SensCritique

Citations - doutes sur le progrès

Citations sceptiques sur l'idée de "Progrès".

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20 personnalités

créee il y a plus de 2 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

Charles Baudelaire

Charles Baudelaire

Auteur

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« Il est une erreur fort à la mode, de laquelle je veux me garder comme de l’enfer. — Je veux parler de l’idée du progrès. Ce fanal obscur, invention du philosophisme actuel, breveté sans garantie de la Nature ou de la Divinité, cette lanterne moderne jette des ténèbres sur tous les objets de la connaissance ; la liberté s’évanouit, le châtiment disparaît. Qui veut y voir clair dans l’histoire doit avant tout éteindre ce fanal perfide. Cette idée grotesque, qui a fleuri sur le terrain pourri de la fatuité moderne, a déchargé chacun de son devoir, délivré toute âme de sa responsabilité, dégagé la volonté de tous les liens que lui imposait l’amour du beau : et les races amoindries, si cette navrante folie dure longtemps, s’endormiront sur l’oreiller de la fatalité dans le sommeil radoteur de la décrépitude. Cette infatuation est le diagnostic d’une décadence déjà trop visible. »

Aldous Huxley

Aldous Huxley

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« Le style de la vie contemporaine est d'une vulgarité et d'une bassesse remarquables. [...] La vulgarité toute particulière de notre époque se traduit dans la vulgarité toute particulière de notre art populaire qui en est en même temps la cause. [...] L'art primitif, quand il n'est pas bon, est bête ou inepte, jamais vulgaire. Pourquoi ? Parce que les primitifs manquent de moyens d'être vulgaires ; de moyens techniques et esthétiques d'abord, ensuite de moyens économiques. Car dans beaucoup de cas la vulgarité est un luxe que seuls les riches peuvent se payer. Ce n'est pas une coïncidence que la hausse du niveau de la vie pendant le XIXe siècle ait été accompagnée par un épanouissement général de vulgarité. Des millions d'Européens pouvaient enfin se payer le mauvais goût qui avait été auparavant le monopole de quelques privilégiés. Les résultats de la prospérité comme de l'instruction universelles peuvent être résumés - avec injustice naturellement - dans le mot, si je me rappelle bien, de Guy de Maupassant : "La bêtise latente se dégage" »

Théophile Gautier

Théophile Gautier

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« A quoi sert ce livre ? Comment peut-on l’appliquer à la moralisation et au bien-être de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre ? Quoi ! Pas un mot des besoins de la société, rien de civilisant et de progressif ! Comment, au lieu de faire la grande synthèse de l’humanité, et de suivre, à travers les événements de l’histoire, les phases de l’idée régénératrice et providentielle, peut-on faire des poésies et des romans qui ne mènent à rien, et qui ne font pas avancer la génération dans le chemin de l’avenir ? Comment peut-on s’occuper de la forme, du style, de la rime, en présence de si graves intérêts ? » Préface de Mademoiselle de Maupin.

Antoine de Saint-Exupéry

Antoine de Saint-Exupéry

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« Il est dommage que vous ne vous soyez jamais trouvé face au problème de la mort consentie. Vous auriez constaté que l’homme a besoin alors, non de haine, mais de ferveur. On ne meurt pas « contre », on meurt « pour ». Or vous avez usé votre vie à démanteler tout ce dont l’homme pouvait se réclamer pour accepter la mort. Non seulement vous avez lutté contre les armements, l’union, l’esprit de sacrifice, mais vous avez lutté encore contre la liberté de penser autrement que vous, la fraternité qui domine les opinions particulières, la morale usuelle, l’idée religieuse, l’idée de Patrie, l’idée de Famille, de maison, et plus généralement toute idée fondant un Être, quel qu’il soit, dont l’homme se puisse réclamer. Vous êtes partisan fanatique de la destruction absolue de tous ces ensembles. Vous êtes sans doute anti-naziste, mais au titre même où vous êtes anti-chrétien. Et vous êtes moins attaché à lutter contre le Nazisme que vous ne vous êtes acharné à ruiner les faibles remparts qui s’opposaient encore à lui. » Lettre d'Antoine de Saint-Exupéry à André Breton

Jacques Julliard

Jacques Julliard

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"[On a pu dire] qu'il y a la gauche, qui ne croit pas au péché originel, et la droite, qui ne croit guère à la rédemption. Moi, je suis un homme de gauche qui croit au péché originel. [...] Je rêve d'une politique de gauche qui ne se confondrait plus avec les niaiseries bien-pensantes de l'optimisme ou du progrès ; qui regarderait en face la question du mal au lieu de s'en défausser sur la société, le milieu, le moment, et autres calembredaines positivistes ; en un mot, qui affronterait la question du progrès avec la conscience du péché originel"

Emil-Michel Cioran

Emil-Michel Cioran

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« Le soleil brille-t-il pour nous réchauffer ? Les nuits nous bercent-elles pour nous endormir ? La mer ondoie-t-elle pour nous séduire ? Depuis que l'utilité est apparue dans le monde, le monde n'est plus. N'est plus sous le charme. Seule l'adoration respecte les choses pour elles-mêmes »

Georges Bernanos

Georges Bernanos

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« Il paraît qu'on commence à se débarrasser en Allemagne, par la méthode de l'euthanasie, des infirmes et des débiles mentaux. Pour les mêmes raisons, on pourrait détruire aussi beaucoup d'autres produits moins tarés, mais qui risquent de coûter à la Société plus qu'ils ne rapportent. Un raisonnement analogue conduirait à supprimer une partie des pauvres, notamment ceux auxquels une longue hérédité familiale de pauvreté laisse peu de chances d'accéder par leurs propres forces à un sort meilleur. Après tout, cette sorte d'épuration des mal-fichus se justifie tout autant que l'épuration des mal-pensants. »

Friedrich August Hayek

Friedrich August Hayek

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« Une époque de superstition est celle où les gens imaginent qu'ils en savent plus qu'ils n'en savent en réalité. En ce sens, le XXe siècle aura été certainement riche en superstitions, et la cause en est une surestimation de ce que la science a accompli - non pas dans le champ des phénomènes relativement simples où elle a certes été extraordinairement efficace, mais dans le domaine des phénomènes complexes ; car dans ces derniers l'application des techniques qui ont si bien réussi essentiellement dans les phénomènes simples s'est révélée très déroutante. L'ironie de la chose est que ces superstitions sont en grande partie sorties de notre héritage de l'Ere de la Raison, cette ennemie infatigable de tout ce qu'elle considérait comme des superstitions »

Günther Anders

Günther Anders

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"À l'aide des engins que nous avons nous-mêmes créés (et pas seulement les engins nucléaires), nous nous sommes faits semblables à des dieux et même semblables à Dieu. Certes, nous sommes semblables à Dieu au sens négatif uniquement, car il ne saurait être question d'une creatio ex nihilo, mais bien plutôt du fait que nous sommes capables d'une totale reductio ad nihil, du fait qu'en tant que destructeurs nous sommes devenus tout-puissants. Car nous pouvons vraiment définir comme une toute-puissance le fait que nous [...] puissions supprimer l'humanité et le monde humain dans leur totalité, que nous puissions annihiler notre passé et tout ce que nous avons été depuis Adam, que nous soyons capables de surpasser en effroi le sinistre futur antérieur de Salomon « nous aurons été » par le biais du futur sans avenir « nous n'aurons pas été ». De fait, tout ce qui, depuis un siècle, s'est posé comme un soi-disant « nihilisme » n'a été à côté de cette possibilité d'annihilation que pur bavardage culturel."

Charles Péguy

Charles Péguy

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"L'humanité n'est pas un capitaliste avare qui entasse et superpose, monceau à monceau, strates sur strates, les trésors accumulés d'un savoir mort. Cette conception [...] n'est même pas tout a fait vraie de la science. Elle n'est nullement vraie de l'art. Elle n'est pas vraie de la philosophie. Même en science, nous connaissons par l'histoire que les avancements se sont faits souvent par violence mentale, révolution intellectuelle, effraction, non pas seulement par la capitalisation lentement régulière des résultats modestes"

Friedrich Nietzsche

Friedrich Nietzsche

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"Quelle race philosophique que ces Anglais ! Bacon représente un attentat contre la philosophie en général. [...] Qu'on n'oublie pas que les Anglais, une fois déjà dans l'histoire [avant Darwin, John Stuart Mill et Spencer], ont été cause, par leur profonde médiocrité, d'un abaissement général de l'esprit européen. Ce qu'on appelle "les idées modernes" ou "les idées du XVIIIe siècle" ou aussi "les idées françaises" contre lesquelles l'esprit allemand s'est insurgé avec un profond dégoût, ces idées étaient d'origine anglaise, on ne peut avoir de doute à ce sujet. Les Français ne furent que les singes et les comédiens de ces idées, leurs meilleurs soldats aussi, en même temps, malheureusement, que leurs premières et plus complètes victimes. La vulgarité européenne, la bassesse plébéienne des idées modernes est l'oeuvre de l'Angleterre."

G. K. Chesterton

G. K. Chesterton

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« Le monde moderne est rempli d’hommes qui s’accrochent si fortement aux dogmes qu’ils ne savent même pas que ce sont des dogmes. […] On peut tenir par exemple pour « dogmatique », dans certains milieux considérés comme progressistes, de supposer le perfectionnement ou le développement de l’homme dans un autre monde. Mais on ne tient pas pour « dogmatique » de supposer le perfectionnement ou le développement de l’homme dans ce monde-ci, bien que cette idée de progrès soit tout aussi peu prouvée que celle d’immortalité et, d’un point de vue rationaliste, tout aussi improbable. Il se trouve que le progrès est un de nos dogmes, et un dogme est une chose que l’on ne considère pas comme dogmatique. »

Nicolas Gomez Davila

Nicolas Gomez Davila

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« Ce qui est véritablement néfaste dans une grande fortune, c’est qu’on ne peut pas l’amasser sans collaborer avec le progrès »
« Pour révéler l’imbécile, pas de meilleur réactif que le mot « médiéval ». Immédiatement il voit rouge »
« L’optimisme moderne est un produit commercial destiné à lubrifier le fonctionnement de l’industrie »
« Le progressiste défend le Progrès en disant qu’il existe. L’assassin lui aussi existe, et le juge le condamne »
« Les nouveaux catéchistes professent que le Progrès est l’incarnation moderne de l’espérance. Cependant le Progrès n’est pas une espérance émergente, mais l’écho agonisant de l’espérance disparue »

« Wir wollen hier auf Erden schon das Himmelreich errichten (Nous voulons dès aujourd’hui fonder sur la terre le royaume céleste) »
- Mais lequel, Heine ? Le paradis socialiste dont on rêve dans la société de consommation, ou la société de consommation dont on rêve dans le paradis socialiste ? »

Philippe Muray

Philippe Muray

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"Une autre attitude des approuveurs du monde est la dégradation systématique des grandes figures du passé. Ce type de révisionnisme est moins dénoncé que les autres parce qu'il s'exerce, en général, dans le bon sens, le sens de l'amélioration enthousiaste de l'humanité dans son ensemble. Tout jeune, essayant de comprendre la passion de mes congénères pour Sartre, j'ai voulu le lire, moi aussi. L'entreprise sartrienne de dégradation obstinée de ceux dont il parlait (Baudelaire, Tintoret, Mallarmé, Flaubert, etc.) m'a presque tout de suite, et pour toujours, dégoûté de son oeuvre. Ce grand encenseur du monde (du monde tel que son progressisme le voulait), ce grand bénisseur fut aussi, et logiquement, un haïsseur de l'Histoire. De l'Histoire, c'est-à-dire de l'immoralité pluri-millénaire. Auteur politiquement correct par excellence (c'est pour ça, bien entendu, que la connaissance américaine de la littérature française moderne s'arrête à lui et à Beauvoir), jugeur universel, procureur multilames, vertuiste de la plus détestable espèce, prince des cabotins du cordicolisme le plus militant, Sartre laisse une oeuvre exceptionnelle en ce sens que, pour la première fois depuis la fin de la grande littérature religieuse, l'appréciation morale (accompagnée bien sûr de la médisance la plus pointilleuse) y domine tout : ... Sartre gratte le passé comme s'il s'agissait de sa propre plaie. Sur fond de prédication ("La littérature doit se rendre compte qu'elle existe dans un monde où des enfants meurent de faim", etc.), sa méchanceté moralisante annonce l'avenir. Notre présent. (...) La seconde moitié de ce siècle, époque où la dictature du Bien (conformisme, mesquinerie, surveillance, jugement moral) a commencé à s'épanouir sans retour, l'a reconnu comme son maître."

Christopher Lasch

Christopher Lasch

Auteur, historien, sociologue

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"Les hommes du commun ont un sens des limites plus développé que les classes supérieures. Ils comprennent, à la différence de celles-ci, qu'il y a des limites au contrôle de l'homme sur le cours du développement de la société, sur la nature et sur le corps, sur les éléments tragiques de la vie et de l'histoire humaines"

Olivier Rey

Olivier Rey

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« La plénitude de l’être humain, peu frappante au niveau individuel, ne semble pas non plus réalisée à l’échelle collective. Les moyens matériels en Occident ont crû de façon gigantesque, mais au lieu qu’ils permettent à l’humanité de choisir son destin, ils semblent tracer devant elle une ornière où le gouvernement des hommes par eux-mêmes se résume à l’accompagnement d’un mouvement qu’on a renoncé à orienter et contrôler, aussi inquiétant qu’il puisse être. Concernant les traces laissées sur la terre, un instant de réflexion montre que le legs le plus visible et durable du XXe siècle à ses successeurs est l’étendue des surfaces goudronnées. Une puissance sans précédent sur les choses n’a guère propagé la beauté : que l’on compare, en Europe, le centre des villes à leurs banlieues récentes, ou aux cités nouvelles. S’il fut des époques où, sans trop se concerter, les hommes construisaient des villes qui ressemblaient à quelque chose, aujourd’hui, plans minutieux et architectes diplômés accouchent de lotissements et de conurbations qui ne ressemblent à rien. Ce qui explique que les célébrations perpétuelles de la modernisation se doublent d’un attachement névrotique aux témoignages du passé, et d’une attirance panique pour les quelques régions du globe restées à l’écart du mouvement.
Le propos n’est pas ici de critiquer en bloc la modernité : ses plus grands pourfendeurs ne s’aperçoivent pas qu’ils sont installés en elle, et ne renonceraient pour rien au monde à ce qu’elle leur apporte. Ils négligent que, selon toute vraisemblance, dans une société d’Ancien Régime où le rang était une meilleure recommandation que la valeur, ils n’auraient pas été les précieux conseillers des princes qu’ils s’imaginent plus ou moins, mais des manants ôtant leur bonnet au passage desdits princes. Il s’agit de comparer la modernité à ses propres prétentions, et de constater qu’en regard des ambitions dont elle s’est réclamée, et de l’énergie colossale déployée, on reste loin du compte. C’est, selon Georges Bernanos, ce qu’on est en droit de reprocher à la société moderne : la déception qu’elle occasionne, "la disproportion scandaleuse des moyens dont elle dispose aux résultats qu’elle obtient ».

Albert Camus

Albert Camus

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« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. Héritière d’une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd’hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l’intelligence s’est abaissée jusqu’à se faire la servante de la haine et de l’oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d’elle, restaurer à partir de ses seules négations un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir. Devant un monde menacé de désintégration, où nos grands inquisiteurs risquent d’établir pour toujours les royaumes de la mort, elle sait qu’elle devrait, dans une sorte de course folle contre la montre, restaurer entre les nations une paix qui ne soit pas celle de la servitude, réconcilier à nouveau travail et culture, et refaire avec tous les hommes une arche d’alliance. Il n’est pas sûr qu’elle puisse jamais accomplir cette tâche immense, mais il est sûr que, partout dans le monde, elle tient déjà son double pari de vérité et de liberté, et, à l’occasion, sait mourir sans haine pour lui. C’est elle qui mérite d’être saluée et encouragée partout où elle se trouve, et surtout là où elle se sacrifie. C’est sur elle, en tout cas, que, certain de votre accord profond, je voudrais reporter l’honneur que vous venez de me faire. »

Georges Duhamel

Georges Duhamel

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« Le respect enthousiaste du mot avenir et de tout ce qu'il cache est à ranger parmi les plus naïves idéologies du XIXe siècle. Mal réveillés de cette griserie, les peuples ne croient pas volontiers que l'avenir pourrait n'être point le lieu de toutes les perfections et de toutes les prospérités. Nous verrons donc longtemps encore, dans les bourgs de province, la "Quincaillerie de l'Avenir" déployer son enseigne, non loin, sans doute, de la "Teinturerie du Progrès" » Scènes de la vie future

Gustave Flaubert

Gustave Flaubert

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« c'est quelque chose, le rire : c'est le dédain et la compréhension mêlés, et en somme la plus haute manière de voir la vie, "le propre de l'homme", comme dit Rabelais. Car les chiens, les loups, les chats et généralement toutes les bêtes à poils, pleurent. Je suis de l'avis de Montaigne, mon père nourricier : il me semble que nous ne pouvons jamais être assez méprisés selon notre mérite. J'aime à voir l'humanité et tout ce qu'elle respecte, ravalé, bafoué, honni, sifflé. C'est par là que j'ai quelque tendresse pour les ascétiques. La torpeur moderne vient du respect illimité que l'homme a pour lui-même. Quand je dis respect... non : culte, fétichisme. Le rêve du socialisme, n'est-ce pas de pouvoir faire asseoir l'humanité, monstrueuse d'obésité, dans une niche toute peinte en jaune, comme dans les gares de chemin de fer, et qu'elle soit là à se dandiner sur ses couilles, ivre, béate, les yeux clos, digérant son déjeuner, attendant le dîner et faisant sous elle ? Ah ! je ne crèverai pas sans lui avoir craché à la figure de toute la force de mon gosier. »

Juan Donoso Cortés

Juan Donoso Cortés

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« Les théories pénale des monarchies absolues, aux jours de leur décadence, ont donné naissance aux théories des écoles libérales, et celles-ci ont poussé les choses au point périlleux où nous les voyons. Derrière ces écoles arrivent les socialistes avec leur théorie des saintes insurrections et des crimes héroïques ; et ce n’est pas encore la fin : dans les horizons lointains commencent à poindre de plus sanglantes aurores. Le nouvel évangile du monde s’écrit peut-être dans un bagne. Le monde n’aura que ce qu’il mérite quand il sera contraint de subir ces nouveaux apôtres et leur évangile.

Ceux qui ont fait croire aux peuples que la terre peut être un paradis leur ont fait croire encore plus facilement que la terre doit être un paradis où le sang ne coulera jamais. Ce n’est pas dans cette illusion qu’est le mal ; mais, au jour et à l’heure où elle serait acceptée de tous, le sang jaillirait même des rochers, et la terre deviendrait un enfer. Dans cette basse et obscure vallée, l’homme ne peut aspirer à une félicité impossible sans perdre le peu de bonheur qui lui était laissé. »

P. b.

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