Liste de

75 livres

créee il y a environ 9 ans · modifiée il y a plus de 8 ans

La Vie mode d'emploi
7.9

La Vie mode d'emploi (1978)

Sortie : 1978 (France). Roman

livre de Georges Perec

clairemouais a mis 10/10.

Annotation :

Lu en janvier.
J'adore les foultitudes de détails, c'est plus fort que moi, et on ne peut pour cela pas être mieux servi que dans ce livre.
Ce roman, il a un côté Don Quichotte je trouve, dans le genre tellement complet qu'on croit y déceler justement une essence de roman. Récits enchâssés et art de la liste, on touche Cervantes et Rabelais, et pourtant on est à des milliers de kilomètres de ces deux là. Mais il y a quand même chez Perec une espèce de volonté d'oeuvre complète : et comment ne pas sentir que la boucle est bouclée lorsque l'on a visité tous les appartements de l'immeuble?
Ce roman est aussi indéniablement un jeu (de puzzle évidemment) où l'on se délecte des histoires incroyables ou banales de personnages qui nous mettent si facilement le sourire aux lèvres.
+ L'anaphore finale du "vingt-trois juin mille neuf-cent-soixante-quinze et il va être huit heures du soir.", c'est pour moi comme une énorme bras d'honneur à Breton, et on ne peut rien faire de plus beau que ça.

Le Vicomte pourfendu
7.3

Le Vicomte pourfendu (1952)

Il visconte dimezzato

Sortie : 1955 (France). Roman

livre de Italo Calvino

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en janvier.
Drôle et cruel, on ne peut rêver meilleur équilibre. C'est vraiment très agréable (et très rapide) à lire, l'histoire loufoque d'un vicomte coupé en deux et dont seul le mauvais côté serait revenu chez lui, pris d'une folie meurtrière consistant majoritairement à tout séparer en deux moitié (moitié d'escargots, d'écureils ou de fleurs.). On a souvent un grand sourire, parfois un peu dégoûté (des orgies de lépreux...), mais c'est exactement cela qui est plaisant. C'est un livre un peu fou, et c'est la fin, qui justement s'assagit, qui me pousse au 7 plutôt qu'au 8.

L'Eau et les Rêves
7.6

L'Eau et les Rêves (1942)

Essai sur l'imagination de la matière

Sortie : août 1989 (France). Essai, Philosophie

livre de Gaston Bachelard

clairemouais a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lu en janvier.
Ce livre est magnifique pour tout l'amour de la littérature et des mots qui découle de chaque phrase. Bachelard aime passionnément les poètes, Bachelard est lui-même un sacré poète. Ce livre donne envie de jeter sa vie à la poubelle et de partir lire, lire toute la journée, lire toute la vie, ne jamais s'arrêter. Ça donne franchement envie de tout foutre en l'air et de lire tous les auteurs que Bachelard évoque (on a ici un bel échantillon, qui donne facilement une liste de futures lectures) et tous les autres.
Sinon, de quoi ça parle ? D'imagination et d'eau, de la pluralité symbolique des eaux en littérature, de la mère à l'amante, de la douceur à la violence.
Psychanalyse du feu, me voilà !

Le marché de l'excellence

Le marché de l'excellence (2009)

Sortie : mars 2009. Essai

livre de Marie-France

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en janvier.
Étude sociologique (ethnologique ?) sur les marchés du vin: labels, stratégies de commercialisation, concurrence de nouveaux pays... Comment chacun se débrouille pour se sortir d'une crise, en jouant sur le terroir, sur la qualité, la quantité, le marché étranger, le tourisme...
Ce qui est vraiment intéressant, c'est que c'est très abordable, même pour quelqu'un qui ne connaît rien au vin, et c'est même sûrement une bonne première approche de la question: on se fait à un certain vocabulaire, une certaine culture, une histoire... Une façon de penser le vin. De plus, l'avantage de ce livre, c'est la diversité d'exemples concrets (ex comment les vignerons de Chinon font pour se créer une image de vin de qualité, comment la Languedoc passe d'une production de quantité par des coopératives à une production de qualité, vente a la bouteille.). Ça donne franchement envie de se composer sa propre cave !

Faust
7.8

Faust (1808)

adaptation d'Edmond Rostand

Sortie : 20 septembre 2007 (France). Roman, Théâtre

livre de Johann Wolfgang von Goethe

Annotation :

Lu en février.
(Faust, on l'a déjà lu sans l'avoir lu, tant on connait déjà toute l'histoire. Peut-être faut-il alors le lire plus tôt pour l'apprécier pleinement.)

La Nuit juste avant les forêts
7.8

La Nuit juste avant les forêts (1978)

Sortie : 1978 (France). Théâtre

livre de Bernard-Marie Koltès

clairemouais a mis 9/10.

Annotation :

Lu en février.
J'aime vraiment Koltès, je crois. Il y a cette révolte un peu adolescente, qu'on peut se représenter simplement en regardant une photo de Koltès dans sa veste en cuir. Un truc un peu futile, une révolte qui semble un peu d'un autre siècle (et elle l'est, en effet) mais qui parle quand même bien. Flot de mots, de répétitions, d'agressivité. Une seule et unique phrase, un échafaudage de ponctuations, avec à chaque étage ces mots, ces expressions qui se répètent.
Ici, avant la Solitude des champs de coton, déjà quelque chose qui y ressemble beaucoup, qui m'avait laissé croire au début que j'aimerais moins (deux fois la même chose, bof), mais finalement ici, introduction d'un enjeu politique, on n'est pas encore concentré sur la thématique de l'échange. Ici l'homme est plutôt seul, il passe, partout mal assis. Tout seul et plein de haine, patient un temps, puis explosant, pour simplement casser la gueule de tout le monde.
Koltès c'est l'esthétique du conflit, de la violence, et c'est bien.

(J'ai une théorie comme quoi Koltès c'est exactement le théâtre théorisé par Ionesco dans les Notes et Contre-notes, et cette pièce confirme mon idée.)

Les Nuits blanches
7.8

Les Nuits blanches (1848)

(traduction André Markowicz)

Belye notchi

Sortie : 1956 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

clairemouais a mis 9/10.

Annotation :

Lu en février.
Potentiel déprime optimal, on ne peut pourtant que lire d'une seule traite cette histoire.
Tout marche : le découpage par nuits, le narrateur, l'histoire de sa vie et sa façon de parler. Oui, surtout ce discours du narrateur qui s'adresse à sa Nastenka. Difficile de faire plus beau (et plus triste) que lui. Il y a quelque chose, un truc comme un réalisme des sentiments (m'en fout si cette expression moche doit être une abomination pour quelqu'un de lettres, elle ne me convient pas à moi-même), quelque chose sans flafla mais qui réussit d'autant mieux. C'est affreusement déprimant, et, alors, affreusement réussi.

Trust - Nothing hurts
6.6

Trust - Nothing hurts

Sortie : 2000 (France). Théâtre

livre de Falk Richter

clairemouais a mis 4/10.

Annotation :

Lu en février.
"Trust", le double sens du mot prévient de ce qu'on va y trouver : la confiance (et donc des relations amoureuses -échouées) et la finance. Au premier abord, je n'avais vraiment pas capté la possibilité double du titre. Puis après avoir lu quelques pages qui critiquent ardemment le capitalisme, une petite lumière s'est allumée dans mon esprit. Sherman anti-trust act, 1890. En effet, double sens.

"Si on ne touchait à rien
Si on ne détruisait pas tout
Ca a duré si longtemps, tout ça, là
C'était tellement, tellement
fatigant"

Tout ce côté "le capitalisme c'est mal, on est les enfants de fb, la société moderne ça pue" est assez agaçant (il me tarde de lire une oeuvre qui pourra parler de la société actuelle avec un regard critique sans avoir des airs de petit rebelle ridicule ni de grand utopiste insensé), quoique mieux mené que ce que l'on pourrait attendre. Des fois tout à fait lourd, avec ses gros sabots d'artiste révolté, des fois on arrive à percevoir des nuances agréables. Les nuances, on les trouve quand le trust est celui de la confiance, et qu'alors on met notre état actuel sociétal complexe en contraste avec la simplicité d'une relation de confiance. Relation de confiance, on parle ici majoritairement d'histoires d'amours échouées. C'est pas très fin, c'est un style très oral, mais ça marche assez affreusement bien.

"Ca fait trois semaines. Il y a trois semaines je me suis levé et toutes tes affaires avaient disparues, d'un coup. Je me suis assis, et j'ai attendu, pendant des heures, des jours, je suis resté assis une éternité, mais tu étais tout simplement partie.

C'est ce que je dis, ça faisait longtemps et parfois je te regardais la nuit pendant ton sommeil et alors c'était comme, comment dire, comme l'armoire, ou au mieux comme la radio laissée très bas en arrière plan, un bruissement, un bruissement furtif, ponctuel et

14 ans

Quoi ?

On a quand même été ensemble 14 ans.

Ah oui, c'était si long que ça ? Merde.

En fait je ne m'en suis... merde (rires) pas du tout rendu compte. 14 ans et... mais ça fait déjà une éternité tout ça."

Le format est très loin du théâtre classique (c'est con de dire ça, mais j'allais dire du "théâtre habituel", alors que ça ne veut plus rien dire. Lire : il n'y a pas de personnages, pas de drame, pas de trame narrative, pas d'unités de rien) mais je pense que ça peut être très agréable à voir sur scène (ça s'imagine bien en tout cas).

Mythologies
7.5

Mythologies (1957)

Sortie : 1957 (France). Essai

livre de Roland Barthes

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en février.
Le plus intéressant, c'est quand même la partie sur "Le mythe aujourd'hui", qui a (paradoxalement) un discours beaucoup plus universel que la première partie. On y mixe sémiologie et linguistique, c'est très intéressant. La première partie est agréable à lire, parce que c'est découpé en petits morceaux n'ayant rien à voir les uns avec les autres, mais ça devait vraiment être plus sympa à lire quotidiennement dans une revue. Une analyse sur un élément de l'actualité (pas forcément un événement, mais simplement parfois une figure plus présente etc...) ça doit se lire beaucoup mieux quand ça se lit à la bonne date. Pour moi, pas d'écho quand on me parle de tel coureur du tour de France, ou de l'affaire Minou Drouet. Les mythes de Barthes ne sont pas intemporels, contrairement à ce qu'on nous fait croire (les profs n'évoquent que le catch ou le strip tease, qui sont en effet intemporels, mais on oublie Bichon chez les nègres, qui ne veut rien dire en 2015...) et de ce fait c'est parfois un peu chiant à lire.
En fait je crois que je commence à avoir du mal avec Roland, à chaque fois que je lis "petit bourgeois", j'ai les poils qui se hérissent.

Brève histoire de la pensée économique d'Aristote à nos jours
7.1

Brève histoire de la pensée économique d'Aristote à nos jours

Sortie : 30 septembre 2005 (France). Essai, Politique & économie, Histoire

livre de Jacques Valier

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en février.
Ca a le mérite d'être vraiment super super clair, les parties/sous-parties sont parfaitement divisées, courtes, claires... Non je pense qu'on ne peux pas faire mieux pour un débutant en la matière (approuvé a posteriori : j'ai bien réussi mon partiel).
Après, la matière est assez intéressante avant de se compliquer un peu, et puis il y a même des anecdotes rigolotes (avec un français qui pensait que l'adoption du socialisme allait nous faire physiquement évoluer, qu'on allait atteindre les 2 mètres 20 et qu'on allait pouvoir respirer sous l'eau. Vachement plus fun que ce qu'on pense, ce bouquin.).
Enfin bref, c'est vraiment parfait pour les débutants, mais vraiment les zéros en la matière, parce que sinon on doit vite s'y ennuyer.

La Psychanalyse du feu
7.5

La Psychanalyse du feu (1938)

Sortie : 4 novembre 1985 (France). Essai, Philosophie

livre de Gaston Bachelard

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en février.
Un peu déçue, par rapport à L'eau et les rêves. J'aime forcément toujours autant la façon d'écrire de Bachelard, mais là où dans l'autre on avait un savoureux exemplier de textes littéraires plus ou moins délicieux, on a surtout ici des extraits de textes scientifiques (ou pré-scientifiques). Le feu se heurte avant tout à une question de chimie qui ne se pose pas avec l'eau, laissant alors toute la place à la rêverie. La rêverie est forcément présente ici, mais moins, et sûrement moins diversifiée que pour l'eau. (Quand on est arrivé au chapitre 4 "Le feu sexualisé", il m'avait pourtant semblé que les trois chapitres précédents avaient déjà un peu fait le tour de la thématique... Le feu est peut être trop sexualisé là où l'eau avait mille facettes).
Il y a aussi le coté "anecdote : quand j'étais petit mon papa il faisait ça" qui ne m'est pas très agréable, mais ça reste quand même rare et sympathique. Enfin j'aime bien les anecdotes en général, mais là je les trouvais un peu hors propos ou inutiles. Puis il y a aussi un ton un peu condescendant (surtout avec ce pauvre Zola qui en prend pour son grade...) quelques fois un peu agaçant...

Pnine
7.3

Pnine (1957)

Pnin

Sortie : septembre 2005 (France). Roman

livre de Vladimir Nabokov

clairemouais a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lu en mars.
Pnine, ce raté.
Voir évoluer Pnine d'échec en échec, c'est une déchirement pour le coeur, entre le rire et les larmes. L'équilibre est parfaitement tenu tout du long : le rythme est agréable, légèrement déstabilisant de par de grands sauts dans le temps, et le récit est royalement mené de la fin vers le début (on finit par savoir quel est le rapport entre le narrateur et Pnine, là où on se serait volontiers vu commencer.)
Le pauvre professeur, décalé, mal aimé, de ses collègues, de ses élèves, de ses amis, de sa femme, est délicieux à suivre. Des chambres avec des courants d'air, des jeux de mots/ jeux de langue chers à Nabokov, des réceptions, des universitaires russes et des universitaires vieux-jeu : il y a de tout pour tout le monde. Il y a surtout de l'humour et un regard plein de compassion sur un pauvre homme (un peu le regard qu'on poserait sur un Quichotte : un homme qui malgré tous ses efforts est totalement inadapté au monde).

Le Conte d'hiver
7.5

Le Conte d'hiver (1611)

(traduction Yves Bonnefoy)

The Winter's Tale

Sortie : 1623. Théâtre

livre de William Shakespeare

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en mars.
Ici, je note la traduction de Koltès.
On sent Koltès quelques fois, et pourtant il sait se faire bien discret (bien plus que ce que l'on pourrait penser). Quelques répétitions sont un écho de sa patte, mais rien de dérangeant. Au contraire, plutôt agréable à trouver ici, d'autant plus lorsqu'il a l'audace de laisser du texte en anglais. Des petites chansons qui coupent le récit. Ça, c'était vraiment bien.
Entre Sicile et Bohème, des fois c'est presque étrange de se rappeler que Shakespeare était anglais (conspiration Giovanni Florio youhou), mais c'est très bien.
Les fous/clowns sont vraiment tout le sel de la pièce (mon amour de Cromwell trouve forcément bien des échos dans ses propres racines).
En fait, mon petit 7 se justifie par un final un peu trop rocambolesque à mon gout. Alors que la trame narrative s'étend à son aise durant quatre actes assez longs (l'acte IV est vraiment très long comparé à ce qu'il s'y passe), la fin se dénoue en un claquement de doigts pour prendre du temps sur un événement plutôt évitable. J'ai eu un problème de rythme à la lecture, donc (peut-être à force de ne plus lire assez de théâtre découpé en actes...).

Thomas l'obscur
7.8

Thomas l'obscur (1950)

Sortie : 1950 (France). Roman

livre de Maurice Blanchot

clairemouais a mis 6/10.

Annotation :

Lu en mars.
Texte assez hermétique, et dont la lecture est alors difficilement agréable, j'ai pourtant eu l'espoir tardif d'aimer plus vers la fin. Le dernier chapitre s'ouvre légèrement plus que le reste, et nous laisse entrevoir trop tard ce que l'on aurait pu lire avant. Trop tard, on est passé à côté. On avait cru saisir quelque chose au chapitre du chat, mais rien n'est acquis, chaque chapitre nous fait recommencer à zéro, et on peine un peu avant de se dire que, tant pis, on va abandonner la bataille du sens pour essayer de vaincre dans celle du style. Mais alors, vraiment difficile encore d'apprécier le style, tant la bataille est ardue.
Pourtant, il y a vraiment de quoi plaire : "Je pense donc je ne suis pas", ici, pourrait être un bon résumé. Anne et Thomas et la mort, tout ce qu'il faut pour plaire. En soi, si on se fie au résumé, j'aurais dû aimer. A relire dans quelques années, je suppose, quand on a pris en dextérité littéraire.

Les Mains libres
6.8

Les Mains libres (1937)

Sortie : 10 novembre 1937. Poésie

livre de Paul Éluard et Man Ray

clairemouais a mis 4/10.

Annotation :

Lu en mars.
Au moins, j'aurais découvert que je n'aime pas les dessins de Man Ray. Je n'aime pas quand le trait est si fin et que la ligne semble si "directe", je crois, ça me fait penser aux illustrations qu'il y a dans les livrets de chants à l'église (sauf qu'ici les vierges Maries sont des femmes nues). J'en ai aimé quelques uns, des corps déformés, mais trop peu, je crois. J'ai aimé surtout ceux de la fin, où le trait s'épaissit (et où ça a un peu moins l'air d'un "J'ai dessiné un paysage et puis j'ai ajouté une femme nue au milieu" à toutes les pages). Finalement, (ironie de l'histoire), le plus agréable à mon oeil fut la bouche d'André Breton.
Eluard illustre Man Ray, et non pas le contraire. Ca se sent, et c'est plutôt gênant. On force l'interprétation, on sent presque des fois qu'il a tiré tout ce qu'il avait à dire d'un dessin et qu'il n'a pu poser que trois mots sans ponctuation, comme ça, morts au milieu. Et je trouve très désagréable tous ces poèmes en "il" et "elle" (chaque femme nue de Man Ray devient un "elle" dans le poème), qui sonnent comme un manque d'inspiration rattrapé par une tournure un peu vide qui fait ressembler le texte à une pleurnicherie d'adolescent.
Le mieux, dans ce livre, finalement, c'était le petit texte d'introduction où Eluard présente Man Ray.

Derniers poèmes d'amour
8.4

Derniers poèmes d'amour (1962)

Sortie : 1962 (France). Poésie

livre de Paul Éluard

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en mars.
J'étais partie du présupposé que j'aimais bien Eluard. Les débuts furent un peu difficile. "Le dur désir de durer" est une première partie composée de poèmes assez laconiques et qui semblent vite assez niais. A partir de "Le temps déborde", tout va mieux. Les poèmes sont plus longs, déjà (je préfère la poésie qui déborde), et ce chapitre en particulier prend une teinte différente du premier, un écho macabre ou maladif, quelque chose de léger mais qui teinte assez le poème pour faire disparaitre toute niaiserie. A partir de là, on entre beaucoup plus facilement dans le texte (pas qu'il soit obscur avant, au contraire, Eluard semble parfois un peu trop couler de source). Finalement, même quand on ne parle que d'amour, on ne trouve plus ça trop transparent : on arrive quelque fois à trouver ça joli dans la simplicité. Voilà, il y a une couleur de simplicité (certainement fausse) qui perturbe au premier abord, qui perturbe autant que l'optimisme fou du poète, auquel on est peu habitué.

Comment fais-tu l'amour, Cerise ?
6.8

Comment fais-tu l'amour, Cerise ?

Sortie : 1969 (France). Roman

livre de René Fallet

clairemouais a mis 5/10.

Annotation :

Lu en mars.
Ca avait des fois des gouts de mauvais roman de gare. Un peu un Guillaume Musso pour hommes. Là où on donne à la femme des histoires d'amour à s'en fendre le coeur, on donne aux hommes des histoires de cul fantasmées. Mike, Anglais de 40 ans, riche, plutôt classe, tombeur (une liste plus longue que celle de Dom Juan, et en plus, pas d'effort à la chasse : elles tombent toutes dans son panier, toutes plus belles les unes que les autres, n'ayant en commun que de n'être pas accessible au commun des mortels mais d'être toutes dévouées à lui.) se prend de désir pour une jeune Française, belle mais plutôt commune, voire parfois vulgaire. (Dans mon esprit à peu près représentée comme une de ces femmes chantées par Brassens. Un truc avec des pieds de reine sous des sabots crottés.). Cerise, forcément, est mariée, et l'on sait tous très bien que l'impossibilité de la chose ne fait qu'attiser le désir. Bien que quelques fois ridicule dans sa sentimentalité, Mike reste quand même majoritairement héroique dans cette affaire, et on pourrait facilement penser le personnage construit pour être un parfait lover comme l'homme lambda pourrait vouloir l'être (dans la même dimension qu'une femme pourrait vouloir être un perso de Musso, hein, tout est relatif.)
Des fois je me suis demandée si ce n'était pas plein de références (la photo donnée semblait écho du vol du portrait dans La Princesse de Clèves : ici la femme donnant son portrait avoue sa faiblesse et se prête au jeu. Une consonnance de cet amour impossible ultra-connu semble logique au vu de l'histoire qui se déroule ici.). Cependant, certaines références plus modernes sont un peu trop appuyées pour décrocher le sourire de la subtilité (la LSD des Beatles est ressassée sans cesse autour de cet affreux personnage qu'est Junkie.). Affreux personnage, n'oublions pas Marjorie, femme magnifique tombée dans les filets de Mike. Toujours à se trainer derrière lui, elle lui tend son cul pour baiser, ses joues pour frapper, son visage pour cracher. Utile dans la trame narrative, elle n'en est pas moins toute aussi imbuvable que Junkie (au nom aussi ridicule que ses idéologies), deux personnages d'enfants de 30 ans paumés dans la drogue et le sexe de façon absolument pas subtile. Des fois, même si soi-même on n'y connait rien, on a l'impression que Fallet n'y connaissait rien non plus, et qu'il y est allé un peu comme ça, avec des idées toutes faites qu'il avait de Londres et des gens.

Le Théâtre des paroles
7.8

Le Théâtre des paroles (1989)

Sortie : juillet 2007 (France). Théâtre

livre de Valère Novarina

clairemouais a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lu en mars.
Recueil de plusieurs textes, très différents mais se répondant bien les un aux autres, quand on lit ça, on a envie de penser que Valère doit peser dans le théâtre contemporain. On lit un homme intelligent (plein de références même à ceux qu'il semble bien détester, et plein d'amour pour Rabelais (signe évident d'intelligence)), un homme de viande (concerné de premier ordre par un théâtre vivant), un homme culotté (ne machant pas ses passions, n'atténuant pas ses haines).
Si on doit ne lire que quelques morceaux, lire Le drame de la langue Française, jolie lutte pour la résurection d'une langue trop morte et policée (et avec ça on lira avec plaisir Chaos, et tout son amour pour Rabelais), lire Louis de Funès (l'acteur ne devient que prétexte à exposer une idée toute novarinienne du théâtre -fausses citations à l'appui : le théâtre c'est le vide, c'est Nul.), lire la partie sur les nouveaux médias qui est un amour de haine contre les sciences de la communication (et on sent ici qu'il a bien étudié l'ennemi pour s'y frotter).
Novarina réveille les passions littéraires un peu endormies dans votre ventre.

La cuisse du steward

La cuisse du steward

Sortie : janvier 1992 (France).

livre de J.M. Ribes

clairemouais a mis 3/10.

Annotation :

Lu en mars.
Du théâtre de boulevard, mais qui (ça marque quand on le voit jouer) ne repose pas sur les actions mais sur les mots. Ici pas de long quiproquo, c'est l'humour noir qui est de mise. Ca n'a jamais été ma tasse de thé à lire (les retournements de situations sont assez grossiers), vraiment pas, mais à regarder, ça passe.

Cahier d'un retour au pays natal
8

Cahier d'un retour au pays natal (1939)

Sortie : 1939 (France). Poésie

livre de Aimé Césaire

clairemouais a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lu en avril.
Bon, Césaire je l'aimais déjà, je l'aime encore plus. J'aime comme tout est malade et chaud, et comme la langue chante et claque (c'est le paradis à lire à voix haute) et j'aime (bizarre de dire ça) son vocabulaire.

Eia !

La Nausée
7.1

La Nausée (1938)

Sortie : 1938 (France). Roman, Philosophie

livre de Jean-Paul Sartre

clairemouais a mis 5/10.

Annotation :

Lu en avril.
Si on laisse de côté tout aspect philosophique que je me passerais bien de juger parce que je n'en pense pas de bien, La Nausée est avant tout un livre ennuyeux. Ennuyeux à mourir. J'aime malgré tout toujours le style de Sartre, mais rien à faire, je n'ai rien pu avaler de ce bouquin. Personnages à vomir (Anny, mon Dieu, penser à ce personnage me lance dans l'estomac), Antoine est finalement un pauvre type un peu trop sûr de lui-même. Quand je parlais de La Nausée dans mes copies de philo, sans savoir vraiment de quoi je parlais, ça avait l'air beaucoup plus intéressant que ça.
Quelques morceaux littérairement sympathiques D'Antoine écrasé par l'existence et par rien.

Invitation au supplice
7.1

Invitation au supplice (1938)

Priglašenie na kaznʹ

Sortie : 1960 (France). Roman

livre de Vladimir Nabokov

clairemouais a mis 6/10.

Annotation :

Lu en avril.
Tres différent des autres Nabokov lus. Cincinatus enfermé dans sa prison, connaissant déjà sa condamnation (à mort), attend durant 250 pages que le bourreau daigne se pointer pour faire son boulot. Bloqué en attendant dans un monde absurde où les prisonniers dansent avec les bourreaux et les directeurs viennent regarder des albums photos avec vous dans votre cellule, Cincinatus plutot que de tourner marteau comme les autres, se renfrogne, laissant le loisir au lecteur de connaitre ses pensees étranges dans quelques mots griffonnés sur des morceaux de papier. L'univers absurde est un peu perturbant au premier abord, puis finalement, on se prend au théâtre de la chose. Un peu comme pour Le maître et Marguerite, on passe le livre à se repeter que tout Ca, ce serait tres bien sur un écran de cinema. Tres theatral, le style de Nabokov n'est peut etre pas alors à son sommet.

Tropismes
6.9

Tropismes (1939)

Sortie : 1939 (France). Récit

livre de Nathalie Sarraute

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en avril.
L'impression d'avoir entre les doigts un petit morceau de mystere à décoder. Quelque chose qu'on prend tel quel maintenant et qu'on sait qu'on comprendra plus tard (avec d'autres livres ou d'autres informations). On entrevoit. Ca reste dans la tete, Ca donne envie de relire, que demander de plus ?

Héros-limite
7.5

Héros-limite (1953)

Suivi de Le Chant de la carpe et de Paralipomènes

Sortie : 1953. Poésie

livre de Ghérasim Luca

clairemouais a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lu en avril.
La lecture est d'abord difficile. Longs textes béguayant sans respiration, que l'on perd facilement de vue (il faut se forcer pour ne pas glisser sur les mots sans lire tant on sait qu'ils se répètent). Puis le rythme ralentit, on reprend son souffle, et le beguaiement devient jeu fertile sur les mots et les lettres, les sons et les sens. Le recueil petit à petit perd de densité mais pas de poésie. On entre dans le jeu, on ne sait plus dans quel sens lire, alors on lit dans tous les sens, et ça en est jouissif. On entend se développer avec Luca le sens caché derriere des bafouilles maladives.

"Zérojambistes a toutes jambes

Double manchot
À tour de bras

Tete tranchée
Tronc occulte













La supérieure virgule ( ' )
Le superieur inconnu ( )
En "tête à tête"
Sans "t" ni "é"
À santé niée !"


Ca n'illustre pas mon propos mais c'est mon morceau préféré, répété plusieurs fois. A en croire mon amitié pour Koltès et Luca, j'aime beaucoup les répétitions. Un peu hypnotisant, peut être.
Je renoue avec la poesie récemment, c'est agréable.

Hiroshima mon amour
7.2

Hiroshima mon amour (1960)

Sortie : 1960 (France). Scénario

livre de Marguerite Duras

clairemouais a mis 6/10.

Annotation :

Lu en mai.
Ce livre est un peu difficile à cerner. Des fois il frôle le flirt avec le niais, on hésite, puis d'un coup, Riva répète les mêmes morceaux de phrases, mécanique et un peu perdue, et on prend le large.
Composé en plusieurs parties : un synopsis, le dialogue tel qu'il a été proposé par Duras à Resnais, puis des "notes", commentaires sur des scènes, complétant le contexte. Le dialogue saisit, bien plus que ce que peut le faire les notes, qui sont un peu ennuyeuses et trop centrées sur Nevers, là où le dialogue gardait l'équilibre précaire entre Nevers et Hiroshima.
On n'est donc pas vraiment à l'abri d'une baisse prochaine.

Mémoires d'un chasseur
7.5

Mémoires d'un chasseur (1847)

Sortie : 1847. Roman, Recueil de nouvelles

livre de Ivan Tourguéniev

clairemouais a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lu en mai.
Suite de nouvelles, non pas directement sur des anecdotes de chasse, mais plutot sur tout ce qu'il y a autour. Les paysans que l'on croise et qui ont mille histoires à conter, les réveils a l'orée d'un bois, à la lumière d'automne. Avant tout, on a ici un bel hymne à la nature, et un bel hymne à la Russie. On y explicite le bonheur de sentir à plein nez la terre qui exhale sous les premieres pluies, les chaussures qui s'enfoncent avec mollesse sur les herbes, le savoir du bivouac en pleine forêt. On y sait reconnaitre un bon cheval, on sait profiter de l'hospitalité russe, regarder les longues tresses blondes des servantes qu'un barine étranger enleva un jour, fou d'amour. Il y avait plusieurs gouts littéraires à mesure des nouvelles, de la nouvelle la plus realiste à celle qui pourrait être enchassee dans un Quichotte tant la fille est belle et innocente, des nouvelles a chute ironique et bien d'autres ; l'odeur est toujours la même, de la terre et de la verdure, les bruits de la forets qui se réveille, le plaisir du soleil qui rôtit une herbe déjà jaune, la pluie qui mouille tout et l'on ne peut plus sentir rien que cette odeur toute particulière de l'herbe humide.

Dieu que Ca donne envie de campagne.

L'Entretemps
8

L'Entretemps

Sortie : 1 mars 2012 (France). Essai

livre de Patrick Boucheron

clairemouais a mis 8/10.

Annotation :

Lu en mai.
On part de Giorgione (le tableau ci-contre en couverture) et l'énigme de l'identité des trois personnages, pour finalement prendre des morceaux un peu partout (on parle de François d'Assise, de Lars Von Trier, de Mouawad, etc) pour tenir son propos : sur une histoire qui devrait s'arracher de cette frise linéaire sur laquelle on la colle et on la découpe. Du coup, c'est très agréable à lire, et ça se recommande à tout le monde.

Micromégas
6.6

Micromégas (1752)

Sortie : 1752 (France). Conte

livre de Voltaire

clairemouais a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lu en mai.
C'était chouette. Ca met de bonne humeur de voir un Voltaire tout enjoué et tout riant ! Loin du déprimant Siecle de Louis XIV, je retrouve ici le Voltaire de mes premieres amours, et c'est splendide. Le conte lui va définitivement mieux que le reste, le sourire cynique mieux que la dithyrambe.
Et si c'est premièrement un peu surprenant, c'est finalement formidable de voir micromegas marcher sur les queues des comètes et les aurores boréales.

Mais c'est quoi cette toute petite moyenne ?

(Oh et puis je mets 7,99.)

La Confession d'un enfant du siècle
7.4

La Confession d'un enfant du siècle (1836)

Sortie : 1836 (France). Roman

livre de Alfred de Musset

clairemouais a mis 7/10.

Annotation :

Lu en mai.
Musset écrit parfaitement. C'est un truc, c'est indéniable, c'est comme ça. Les femmes s'évanouissent niaisement d'amour et moi je reste concentrée sur mon livre tant c'est bien dit.

C'est l'histoire d'une fourchette qui est tombée par terre, et qui a révélé à Octave que sa maîtresse jouait de la jambe sous la nappe avec son voisin de table. Foutue fourchette, qui annonce tout un long chemin de misère, pour Octave, et pour les femmes qu'il rencontre. Désarroi et désespoir d'une vie amoureuse, mis en parallèle par Musset avec le désespoir des jeunes générations qui se débattent dans un siècle tout défoncé, ennuyeux, et qui a bien dû les enfanter avec des morceaux manquants.
Si Octave prend tout ça en excuse, c'est franchement plus joli à voir en parallèle. Toute une génération gâchée par une chute de fourchette.

Ça se lit bien mieux que ce qu'on pourrait penser.

Un idiot à Paris
6.7

Un idiot à Paris (1966)

Sortie : 1966 (France). Roman

livre de René Fallet

clairemouais a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lu en juin.
Après l'infecte Cerise, Fallet avait intérêt à frapper un bon coup pour se rattraper.
Bien joué, René.
Goubi est un personnage adorable, et de plus rusé comme un renard, puisque son papa c'est Clémenceau et sa maman Jeanne d'Arc. Son parlé est franchement savoureux, et l'amour de la campagne qui se sent (comme du fumier) entre chaque page est merveilleux. Ça donne envie de quitter Paris (et les HLM où on peut pas faire l'amour après 22 heures) pour vivre à Jaligny, entre un ex-idiot du village et une catin en reconversion professionnelle.

C'est un livre d'été, qui se lit comme on respire, avec une bouffée d'air frais complémentaire. C'est drôle, ça vous colle le sourire aux lèvres dans le métro, et ça vous fait rire fort dans votre immeuble (pas trop fort pour pas embêter les voisins).
Ça n'empêche pas la fin du bouquin de rendre un peu mélancolique.

Ça donne envie de campagne.

clairemouais

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