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Frénésie littéraire - 2021

Littérature - Philosophie - Essais divers.

Écrire un mémoire de philosophie prend beaucoup de temps et l’on passe son temps à lire et relire des bouts de phrases ou extraits jusqu’à connaître cette phrase ou ce passage par cœur. Mon année 2020 fut consacrée à ce travail d’où mon ...

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23 livres

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

Le Réel et son double
7.5

Le Réel et son double (1976)

Sortie : 1976 (France). Essai, Philosophie

livre de Clément Rosset

Réminiscences a mis 7/10.

Annotation :

(Décembre)

Rosset démontre logiquement le lien entre l'illusion, le double et le réel à partir de cas littéraires et philosophiques.
Je me suis souvent perdu dans son raisonnement, mais cet essai reste très intéressant et original.

Très haut amour
7.5

Très haut amour

Poèmes et autres textes

Sortie : 27 novembre 2002 (France). Poésie

livre de Catherine Pozzi

Réminiscences a mis 7/10.

Annotation :

(Décembre)

Bizarrement, j'ai l'impression que la force de ce recueil ne réside pas dans ses poèmes, mais dans son avant-propos. La vie de Catherine Pozzi m'est devenue une obsession le temps d'une soirée.
Ce recueil n'est pas forcément mauvais, mais est sûrement à l'image de la vie de Pozzi.

"Il ressemblait à l'absolu
J'ai tiré dessus.
Les plombs étaient en vérité
La poudre était en volupté
Je l'ai raté."

Le Guide ultime pour démonter l'idéologie antiraciste
1.8

Le Guide ultime pour démonter l'idéologie antiraciste

Sortie : 18 octobre 2021 (France). Guide & manuel

livre de Valek

Annotation :

(Octobre)

Torchon à l'image de son auteur. Fautes d'orthographe, de typo, non-sens, massacre de la langue française et j'en passe.
(Je m'abstiens de mettre un un).

Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie Nationale
8.3

Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie Nationale

Sortie : 2002 (France). Vie pratique, Culture & société

livre de Imprimerie Nationale

Réminiscences l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Moi : *Tends le livre à la libraire pour payer*
*Une autre libraire s'arrête, prend le live et s'exclame* "J'adore voir partir ce livre ! J'espère que vous allez l'apprécier !"
Moi : "Je pense surtout qu'il sera mon pire cauchemar".

Edit : Ce livre est devenu mon meilleur ami pour la typographie.

Le Réalisme capitaliste
6.9

Le Réalisme capitaliste (2009)

N'y a-t-il aucune alternative ?

Capitalist Realism. Is There No Alternative ?

Sortie : 9 novembre 2018 (France). Essai, Politique & économie

livre de Mark Fisher

Réminiscences a mis 6/10.

Annotation :

(Octobre)

En utilisant Badiou, Žižek, Super Nanny ou encore Deleuze et Guattari, Mark Fisher propose une critique du réalisme capitaliste considéré comme post-fordisme.

"Toute critique morale du capitalisme, en soulignant comment il amène à la souffrance, ne fait que renforcer le système capitaliste "

Défaire la police
6.8

Défaire la police (2021)

Sortie : 24 septembre 2021. Essai, Culture & société

livre de Jérôme Baschet, Elsa Dorlin, Collectif Matsuda et Serge Quadruppani

Réminiscences a mis 6/10.

Annotation :

(Octobre)

Une petite sélection de textes traitant de la question de la police. Beaucoup de constats et peu de solutions. Le thème est connu, il est dommage que le traitement ne soit pas un minimum original. Néanmoins, le texte de Jérôme Baschet sauve l’ensemble en proposant une réflexion intéressante sur la justice de médiation au Chiapas.

Herculine Barbin dite Alexina B.
7.1

Herculine Barbin dite Alexina B. (1991)

Sortie : février 1991. Biographie, Essai

livre de Oskar Panizza, Herculine Barbin et Michel Foucault

Réminiscences a mis 7/10.

Annotation :

(Septembre)

Redécouverte par Foucault, Herculine Barbin est l’une de ces vies infâmes et infimes que l’histoire a oubliées. Et pourtant son histoire illustre le premier récit documenté d’hermaphrodisme. En rat de bibliothèque, Foucault retrouve la trace d’Herculine et notamment de ses souvenirs écrits. Assignée femme à sa naissance puis homme à 21 ans, la vie d’Herculine est un drame. Foucault verra forcément dans ce récit la force des relations de pouvoir et de savoir et notamment de la science sur la vie. L’assignation d’un sexe à un individu peut alors devenir destructrice.

Le cas d’Herculine, qui fera fantasmer certains dont Panizza, est illustrateur d’un espace de liberté au sein de la bio-politique. Une liberté malgré soi où la captation de l’identité ne fonctionne plus, où la médecine échoue dans sa caractérisation de l’individu. Un espace de liberté dans lequel a pu se mouvoir Herculine durant ses quelques années.

Vos parents ne sont plus vos parents

Vos parents ne sont plus vos parents (2020)

Les clés pour réajuster la relation avec ses parents à l'âge adulte

Sortie : 2020 (France). Vie pratique, Psychologie

livre de Emmanuel Ballet de Coquereaumont et Marie-France Ballet de Coquereaumont

Réminiscences a mis 6/10.

Annotation :

(Août)

Les auteurs proposent de réajuster les liens entre parents et enfants autour du concept d'"enfant intérieur" que nous retrouvons chez Jung et des notions telles qu'ex-parent ou ex-enfant. Mon cerveau est assez réfractaire à tout ceci pour que je puisse apprécier ce genre de lecture. Néanmoins, Ballet de Coquereaumont mettent en avant des éléments pertinents sur les manques de l'éducation chez les parents entre plusieurs pages de banalités. Les témoignages et les exemples sont appréciables car ils permettent de se reconnaître et illustrent les propos des auteurs qui sont parfois assez mystérieux.

Mon avis est qu'il vaut mieux une bonne thérapie que lire ce genre de livre.

Testo junkie
7.6

Testo junkie (2008)

Sexe, drogue et biopolitique

Testo Yonqui

Sortie : octobre 2008. Essai

livre de Paul B. Preciado

Réminiscences a mis 5/10.

Annotation :

(Juillet)

Entre provocations, éléments autobiographiques et réflexions philosophiques, Preciado nous propose un essai prenant appui sur sa propre expérience de transition et sur une critique de ce qu’il nomme « l’ère pharmacopornographique » qui serait une nouvelle forme de pouvoir ou une sorte d’amélioration du biopouvoir. Cette nouvelle forme de pouvoir prend pour référence « les processus de gouvernement de la subjectivité sexuelle, dans ses modes moléculaires (pharmaco-) et sémiotiques (porno-) ». Un processus de gouvernementalisation de la subjectivité sexuelle qui englobe très vite de nombreux éléments de notre vie. Par conséquent, pourquoi ne pas simplement dire que le/la pharmacoporno n’est qu’une bio-politique avancée prenant appui sur les avancées scientifiques ? Bon, soyons de bonne foi et accordons à Preciado le fait que ce qu’il théorise comme nouvelle forme de pouvoir est pertinent.

Preciado par sa transition sans suivi médical se présente comme figure de la résistance. Il contrôlera sa transition sans avis médical en s’injectant lui-même son gel testostéroné. Par conséquent, son acte de résistance est annihilé par le fait même de s’injecter sa T. En effet, il sait très bien que la bio-politique capte les identités et fonctionne par les identités (passer de femme à homme ou se déclarer transgenre ou autre identité n’est pas un acte de résistance, seul le processus de subjectivation l’est; une forme de gender-hacking pour Preciado). De plus, il joue le jeu des laboratoires pharmaceutiques en s’injectant ce produit jusqu’à en devenir accro.

Finalement, je ne comprends plus tellement où Preciado veut en venir surtout qu’il déclare au début vouloir transitionner pour se venger de la société, mais surtout pour "baiser". Je mets en avant le thème de la baise car il revient énormément au point que j'ai eu l'impression de lire un roman érotique/porno.

Bref, en lisant cet essai/auto-bio j’ai eu l’impression de me trouver en face d’une personne brillante représentant le pire du post-modernisme. Certains passages sont intéressants, mais mon impression reste qu’il a bullshité sur 400 pages en confondant Foucault, Deleuze, Guattari. Les simplifications philosophiques sont aussi assez graves pour être soulignées (cf. la vie nue comprise comme vie à poil p.48). Preciado aurait vraiment pu faire un essai sérieux, car c’est sans aucun doute une personne intelligente.

Le Bruit et la Fureur
7.8

Le Bruit et la Fureur (1929)

The Sound and the Fury

Sortie : 1938 (France). Roman

livre de William Faulkner

Réminiscences a mis 7/10.

Annotation :

(Juillet)

Le Bruit et la Fureur suivent un drame familial sur plusieurs jours avec un retour 10 ans plus tôt afin de comprendre comment une riche famille du sud des États-Unis a pu sombrer dans la misère.

Ce fut une lecture très difficile, j'ai failli abandonner plusieurs fois; et je crois bien que beaucoup ont vite abandonné cette lecture. Faulkner nous embrouille en permanence dans la narration (plusieurs personnages ont le même nom (Quentin, Jason) ou encore change de nom Maury devient Benjamin/Benjy, la narration suit un courant de conscience) et la temporalité (retour dans le temps, flashback, références à des événements qu'on ne connaît pas), c'est très vite décourageant.

Le premier chapitre prenant le point de vue de Benjy est horrible à lire même s'il est possible de comprendre la démarche de Faulkner et donc de s'immiscer dans la tête de Benjamin. Le chapitre 2 aide vraiment à récupérer même si l'histoire de Quentin est quelque peu confuse. Je n'ai plus lâché ce livre après le chapitre 2 et j'encourage les personnes démotivées par le chapitre de Benjy à continuer. À partir de ce moment, on commence à comprendre les causes de cette déchéance familiale ainsi que la structure familiale.

J'ai déjà expérimenté ce style d'écriture avec Virginia Woolf et Les Vagues, mais Faulkner place la barre au-dessus pour nous offrir un drame familial aussi tragique que captivant. Le récit fait encore échos dans ma tête et je me dis que peut-être j'ai lu un chef d'œuvre sans m'en rendre compte.

Écrits corsaires
7.6

Écrits corsaires (1977)

Scritti corsari

Sortie : 1977 (France). Essai

livre de Pier Paolo Pasolini

Réminiscences a mis 7/10.

Annotation :

(Juillet)

Difficile de suivre tous les articles sans connaissance de la situation politique italienne. Pasolini répond à l’actualité italienne et on se retrouve vite perdu avec différentes histoires et noms inconnus. Néanmoins, je ne crois pas que ce soit l’essentiel. Sa thèse de la société de consommation comme nouvelle forme de fascisme est sans aucun doute très intéressante. Pasolini voit très tôt ce qui peut paraître aujourd’hui comme une évidence. Dommage toutefois que les articles sont redondants. Ses "Pièces à conviction" sont aussi très intéressantes, j'aime beaucoup le fait qu'il voit déjà que la tolérance face aux minorités est simplement une tolérance du pouvoir de la consommation.

Et ce sublime Article des lucioles !

Le Creuset français
7.9

Le Creuset français

Sortie : mars 2006 (France). Essai

livre de Gérard Noiriel

Réminiscences a mis 7/10.

Annotation :

(Avril)

Étude socio-historique sur l’immigration en France du XIXe au XXe siècle. Noiriel est clairement une référence dans ce domaine. La lecture est peut-être rébarbative, mais ce livre grouille de sources précises. En bref, c’est un incontournable sur le sujet qui réconfortera certains et qui attira les foudres d’autres.

« Avant que ne débute la dernière vague massive d’immigration, dans les années soixante, le Français « de souche » se fait rare. Sans l’immigration, la population de la France n’aurait pas dépassé 35 millions d’habitants il y a 10 ans (G. Mauco, 1977). » (p.318).

Sur Naples

Sur Naples

Sortie : 2019 (France). Essai, Journal & carnet

livre de Walter Benjamin, Asja Lācis et Alfred Sohn-Rethel

Réminiscences a mis 6/10.

Annotation :

(Avril)

Sympathiques tableaux de la ville de Naples dans les années 20 par Benjamin, Lacis et Sohn-Rethel.
Le texte "L'idéal du cassé" est sûrement le plus intéressant.

Béton : Arme de construction massive du capitalisme
6.3

Béton : Arme de construction massive du capitalisme (2020)

Sortie : 6 novembre 2020. Philosophie, Culture & société

livre de Anselm Jappe

Réminiscences a mis 4/10 et a écrit une critique.

Foucault en Californie
6.6

Foucault en Californie (2019)

Sortie : 11 février 2021 (France). Récit

livre de Simeon Wade

Réminiscences a mis 6/10.

Annotation :

(Avril)

Court récit d'une partie du passage de Foucault en Californie et de son trip sous acide dans la vallée de la mort, Simeon Wade semble inventer de toutes pièces cette histoire entre communauté homosexuelle recluse dans le désert californien, musique classique et acide. Pourtant, les preuves sont là : les photos sont présentes, les interventions de Foucault sont réécrites (la dernière est même présente dans Dits et écrits vol.II si je m’abuse). Néanmoins, j'ai l'impression que Wade en rajoute par moment. Comment écrire un récit aussi précisément en étant aussi sous acide ? Comment réécrire si précisément ce court séjour de Foucault ? Wade semble être un fanatique de Foucault, j’imagine que ce séjour passé avec lui a dû être ressassé de nombreuses fois, mais pourtant tout semble irréel. Par contre, le virage que Foucault prend au sujet des communautés, les modes des vies, le corps, les pratiques de soi semble tout droit sorti de cette expérience. On sait que Foucault était une personne insaisissable et si Wade n’aurait pas réussi à capter une partie de la personne de Foucault ?

Immunitas

Immunitas (2002)

Protection et négation de la vie

Immunitas : protezione e negazione della vita

Sortie : 4 mars 2021 (France). Essai

livre de Roberto Esposito

Réminiscences a mis 8/10.

Annotation :

(En 2020)

La version française est sortie en mars, j'avais jusque-là lu ce livre en anglais (ne comprenant pas l'italien). Les Français se sont se rendus compte de la portée philosophique d'Esposito, on peut les féliciter. C'est dommageable qu'il ait fallu attendre la crise du Covid pour en arriver là.

Esposito comprend l'immunitas comme un processus de protection face à la communitas (communauté). La communitas est constituée d'individus partageant un munus (une tâche, un devoir, une obligation). De ce fait, elle ouvre vers le dehors chaque individu se tenant dans cette communauté, il y a défection du propre et donc de l'identité. L'immunité est alors la protection de "la substance du sujet propriétaire de soi-même" (grosso modo l'identité). Dans cet essai, Esposito présente cette conception de l'immunité qu'il fait glisser avec l'immunité bio-médicale/bio-logique. Par conséquent, il retrouve le modèle biologique dans des régimes politiques de type bio-politique. Le modèle immunitaire permettant de défendre l'identité et ainsi le même que celui qui permet de défendre la vie. L'intégration par exclusion est ce qui permettrait justement cette défense de la vie par le virus lui-même, jusqu'au point de rupture...

Je vais éviter d'en dire plus. C'est un essai assez dense, plutôt généalogique et qui permet de comprendre un peu mieux la pensée d'Esposito.
J'écris actuellement un article sur sa conception de l'immunité en lien avec la conception bio-politique de Foucault et c'est très passionnant, voilà ;)

La Mort est mon métier
8.1

La Mort est mon métier (1953)

Sortie : 1953 (France). Roman

livre de Robert Merle

Réminiscences a mis 8/10.

Annotation :

(Mars)

Beaucoup de choses ont déjà dû être dites sur ce livre, ma petite note n’apportera sûrement rien de très nouveau.

Robert Merle nous fait plonger dans l’histoire romancée de Rudolf Höss (Rudolf Lang dans le roman) connu pour être le commandant des camps d’Auschwitz et Birkenau. De son enfance jusqu’à sa tragique fin, Merle décrit cet homme comme celui qui obéit à tout ordre venant de sa hiérarchie supérieure et ceci commence très tôt avec son père. Naissant et grandissant avec une éducation très stricte et militaire, Rudolf va très vite devenir l’idiot utile permettant la montée un simple rouage dans la grande machine thanatopolitique du Troisième Reich.

Le problème selon moi et que ça permet une justification partielle de ses actions « Je n’ai obéi qu’aux ordres de Himmler », « Je n’ai fait que mon devoir de SS », la justification principale qu’il donnera pour se défendre lors de son procès à Varsovie. Or, Merle passe un peu à côté d’une autre facette psychologique de Höss, Höss ne présente aucune empathie, aucune pitié, il agit en pur tueur réifiant les Juifs à de la vermine avant qu’ils deviennent de simples chiffres. Les relations avec sa femme Elsie (dans le livre) sont là pour rappeler son manque de cœur, mais Merle n’accentue pas assez ceci à mon goût.

Néanmoins, si ce livre permet une justification partielle des actes de Höss, il reste extrêmement intéressant à lire pour son côté historique, l’écriture est fluide et j’ai rarement été pris aussi rapidement dans une histoire.

Capitalisme carcéral
7.7

Capitalisme carcéral (2018)

Carceral Capitalism

Sortie : 22 novembre 2019 (France). Essai

livre de Jackie Wang

Réminiscences a mis 8/10.

Annotation :

(Mars)

S’inscrivant dans le mouvement American pour l’abolition des prisons, Jackie Wang propose une réflexion sur le système carcéral américain et ses liens avec le capitalisme. C’est un essai dense proposant différents types de réflexions (économique, social, politique, éthique) ainsi que quelques poèmes et citations d’auteurs et autrices qu’elle admire.

Le contexte est très simple, le capitalisme américain permet une prédation financière (notamment avec les systèmes de prêts à taux fluctuant visant surtout les plus démunis, prêt étudiant, etc.) ainsi qu’une gouvernance parasitaire qui dans un but de financer les dépenses municipales de certaines villes endettées cherchera la solution par des coupes budgétaires (ex : éviter d’injecter de liquidités dans les services publics comme l’éducation) ou une plus grande verbalisation de sa population et par conséquent des personnes de couleurs. Ces deux voies permettent l’augmentation du nombre de détenus dans les prisons américaines tout en permettant aux états d’engendrer des revenus. Les prisonniers disposent évidemment de services payants (envoi de mail, échange de conversation par visioconférence et autres services) qui permettront de prélever encore une fois de l’argent à leur famille. C’est donc un cercle vicieux qui s’opère, prélevant toute ressource financière engendrant de la criminalité et donc de potentielles ressources économiques pour les villes. Les logiciels algorithmiques d’entreprises privées, tel que PredPol, utilisés par la police permettent cette même chasse à la criminalité visant spécifiquement les minorités sous couvert d’une certaine forme de neutralité.

Je n’en dis pas plus, c’est un essai qui mérite d’être lu. Wang décortique efficacement ce lien entre capitalisme et système carcéral visant les minorités américaines. Elle offre un travail effrayant sur le racisme qui touche toujours les USA et la condition des prisonniers qui, parfois, enfermés à vie pour un crime commis étant enfant ne rêve que de voir les étoiles.

(Par contre, c'est du n'importe quoi dans les références. Il suffit que j'aille en chercher une d'Esposito pour comprendre que la traduction est totalement fantaisiste et qu'il n'existe pas ce paragraphe dans la version originale en italien et la traduction française. Donc la traduction française dans le texte traduit directement depuis l'anglais n'existe pas dans la traduction officielle française...).

Peau noire, masques blancs
7.8

Peau noire, masques blancs (1952)

Sortie : 1952 (France). Essai, Culture & société

livre de Frantz Fanon

Réminiscences a mis 8/10.

Annotation :

(Février)

En philosophie, on est toujours méfiant lorsqu’il s’agit de mélanger travaux de philosophie et de psychologie. Soit le travail se révèle être très douteux ou alors excellent. Cet exercice, Fanon le réussit avec brio en proposant une approche psychologique de la question coloniale et notamment du rapport entre l’homme blanc et l’homme noir.

Les premiers chapitres sont très intéressants. La courte étude sur le langage est frappante ainsi que les deux chapitres sur les relations entre homme de couleur différente. Mais le chapitre « Le Nègre et la psychopathologie » se révèle être le meilleur. La thèse de l’homme noir vu comme puissance sexuelle « hallucinante » est ahurissante tant elle semble choquante et en même temps très plausible. Cette caractérisation de l’homme noir permettrait une quasi justification inconsciente de la négrophobie. Cette caractérisation inconsciente de l’ennemi est extrêmement intéressante dans la mesure où elle permet de comprendre les logiques racistes. Fanon met en avant l’hypothèse du Juif comme danger intellectuel et le « nègre » comme danger biologique, or cette hypothèse ne sera pas celle prise en compte par les Nazis voyant le Juif comme danger biologique (Epsosito en parle davantage dans Immunitas et Bios). Cette question de la caractérisation de l’ennemi en danger m’interpellant énormément en ces temps, me semble être à développer à l’heure où le paradigme bio-politique prend emprise sur notre vie et caractérise justement l’Autre comme danger biologique à travers cette pandémie du coronavirus.

Le dernier chapitre sur la reconnaissance faisant référence à Hegel est vraiment très bon. Je ne peux que recommander cet essai.

« Pourtant de tout mon être, je refuse cette amputation. Je me sens une âme aussi vaste que le monde, véritablement une âme profonde comme la plus profonde des rivières, ma poitrine a une puissance d’expansion infirme. Je suis don et l’on me conseille l’humilité de l’infirme… Hier, en ouvrant les yeux sur le monde, je vis le ciel de part en part se révulser. Je voulus me lever, mais le silence éviscéré reflua vers moi, ses ailes paralysées. Irresponsable, à cheval entre le Néant et l’Infini, je me mis à pleurer. »

Les Chasses à l'homme
7.5

Les Chasses à l'homme

Sortie : 2010 (France). Essai

livre de Grégoire Chamayou

Réminiscences a mis 7/10.

Annotation :

(Janvier)

Chamayou nous emmène à travers l'histoire pour découvrir les différentes méthodes et fonctions des chasses à l'homme. Entre la chasse aux Juifs en passants par la chasse aux Indiens, la chasse dans le monde Antique ou encore la présence de la chasse dans la Bible, on découvre une histoire passionnante.
D'un point de vue philosophique, l'essai est plutôt banal. Les théories appliquées sont déjà assez connues (cf. dialectique maître esclave chez Hegel pour ne citer que ça). Cet essai manque un peu de puissance par rapport à Théorie du drone ou La société ingouvernable.

Fragments d'un discours amoureux
8.2

Fragments d'un discours amoureux (1977)

Sortie : 1977 (France). Essai

livre de Roland Barthes

Réminiscences a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et l'a mis en envie.

Annotation :

(Janvier)

Rédiger un essai sur le discours amoureux et l'amour doit être absolument difficile. Difficile de poser des mots sur des sentiments et tout ce qui gravite autour de ces sentiments. Or, Barthes y arrive et propose un merveilleux essai. Merveilleux car toute personne ayant été amoureux ou étant amoureux se retrouvera dans ces fragments. Merveilleux aussi par sa structure et ses références (Goethe, Proust, Hölderlin pour ne citer qu'eux, entremêlés avec des références au zen). Merveilleux par l'apparition de fragments de conservations privées nous faisant cheminer à travers le discours amoureux.

"Je suis ce Hollandais Volant; je ne peux m'arrêter d'errer (d'aimer) en vertu d'une ancienne marque qui me voua, dans les temps reculés de mon enfance profonde, au dieu Imaginaire, m'affligeant d'une compulsion de parole qui m'entraîne à dire "Je t'aime", d'escale en escale, jusqu'à ce que quelque autre recueille cette parole et me la retourne; mais nul ne peut assumer la réponse impossible (d'une complétude insoutenable), et l'errance continue."

La Démocratie immunitaire

La Démocratie immunitaire (2003)

Sortie : 2003 (France). Essai

livre de Alain Brossat

Réminiscences a mis 6/10.

Annotation :

(Janvier)

La démocratie comprise comme un système d'immunité est une idée intéressante qui mérite d'être creusée. Or, je n'ai pas l'impression qu'Alain Brossat y arrive totalement.
J'ai la même impression concernant la partie sur l'anesthésie. Encore une fois, le lien entre démocratie, immunité et anesthésie est très intéressant, mais on ne décolle pas vraiment des topos. Cet essai donne l'impression de relater du déjà connu ou des banalités, il suffirait tout simplement de lire Esposito (qui est rapidement cité au tout début) pour s'en rendre compte.

Finalement, on se retrouve à lire un essai présentant des idées, mais ne les creusant pas dans le seul objectif d'informer des lecteurs connaissant peu la question. C'est bien dommage.

Madame Edwarda - Le Mort - Histoire de l'œil
7.4

Madame Edwarda - Le Mort - Histoire de l'œil (1928)

Sortie : 1937 (France). Roman

livre de Georges Bataille

Réminiscences a mis 8/10.

Annotation :

(Janvier)

C'est vrai que Bataille annonçait dès la préface que ces trois nouvelles allaient être surprenantes, mais je ne m'attendais pas à tomber sur trois nouvelles érotiques. Mais est-ce vraiment surprenant venant de Bataille ? Non.

Mon rapport à la littérature érotique est très limité et n'est clairement pas mon genre littéraire préféré (Sade aura été l'overdose suffisant pour que je n'y relise plus de ce genre). Or, Bataille m'a surpris. Pas tellement au niveau de la grossièreté extrême de certains de ses propos, mais par toute l'analyse qui gravite autour de ces trois nouvelles.
L'érotisme se mélangeant au mysticisme dans ces trois nouvelles permet des analyses très intéressantes (rien que sur Wikipédia les courtes analyses en disent beaucoup) formant déjà l’œuvre future de Bataille tant philosophique que mystique. Madame Edwarda, Le Mort, et surtout Histoire de l'œil méritent d'être lues.

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