FILMS VUS EN 2023

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Il est rare de voir traitée au cinéma, de façon aussi centrale, la question de l'amitié. Ici, sur l'île d'une île – c'est-à-dire aux confins du monde et pourtant au cœur du monde – il n'y a pour Padraic (interprété par un Colin Farrell dont il est grand temps de reconnaître l'immense talent) que l'amitié. Ce sont cette profonde tendresse et cette complicité si particulière (qui le lient le plus évidemment à Colm, mais aussi à sa sœur, à ses bêtes, et même à Dominic) qui façonnent son être et son rapport aux autres, qu'elles perdurent ou qu'elles se rompent violemment, fruit d'une décision brutale et unilatérale, d'un départ ou d'une mort. Ainsi, le film n'est peut-être pas exceptionnel, mais fouillant avec obstination ce sujet dont il choisit de s'emparer, parfois jusqu'au piétinement, il accouche de beaux moments d'émotion. Bizarrement (je le précise quitte à me ridiculiser), plus que son amitié avec le crackhead à moignons, l'affection (réciproque) du héros envers ses animaux m'a complètement retournée.

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Pardon mais est-ce un film ou une prise d'otage ? Parce que là je suis bloquée à regarder des extraits pêle-mêle d'Avatar et de Bergman entre deux pets foireux, trois crachats, un nibard en gros plan et des geysers de vomi, sur la musique de La La Land (Gatsby remix)... et me vient donc l'envie pressante (sans mauvais jeu de mot car, le film durant 3 jours, je vous conseille de prendre vos precautions avant) de : MOURIR ASAP (comme les 4/5ème de l'effectif du film d'ailleurs, niveau stats on est entre 'Ran' et 'Fourmiz').

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Je sais pas j'ai dormi.

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Spleen du dimanche soir, au pic de mon cycle menstruel, je me trouvais dans les meilleures dispositions pour pleurer à chaudes larmes devant cet Aftersun que l'on m'avait dit avoir visionné la gorge nouée et les yeux mouillés... Hélas, pas de chamboulement de mon côté. Cela n'empêche que le film présente de belles qualités : le duo d'acteurs en est une, mais sa plus grande force réside, selon moi, dans sa capacité à transmettre avec une grande sensibilité ce qui traverse l'esprit d'une jeune fille de 11 ans (le glissement du regard sur ses parents, en l'occurrence son père, la conscience d'être regardée, la volonté de plaire...). Dommage que tous les inserts – assez répétitifs d'ailleurs – de retour au présent ne viennent alourdir le récit et le ramener à une forme plus convenue, déjà vue.

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Je reste persuadée que le monde de l'art (et le monde tout court) se portera mieux lorsque les jeunes issus de l'immigration et des milieux populaires cesseront de n'être qu'une toile sur laquelle projeter de rances fantasmes de violence, de sauvagerie et d'insurrection. En l'occurrence, "Goutte d'or" est un film qui filme, et l'atmosphère nocturne et illuminée qu'instaure Clément Cogitore – qui n'en est pas à son coup d'essai en matière de mysticisme – plonge lentement le spectateur dans un état hypnotique, reliant le fond du film à sa forme, brouillant le temps d'une heure les frontières entre le mensonge, la fable et la réalité. Le cinéma revêt ici un sens et une valeur, et cela me rend plus difficile la notation d'une œuvre que j'aurais pu vouloir jeter dans les poubelles de l'histoire (avec Les Misérables, par exemple...) mais qui, je ne peux le nier, porte en elle une certaine tendresse, et une poésie. Pour Karim Leklou enfin : chiche de jouer dans un film sans armée ni police ?

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Chiant...

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Les inspirations de Donzelli (Demy pour la chanson et le voile de mariée qui enferme, Rohmer dans la présence même de Melvil Poupaud et de Marie Rivière), se mêlent aux vieilles lunes de la réalisatrice (gémellité, fausse naïveté, recours à la pellicule, beau brun en pull Saint James), et force est de reconnaître que le cocktail n'est pas toujours fameux. Un bon vieux Spritz en somme : déjà vu, pas très bien dosé... se reposant un peu trop sur son atout fraîcheur (Virginie Efira dans le rôle des glaçons), la mixture laisse un léger goût amer, mais ça se boit.

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Malgré quelques longueurs, le film demeure prenant, intelligent, bien plus profond et pénétrant que son aspect soyeux ne pourrait laisse penser.

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Mon penchant pour l'auto-fiction n'est plus à prouver et aide indéniablement à faire monter la note de ce film, dont le charme repose davantage sur le charisme des personnages (et les vannes sur Macr0n) que sur le scénario, rigolo mais piétinant.

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De très (très) grandes forces, à commencer par cette manière bouleversante, subtilement maniériste, de convoquer les souvenirs de l'enfance, des fascinations étranges pour des gestes, des objets, du gravier, à ce que l'on croit comprendre (et comprend déjà) du monde des adultes, en passant par ce dont on ne sait plus vraiment s'il s'agit d'une ombre, d'un rêve ou d'un fantasme. De ce point de vue, le film est impressionnant, poussant l'exploration formelle jusqu'à nous replonger dans ces lectures d'enfance obsessionnelles qui, peu à peu, éclairent le réel d'un nouveau jour – quand elles ne déteignent pas sur lui. Le bât blesse où la grande histoire reprend le pas sur la petite, lorsque le film s'émancipe du regard de l'enfant dérobé derrière un talus, une fenêtre fauviste ou les planches d'une caisse en bois, pour embrasser la révolte de celles et ceux que l'on ne voyait jusqu'ici qu'à la lisière du cadre. Cette histoire, il fallait aussi la raconter, mais peut-être pas ainsi, ou pas cette fois.

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Allez, un 5/10 très bien payé mais il faut espérer – comme le laisse entendre ce final – qu'il s'agisse là du film d'adieu de Nanni car, après un 'Tre Pianni' déjà fort décevant, notre clémence a ses limites... Fût un temps où le réalisateur riait de lui-même, sachant, entre deux grognements, poser un regard tendre sur le monde. Désormais, riant du monde et ne se montrant plus tendre qu'avec lui-même et ses idées (franchement peu révolutionnaires), mon Italian lover commence à sentir la naphtaline :-(

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Promenade entre le monde antique et le monde présent, entre celui des morts et celui des vivants, celui du rêve et celui de la réalité, La Chimère établit une atmosphère envoûtante, hypnotique – au risque, il faut l'admettre, de devenir soporifique en ses derniers instants. Quelle joie cependant de voir un film qui filme, qui fait appel à de jeunes acteurs talentueux (ah Josh O'Connor), à des formes originales (la chanson de geste 2.0, par exemple), qui ne recherche pas l'efficacité du scénario. Une belle surprise.

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Heureuse de constater que les films nuls à chier, misérabilistes, ultra violents aux relents racistes dépassent nos frontières ! C'est donc ça la fameuse amitié franco-allemande ?

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Beaucoup de choses à dire sur ce Barbie mais je tâcherai d'être concise. J'aurais adoré que le film s'en tienne à ce qu'il est, et ce que j'attendais donc de lui : une grosse production américaine bien marketée et bien débile, avec deux trois bons mots émancipateurs histoire de, parce que ça change de la misogynie basée des cartons habituels, et parce qu'il faut bien. L'univers est (ré)créatif, les vannes marrantes, la musique sympa (cette reprise du Ratpi World de Booba par Ice Spice et Nicki Minaj ?) et les acteurs convaincants (voire plus pour Ryan Gosling qui tient clairement là son meilleur rôle)... Tout irait pour le mieux dans le meilleur des Barbiemondes si le film n'était gâté par de (longs) (et grossiers) passages discursifs pseudo-féministes (confus) (et gênants) dont on ne peut, Greta Gerwig ou non, ignorer la vacuité. Trente minutes que j'écris et que j'efface des phrases car au-delà de l'objet-film, qui n'a finalement qu'une importance relative (malgré le tapage), on touche à des sujets plus grands, plus complexes, plus démoralisants aussi, de ceux que l'on aimerait qu'ils soient traités avec plus d'application et de liberté – dans un autre cadre, donc, que celui d'une superproduction publicitaire. La bonne volonté d'une réalisatrice isn't Kenough.

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Brillamment interprété, cela dit le film n'exploite pas toutes les possibilités que l'idée de départ, intéressante, aurait pu permettre... jusqu'à virer au sabotage dans les scènes de fin.

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Clairement le meilleur des derniers Dupieux (pas difficile) et parmi les meilleurs de sa filmographie, car le réalisateur n'est jamais aussi bon que lorsqu'il trouve the idée, s'y tient – et sait quand s'arrêter. Evidemment, plus qu'ailleurs, le jeu d'acteur contribue ici pleinement à la réussite du film, avec les excellents Raphaël Quenard et Pio Marmaï (...et une Blanche Gardin qui rejoue indéfiniment son propre rôle pour le plus grand plaisir des quinquas fans de Desproges qui trouvent qu'on ne peut plus rien dire et que les jeunes sont trop sur leur téléphone bref je suis seule à me comprendre et commence à m'égarer). Particulièrement recommandé pour celles et ceux qui, comme mon coloc, détestent le théâtre.

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J'aimais déjà le cinéma de Justine Triet mais il me semble qu'elle franchit là une nouvelle étape en accouchant d'un film moins léger que les précédents, multidimensionnel, plus profond, plus sérieux – sans être plus sévère. Le genre du film de procès (pour lequel je n'ai aucun goût) s'en voit comme renouvelé, car il ne s'agit pas tant de savoir qui est innocent ou coupable, de quel côté se situe le bien ou le mal, mais plutôt de s'interroger sur ce que rendre la justice signifie : exposer son intimité, choisir ses mots, décider de son récit, jouer sa partition, subir les biais, continuer à vivre. De ce point de vue, le film peut rappeler le Saint Omer d'Alice Diop, bien qu'il s'en éloigne par presque tous les autres aspects – le rythme notamment. Comment ne pas, enfin, saluer les prestations des actrices (Sandra Hüller, décidément) et acteurs... mais aussi du chien, merveilleux.

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Un bon début, durant lequel la tension est habilement créée au moyen d'un interrogatoire vide, absurde, presque kafkaïen. Dès que l'on sort de l'exercice original de rejouer mot pour mot, bégaiement pour bégaiement ce véritable enregistrement, dès lors que le réel se rappelle à nous et que la raison de toute cette mise en scène est révélée, je dois reconnaître que j'ai décroché. En effet, la dimension et la profondeur politiques du geste de Reality Winner sont alors balayées au profit d'une réflexion accélérée sur le sens du patriotisme qui déborde du format initialement adopté... et de mon champ d'intérêt.

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J'imagine que c'est ainsi que ceux qui détestent les films de Rohmer voient les films de Rohmer : une maison de vacances, du batifolage, des hommes exécrables et des jeunes femmes éthérées, que l'on croirait tous plus ou moins sortis de l'ENS (ou l'ayant tentée), se livrant à de creux discours. Cependant, là où Rohmer transforme miraculeusement l'essai (je fais bien sûr partie de ceux qui l'aiment énormément), Petzold se révèle bien pataud. Tout est forci à gros traits, sans espièglerie, sans modernité, sans idée... si ce n'est ce plot de fin ridiculement grave, qui tombe comme une paillette de cendre sur la soupe. Vain sur vain.

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Il ne s'agit pas foncièrement d'un mauvais film, il s'en faut, mais c'est la première fois que j'ai eu envie de dormir devant un Miyazaki... et cela se sanctionne. Visuellement, le foisonnement d'idées dans l'animation et la beauté du dessin sont prodigieux – je gage que quelques scènes à couper le souffle (notamment l'incendie) me resteront longtemps en mémoire. Mais là où l'image prospère, le propos prolifère, multipliant les arcs et les morales, si bien qu'au bout du compte, lorsque tous les thèmes de son cinéma ont été passés en revue (avec moins de justesse que dans ses précédentes productions) et qu'a semblé débuter un remake accéléré et kubrickien du 'Roi et l'Oiseau' de Grimault, je me suis surprise à regarder ma montre et à penser au dîner...

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L'adaptation est fidèle, reprenant les scènes marquantes du roman dans tout ce qu'elles referment de saisissant, d'effroyable... et de raciste (cela malgré la trentaine d'années qui sépare les deux œuvres, qui aurait pu ouvrir la voie à une rédemption). À trop coller à la peau (lol) de l'œuvre originale, le film manque quelque peu de liant, de direction. Formidable interprétation de Mastroianni, et ce n'était pas évident, en Curzio Malaparte cynique, tout à la fois sensible et détaché, humilié et fier, sardonique et désespéré : on en voudrait davantage.

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Quand il s'agit de se démarquer de la grosse comédie rebattue (« tout les oppose et pourtant... le rat des villes tombe en amour du rat des champs »), le salut du film tient moins à ce qui saute au visage – filtre seventies, effets de mise en scène, musique omniprésente – qu'à quelques atouts charme moins délibérément distinctifs : dialogues bien écrits, fin habile, personnages secondaires qui touchent juste... et nobles intentions. Malheureusement, épineux sujet que le classisme et, malgré lesdites intentions, le film de Monia Chokri n'en est pas tout à fait dénué. Au terme de la séance, l'on se prend ainsi à se demander si des spectateurs-Sylvain s'amuseraient autant des farces sur leurs prétendus racisme, misogynie, complotisme, violence, mauvais goût et pauvreté de vocabulaire que nous, audience déjà conquise de spectateurs-Sophia, n'avons ri de notre terrrrible penchant pour la philosophie, l'art contemporain et le vin nature.

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En voilà une bonne surprise : un pied dans la petite comédie anodine, un autre dans l'exploration formelle, ce biopic qui n'en est pas un tente des choses, décoche des sourires et se laisse sympathiquement – et un peu coupablement – regarder. Sans les prestations assez plan-plan de ces messieurs de la Comédie Française (Vuillermoz qui ne me convaincra donc jamais et un Podalydès en moyenne forme), j'aurais pu monter jusqu'au 7, car rien ne m'émeut plus, et c'est étrange, qu'une Deneuve bourgeoise qui dévoile pudiquement ses failles...