boutoir cruels sur fond de drones migraineux.

Si chaque album de Low est doté d'une identité forte, alors Secret Name est celui de migraines entrecoupée de moments de clarté. Il s'agit de l'un des disques du trio qui me donne le plus le sourire, avec une bonne paye de morceaux légers (toutes proportions gardées), musicalement optimistes (idem), duveteux même. Mais il sait parfois soulever des monuments de désespoir et de solitude d'autant plus douloureux que le groupe dispose de plus en plus d'outils pour exprimer au mieux ses sentiments.

Starfire :
https://youtu.be/stvikojJ5AA
Don't Understand :
https://youtu.be/yVcwsjdjXIw
Soon :
https://youtu.be/Zcyd2CEfCaE

Things We Lost in the Fire
7.7

Things We Lost in the Fire (2001)

Sortie : 21 janvier 2001 (France). Slowcore

Album de Low

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Confortablement installés chez Kranky, Low est lancé sur son deuxième album avec Albinouze à la prod. Par contre sur celui-ci, c'est possible qu'ils se soient un peu trop confortablement installés... car dans mon parcours dans la disco du groupe, il s'agit du moins palpitant, à mes oreilles. Et quasiment exclusivement à mes oreilles ai-je l'impression, au vu de la réputation de l'album, qui accumule les plus hauts compliments des critiques de l'époque... Peut-être la caution Albini a-t-elle favorisé ça ? Peut-être que Low se rapprochait de plus en plus d'un groupe d'indie rock mélancolique ? (c'est d'ailleurs assez drôle de voir comme certaines pistes de Things We Lost ressemblent à du Elliott Smith fatigué, prenez "July", "Whore", ou plus encore "Kind of Girl" c'est criant)

En tout cas ça commençait vachement bien, "Sunflower" est à chialer avec son motif simple, sa suite d'accord descendante qui me rend un peu plus chose à chaque nouvelle itération, sa conclusion se fond à merveille dans la plus migraineuse "Whitetail" qui me rappelle le meilleur de "Secret Name" avec son tapis de cymbales dégageant un feeling quasi-électronique et son apesanteur soutenue pendant 5 menaçantes minutes. Il y a aussi "Dinosaur Act", quasi un hymne indie-rock, pas loin du mid-tempo, et clairement un des morceaux les plus mémorables dans ce style avec lequel ils se familiarisent petit à petit (on est pas si loin de The Great Destroyer l'air de rien).

Et puis... dès "Laser Beam" je décroche à moitié, à partir de là ce sera hit or miss comme on dit. Les pistes "Elliott Smith" ne me passionnent pas, et malgré la présence de belles choses comme la tristissime "Embrace" (qui me fait penser à "Over My Soulder" de Mika, mais passons) qui n'a pas grand chose de plus qu'une pulsation de basse, avant de s'envoler brièvement, ou l'enlevée "Like a Forest", aussi pleine de vie qu'elle est brève, l'album prend une direction stylistique qui consiste globalement à creuser le sillon americana embrayé sur quelques pistes de Secret Name... sauf que ça rend la pâte du groupe plus soporifique, plus tranquille, moins vibrante, plus plate en somme... trop de violons... trop de choeurs et pas assez de lead (notamment de la part de Sparhawk qui me semble plus en retrait). Bref, statut assez incompréhensible pour moi, d'autant que l'album est coincé entre deux autres bien plus inventifs.

Sunflower :
https://www.youtube.com/watch?v=Y7Qd0mbji0U
Whitetail :
https://www.youtube.com/watch?v=Yf0G3REja2o

In the Fishtank, Volume 7 (EP)
6.6

In the Fishtank, Volume 7 (EP) (2001)

Sortie : 22 mai 2001 (France). Blues Rock, Post Rock

EP de Low et Dirty Three

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Quelle belle idée de collaboration ! Low qui s’encanaillerait avec le trio instrumental australien… sur le papier c’est classe x classe = classe². Et bon, le résultat est classe aussi, mais quand même on est loin de l’addition de talents… si addition il y a sur ce disque, c’est dans le sens où j’ai l’impression d’entendre des chansons de Low auxquelles on a rajouté d’autres instruments pour « décorer », à savoir un violon, une basse, et une autre batterie (à l'exception de "Cody" qui ressemble plus à ce qu'ont l'habitude de faire les australiens, et qui est d'ailleurs la piste la moins palpitante du lot). Ce sont de belles chansons, qui ont par contre la manie de s’étendre pour mieux laisser entendre l’alchimie entre les deux entités, chacun y allant de sa petite touche.

Dans l’ensemble bon album, mais on aurait pu attendre moins conventionnel de la part d’une telle rencontre. Restent de beaux moments, comme la belle apesanteur de "Invitation Day", le blues de "Lordy" ou la reprise de Neil Young qui chatouille les dix minutes.

Invitation Day :
https://youtu.be/FinfSIgZ4Hw
Down By the River :
https://www.youtube.com/watch?v=cOxbGEXM89g

Trust
7.7

Trust (2002)

Sortie : 23 septembre 2002 (France). Slowcore

Album de Low

T. Wazoo a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C'est avec Trust que je réalise quelque chose qui me trottait dans un coin de la tête depuis le début de ma rétrospective : plus qu'un groupe de slowcore, ou de pop (ce qu'ils sont parfois selon le style qu'ils adoptent), Low avec ses chansons simples et répétitives, ses mantras lancinants, ses confessions de foi, est avant tout un groupe... de gospel dans l'âme, chantant des spirituals mormons. Le gospel de l'Apocalypse, comme en témoignent nombre de leurs pistes désespérées, telles les très Swans (période "post-rock") "John Prince" et "The Lamb". Sans doute est-ce le plus explicite "(That's How You Sing) Amazing Grace" qui m'aura causé l'épiphanie ("Tim Is a Diamond" aussi c'est du pur spiritual).

Sinon au delà de cette réalisation, qui s'applique aussi bien à l'ensemble de leurs album, Trust a des petits airs de Best-of ++. Il n'a pas nécessairement une identité et une cohésion aussi fortes et marquées que d'autres disques, en revanche ils font ici un sans faute, célébrant et sublimant les styles qu'ils avaient pu aborder auparavant, dans une forme pleinement mature et maîtrisée. Par exemple "Point of Disgust" est probablement leur plus belle piano ballad et "In the Drugs" est une proposition alt.country plus convaincante que la plupart de ce qu'on trouve sur Things We Lost. Ils innovent, même ! Comment ne pas ouvrir de grands yeux médusés lorsque "Canada" nous passe dessus ("Last Snowstorm of the Year" aussi dans une moindre mesure), avec son grand riff bulldozer et son tempo anormalement véloce (annonciateur des joyeusetés à venir sur The Great Destroyer). On a même "Shots & Ladders", longue piste finale nébuleuse, dont les manipulation électroniques préfigurent les essais futurs du groupe en la matière (surtout celui de 2018, Double Negative).

En bref : l'impression que Low fait un peu le point ici, utilisant leur alchimie de groupe plus forte que jamais et leurs moyens de studio à bon escient pour démontrer puissamment leur éclectisme, repassant un coup de poliche sur les différents genres abordés jusqu'ici avant de poursuivre une route riche en bouleversements !

(That's How You Sing) Amazing Grace :
https://www.youtube.com/watch?v=e3mB31w7QSw
Canada :
https://www.youtube.com/watch?v=BH18_vdSQss
In the Drugs :
https://www.youtube.com/watch?v=2P8p0Z3wKUs

The Great Destroyer
7.4

The Great Destroyer (2004)

Sortie : 2004 (France). Indie Rock, Rock

Album de Low

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Non, The Great Destroyer n'est pas complètement sorti de nulle part, après tout cela fait déjà quelques années que la musique du trio s'up-tempise (pardonnez le néoLowgisme) et sur le précédent Trust on avait déjà eu une première version d'un morceau rock + gros riff + gros son massif avec "Canada". Donc oui, des indices étaient présents çà et là, mais quand même ça ne retire rien à l'échelle de la discographie de Low, aussi fort que soudain.

Si on doit chercher des responsables dans la tourmente, on se tournera volontiers vers leur nouveau producteur : Dave Fridmann, qu'on a nommé le Phil Spector du rock alternatif, avec en palmarès Mercury Rev, Flaming Lips, Mogwai, Sparklehorse, Wheat, Sleater-Kinney, Clap Your Hands Say Yeah!, Tame Impala, MGMT, je continue ou le message est passé ? Bref, propulsé par sieur-à-fond-les-ballons, Low mettent sur pied leur Wall of Sound rien qu'à eux et se font les avatars d'une pop chargée en distorsion, pas très différente dans le fond de ce qui a toujours fait l'identité du groupe, mais formellement rafraîchissante et surtout très jouissive ; c'est un plaisir d'écoute particulier, assez peu comparable à tout ce qu'ils ont pu faire auparavant. Ici on se noie dans les couches de son, les guitare-clavier-basse-batterie ne forment plus qu'une seule texture saturée, une masse qui menace parfois de s'effondrer sur elle même ("Everybody's Song", tellement massive qu'on y comprend parfois plus grand chose, et tant mieux).

Si je devais nommer les pistes qui bénéficient le mieux de cette situation globale, je citerais l'immuable "Pissing" qui ne fait que grandir à mesure que sa foi se fait vibrante, "When I Go Deaf" qui se camoufle en ballade acoustique pour mieux exploser en un déluge furieux quand on s'y attend le moins, ou encore "Monkey" qui gronde, pleine de menace avec la section rythmique et ses basses assourdissantes. Et en parfaits contrepieds : "Cue the Strings" et son apesanteur mellotronée en plein milieu du disque ainsi que "Death of a Salesman" qui reste acoustique et apaisée (façon de parler vu les paroles amères). Tout ça fait de The Great Destroyer le disque le plus instantanément mémorable de Low, à mon sens, et sans doute celui que vous devriez conseiller à vos potos rockistes, même si bien sûr c'est un disque unique et trompeur dans une discographie fort disparate.

Everybody's Song
https://youtu.be/7OhJdiKNivA
Death of a Salesman
https://youtu.be/w76_IzLRKkg
Pissing
https://youtu.be/rDoEH6d5kOM

Drums and Guns
7.2

Drums and Guns (2007)

Sortie : 20 mars 2007 (France). Rock, Indie Rock

Album de Low

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Curieux virage que celui de Drums & Guns. Pour leur deuxième et dernière échauffourée avec Dave Fridmann, Low effectue ce qu'on pourait appeler une Radiohead (i.e.: passer d'un album rock impeccable à un dénuement électronique). Bon, on ne va pas se mentir, les sus-nommé Radiohead ont mieux négocié leur virage stylistique que nos mormons préférés chez qui cela donne naissance à un disque étrange.

Malgré quelques moments de grâce çà et là, comme la cruelle, migraineuse et crue "Pretty People" qui bénéficie de son traitement raw-feedbacks et de ses brumes agressives, ou encore "Belarus" dont le côté cotonneux donne l'agréable sentiment d'être un flocon de neige déposé sur la poudreuse, la plus grande partie de l'album témoigne plutôt d'une tentative de greffe qui ne marche qu'à moitié. Tous les "Breaker", "Dragonfly", "Always Fade" et autres "Hatchet" semblent avoir d'un côté la chanson, de l'autres les instrumentations (parfois carrément discriminées les unes des autres par la stéréo), sans former un tout vraiment uni.

Mais - car il y a un mais - c'est sans compter le dernier tiers de l'album, à savoir les quatre morceaux finaux (fièrement introduits par l'interlude "Your Poison"), à savoir "Take Your Time", "In Silence", "Murderer", "Violent Past", qui justifient à eux seuls l'existence de Drums & Guns. Plus mélodiques et tout aussi expérimentaux mais avec une direction plus fine dans l'usage de l'électronique, cette brochette est sans nul doute l'un des plus beaux enchainement de leur carrière. Comme quoi... tout bizarrement déséquilibré qu'il soit, il vaut quand même la peine qu'on s'y attarde un peu.

Pretty People :
https://www.youtube.com/watch?v=GrJjTqUTe_w
Take Your Time :
https://www.youtube.com/watch?v=nJJAtBWzBSw
Murderer :
https://www.youtube.com/watch?v=lb0X7XKkzcw

C’mon
7.2

C’mon (2011)

Sortie : 11 avril 2011 (France). Rock, Alternative Rock, Indie Rock

Album de Low

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Après Drums & Guns, aventureux et glacial quoique inégal, nos mormons retrouvent la chaleur de leur foyer. Après un énième changement de bassiste (il aura pas fait long feu le dernier) et un casting 4 étoiles (Matt Beckley à la prod et une myriade de guests studios dont el famoso Nels Cline), Low nous sert ce qui reste encore aujourd'hui comme leur album le plus chaleureux et maximaliste.

Ce qui est rigolo avec eux, c'est qu'à chaque nouveau virage stylistique on a l'impression qu'ils débarquent avec quelques trains de retard... Par exemple en 2005 ils découvraient la grosse pop rock qui tâche avec un mur du son qui ne serait pas sans rappeler certains avatars 90's, en 2007 ils faisaient une Radiohead 7 ans après Radiohead en passant du rock à une forme électronique glaciaire, et voilà qu'en 2011 ils reviennent à une forme de pop rock riche en power ballads qu'on aurait bien vu une fois de plus dans les 90's, à la charnière. Mais au delà de la boutade, aucune condescendance dans mes remarques ; à chaque fois le couple (oui parce que je parle de trio à chaque fois mais le socle et le coeur battant de Low c'est le mariage solide d'Alan & Mimi) s'approprie naturellement les codes du style à leur manière. Et surtout, ça n'a pas la moindre espèce d'importance.

Ce qui compte, c'est que les méLowdies soient toujours présentes, aussi simples, gracieuses, tendres que d'habitude. La première moitié du disque est occupé par des espèces de power ballads luxuriantes (guitares supplémentaires, violons, xylophones...), power berceuse même avec la très belle "Try to Sleep" en guise d'introduction. Après avoir culminé sur la terrassante "Especially Me" (chantée par Mimi), le groupe entame une deuxième moitié plus nuancée, là où le disque devient vraiment passionnant. "$20" est d'un dépouillement absolu, avec un refrain scandé "My love is for free... my love", si simple alors que les seules inflexions de voix du couple la traversent d'émotions ambivalentes. Je manque de place donc je me contenterai de citer "Nothing But Heart" et son crescendo de 8 minutes avec une seule putain de ligne répétée sans lassitude, d'une justesse qui devrait rendre jaloux tous les apprentis post-rockers. Et hop, ni vu ni connu, Low a sorti l'un de ses albums les plus solides. Faussement classique, vraiment beau.

Especially Me :
https://www.youtube.com/watch?v=cgdyJtruhac
$20 :
https://www.youtube.com/watch?v=S_3gkc9oHxY
Nothing But Heart :
https://www.youtube.com/watch?v=r7Aob1JP3Ss

The Invisible Way
6.7

The Invisible Way (2013)

Sortie : 19 mars 2013 (France). Indie Rock, Rock

Album de Low

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

De retour en studio après C'mon, Sparhawk & Mimi décident de se poser un peu, et de prendre du bon temps. Il faut préciser que depuis Trust ça ne va pas fort pour Alan, en pleine crise existentielle, il a vu son équilibre mental précaire s'effondrer ces dernières années, pour commencer à reprendre pied vers l'époque des sessions de C'mon. Afin de fêter et asseoir cette nouvelle ère (relativement) paisible, le groupe s'acoquine avec Jeff fucking Tweedy et compose un album... pépouze. D'après les dires de sieur Sparhawk himself, c'était la première (et seule) fois qu'un enregistrement se déroulait sans aucune anicroche, tension ou remise en question. Bonne humeur, tout coule de source ; et ça s'entend un peu. Sans aller jusqu'à dire que c'est l'électrocardiogramme plat, je dois bien avouer qu'il s'agit du moins mémorable de leurs essais.

Quand à dire un peu plus précisément pourquoi, ma foi... J'ai toujours été moins fana de leur face "americana" (qui était aussi fort présente sur Things We Lost, tiens tiens). Il y a également beaucoup de piano, instrument qui a toujours été à double tranchant selon la manière dont on l'utilise, et ici il ne fait bien souvent guère que retomber la sauce. Enfin, Mimi est beaucoup plus mise en avant qu'Alan, vocalement, et malgré tout mon amour pour le discret pilier du groupe, je ne la trouve pas aussi apte que son mari à porter seul un morceau.

Tout ça pour dire que je ne suis globalement pas convaincu par la manière dont sonne une bonne partie du disque, mais :
1. ça ne retire rien aux bons choix occasionnels,
2. ça ne retire rien non plus à la qualité des compositions.
On n'ira donc pas cracher sur une merveille tragique comme "Plastic Cup", avec son doux martèlement de grosse caisse et son apport judicieux de légers arrangements de cordes sur le "climax". On accueillera à bras ouverts un "Clarence White" qui menaçait de ronronner avec ses claps et ses accords de piano bêtement plaqués là, avant que ne grimpe la force du gospel, et ce refrain qui file les frissons. Qui n'irait pas chantonner le long de la ritournelle de "Just Make it Stop", sangloter doucement auprès de "Mother", ou apprécier la métamorphose du country-rock paisible de "On My Own" en décharges de disto crachotantes sur lesquelles Mimi et Alan scandent des "HAPPY BIRTHDAY" comme d'autres prophétisent la fin du monde.

Plastic Cup :
https://www.youtube.com/watch?v=QfNLtUUEiGI
On My Own :
https://www.youtube.com/watch?v=rbu-vUhZVz8

T. Wazoo

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