Albums découverts en 2016 (terminée)

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S'étant fait connaître discrètement sur le web ces dernières années, le londonien d'origine vénézuélienne Arca a prouvé sa valeur en collaborant avec des modèles iconiques de la hype actuelle, notamment Björk, Kelela ou FKA Twigs. Si la déstructuration de ses compositions rappelle Brian Eno à ses heures dépressives, Aphex Twin dans ses travaux atmosphériques ou encore la révélation pop expérimentale de 2015 SOPHIE, l'artiste démontre toutefois la connivence qui peut exister entre samples populaires finement choisis et essais électro-acoustiques presque hasardeux. Pourtant, on parvient à trouver une cohérence certaine dans ce Mutant aux premiers abords chaotique : on se laisse emporter par ces drones oppressants mais jamais superfétatoires ; on voyage aux confins des univers auditifs, en s'étonnant à chaque interstice de la multiplicité des galaxies de genres abordés ; on berce dans la nostalgie de mélodies vidéo-ludiques (on le sent inspiré par les échos et les silences des survival-horrors, ou par les notes stellaires et les cloches tintées présentes dans certains RPGs).

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Le californien Dan Abrams, plus connu sous le pseudonyme artistique Shuttle358, revient en 2015 avec sa cinquième oeuvre long-format en près de quinze ans. S'il est évident que l'ambient minimaliste tend à se mourir après les passages ravageurs de Brian Eno, Boards of Canada, ou plus récemment Segue, Abrams vient prouver qu'il reste une lueur vacillante de talent camouflée entre ces nappes ondulées de couleurs automnales. C'est ainsi qu'il s'impose en instigateur d'un renouveau du genre, sans évidemment faire de l'esbroufe, ce que Legowelt, sous son alias Occult Orientated Crime, répudiait dans la musique atmosphérique post-2000. Les expérimentations entreprises dans Can You prove I was born dénotent une confiance toute apaisée de son auteur, avec une rythmique proche de la respiration humaine, des éléments de field-recording relaxants (le domaine aquatique semble cher à Abrams, ce qui fait songer aux affinités qu'entretenait, il y a peu, Balam Acab, l'un des pionniers de l'irréprochable Tri-Angle Records, avec ce même domaine). Subrepticement, les violons cinématiques et mystérieux, et les guitares bourdonnantes et brumeuses s'allient à merveille avec les bruits mécaniques et les granulés électriques afin de former un équilibre soutenu entre réel forestier, glacial, humide, et rêve cosmique, mystique, artificiel.
Shuttle358 peut aisément souscrire aux tops des meilleurs albums de 2015, soutenu par un label montant qui produit des artistes audacieux et avant-gardistes (on pensera notamment à The Boats, Marsen Jules, Taylor Deupree, ou encore Ryuichi Sakamoto).

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Découvert du grand public grâce à son duo avec Synkro, Akkord, renommé en Angleterre, Liam Blackburn revient avec un projet plus personnel, plus collant à la peau, plus dérangeant : Ancestral Voices. Inspiré par un séjour en Amazonie, son album Night of Visions aurait pu être présenté en exemplaire B.O. figurative d'un cannibal movie, à l'instar de Cannibal Holocaust ou du plus moderne Green Inferno.
On perçoit, dès le premier titre rituel, tout l'univers lié à cette jungle méphistophélique, à savoir l'oppression des basses sporadiques et électroniques, les chants mystérieux d'oiseaux invisibles, les percussions poussiéreuses et assourdissantes de tribus polythéistes, les voix sibyllines et déformées, rappelant les sons entendus lors d'expériences chamaniques.
Si on perçoit le vécu dubstep et drum'n'bass de l'artiste, l'album reste cependant délicat et est défini avec sagesse, sans jamais briser les limites du thème abordé. Alternant successivement entre field-recording, ambient couplé à de la bass-music, et techno breakée, Blackburn offre à ses auditeurs une plongée dans l'inconscient, grâce à une épopée cérémonieuse teintée de vert émeraude et parsemée de rencontres avec les divinités locales, comme le serpent à plumes.

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Effarant de talent, le polyvalent Francis Harris ne cesse de se hisser sur la corde de la reconnaissance depuis plusieurs années. C'est à travers ce nouveau projet, accompagné de son ami d'enfance Gabe Hendrick, que Harris met enfin la main à la pâte dub-techno. Si l'ensemble est finement agencé, faisant de Floods un élément particulièrement singulier, les titres offerts peuvent s'articuler indépendamment les uns des autres, révélant l'effort mis en place par ses auteurs pour en faire l'un des albums nocturnes les plus recommandables de 2015.
On s'égare à l'écoute, tant les détails donnent une importance à l’échafaudage primaire : le duo mêle expressément guitares organiques et rythmiques sèches, noise brouillon et ambient scrupuleusement mélodique. Il fait appel aux souvenirs, aux fantômes qui nous hantent, à la nostalgie en noir&blanc.
Projet cinématique avant tout, il est permis d'espérer une transposition de cette oeuvre arachnéenne avec un film tout aussi bien fignolé (Cinematic Orchestra avaient réussi cette prouesse avec leur remarquable In Motion #1).

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Asobi Seksu fait partie de ces groupes intimistes faisant peu de vagues, mais sachant profiter de la houle lorsqu'elle déferle. Fluorescence est un album céleste, une boule à facettes éblouissante qui marque la maturité du groupe à une époque charnière où certaines classes musicales quasiment disparues regagnaient en intérêt. Tout à la fois bruyant et éthéré, il survole tous les genres underground ayant succédé à la mort de l'indie rock : surf-pop, dream-pop, shoegaze, noise-rock, etc. Le groupe revient en étant plus dynamique, plus préparé au live, plus intéressé par la créativité que par le renouveau.
C'est ainsi qu'aux nombreux titres de cet excellent album s'ajoutent quelques remixes, dont l'un de Holy Other, artiste échantillonneur aux talents infinis, qui reste parmi les exclusivités les plus captivantes de cette décennie.

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Un 3-tracks démontrant encore une fois l'ingéniosité du cofondateur bristolien de Livity Sound. Sorti sur Impasse, Trephine laisse deviner l'allure qu'aura l'album de l'artiste, entre dark-ambient, techno et genres tribaux de l'électronique (jungle, drum'n'bass, cultures représentatives de l'esprit de Bristol).

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Trio de cerveaux trempés dans la marmite des arts, Aucan se distingue en 2015 par la pluralité de ses influences, peaufinées jusqu'à un mélange homogène qui leur est immanent : on retrouve du Battles (résidus de leur premier album), des souvenirs du post-dubstep et du renouveau du UK-garage, une confrontation synthétique entre pop vocale et expérimentations analogiques, des clins d'oeil à Fuck Buttons, Aphex Twin et autres mécaniciens de l'harmonie musicale.
L'ensemble est onirique, doucement progressif, parfois dansant, durable à l'écoute et apaisant, le tout sans prétention.

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Balam Acab est l'une des premières révélations du label Tri-Angle Records, et l'un des instigateurs du mouvement witch-house. Son premier EP était une balade nocturne et romantique, son album une berceuse aquatique et souterraine, puis cinq ans après, l'artiste revient avec des titres plus allongés dans la durée, lui laissant le temps de prouver le talent et la maturité acquis depuis.
Ayant un univers qui lui propre, Balam Acab est un peu le frère de sang de Holy Other. Tous deux n'hésitent jamais à se lancer dans les manipulations, les expérimentations, afin de servir à leurs auditeurs des sons authentiques, jamais perçus auparavant, presque indéfinissables en termes de genres musicaux. On peut distinguer des notes cristallines, des échos de voix presque rituelles, des chants religieux ou des samples enfantins, des percussions fantomatiques ou vrillées, des guitares déchues ou folk, des nappes effrayantes, et des basses vrombissantes.
On peut oser espérer des collaborations collant à d'autres arts, à l'avenir, car l'originalité de l'artiste est indéniable et applicable à de nombreuses visions issues de l'imaginaire de l'auditeur.

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Spécialiste du genre microfunk, le russe Bop se lance dans une refonte purement ambient de son album Punk's Not Dead. Legowelt lui-même, qui critique l'ambient contemporain sous son alias The Occult Orientated Crime, ne pourrait qu'ovationner cet album aux titres concis mais convaincants. Puisant ses sources dans les expérimentations 90's, y ajoutant un peu de douceur analogique et de discrètes consonances acides et dub, Bop offre un grand tour de tout ce qui s'est fait de mieux dans les innovations atmosphériques de ces dernières années.

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Toute la poésie et la mécanique orchestrales de Chapelier Fou sont réunies dans cet album, qui paraît être une compilation revenant sur la satisfaction que procure le compositeur à ses auditeurs. Indéfinissable par définition, sa musique transcende les oreilles, métissant électronique et organique sans difficulté, prolongeant ou accélérant ses boucles, étonnant, encore et toujours, étalant son génie jusqu'à ses propres limites.
Et malgré la profusion de sons et d'effets qui parcourent son oeuvre, Chapelier Fou parvient à y garder une consistance cohérente, n'ennuie jamais, surprend, encore et toujours.

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Pas besoin d'annotation : https://www.youtube.com/watch?v=8B0lTPzhaxE

Curren$y (et Common) sont les seuls qui parviennent à des sans-fautes dans leurs milieux respectifs.

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L'univers inhérent à Drvg Cvltvre retrouvé dans toute sa splendeur. Sec, militaire, froid, bruyant, cet opus n'a rien à envier à ses aînés, et vient augmenter l'incroyable collection déjà proposée par l'artiste.

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La prêtresse du r'n'b revient avec un projet audacieux et ambitieux, avec un thème central : le téléphone. A l'heure où les appels ont tendance à disparaître au profit de communications beaucoup moins directes, elle tend à faire revivre une dernière fois cette nostalgie du coup de fil inattendu, inopportun, inconnu, tout en critiquant cette dépendance nouvelle à l'héritier de cette merveille technologique : l'obsolète smartphone. Comme dans chacun de ses albums, Erykah Badu fait plonger l'auditeur dans un univers particulier, faisant chaque fois rebondir des échos inhérents au sujet traité, chaque titre répondant à un autre, comme des échanges téléphoniques, au final. Incontournable, ainsi que toute son oeuvre.

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A quelques titres quelque peu insipides, Grimes frôle ici du doigt ce qui semble être couru d'avance comme son apogée. Si cet album possède une cohésion résistante à tout, c'est que Claire manie sa voix pop angélique, r'n'b arythmique, j-pop enfantine à merveille, et l'assaisonne savoureusement avec ses expérimentations électroniques, fruits de l'euphorie presque hystérique que dégage son personnage. On sent le chef-d'oeuvre arriver, vivement 2017.

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Une des jaquettes de l'année, de la techno brutale et bruyante, un minimalisme industriel et savamment breaké, et toujours autant de mystère et de noirceur saupoudrés pour cette nouvelle parution de l'homme-cheval sans tête. Justement nommé pour être de ceux qui assureront la relève de l'expérimentation sonore en électronique, il vient se placer petit à petit au-dessus de ses aînés (Violent Poison, Samuel Kerridge, Positive Centre, ou Eomac, pour ne citer que ceux-ci). L'ensemble est très mélodieux et se conçoit aisément comme un hommage, plus rythmé et électrique, au post-rock des années 90.

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Un double-EP qui se distingue entre deux énergies : la première partie se révèle langoureuse, axée deep-house, tandis que le reste est plus vitaminé, frénétique, voire acide. La transition entre ces univers est opérée avec brio, et on ne peut que souligner la structure de cet album hors-du-commun.

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Un génie remixé par des génies, que dire d'autre ?

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Délicieux et subtil chaos de démonstrations électroniques de Baldruin, l'un des maîtres incontestés du drone et de l'ambient à connotation religieuse. A la fois sombre et euphorique, l'album Portal fait passer l'auditeur d'inspirations psychédéliques en noise tâché de new-age, l'emmenant dans son dense et mystique méli-mélo musical.

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Un EP de référence en techno, une déroute brutale, poussiéreuse et acide. Clouds brouillent les pistes, effacent les notes, montent la tension pour mieux la désintégrer, procurant frissons, frustrations et troubles. Du génie.

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Comme d'habitude, Demdike Stare propose un nouveau 2-track album, et comme d'habitude, c'est très savoureux. Cet opus est une odyssée au-delà des frontières du rêve, une envolée lyrique explorant le tout, des profondeurs abyssales jusqu'aux cimes des cieux, entre déroute et aventure. Tout se meut, tout se fond, tout se transcende. Rien n'est attendu au bout de ce voyage onirique, sinon un réveil brutal, un retour à la réalité douloureux.

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L'inaccessibilité représentée par un simple EP d'une petite demi-heure. Industriel, chaotique, viscéral, gothique, cette perle de composition par échantillonnage surprend sous tous les angles, alliant la musique club à des manipulations excessivement pointues, désorientant l'auditeur, peu habitué aux joyeux bordels bien menés (il suffit de jeter un oeil à la note globale).

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Compilation de quelques chefs-d'oeuvre et raretés du renommé Murcof, passé maître dans l'art des métissages musicaux, sachant créer en croisant classique et électronique, pour former des titres aussi nombreux que variés, de l'ambient à l'IDM, du minimalisme à l'explosion.

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http://timenoplace.com/junglebear/psychic-health

"'Psychic Health' rewards patience by slowly unraveling rhythmic structures, careening between dubby, hypnotic techno and barbed industrial chug - not sounding out of place next to titles from Sandwell District, Avian, and Droid."

[...] pas de phrase qui puisse rivaliser avec l'exactitude de celle-ci.

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Comme à son habitude, Recondite fait paraître un nouvel album loin d'être désagréable, mais qui s'avère l'énième transposition de son acid-house langoureuse (dans les deux sens du terme) et qui, lorsque l'on connaît l'artiste depuis ses débuts, laisse un arrière-goût de foutage de gueule. Le bonhomme semble essayer d'atteindre un perfectionnement de son style, mais sa tentative est si étirée dans le temps qu'elle en devient étiolée.

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Un album hip-hop équilibré, tout en souplesse et finement articulé, qui plonge à la fois dans le rap de rue sombre et suffoquant comme dans le roots le plus archaïque. Il est seulement dommage que les titres et l'ensemble de l'album soient si courts...

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Du field-recording, du dub industriel, de l'ambient-techno, et du psychédélique, voilà l'oeuvre du mystérieux Sa Pa, connu désormais pour ses interventions au sein de Marcel Dettmann Records. Les percussions effacées et le dub organique et métallique à la fois font songer au génie qu'est Segue, et les nappes bourdonnantes ainsi que les enregistrements sur le terrain sont d'évidents échos à l'anonyme Burial. Tout est cohérent, massivement orchestré et inattendu dans un climat ambient qui marche sur le fil de la fin (le manque de renouveau se fait sentir et le genre tend vers le drone, l'industriel, l'expérimental).

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http://www.senscritique.com/album/Different_Selves/critique/85100924

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http://www.senscritique.com/album/Junun/critique/74999959

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Un cruel manque de génie musical, des essais expérimentaux approximatifs, une absence de profondeur dans les textures et le finissage, ainsi qu'une volonté maladroite de créer quelque chose en tapant dans tous les styles quelque peu excentriques font de l'artiste SOPHIE une révélation plus que décevante. L'ensemble est mou, plat, et semble n'être qu'une vaste campagne publicitaire pour quelque nouvel objet à obsolescence programmée.

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Life est un concept à part entière du Marseillais UVB, dont la renommée grandit fièrement chaque jour. Ici, il parsème la toile blanche de son album de ses propres réflexions quant à la vie, rendant à la fois un hommage à la techno rituelle (sons tribaux, structures ténébreuses, percussions entêtantes et répétitives) et aux expérimentations audacieuses en général, croisant l'intimité de son oeuvre, l'engouement ressenti lors d'un dj-set, et la méditation contemplative exprimée grâce audit concept.