Films (re)vus en 2021

Annotation :

Atmosphérique et réaliste.

Avec des thèmes forts (exil, liberté, oppression, hiérarchie, résistance, structure sociale, etc.) ce film d'animation provoque des sensations viscérales : de peur, de dégoût, d'angoisse, de violence, de paix aussi.

Et ça fait du bien de trouver dans un univers pour enfants la vie laissée en un tel état d’équilibre instable ; entre la brutalité tout crue et la tendresse lumineuse. En ce sens il m’a assez bien rappelé « Le secret de Nimh ».

Cette vie qui grouille est admirable par sa réalisation « artisanale » sur des fonds au charme bucolique peints à la main et ses personnages encore bruts de décoffrage. Le rendu est à la fois authentique et diversifié passant d’un style à l’autre avec des scènes qui peuvent virer expressionnistes (à flanquer des cauchemars pour un passage en particulier), symbolistes, avec même un passage « ethnique » pour les représentations du Dieu lapin.
Et le tout est homogène, moi ça me convainc, j’y crois au monde de Watership Down.

Puis il y a aussi des moments de grâce épiphanique, quasiment spirituels : que ça soit dans la cosmogonie lapine ou lorsqu’il s’agit de plonger dans la vision chamanique de Fiver, le cassandre lapinesque, accompagné par le chant délayé d’Art Garfunkel. Des moments de transport…

Si je devais lui trouver un défaut ce serait sans doute le même que pour le secret de Nimh : vu à l’âge adulte, avec un regard devenu un rien plus analytique, il manque de cohésion et le récit parait décousu – à une nuance près que Watership down semble avoir une univers plus dense que Nimh, la frustration est donc plus grande.
On pourrait certainement pallier ce manque en se plongeant dans le livre de Richard Adams ; il me semble que ce ne serait pas du tout une perte de temps.

On est ici dans la littérature enfantine dont Ungerer disait de façon provocatrice qu’elle doit « traumatiser les enfants ».

J’adhère complètement.

Annotation :

La métaphore du « singe en hiver » est sensible et incite à une réflexion sur la nécessité de l'imprévu et du risque avec lequel il coexiste dans la rencontre authentique entre deux êtres.

En plus d'un superbe hommage aux abstèmes endeuillés, le film est porteur d'un certain esprit d'époque : une époque qui faisait encore une place à cet imprévu, à ce risque et qui... paradoxalement, nous paraît infiniment moins angoissée que notre époque obsédée par la « sécurité ».

Annotation :

« Le film est produit par la Continental Films, une société de production française à capitaux allemands »

En plein régime de Vichy, un film payé par les Allemands qui construit son intrigue sur la dénonciation à travers des lettres anonymes — soit la méthode favorite des « vrais » délateurs. C'est fort.

Annotation :

La succession d’événements qui conduit à la chasse aux sorcières a quelque chose de mécanique et, pourtant, dans l’univers total de Tim Burton, la tambouille prend forme d’une façon fantastique…

On a une approche archétypale très ancrée dans l’imaginaire collectif avec l’ostracisme de l’être différent et le refuge dans les lieux sauvages, bouillonnants d’un mystère préservé : le marais du vilain petit canard, la forêt de Walden… et le château d’Edward.

Dans aucun autre film de Burton je n’ai retrouvé cette magie et cette harmonie. Un coup de maître.

Annotation :

« Je bandais… à la vie en général ! »

Le film est complètement foutraque et jouissif, badin et décomplexé.
Avec une belle esthétique dans son atmosphère mythologique — on ressent certaines inspirations picturales et la joie de se promener dans un tableau coloré — on se retrouve avec une paillardise priapique qui constitue un retour au primitif, au terre-à-terre, à la pulsion sans artifice : l’ensemble paraît une grande entreprise de désacralisation.

L’écriture, un des derniers travaux de Gérard Brach, est surprenante… Sous la forme d’un conte philosophique, « Sa Majesté Minor » est un objet énigmatique et il y a matière à réfléchir sur ce matériau riche en symboliques : on peut notamment imaginer une ligne psychanalytique sur la place du langage et sur la sagesse tragique qui nous dit combien il faut désirer pleinement, dans toute son ambivalence, cette vie de mortel « qui passe à la vitesse d’un pet foireux »…
Mais c’est certainement en vivant le film sensuellement, sans prise de tête avec une bouteille de vin, qu’on l’aime le plus facilement.
Il est alors très tendre, émouvant et humain.

Pour ne rien gâcher : la bande son de Navarrete est sublime, toujours sautillante et enlevée. Un apax cinématographique injustement boudé à mon goût.

Annotation :

Naturaliste et sobre.

Annotation :

Un représentant tardif et méconnu de toute la vague du cinéma fantastique américain des années 80.
Une atmosphère païenne qui convoque les monstres archétypaux au sein d’un scénario orphique avec la recherche de l’être aimé dans les mondes souterrains.
Un très gros travail sur les décors et costumes qui sont terriblement créatifs. Très riche visuellement : c'est surtout cet aspect « gourmandise visuelle » qui est à retenir.

Annotation :

«La télévision est la réalité et la réalité est moins que la télévision»

L’interprétation du réel est plus réelle que le réel nous dit Cronenberg à travers l’un de ses personnages. Vidéodrome repose sur une longue déconstruction psychédélique du personnage qui sous l’influence d’une émission ultra-violente au fort contenu subliminal est piqué d’hallucinations qui le plongent au cœur d’un complot technophobe. En contrepoint de ce complot, on comprend qu'il y a une forme de résistance transhumaniste (centrée autour de « La nouvelle chair »), pour la constitution d'un homme 2.0 augmenté par l'écran et donc on se trouve au centre d'un duel entre ces deux approches de la technologie.

Un cinéma très psychanalytique au fond. Pas très compréhensible je crois mais marquant et dérangeant. Suffisamment dingue et rythmé que pour tenir en haleine (et avec un tel foutoir symbolique, c'est un tour de force !).

Il y a par ailleurs au centre du cinéma de Cronenberg un regard sur le sexe (Blondie présente en bacchante SM ici), sur l’anthropophagie implicite du désir, un truc du genre… toute une poésie charnelle et morbide qui suscite des réactions épidermiques.

Ses films me touchent pas mal. Sans doute y voir une filiation dans l’approche depuis le Marquis de Sade, puis Georges Bataille qui justifie bien le fait qu’on retourne vers ces malaises :

« Jamais je n'allais aux courses de taureaux sans que l'angoisse ne me tendît les nerfs intensément. L'angoisse en aucune mesure n'atténuait le désir d'aller aux arènes. [...] Je commençais à comprendre que le malaise est souvent le secret des plaisirs les plus grands. »

Hâte de voir A dangerous method, ce devrait être une bonne occasion pour Cronenberg de préciser un peu ses intentions.

Annotation :

Pour l'ambiance de Welton et pour Robin. Mais le personnage de Mr. Keating est un sacré déconneur.

Sucking the marrow out of life does not mean chocking on the bone.

Annotation :

Un film qui a étonnamment bien vieilli. Très rythmé pour l'époque… avec une aventure un peu à la mode du club des 5.

Assez avant-gardiste sur la figure du maître du reste : Walter, le professeur d'anglais particulièrement à l'écoute, qui prend des libertés avec le programme en lisant H.G. Wells en classe.

Là où, pour la première moitié du XXème on s'attend davantage à voir de la dérive disciplinaire, il fait bon vivre la pension de Saint-Agil.

Où je découvrais l'anecdote « Philippe Le Bel le « roi faux-monnayeur ». Dialogues de Prévert.

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Assez impartial il me semblait.

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Vu en même temps que Nightbreed, chronologiquement il aurait sans doute fallu commencer par celui-ci : Hellraiser c'est pas mal du tout !

Clive Barker a un univers horrifique très authentique et original qui mêle dans une soupe particulièrement intime la violence, la sexualité, la mort, la vie. Toujours jouant de cette tension fondamentale entre Eros et Thanatos.

Et ça fonctionne très bien.

Annotation :

Rempli de caricatures railleuses, parfois bancales mais dans l'ensemble maitrisées.

Tout tourne autour de cette petite société coincée dans l'avion : huis clos et variations sur le thème des « apparences trompeuses » et des retournements de vestes de tout un chacun en situation extrême.

Le film a ses faiblesses (ses longueurs et ses moments lourdingues), il ne vole pas bien haut (…) mais il est court, savoureux, les acteurs sont tous excellents dans leur rôle (mention pour Rouve a son meilleur) et plein de politiquement incorrect.
Et ça, à l'heure de la bien-pensance, ça fait du bien !

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Un bel équilibre dans les caricatures : on tire complètement à boulets rouges sur les incongruences des alters et pourtant, clairement, on sent aussi une certaine tendresse pour leurs efforts utopistes.

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À relier à Mosquito Coast.

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Pour son esthétique kitch, sa « maladresse » par moment, les détourages pas finauds, pour les animatroniques et le bestiaire et finalement, pour la question de la réalité que pose toujours K. Dick.
Un bon film d'action/SF. Jamais été fan de Schwarzenegger qui me parait systématiquement une parodie de lui-même.
Cronenberg avait refusé de le réaliser pour se consacrer à La Mouche.

Annotation :

Il faudra voir la trilogie pour juger : et notamment cette analepse sur la jeunesse d'Arthur dans la légion romaine qui ne mène à rien jusqu'à présent.

Astier s'est fait plaisir avec la bande-son, c'est grandiose… beaucoup de réchauffé pour le reste mais globalement, on est heureux de retrouver la galerie de personnages.