Films vus pendant le confinement (le deuxième là tu connais)

Annotation :

Un court-métrage à la forme composite et au contenu poignant. Le témoignage intimiste fourni est aussi touchant par sa sincérité que terrifiant par la nature abominable des actes racontés avec un calme et une froideur traumatiques. Toutefois, le style graphique ne m'a pas franchement convaincu, contrariant mon appréciation de ce court-métrage. Les visuels ne servent ainsi que de support aux révélations de la cinéaste réalisées en voix off. C'est cette dernière qui donne sa raison d'exister au court-métrage, incarnation du besoin vital de sa conceptrice d'extérioriser cet héritage maudit comme on peut le deviner en entendant son calme cri du cœur, pourtant émotionnellement fort, qui clôture le film.

Annotation :

Film animé par une étrangeté flottante, décalée, à l'image de la réalité altérée éprouvée par son personnage principal amoral, quasi-animal. Le grain de la caméra employée participe grandement à nimber l'intrigue accessoire d'une ambiance dérangeante, malsaine cohérente avec les relations ambigües qu'entretient le trio presque muet de silhouettes spectrales à l'écran.

Annotation :

Je suis persuadé que le ressenti exprimé dans le film résonne malheureusement pour de nombreuses personnes, et de femmes en particulier. Toutefois, cet écho à la réalité ne suffit pas à compenser la mollesse visuelle du film. En à peine une minute de film, la course arrive paradoxalement à souffrir de longueurs.
La sensation d'oppression ne fonctionne pas réellement à mes yeux et s'avère trop faible pour servir efficacement son propos. Elle aurait mérité d'être plus travaillée, amplifiée, proportionnellement au mal-être et à l'angoisse que peut provoquer une confrontation si triviale, tout en gardant le même dénouement pour ne pas céder au manichéisme.
Run exploite une sensation tristement commune mais ne la rend pas assez intensément à l'écran pour être un réel court-métrage éloquent, préventif et émotionnellement puissant.
Sa réalisation pas assez aboutie dessert même son message et le maintient dans une forme de banalité désagréable, comme si le film pointait du doigt chez sa protagoniste une paranoïa alarmiste superflue et rejetait le fruit de ses réflexions, sans chercher à en comprendre les raisons ni à les soutenir à cause d'une mise en scène trop distante, impersonnelle. Cette déception est accentuée par le fait qu'il aurait pu toucher profondément les spectateurs et faire prendre conscience aux personnes non-concernées du drame intérieur vécu par toutes ces femmes, tous ces individus effrayés par le monde extérieur devenu perpétuellement menaçant par un travail du son plus poussé et une mise en scène symboliquement révélatrice.