Esclavage, servage, salariat : conditions de vie et gestion des masses laborieuses dans l'Histoire

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Le livre explique les conditions qui ont permis l'expansion de l'Europe aux autres continents et les conséquences pour le développement de l'économie européenne : l'accumulation d'un capital industriel (qui permet la production) et d'un capital commercial (qui s'accumule par le biais d'une plus-value due à l'échange).
Bien sûr, ce développement fondé sur la production et l'échange de ressource n'a pas été sans conséquences sur les populations de ces territoires:

En Amérique : Colonisation : Mise au travail des masses d'amérindiens après la disparition des structures étatiques qui organisaient auparavant leur travail. Puis, à la suite de leur effondrement démographique, importation d'esclave en provenance d'Afrique.

En Afrique : Détournement complet de l'économie africaine. Il ne s'agit pas encore d'une colonisation, les conditions environnementales et les faibles moyens humains ne la rendant pas intéressante. Les conditions ne sont pas moins dramatiques puisque les échanges marchands vont détourner l'économie du continent vers la "production" d'esclave impliquant une multiplication des conflits, une déportation et la mort d'une partie de la population et des conséquences démographique à long-terme.

En Asie : Différents pays européens vont se succéder afin de s'enrichir par le commerce avec l'Asie. Bien que le simple commerce des produits asiatiques en Europe par simple achat-revente soit très rentable, ils tenteront là où ce sera possible de prendre part à la production des produits exotiques, voir de l'organiser. Cette organisation de la production suppose l'organisation des travailleurs indigènes, selon une organisation qui oscille entre l'esclavage et le servage avec ce que cela suppose de tributs et de corvées.

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Allessandro Barbero s'intéresse à la gestion des flux de population barbares. Parmi ces modes de gestion, la mise au travail des populations aux frontières ou l'éclatement des groupes et la redistribution des populations dans tout l'Empire. Les barbares ont ainsi été utilisés afin de compenser les pertes en travailleurs agricoles de l'Empire consécutives aux grandes épidémies en plus de fournir un important stock de soldats dans une économie où les citoyens préféraient payer l'impôt plutôt que de participer à l'effort de guerre.
Cette stratégie ne fut pas la seule employée, elle a côtoyée le versement de tributs, le repoussement des populations aux frontières ou encore leur destruction.

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Le développement de l'agriculture a permis/nécessité l'apparition de structures étatiques organisant le travail. Dans de telles structures l'économie prend une dimension prédatrice : l'économie industrielle repose entièrement sur l'esclavage. Les populations des villes et des peuples défaits fournissent aux états vainqueurs d'importants butins en esclaves qui servent à palier à un taux de mortalité très élevé.

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Dans une économie encore majoritairement agraire, l'accumulation du capital en terre par les uns a eu pour condition nécessaire l'expropriation des autres. Expropriation des petits paysans ruinés mais également des nobles et des bourgeois endettés et qui aura pour conséquence l'éviction de la masse de travailleurs qui étaient liés à eux selon un rapport de domination encore en partie féodal. Ils sont destinés à continuer de travailler sur ces terres en tant qu'ouvriers agricoles, dans des conditions plus dures, ou à chercher du travail dans les villes.
Cette expropriation/éviction passe aussi par la privatisation de biens qui étaient jusqu'alors publics comme les pâturages ou encore la destruction de biens privés.

Les niveaux des salaires s'est dégradé à partir du milieu du XVème siècle pour ne retrouver son niveau antérieur qu'au début du XIXème. La masse croissante de pauvres joue beaucoup sur la baisse des salaires, mais inversement lorsque cette masse se réduit, les salaires sont bloqués à la hausse, comme se fut le cas après les grandes épidémies de peste.

Certaines institutions sont mises en place pour discipliner les pauvres au travail, comme l'interdiction du vagabondage, une hiérarchisation entre vrai et faux pauvres, ainsi que des établissements comme les workplaces en Angleterre qui réquisitionne les pauvres pour les mettre au travail. Il faut dire que les travailleurs ne sont pas encore des " homo economicus" et ne cherchent pas à "optimiser" leur temps de travail pour "maximiser" leurs revenus ; ils se contentent plutôt de travailler autant qu'il est nécessaire pour subsister. Cette logique est en contradiction avec les débuts d'une logique capitaliste à l'œuvre chez les propriétaires.
Plus généralement on assiste à un bouleversement de la vision de la pauvreté dans une Europe chrétienne qui la considérait jusque là comme une vertu.

Les marchés s'accroissent et le passage d'une économie de subsistance à une économie marchande se répercute dans les foyers. Cela a pour conséquence une baisse de la part du travail consacré à l'auto-alimentation et une hausse du travail destiné à produire des biens qui seront échangés. Cet effet ne portera pas que sur la distribution du temps de travail mais également sur son volume, femmes et enfant participant plus intensément au travail marchand ce qui aura des conséquences notables sur les structures familiales qui auront tendance à se nucléariser.

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Dette propose une analyse anthropologique de la dette. Remettant d'abord en cause le mythe économique de l'origine de la monnaie, il montre comment celle-ci a participé au passage d'une économie humaine où l'échange des biens et service se faisait par le partage et où la monnaie était réservé à des échanges symboliques et rituels à une économie d'échange où un débiteur insolvable peut être tué, réduit en esclavage ainsi que sa famille.