Carnet de lectures : 2017

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Service Presse (16/02/17)

"Soixante-dix pour cent de ceux qui se jettent par la fenêtre d'un étage élevé - selon les résultats d'une enquête - le regrettent en cours de route. J'ignore qui sont les volontaires ayant participé à cette enquête et à quelle étape de leur parcours vers le bas ils ont été interrogés. Mise à part la méthode décrite ci-dessus, il existe de nombreux autres moyens de laisser une petite marque dans le monde."

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Chêne et chien

"C'est ainsi qu'on acquiert du goût pour les désastres
et les manchettes dans le papier quotidien.
En voyant le malheur dessiné par les astres,
on goûte celui des autres comme le sien.

Je retournais le sens des maux inévitables,
car j'aimais ma douleur, petite castration.
De tous les coups du sort, j'ai su faire une fable.
Le moins devient le plus : consolante inversion."

"Il faut pourtant tout dire, et le plus difficile.
Si je n'hésite pas
à narrer des écarts sexuels et infertiles,
ce m'est un embarras
de parler sans détours de mort et de supplices
et d'écartèlements,
de bagnes, de prisons où de vaches sévices
rendent quasi-dément.

Mais ces liens à leur tour tomberont dénoués,
les symptômes s'expliquent
comme le crime en fin d'un roman policier :
mais ce n'est pas un crime !
Car si privé d'amour, enfant, tu voulus tuer
ce fut toi la victime."

En revanche, Petite cosmogonie portative m'a paru lourd, indigeste, illisible...

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"En ce temps là j'étais en mon adolescence
J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J'étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
[...]
J'ai des amis qui m"entourent comme des garde-fous
Ils ont peur quand je pars que je ne revienne plus
Toutes les femmes que j'ai rencontrées se dressent aux horizons
Avec les gestes piteux et les regards tristes des sémaphores sous la pluie
Bella, Agnès, Catherine et la mère de mon fils en Italie
Et celle, la mère de mon amour en Amérique
Il y a des cris de sirène qui me déchirent l'âme
Là-bas en Mandchourie un ventre tressaille encore comme dans un accouchement
Je voudrais
Je voudrais n'avoir jamais fait mes voyages
Ce soir un grand amour me tourmente
Et malgré moi je pense à la petite Jehanne de France."

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01/03
Le deuxième volet des Cantos d'Hypérion est, plus que le premier (ou du moins d'une autre manière), une œuvre magistrale, l'embrasement de l'incendie allumé dans le premier tome, un Space Opera d'excellence surpassant largement Fondation d'Asimov. Les thématiques sont nombreuses, riches et très complexes (il faut parfois s'accrocher) ; tout comme les récits. Le tout est baigné de poésie, celle de John Keats, et de réflexions théologiques. On est emporté par delà espace et temps, et si cela demande parfois un effort, on est franchement triste de quitter nos pèlerins (les survivants, du moins) à la fin du bouquin et ce monde incroyable où impossible est un mot qui n'existe pas.

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18/03
Ce bouquin est à la hauteur de son personnage principal et de son auteur : une force, un muscle saillant, contracté. Si j'ai mis à certain temps à m'accrocher au style de London, notamment à cause de la ponctuation(/traduction ?), passée la moitié j'étais à fleur de peau avec Martin, souffrant, le plus souvent, avec lui et le comprenant parfaitement. Ce n'est pas simplement une critique de la bourgeoisie, c'est une critique de l'individualisme et de l'homme en général, si décevant pour les forces de la nature comme Eden ou son ami Brissenden, ces forces vouées à n'être que des comètes dans un ciel noir. London décrit à merveille les deux mondes disincts du prolétariat et de la bourgeoisie, l'amour vrai et les faux sentiments, et, par-dessus tout, la dépression et sa dangereuse pente. Mon dieu, quel livre.
Ah, et, merde, où Martin trouve-t-il sa foutue force ?! Je me damnerai pour l'avoir.

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24/03

« Ariane, ma sœur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée »
Racine, Phèdre, 1677

Un livre qui doit passer entre toutes les mains, et particulièrement entre celles des politiques sur qui reposent - en partie - le maintien et la défense de la langue française ainsi que l'alternative qu'elle représente face à l'hégémonisme anglo-saxon, et qui n'ont (les politiques) fait que la trahir depuis le Général de Gaulle. Il est primordial de prendre conscience du danger qui guette alentour de notre langue, ainsi que de la richesse que nous pourrions tirer de sa revalorisation. Apprenons l'anglais, parlons-le bien, mais cessons d'utiliser des mots anglais dans la langue française, résistons et soyons fiers de notre culture, sans quoi sa disparition à venir sera précipitée et certaine.
J'en fais ma lutte.

« Quand vous, Français, verrez disparaître votre mot « amour », vous comprendrez peut-être qu’il sera trop tard… », Denise Bombardier

« On peut dire dès lors à propos des termes anglo-saxons ce que disait Tacite, à propos des thermes en Bretagne : ce qu’ils prennent pour un signe de civilisation est un signe d’asservissement. Ils : les Galloricains. »

« La langue : le plus grand nombre la rétrécit pour l’adapter aux temps qui courent – par paresse d’esprit tout autant, indifférence ou perte esthétique, laisser-aller, problème de transmission, snobisme, mimétisme, oubli de soi, soumissions, désamour de la langue, amour du censeur, démagogie des publicistes et de l’audiovisuel, échouage collectif… »

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25/03

"Dans le doute mortel dont je suis agité,
Je commence à rougir de mon oisiveté."

"Noble et brillant auteur d'une triste famille,
Toi, dont ma mère osait se vanter d'être fille,
Qui peut-être rougis du trouble où tu me vois,
Soleil, je te viens voir pour la dernière fois."

"Quand tu sauras le crime, et le sort qui m'accable,
Je n'en mourrai pas moins, j'en mourrai plus coupable."

"Ariane, ma sœur, de quel amour blessée,
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !"

"Dès vos premiers regards je l'ai vu se confondre.
Ses yeux, qui vainement voulaient vous éviter,
Déjà pleins de langueur, ne pouvaient vous quitter.
Le nom d'amant peut-être offense son courage ;
Mais il en a les yeux, s'il n'en a le langage."

1654 vers qui feront dire à André Gide : "Quels vers ! Quelles suites de vers ! Y eut-il jamais, dans aucune langue humaine, rien de plus beau ?"

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29/03

Un livre magnifique, bouleversant. Un récit sublimé par une écriture (et une traduction) superbe et qui soulève des questions existentielles qui accompagneront le lecteur longtemps, peut-être le changeront à jamais...

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12/04

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15/04

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29/05

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14/06

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28/06

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28/06

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Juillet


FIESTA

Et les verres étaient vides
et la bouteille brisée
Et le lit était grand ouvert
et la porte fermée
Et toutes les étoiles de verre
du bonheur et de la beauté
resplendissaient dans la poussière
de la chambre mal balayée
Et j’étais ivre mort
et j’étais feu de joie
et toi ivre vivante
tout nue dans mes bras.


C’EST A SAINT-PAUL DE VENCE… (extrait)

indispensable l’olivier
indispensable avec ses olives et l’huile de ses olives comme la vigne avec son vin le rosier avec ses roses l’arbre à pain avec son pain le chêne liège avec ses bouchons le charme avec son charme le tremble avec son feuille qui tremble dans la voix de ceux qui disent son nom
indispensable comme tant d’autres arbres avec leurs fruits leur ombre leurs allées leurs oiseaux

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Juillet

"L’Histoire ne se répète peut-être pas, mais certains hommes, eux, bégaient."
"Un fleuve bordé de saules pleureurs est-il une rivière de larmes ?"
"Sur les panneaux anti-incendie, cette injonction aux accents dada, idéale pour gouverner sa vie. Elle aurait pu être écrite par Picabia : « 1) Fermez la porte. 2) Partez et ne revenez pas en arrière. »"
"Est-ce qu’un verre est si lourd qu’il faille se mettre à deux pour le prendre ?"

De ce journal de Tesson, finalement, on ne retiendra pas grand chose. Quelques brillants aphorismes qui, seuls, ne suffisent pas à mériter une telle publication. Ce n'est pas que c'est mauvais, loin de là, mais Tesson divague ou se répète, comme s'il s'écoutait parler. Dommage, mais pardonnable.