Ce qui m'est passé entre les doigts en 2017
Tous les livres qui passeront dans mes mains en cette noble année 2017, espérant en lire au moins 52, je les gratifierai
d'une annotation à chaque ajout.
Liste de 23 livres
créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a presque 2 ans
La Septième Fonction du langage
Sortie : 19 août 2015 (France). Roman
livre de Laurent Binet
Nectanobé a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
04/01
490p
La Condition humaine (1933)
Sortie : 1933 (France). Roman
livre de André Malraux
Nectanobé a mis 3/10.
Annotation :
Surement le premier livre que je ne finis pas, malgré une première partie rondement menée, j'ai surtout été marqué par les descriptions psychologiques, notamment celle de Tchen sombrant dans la folie du meurtre. Après les 50 premières pages, le ton se fait de plus en plus lourd et les phrases, pourtant suaves en début de récit sont peu à peu dépouillées de leur saveur initiale.
La -trop- dense intrigue Historique s'appropriant ainsi peu à peu le libre arbitre des personnages, la Condition humaine se révèle être l'Histoire entrainant irréversiblement dans son flot toutes les impuissantes histoires.
En tant que néophyte, je ne comprends pas grand chose à la Guerre civile Chinoise et l'alternance quasi-aléatoire entre les personnages rendent l'évolution du conflit de plus en plus floue à mes yeux. Si bien que je me suis retrouvé noyé dans cet océan de personnages, de relations et de raisonnements socio-historiques.
J'ai tout donné pour reprendre le dessus, mais difficile de sortir des sables mouvants lorsque l'on y est coincé jusqu'au coude.
Peut-être y replongerai-je un jour.
15/01
250/340p
Le Spleen de Paris (1869)
Petits poèmes en prose
Sortie : 1869 (France). Poésie
livre de Charles Baudelaire
Nectanobé a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Déroutant de voir avec quelle légèreté Baudelaire nous transmet le Paris du XIXème, ses fiacres, sa misère, ses courtisanes, ses chiens errants, ses âmes damnés. Transmettre car ce recueil est un acte de transmission, le poète essentialise l’âme Parisienne, ses ciels limpides de plaisir comme ses orages de détresse.
C'est peut être également un hymne à la mélancolie, au spleen, au désenchantement. C'est peut être aussi une provocation, à l'encontre de l'époque, des riches, des pauvres, des nantis, des miséreux. C'est peut être aussi une lutte, vaine mais courageuse, contre le Temps, l'ennui, la Vie.
Baudelaire c'est peut être ça, une mélancolie qui s'évapore, qui vous glisse entre les doigts.
"O nuit ! O rafraichissantes ténèbres ! vous êtes pour moi le signal d'une fête intérieure, vous êtes la délivrance d'une angoisse ! Dans la solitude des plaines, dans les labyrinthes pierreux d'une capitale, scintillement des étoiles, explosion des lanternes, vous êtes le feu d'artifice de la déesse Liberté"
18/01
135p
Laëtitia
ou la fin des hommes
Sortie : 25 août 2016 (France). Essai
livre de Ivan Jablonka
Nectanobé a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
29/01
360p
Les Carnets du sous-sol (1864)
(traduction André Markowicz)
Zapiski iz podpol'ia
Sortie : 1992 (France). Roman
livre de Fiodor Dostoïevski
Nectanobé a mis 8/10.
Annotation :
Traduction d'André Markowicz aux Editions Actes Sud.
Monologue interminable d'un homme torturé, terré dans ses sous-sols, qui hurle et vomit la condition de l'homme, sa conscience accrue, sa misère infinie, sa lâcheté, sa méchanceté. Chaque mot dégouline de bile, de haine, de remords. La magnifique traduction, proche de la violence originelle du texte en Russe y est surement pour beaucoup.
La première partie vous asphyxie par sa puissance, sa profondeur. Cet habitant des sous-sols exècre sa conscience accrue, méprise le libre arbitre qu'il considère comme illusion -je sais maintenant pourquoi ce texte a influencé Nietzsche. Il dénonce la méchanceté, la cupidité de l'homme. En somme, Cioran enfermé dans une cave.
Mais là où Dostoïevski excelle, c'est dans la deuxième partie, dans laquelle le narrateur illustre via les bribes de souvenirs qui le hantent, son impossibilité d'aimer, de vivre en société, de respecter les bienséances, sa tendresse pour les hommes et son mépris total envers l'humanité.
"Je me vis par hasard dans une glace. Ma figure révulsée me parut dégoutante au possible ; pâle, vil, méchant, les cheveux en bataille. "Tant mieux, je suis content me dis-je, oui, je suis content, je vais la dégoûter ; ça me fait plaisir..."
ou encore
"Il y a dans les souvenirs de chacun des choses qu'il ne révèle pas à tout le monde, mais seulement à des amis. Il y a des choses qu'il ne révèlera pas même à ses amis, mais seulement à sa propre conscience, et encore -sous le sceau du secret. Et il y a enfin des choses que les hommes craindront de révéler même à leur propre conscience, et ces choses, même chez les hommes les meilleurs, il y en a une quantité qui s'accumule.
03/02
170p
Le Premier Sexe (2006)
Sortie : 2006 (France). Essai
livre de Eric Zemmour
Nectanobé a mis 4/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
09/02
130p
13 jours : la crise des missiles de Cuba
Thirteen Days: A Memoir of the Cuban Missile Crisis
Histoire
livre de Robert Francis Kennedy
Nectanobé a mis 6/10.
Annotation :
Lu en anglais.
Outre l'aspect historique qui fait de ce document un outil précieux pour les historiens, celui-ci se révèle d'une qualité littéraire prononcée, sachant jouer du suspense, et livrant avec détails les réflexions et débats qui eurent lieu, durant ces 13 jours.
Quelquefois, la dimension dramatique et l'angoisse évoquée d'une guerre apocalyptique font du témoignage un récit un peu trop américano-centré, versant dans l’héroïsme de bas étage, mais cela n’empêche d'appréhender ce témoignage comme un document historique, essentiel pour comprendre cette crise.
"Neither side wanted a war over Cuba, we agreed, but it was possible that either side could take a step that -for reason of "security" or "pride" or "face"- would require a response by the other side, which, in turn, for the same reasons of security, pride, or face, would bring about a counterresponse and eventually an escalation into armed conflict."
17/02
130p
Eugénie Grandet (1833)
Sortie : 1834 (France). Roman, Romance
livre de Honoré de Balzac
Nectanobé a mis 3/10.
Annotation :
Deuxième livre que je n'arrive point à finir, lecture inachevée qui n'est peut-être pas uniquement inhérente au récit, mais également à l'agitation et aux voyages de ces dernières semaines.
C'est pour moi l'incarnation de l'ennui que peut procurer la lecture, l'écriture est agréable sans être inspirée, mais l'intrigue est d'une lenteur que la pire des charrues ne saurait égaler, une centaine de pages, de descriptions et d'explication pour monter le décor, cette France provinciale, du début du XIXème, cette ville de Saumur dont on connait chacun des détails sans rien en savoir. Ce bougre de tonnelier dont les rouages psychologiques pourtant simples sont en expliquées dans des phrases d'une dizaines de lignes.
Balzac prétend rendre à nous, modernes, l'atmosphère de l'époque à laquelle Napoléon venait tout juste de se faire humilier à Waterloo, mais il ne fait que la ternir, l'envelopper d'un linceul des plus ennuyants, sans jamais nous y faire sentir, voir, toucher.
"Dans la pure et monotone vie des jeunes filles, il vient une heure délicieuse où le soleil leur épanche ses rayons dans l’âme, où la fleur leur exprime des pensées oü les palpitations du cœur communiquent au cerveau leur chaude fécondance, et fondent les idées en un vague désir ; jour d'innocente mélancolie et de suaves joyeusetés."
21/03
170/290p
Fictions (1944)
Ficciones
Sortie : 1944 (France). Recueil de nouvelles
livre de Jorge Luis Borges
Nectanobé a mis 8/10 et l'a mis en envie.
Annotation :
Récit de nouvelles aussi bien déroutant qu'enrichissant. Si certaines croulent sous les références et une écriture qui parfois s'avère écrasante d'érudition, la plupart atteignent l'effet recherché : l'illusion d'optique, la perte de soi-même dans les méandres d'un labyrinthe, la lente stupéfaction devant un vertige infini.
Borges arrive à appréhender et à rendre compréhensible un concept parfois fantastique, souvent philosophique dans une nouvelle de 10 pages, là où un écrivain ne saurait en retranscrire une once dans un roman de 400 pages. C'est là tout son génie.
A relire.
La bibliothèque de Babel -peut être une des plus réussies : "Comme tous les hommes de la bibliothèque, j'ai voyagé dans ma jeunesse; j'ai effectué des pèlerinages à la recherche d'un livre et peut être du catalogue des catalogues; maintenant que mes yeux sont à peine capables de déchiffrer ce que j'écris, je me prépare à mourir à quelques courtes lieues de l'hexagone où je naquis. Mort, il ne manquera pas de mains pieuses pour me jeter par dessus la balustrade : mon tombeau sera l'air insondable; mon corps s'enfoncera longuement, se corrompra, se dissoudra dans le vent engendré par la chute, qui est infinie. Car j'affirme que la bibliothèque est interminable."
21/05
180p
Dans les forêts de Sibérie (2011)
Sortie : septembre 2011. Correspondance, Journal & carnet, Essai
livre de Sylvain Tesson
Nectanobé a mis 8/10.
Annotation :
Sylvain Tesson nous fait part d'un carnet écrit au jour le jour lors de l'un séjour de 6 mois passé seul dans une cabane, sur les rives du Baïkal. Entre saillies humoristiques, satires de la société contemporaine et réflexions philosophiques, Tesson nous fait part de ses tourments, de ses joies, de ses peines et de ses espoirs.
Il arrive indéniablement à capter l’attention du lecteur, à travers des sentences calibrées et une plume acérée, parfois poétique.
Vivre en ermite, c'est s'offrir le luxe de se retirer, de s'affranchir des normes et des contraintes sociétales, de faire le point sur soi-même ainsi que sur le monde, de lire, d'écrire, de méditer. Mais c'est aussi marcher, ramer, couper du bois, être effrayé par l'ours rodant autour de la cabane, c'est échanger, avec les russes, les mésanges, les phoques mais c'est surtout boire, écluser les bouteilles de vodka comme s'il en pleuvait.
"Enfermé dans son cube de rondins, l'ermite ne souille pas la Terre. Au seuil de son isba, il regarde les saisons danser la gigue de l’éternel retour. Privé de machine, il entretient son corps. Coupé de toute communication, il déchiffre le langage des arbres. Libéré de la télévision, il découvre qu'une fenêtre est plus transparente qu'un écran. Sa cabane égaie la rive et pourvoit au confort."
Ou encore :
"Le soir j'en vide deux lentement. La bière ou l'assommoir, l'alcool des pauvres gens. La bière est un sédatif qui anesthésie la pensée et dissout tout esprit de révolte. Avec la lance à bière, les États totalitaires éteignent les incendies sociaux. Nietzsche haïssait ce jus pisseux parce qu'il alimentait l'esprit de lourdeur.
Au bâton sur la neige : Le monde dont nous somme tour à tour les taches ou les pinceaux."
02/06
290p
Penser l'islam
Sortie : 27 janvier 2016 (France). Essai
livre de Michel Onfray
Nectanobé a mis 5/10.
Annotation :
Si ce court essai permet à Michel Onfray d'éclaircir sa pensée aux yeux de tous, souvent caricaturée dans les médias, il peine à faire émerger un essai réellement digne d’intérêt et surprenant.
Aux yeux du philosophe, l'Islam ne peut être essentialisée tant le Coran est hétéroclite, avocat de la tolérance et de l'amour ou pourfendeur de la misogynie de l'homophobie de la haine et de l'antisémitisme selon les autres.
Une lecture "plume en main" de différentes traductions de ce même texte lui permet néanmoins une certaine maitrise du sujet et il ne peine à faire la "généalogie" de cette religion en déconstruisant son texte fondateur ainsi que les prémices de son écriture. Prouvant ainsi que l'Islam justifie le meilleur comme le pire, seul importe le prélèvement. Comme toutes religions.
En revanche il me semble être moins convaincants lorsque, vilipendant les "bien pensants" et les adeptes du "pas d’amalgame", il en vient à résumer la guerre menée par des islamistes fondamentalistes à la France à l'Europe et à l'Occident seulement due aux bombardements "islamophobes" des 20 dernières années. Se préoccupant plus de ses détracteurs médiatiques et de son mépris pour gauche et droite libérale, il vient presque à oublié d'analyser ce qui dans l'Islam peut ou non justifier de telles pratiques, mais surtout à nier l'existence de réalités sociologiques -déclassement, chômage, perte de repères- et à résumer cette guerre si l'on peut l'appeler ainsi, à une simple guerre de civilisation bien que je ne mette pas en cause le concept.
Un texte digne d’intérêt mais présentant trop d'approximations et de hors-sujet lorsque Michel Onfray s'attache à donner trop d'importance à média-sphère et à la politique politicienne, choses qu'il entend pourtant dénoncer.
"Seuls les esprits forts peuvent regarder la mort en face en sachant qu'elle emportera tout de soi. Les autres -ils ne sont pas blâmables pour autant- s'inventent une vie post mortem dans laquelle ils retrouveront ceux qu'ils ont perdus et qu'ils aimaient, leurs parents, leurs amis, leur époux ou leur femme, ce qui permet de vivre une vie difficile à vivre."
03/06
180p
Limonov (2011)
Sortie : 8 septembre 2011. Roman
livre de Emmanuel Carrère
Nectanobé a mis 8/10.
Annotation :
Si l'on peut reprocher de nombreuses choses à Edouard Limonov, nul n'osera affirmer que sa vie n'ait pas été rocambolesque. Outre ce destin hors du commun, animé par une soif de reconnaissance, un besoin irréprésible de se faire connaitre, se profile en arrière plan l'Histoire du 20ème siècle. Et c'est là tout l'enjeu du récit, profiler la grande Histoire à travers celle de Limonov. Si l'on voit que ce genre d'association est fructueuse lorsqu'elle est bien menée -histoire des grands parents que je n'ai pas eu- elle n'en est pas moins perilleuse. Ainsi, certains passages où Carrère met en relation la vie de Limonov à la sienne ne sont pas dignes d'intérêt. Lorsque l'auteur dévoile les rouages de la composition du récit, le lecteur ne peut en être que ravi mais il pourrait aisément se passer de ceux relatant uniquement les faits et gestes de l'auteur -quel intérêt qu'il passe ses vacances à l'Île de Ré ou à Noirmoutier.
Cependant, et malgré une écriture minimaliste qui aurait gagnée à être étoffée, stylisée, le récit est passionnant.
L'auteur arrive à dresser un portrait psychologique detaillé tout en livrant des informations contextuelles nécessaires quant aux dynamiques politiques de l'URSS asphyxiée ou à l'opposition des forces Serbes, Croates et Bosniaques durant le siège de Sarajevo. Ainsi se dévoile patiemment, le portrait complexe d'un homme extraordinaire, empruntant aussi bien à Bukowski qu'à Tesson, à Forest Gump qu'à Jack London.
"Il ajuste pour lui dire les phrases les plus cruelles, plus elles sont cruelles plus elles lui paraissent lucides, il en jouit douloureusement et en meme temps une vague d'immense pitié monte en lui, il voit une toute petite fille, effrayée, malheureuse, et il a envie de la protéger, de la ramener à la maison d'où ils n'auraient jamais dû partir, et ses yeux se tournent vers l'icône que comme tous les Russes, même mécréants, ils ont accrochée dans un coin de cette chambre sinistre, perdue en terre étrangère, et il lui semble que la Vierge qui tient sur son sein un petit enfant Jésus à la tête trop grosse les regarde tristement, que les larmes coulent sur ses joues, et il la supplie de les sauver tous les deux, sans y croire."
07/06
490p
Une journée d'Ivan Denissovitch (1962)
(traduction Jean et Lucie Cathala)
Odin den' Ivana Denisovicha
Sortie : 1973 (France). Roman
livre de Alexandre Soljenitsyne
Nectanobé a mis 6/10.
Annotation :
Quelle longue et heureuse journée que celle vécue par Chouhkov aux confins de la Sibérie, dans un des nombreux bagnes de l'URSS. L'importance historique de ce récit n'est plus à démontrer, premier livre dévoilant de manière aiguisée la vie dans les goulag, sans fard, sans maquillage. Il fut premièrement autorisé sous
Krouchtchev, avant d’être censuré dès les années 70.
Le portrait du goulag est fait de manière politique et sociale, Soljenitsyne se garde de l'apitoiement et cela est remarquable. Mais la froideur du récit, le style minimaliste ne parviennent pas atteindre cet idéal presque sidéral qu'est la description poétique d'un univers carcéral, de concentration, là où Primo Levi y parvenait. Le long et éreintant passage au chantier, fait de briques, de truelles et de pelles est beaucoup trop dilué et le lecteur ne peut y trouvé qu'ennui, bien que les rapports de force entre zeks, brigadiers et contremaitres y soit parfaitement décrit.
Bien que le roman aurait pu être plus percutant si avait été doté d'un style moins distant, le génie de Soljenitsyne est de prouver qu'après une telle journée, mais surtout de telles années, l'homme s'adapte, il fait le bagne sien et s’accommode de ce qui lui est infligé. Peu importe, tant qu'une kacha chaude et gouleyante attend Ivan Denissovitch tous les soirs.
"Il s'endormait, Choukhov, satisfait pleinement. Cette journée lui avait apporté des tas de bonnes chances : on ne l'avait pas mis au cachot ; leur brigade n'avait point été envoyée à la cité du Socialisme ; à déjeuner, il avait maraudé une kacha ; les tant-pour-cent avaient été joliment décrochés par le brigadier ; il avait maçonné à cœur joie ; on ne l'avait point paumé avec sa lame de scie pendant la fouille ; il s'était fait du gain avec César ; il s'était acheté du bon tabac ; et au lieu de tomber malade, il avait chassé le mal.
Une journée de passée. Sans seulement un nuage.
Presque de bonheur."
13/07
225p
Les Désenchantées
Sortie : 1906 (France). Roman
livre de Pierre Loti
Nectanobé a mis 7/10.
Annotation :
Roman profondément moderne de par sa forme et son intrigue, dans lequel se mêlent réalité et fiction, Pierre Loti, doté d'un style minimaliste mais evocateur au possible, rend compte à merveille de la condition de la femme Turque contemporaine -1906. Dans cette Turquie qui peu à peu s'ouvre sur l'occident, comme le prouve les villas modernes de la côte Européenne du Bosphore, le narrateur, turcophile au possible, dépeint avec langueur le quotidien des jeunes femmes, enfermées dans les harems et mariées de force. Son message transparait sans jamais être criant, à travers une amitié entre trois jeunes femmes turques, risquant leur dignité à chaque entrevue et un vieil écrivain Européen, vivant en Turquie par amour pour ce pays. Il plaide à travers ce personnage qui n'est autre que lui-même pour l'émancipation des "Désenchantées", éduquées par des années d'enfermement, au contact de livres occidentaux et d'instruments de musique en tout genre. Elles même se considèrent comme les sacrifiées, la géneration de transition, bornée par les traditions mais conscientes de cet enfermement grâce au savoir, en somme, condamnées à embrasser un futur auquel elles n'ont jamais cru.
Ce continuel tiraillement entre ouverture sur l'Occident et la "modernité" d'un côté et respect des traditions et de la religion d'un autre est aujourd'hui toujours au coeur des dynamiques politico-sociales dans bon nombre de pays arabo-musulmans. Et le retour soudain de la Turquie vers un régime authoritariste et dans lequel le religieux et le politique ne sont guère plus séparés ne peut que réanimer ce débat épineux.
"Pendant cette suprême journée qui lui restait, elle voulait se préparer comme pour la mort, ranger ses papiers et mille petits souvenirs, brûler surtout, brûler par crainte des regards de l'homme inconnu qui serait dans quelques heures son maître. La détresse de son âme était sans recours, et son effroi, sa rébellion allaient croissant."
"Des existences où il n'y a rien ! Sentez-vous toute l'horreur de cela ? De pauvre âmes, ailées maintenant, et que l'on tient captive ; des coeurs où bouillonne une jeune sève, et auxquels l'action est interdite, qui ne peuvent rien faire, pas même le bien, qui se dévorent ou s'usent en rêves irréalisables. "
28/07
345p
De la providence
Sortie : 31 janvier 2013 (France). Essai
livre de Sénèque
Nectanobé a mis 7/10.
Annotation :
Ouvrage recueillant "De la providence" et les Lettres à Lucilius 71, 72, 73 et 74, il n'est pas à démontrer que le recueil forme un complexe homogène, permettant à Sénèque d'expliciter sa pensée et de faire découvrir sa vision du stoïcisme. Je ne vais pas revenir sur la philosophie en elle-même car cela exigerait un travail de plus longue haleine. Si la première partie du recueil regorge de profondeur sans perdre d'intelligibilité, la deuxième et les dernières perdent en clarté. Cet ouvrage reste néanmoins intéressant pour quiconque voulant découvrir et s'abreuver de stoicisme, tout en évitant toutes les infamies qu'on peut retrouver au sujet de cette école de pensée sur Internet.
"Le malheur est l'occasion de la vertu. A bon droit appellerait on malheureux ceux qui s'engourdissent dans un trop grand bonheur, ceux qui immobilisent leur vie dans une immobilité paresseuse, comme sur une mer d'huile, Tout ce qui leur arrive est nouveau pour eux ; les situations violentes frappent davantage ceux qui n'en ont pas fait l'épreuve ; le joug est plus pesant pour un cou qui n'est pas endurci. La recrue pâlit a l'idée d'une blessure ; le vétéran voit sans faiblesse couler son sang ; il sait que la victoire a souvent suivi les blessures. C'est pourquoi Dieu endurcie, vérifie, harcèle ceux qu'il favorise et qu'il aime ; mais ceux qu'il semble traiter doucement ou épargner, il les garde sans force contre les maux à venir ; vous vous trompez en effet si vous croyez quelqu’un exempt ; après un long bonheur sa part viendra ; celui qui croit être acquitté n'est qu'ajourné."
"Pourquoi s'étonner que Dieu éprouve durement des âmes généreuses ? Jamais la vertu ne se témoigne dans la mollesse. La fortune nous fouette et nous déchire ? Souffrons-le ; il n'y a pas la cruauté, il y a combat ; plus souvent nous l'aurons affronté, plus nous serons forts."
02/08
85p
La Peste (1947)
Sortie : 1947 (France). Roman
livre de Albert Camus
Nectanobé a mis 9/10.
Annotation :
N'ayant été que relativement convaincu par l’Étranger que je me dois de relire, j'ai abordé cette lecture avec beaucoup d'exigence, envers moi-même et envers Camus.
Rien n'est plus gratifiant qu'une exigence satisfaite, et que dire si ce n'est le terrifiant réalisme, l'envoutant humanisme qui suintent de cette œuvre. Les grands romans sont ceux desquels on jouit de diverses façons, ceux dont l'histoire se suffit à elle-même mais qui invitent le lecteur à aller voir plus loin, à diversifier les interprétations, historiques et philosophiques en l’occurrence. La Peste est de ceux-là.
"Écoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparait jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait ou, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse."
17/08
280p
Iran : La prière des poètes
Sortie : 9 mai 2017 (France). Culture et société
livre de Jean-Pierre Perrin
Nectanobé a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
21/08
90p
Europeana : Une brève histoire du XXe siècle
Sortie : 2010 (France).
livre de Patrik Ourednik
Nectanobé a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
25/08
150p
Indignez-vous ! (2010)
Sortie : 21 octobre 2010. Essai
livre de Stéphane Hessel
Nectanobé a mis 3/10.
Annotation :
Livre écrit par un homme honorable, Résistant, rédacteur de la Déclaration Universelle mais très peu instructif, intéressant ou même, il évoque des sujets aussi variés que la non-violence, la sagesse Chinoise ou le conflit Israélo-palestinien sans la moindre profondeur et de manière totalement désordonnée. Bien que très court, je ne relirai surement pas ce petit essai ont je n'ai rien tiré.
15/08
30p
Rubayat (1131)
(traduction Armand Robin)
Sortie : 15 novembre 1994 (France). Poésie
livre de Omar Khayam
Nectanobé a mis 9/10.
Vivre et mentir à Téhéran
Sortie : 18 février 2015 (France). Roman
livre de Ramita Navai
Nectanobé a mis 7/10.
Neige
Sortie : décembre 2000 (France). Roman
livre de Maxence Fermine
Nectanobé a mis 5/10.
Annotation :
Court, au combien poétique et plaisant à lire mais le récit peine par sa superficialité à certains moments. A lire tout de même.
02/12
85p
Berezina
En side-car avec Napoléon
Sortie : 22 janvier 2015 (France). Roman
livre de Sylvain Tesson
Nectanobé a mis 7/10.
Annotation :
Tesson, une plume acerbe et au combien agréable, un regard autant cynique qu'exalté mais surtout de l'aventure, de l'Histoire contée avec passion, le tout jouxté de digressions sur l'avenir de notre civilisation.
"Napoléon, attiré par les ors moscovites, désireux d'une bataille, cherchant l'affrontement conformément à sa stratégie, se laisserait piéger dans les oubliettes steppiques, dans l'effrayante monotonie de la foret, sous le néant du ciel. Il suffirait de se laisser s'enfoncer. On se retirerait, on refuserait tout combat, on laisserait la cohorte s'effilocher en longs méandres d'hommes et de bêtes harcelés par la vermine, accablés par les chaleurs, exaspérés par le recul de l'ennemi. Quiconque a marché quelques jours sous les futaies de ce pays sait le désespoir et l'angoisse qui étreignent l’âme, au soir d'une journée ou tout espoir a semblé vain pour faire se rapprocher l'horizon. L'étendue russe est décourageante."
25/12
200p