Fait pas froid en 2023 (films)

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27 décembre

Il fallait s'y attendre : se frotter à la suite d'un film culte (vu près d'une quarantaine de fois, oui oui), c'était prendre le risque de se casser la gueule.

Ca n'a pas trainé puisqu'au bout de dix minutes on a eu droit à une séquence Disney-like de comédie musicale. Peter Lord et Nick Park ont été remplacé et ça se sent également très vite dans l'écriture de Ginger, héroïne pourtant badass devant l'éternel qui devient une poule mouillée à contre-emploi, et dans celle des situations qui abandonnent le génie du duo pour des gimmicks convenus. L'usine à nuggets, absolument pas convaincante et lorgnant plus du côté de "Despicable me" que du "Chicken run" original, a fini par achever ma patience.

La deuxième moitié du film a eu le mérite de calmer mon envie de me lever et de me barrer en revenant à une certaine ingéniosité des scènes d'action et en proposant une animation toujours aussi léchée. Ce sera tout pour les compliments.

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26 décembre
8,5/10

Cette romance ne m'avait pas attiré l'œil à la bande-annonce. J'aurais été stupide de ne pas aller la voir, tant "Past Lives" est un beau film. D'une grande finesse d'écriture, ce deuxième film de Céline Song, que la réalisatrice américaine a également écrit, accouche avec douceur et tendresse de grands et beaux moments de cinéma nourris au doute amoureux. Que l'on pense à cette scène de confession sur l'oreiller, à cette attente près de la fontaine du parc, ou à cette discussion à l'intensité rare au comptoir du bar... ou enfin à cette magnifique scène de clôture sur un fil. L'interprétation superbe de Greta Lee surtout, mais de Yoo Teo et de John Magaro aussi, donne à ce trio amoureux l'équilibre tragique des histoires vraies, sans chichi. L'intériorité des personnages est délicatement mise à nu, révélant leurs fragilités sincères et leur force factice. Très beau.

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21 décembre
5,5/10

Netflix est bien présent au rendez-vous des films de fin d'année qu'on aime regarder sous la couette en cherchant d'autres frissons que ceux provoqués par la panne de la chaudière.
Sur la base d'un dispositif narratif à la fois de plus en plus rare et légitimement effrayant (du point de vue scénaristique s'entend), le huis clos, "Le Monde après nous" s'appuie sur une proposition intéressante : quid d'un monde qui s'effondre en silence ? Le pari a valeur de contre-film catastrophe, challenge qu'on lui sait grée de relever.

Bon, mais une fois qu'on a recruté Julia Roberts, Ethan Hawke et Mahershala Ali pour les enfermer dans une maison, que fait-on ? L'écriture souffre ici d'un biais qui devient assez gonflant à la longue : toujours s'intéresser aux riches. On aura donc droit aux Whisky de luxe dégustés devant la piscine, ce qui nous éloigne un peu trop du film catastrophe et sent le réchauffé. On se serait également passés de certains ressorts anxiogènes, comme le délire autour des animaux dont rien, dans la diégèse du film, n'explique le comportement flippant, ou encore le faux silence coupable des Washington qui ne sert qu'à délayer la sauce.

Et pourtant, ce scénario qui s'effeuille petit à petit est... catchy. J'ai été pris par le film assez vite et suis resté accroché tout du long. Pas forcément convaincu par l'explication donnée, j'ai toutefois pu constater que les images convoquées étaient efficaces.

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9 décembre
8,5/10

Il s'agit de mon premier film de Wim Wenders, mais si ce seul nom ne m'avait pas encore convaincu de mater ses films de toute urgence, "Perfect Days" n'est pas loin de m'y conduire.

On ne trouvera rien de plus (ni de moins) dans cette ode contemplative aux bonheurs simples de la vie que ce que tout le monde en a déjà dit. Mais si ce film se laisse facilement résumer, la vérité qu'il nous délivre n'en est pas moins (ou est justement ?) universelle et superbe. J'ai aimé ce personnage qui vit chaque jour comme un nouveau jour et je crois avoir retrouvé dans sa manière d'appréhender la beauté simple du monde un concentré de ce à quoi j'aspire. La quête de l'esthétique juste, l'attention à la synchronie des évènements, le tamis précieux des moments égrenés, le bonheur sans tâche de la tâche accomplie, la sérénité du quotidien porté à son sublime : vous faut-il encore d'autres motifs pour ne pas aller voir ce film et réarranger votre vie vers une éthique épicurienne ? Et enfin laver vos chiottes avec le sourire ?

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2 décembre

Quitté avec beaucoup de satisfaction à l'issue de le spin-off TV réussi de "Lastman" et le délirant "Crisis Jung", c'est avec plaisir que je retrouve Jérémie Périn pour ce "Mars Express" assez cool. Sans révolutionner le genre, ni nous époustoufler par sa réalisation, ce premier long-métrage se révèle très solide, tant en matière d'écriture que de mise en scène et de dessin.

"Mars express" emprunte au thriller policier ses codes les plus robustes en les assaisonnant à sa sauce avec un duo mi-bot mi-humaine assez savoureux. L'enquête, qui soulève évidemment une intrigue politico-économique d'ampleur, propose une approche chouette du rapport homme-robot qui n'est pas rappeler le pitch d'un Ghost in the Shell, référence à laquelle il n'est pas malvenu de se rapporter. Le rythme est bon, et pour un SF d'animation française, on peut - le ridicule n'a jamais tué personne - lancer un bon vieux cocorico.

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28 novembre
Ouverture de la rétrospective Ozu à l'Institut Lumière.

Mon premier fil d'Ozu. "Voyage à Tokyo", considéré par beaucoup comme son meilleur (j'ai cru comprendre qu'on ne parlait pas de chef d'œuvre pour un cinéaste à la filmographie aussi homogène) est un film qui se mérite. Long, quasiment dépourvu de mouvements de caméra, il laisse à qui s'en donne les moyens le temps d'admirer son sens de la mise en scène. Mais s'il a une qualité, "Voyage à Tokyo" brille tout particulièrement par sa manière beaucoup plus subtile qu'attendu d'aborder son sujet : la fracture générationnelle d'une famille étirée par la modernité dans laquelle le Japon est subitement entré.

Le portrait complexe de cette période charnière pour ce pays si ancré dans les traditions et la ruralité que constitue le développement d'une économie de marché massivement urbaine aurait facilement pu être plombant et didactique, mâtiné - pour un réalisateur d'avant guerre ayant toujours tardé à s'approprier les grandes innovations de son art - de jugements de valeurs méprisants à l'égard d'une jeunesse ayant vite oublié ses aînés pour les sirènes de l'individualisme triomphant. Je voyais d'ici les sentencieuses leçons sur l'oubli des valeurs. Nenni. Le film, sous les traits de ses deux héros formidablement incarnés par Chishû Ryû et Chieko Higashiyama fait preuve d'une bienveillance inouïe à l'égard de ses personnages et de leurs défauts et délivre une belle leçon de mesure et de distance au temps qui passe. Sans renier ce qui constitue pour lui le socle d'une structure familiale qui demeure à ses yeux un pilier social à protéger, Ozu adoube d'une certaine manière l'élan émancipateur qui accompagne la modernisation du pays. Pour un réalisateur de cette trempe, cela a dû avoir son importance. Le film sort grandi par sa belle conclusion, où la parole du sage prend les airs insoupçonnés d'une espièglerie rare.

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23 novembre
Festival Montagne en Scène

Un court assez convenu, peu travaillé, pour souligner "l'humilité" d'une athlète qui apparait 21 minutes sur 21 à l'écran. Réflexion intéressante mais peu creusée sur la manière dont le haut niveau écœure ses meilleures représentantes. Voir en ce sens le bien plus émouvant témoignage de Claire Palou dans le Monde du 26 novembre 2023.

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23 novembre
Festival Montagne en Scène

Un court taiseux, aux accents mystiques, dont la pudeur (affichée ?) des personnages laisse à voir une forme de révérence devant la Montagne. La performance accomplie par les deux polonais, partis à l'assaut de l'Annapurna et du Dhaulagiri n'en ressort que plus impressionnante encore.

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23 novembre
Festival Montagne en Scène

Un superbe et galvanisant documentaire sur l'aventure folle d'un groupe de filles qui part à l'assaut d'une paroi du Groenland inviolée, à bord d'un voilier au départ de La Rochelle. Il y a bien sûr les paysages splendides et atypiques du Grand Nord, mais surtout la détermination et la sororité d'un équipage international et féminin qui s'obstine à démontrer que rien ne leur est impossible. C'est absolument génial, plein de charme et enthousiasmant.

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23 novembre
Festival Montagne en Scène

Pour ouvrir cette nouvelle édition du festival, un premier court sérieux, remarquablement monté compte tenu de la profusion du matériau, et rendu très drôle humain par les témoignages face caméra des 4 larrons évoquant leur aventure. Beaucoup de rythme, pour une histoire qui n'en manquait pas.

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19 novembre (revu)

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18 novembre

Sans faire preuve d'un enthousiasme débordant, je ne suis pas allé au ciné comme on va parfois au billot, avec cette inertie terrifiante de ceux qui ne peuvent s'empêcher d'aller au devant d'un désastre cinématographique annoncé. Francis Lawrence a en effet montré avec la saga Hunger Games qu'il savait donner chair à une aventure de qualité. Évidemment, l'adaptation si précoce du prequel publié par Suzanne COllins en 2020 faisait peser sur les épaules de l'équipe une pression importante : celle de transformer l'essai d'une saga à succès du point de vue des retombées financières et celle de proposer un spin-off intéressant, autonome et enrichissant l'univers. Devant les hoquets des "Hobbit" ou autres "Animaux fantastiques", on pouvait légitimement craindre le pire.

De fait, il faut bien reconnaître que cette "Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur" a un peu de mal à passionner autant que son aînée. Le récit ne manque pas de rythme, et la proposition d'installer et de suivre un anti-héros complexe est intéressante mais le récit se heurte vite à des incohérences dans le positionnement de son personnage principal, et l'amourette qui lie le tout manque cruellement de vraisemblance. Les personnages secondaires font plutôt pale figure (notamment la sœur interprétée par Hunter Schaffer) et les péripéties demeurent prévisibles. J'ai tout de même été séduit par la jolie contextualisation d'un certain nombre d'éléments des Hunger Games (the Mocking Jay notamment) et par l'amorce de réflexion autour du marketing et du spectacle cynique qui faisait la vraie richesse de la saga originale.

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13 novembre
En avant-première, en présence de l'équipe (sauf Virginie, au risque de vous décevoir)

Le film social français est un genre tellement convenu aujourd'hui qu'il est difficile d'en proposer une déclinaison originale qui échappe en tout point aux recettes éculées et autres poncifs. Ce premier long métrage de fiction de Delphine Deloget relève plutôt bien le défi, peut-être grâce à son bagage de documentariste. A écouter la metteuse en scène à l'issue de la projection, ce point ne fait d'ailleurs guère de doute : la fiction sert ici d'écrin plus souple à une véritable démarche d'appropriation scientifique de son sujet (le placement des enfants suite à une IP). Fidèle à ses habitudes, la documentariste est allée massivement à la recherche de son matériau et a souhaité conserver une certaine mesure dans son intrigue et une certaine neutralité dans son traitement, ce qui, il faut en convenir, permet au film de rester à peu près sur une délicate ligne de crête entre institutions-bashing d'un côté et portrait diabolisant d'une mère en perdition de l'autre.

Bon, mais ça c'est la théorie. En pratique, le film semble à plusieurs reprises prêt à basculer d'un côté et de l'autre. Si le sujet est maîtrisé, et malgré le choix d'une situation familiale assez subtile, l'écriture du personnage principal, omniprésent, donne lieu à certains excès qui nourrissent le rythme du film mais conduisent parfois à tourner un peu en rond. En ce sens, la performance de Virginie Efira, et plus encore, de Félix Lefebvre (jeune acteur à suivre !), donne un souffle salvateur à cet intéressant "Rien à perdre".

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12 novembre (revu)

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11 novembre (revu)

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10 novembre

Malgré un gros coup de mou aux deux tiers du film, "Simple comme Sylvain" restera comme la très bonne comédie de cette année 2023. Sur le terrain largement déminé de la comédie "adulte" mettant en scène une énième crise de la quarantaine, Monia Chokri aurait rapidement pu tomber dans le film lourdingue. Mais cette déclinaison du format entre une (absolument) superbe quadra cultureuse et coquette (Magalie Lépine-Blondeau) et un sexy bricoleur plouc et charretier (Pierre-Yves Cardinal) réussit beaucoup de ce qu'elle entreprend. Ce succès est notamment dû à à une écriture hilarante des dialogues et des situations. Derrière le vernis comique, Chokri tisse aussi avec doigté une peinture acide et somme toute un peu déprimante de l'impossible entente entre des univers si socialement séparés (bobos vs rednecks). Sans tomber dans la caricature ni l'emphase, ce propos participe à cerner les fractures plus profondes d'une société occidentale qui voit s'éloigner ses citoyens les uns des autres. Drôle et intelligente : the new sexy ?

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4 novembre

J'ai laissé derrière moi la période où il me fallait adorer les films de Scorcese et les performances de Leo Di Caprio avant même de les avoir vues. C'est emprunt d'une sereine retenue que je suis venu affronter ce "Killers of the Flower Moon" dont les promesses me paraissaient d'autant plus suspectes que le dernier film du maestro, "The Irishman" m'avait déjà semblé plus proche du testament que de la création.

Pour être honnête, je n'ai pas vu le temps passer. On n'enlèvera pas à cet homme son génie de la réalisation et son art du suspense. Ce film est comme bien souvent une leçon de cinéma, avec tout ce que cette vérité peut avoir d'académique. Son sujet d'étude apporte ici une fraicheur nouvelle, même si son goût pour les films d'enquête le renvoie plutôt au rang de contexte que de propos. La limite est floue cependant, tant Scorcese y décortique les compromissions sanglantes de colons blancs assoiffés d'or noir, au détriment du peuple Osage. Le film tient toutefois dans son traitement un équilibre qui l'écarte formellement du film politique ou social mais sert admirablement son intrigue, en ne cherchant pas à éluder la malédiction tragique qu'aura constitué pour les "native" la découverte de pétrole sous leurs terres.

Au service de cette longue quête de vérité, dont on sent qu'elle fait jubiler le réalisateur lors de sa mise à nu, Scorcese s'appuie sur un duo éprouvé dont les transformations physiques d'abord surprenantes ne sont pas les seuls ressorts du succès. Di Caprio est à vrai dire moyen plus, même s'il ne ménage pas sa peine, tant à ses côtés De Niro et Lily Gladstone impressionnent. Il y a là matière à oscarisation à mon avis, même si je ne serais pas contre un peu de fraicheur. Bref, si son ampleur et son manque de surprises constituent une limite à une putative prétention de chef d'oeuvre, ce film est un succès.

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3 novembre
Revu, -1

Si j'ai toujours une certaine affection pour "Mars Attacks", j'ai trouvé son humour un chouïa plus ringard (plus boomer disons) et je dois concéder qu'il fatigue un peu au milieu des cris et lasers. De fait, une fois le dessein des aliens deviné, le film se réfugie un peu dans une série de péripéties qui ne font guère avancer l'intrigue : un simple divertissement.

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3 novembre
Revu

RAS

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2 novembre

On n'aura pas été trop de six pour faire le tri dans nos émotions et nos analyses sur ce dernier et longtemps inespéré film de Hayao Miyazaki.

Malgré des qualités indéniables qu'on aurait tort de galvauder, à commencer par le dessin et l'animation toujours aussi fabuleux et parfois surprenants, comme lors de la scène d'ouverture, "Le Garçon et le Héron" m'a paru se perdre dans ses symboles, à en oublier sa cohérence propre. Le récit ne s'extrait en effet de son très long prémisse que pour s'embarquer dans une quête dont le sens échappe peu à peu au héros et aux spectateurs. Le message est ailleurs, dans un conflit émotionnel qui traverse l'octogénaire démiurge quant à sa postérité. La mise en perspective des aventures de Mahito est d'une richesse rare, chaque personnage et chaque scène renvoyant à un message du maître nippon. Mais à force de dérouler ces deux niveaux de lecture, l'image perd son autonomie propre. C'est profondément mélancolique, souvent confus, parfois très beau.

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31 octobre
Revu - VF

RAS

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14 octobre

Me suis toujours tenu à l'écart de Pierre Niney, je sais pas trop pourquoi mais je suis pas à l'aise avec ce qu'il dégage ou la hype qui l'a accompagné un temps. Par contre Michel Gondry je fais tout pour lui tomber dessus depuis l'inégalable "Be kind, rewind". Entre les deux, mon cœur a balancé avant de me rendre à une séance de ce "Livre des solutions".

Le film est pas mal parce que le sujet et les personnages secondaires sont assez chouettes, mais il manque un peu de rythme. Les péripéties sont quasi-systématiquement amenées par une scène de harcèlement au travail très désinhibée qui a fait beaucoup (trop) rire le public autour de moi. Malaise. Niney joue très bien ce héros narcissique au possible mais qui, par couches successives, finit par révéler plus d'humanité que ce que les prémisses laissaient présager. Au passage, le film ayant un aspect autobiographique affirmé, il renseigne sur la vision désastreuse que Gondry a de lui-même et inquiète quant à la prise en compte du bien-être psychologique et émotionnel de ses proches et collaborateurs...
Dans cette nouvelle quête autour de l'acte de création, Gondry trouve quelques fois de superbes inspirations, comme dans cette scène d'enregistrement de la BO.

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13 octobre

Pour un premier long métrage à diffusion internationale, la jeune mais déjà prolixe réalisatrice kényane Wanuri Kahiu livre un film sincère sur l'amour entre deux citadines de Nairobi, dans un contexte que l'on devine particulièrement hostile à leur relation. Le film égraine cependant les situations convenues et ne surprend guère, semblant craindre de dire et faire plus que l'inévitable éruption que ne manquera pas provoquer son propos dans son pays et son continent d'origine. L'acte est donc très courageux, mais la copie est pale pour le spectateur occidental qui appréciera surtout l'originalité du cadre. La réalisation elle-même manque de rythme, offrant un décor répétitif et des motifs de mise en scène sans guère d'originalité.

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10 octobre

Verbeux à l'excès, ce court-métrage voit ses qualités potentielles littéralement disparaître derrière un rythme de narration infernal, qui laisse encore moins de repos au téléspectateur souhaitant regarder son film en VO avec sous-titres. On sort essoré et déçu que Wes Anderson ne saisisse pas l'impasse dans laquelle ses marottes l'ont dirigé et l'enferrent.

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7 octobre

Thomas Cailley parvient tout au long du "Règne animal" à conserver une ligne de crête étroite entre thriller monstrueux et drame familial, sans verser dans le gore, le pathétique ou l'excès quant à l'exploitation du filon fantastique qui constitue la colonne vertébrale de son film. Si j'ai pu trouver Romain Duris un brin emprunté, notamment au début du film, le casting parvient à donner chair et sincérité à cette histoire qui interroge notre rapport à l'autre. C'est d'ailleurs là la grande réussite du film que de questionner notre rapport à la différence et nos pulsions quant à cette dernière, qu'il s'agisse de détruire par peur ou de vouloir guérir par amour. Quelques très jolies scènes comme ces appels en voiture au début, ou surtout la chasse dans les champs de maïs à la fin.

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15 septembre

Un métier sérieux n'est pas un si mauvais film, mais je l'ai trouvé tellement convenu, descriptif et attendu que je n'ai pas réussi à l'apprécier. Les situations sont égrenées comme on déroule une liste de courses, et si un sentiment général de bienveillance et de détresse est bien suscité chez le spectateur, rien ne parvient à convaincre que Thomas Litli souhaite dépasser son constat tiède pour dénoncer et construire de nouveaux possibles. Aucun combat auquel l’École de la République est confronté n'est sérieusement abordé. Alors quel intérêt de refaire un énième film sur le collège et ses petits malheurs ? Quand bien même on s’accommoderait d'un nouveau film lâche sur des sujets aussi cruciaux, on s'émeuvrait de ce que Litli force tant le trait de certaines situations (le stage de surf) ou abandonne certains de ses personnages (Sophie) en rase campagne.

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9 septembre
8,5/10

Après trois Palmes d'or oscillant entre le médiocre (Triangle of Sadness) et le plutôt chouette (Parasite), Cannes aura enfin récompensé un film plein. La surprise n'est pas vraiment de taille quand on connait les qualités de Justine Triet et d'Arthur Hariri, mais le duo frappe ici un très grand coup dans le genre parfois éculé du thriller judiciaire.

En proposant d'abord une affaire où se joue autre chose que le destin étriqué de ses protagonistes, ou les triviales étiquettes que sont "innocence" et "culpabilité", mais bien le statut de la Femme au sein de la société. Le procès est immédiatement porté sur ce qu'elle peut ou ne peut pas être : écrivaine accomplie ? Mère supposément déficiente ? Adultère ? Bisexuelle ? Et tout ça sur le dos d'un conjoint moins doué qu'elle ?
En incrustant ensuite dans leur intrigue de subtils et tout sauf innocents accrocs scénaristiques. Que leur héroïne soit allemande n'est pas neutre, pas plus que le fait que la Cour la fasse se défendre en français plutôt qu'en anglais, qu'elle ait eu une relation platonique avec son avocat, ou que son enfant soit présenté comme victime de son handicap.
Chaque tesson d'intrigue diffracte la lumière de nos certitudes pour ouvrir le film sur un vaste champ de questionnements et de suppositions qui nous renvoie à un difficile cas de conscience : the fuck is Justice ?

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23 août
En VF

Les promesses que semblaient porter le nom de Seth Roggen à la création de ce reboot modernisé du comics d'Eastman et Laird ne sont pas vraiment tenues. En surfant sur la vague réjouissante d'un renouveau de l'animation américaine, porté par le thématiquement très semblable Spider-Man : New Generation, Ninja Turtles - Teenage Years avait pourtant de quoi séduire. Mais qu'importe que j'aie grandi avec les 4 acolytes chéloniens, le résultat déçoit : personnages peu intéressants, poncifs, intrigue bâclée, twists incohérents... Il s'en fallait de beaucoup pour en faire un bon film.

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19 août

Film particulièrement réussi dans l'approche radicalement inédite de son dispositif narratif. En retranscrivant mot pour mot, silence pour silence, bruit pour bruit, l'échange entre Reality Winner et le FBI sans quasiment rien lui retrancher et en prenant soin de ne rien lui ajouter, l'autrice, metteuse en scène et toute néophyte réalisatrice Tina Satter explore les marges et bordures de la réalité pour s'exprimer.

Déjà, il faut souligner l'aisance avec laquelle les acteurices s'approprient ce qu'un tel cahier des charges leur impose en termes de jeu, en livrant une performance tout à fait convaincante. Mais il faut surtout saluer comment Satter exploite le peu de marge de manœuvre que lui impose son dispositif narratif pour mettre en évidence le profond malaise qui émane de la situation qu'elle filme. La fausse prévenance des interrogateurs apparait pour ce qu'elle est, l'application huilée de techniques d'extorsion d'aveux. Dans ces scènes aux horizons clos, Satter se sert surtout des regards, sourires et disposition des personnages pour mettre en scène le déséquilibre des genres entre ses protagonistes. Une telle finesse, dans un film à l'ampleur somme toute réduite, est une belle preuve de talent à surveiller.

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1er août
7,5/10

Très belle surprise islandaise, qui met en scène l'équilibre intime et délicat de l'amitié entre deux garçons dans l'Islande profonde. Si le film se présente a priori comme un produit politique démonstratif, il échappe très vite à la sur-signifiance et s'appuie sur l'interprétation remarquable de ses acteurs, dans une mise en scène contenue, pour exprimer toute la complexité de son sujet. On échappe donc largement aux caricatures et on assiste captivés à la lente ouverture de la fleur de l'adolescence, dans toutes ses joies, ses contradictions, ses violences imposées et ses soubresauts douloureux. Un très beau film.