30 derniers (très) mauvais films vus

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30 films

par Morrinson

Liste mouvante des 30 derniers films qui m'ont déçu, révolté et/ou attristé, pour des raisons extrêmement différentes. Autant d'avertissements...
↑ "Pollice Verso" (extrait), Jean-Léon Gérôme, 1872 ↑

La "bonne" liste, pour équilibrer : http://www.senscritique.com/liste/30_derniers_tres_bons_films_vus/391769

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    Bande-annonce

    Shadow in the Cloud (2021)

    1 h 23 min. (France). Action, Épouvante-horreur et guerre.

    Film de Roseanne Liang avec Chloë Grace Moretz, Nick Robinson, Beulah Koale

    Wow. Il faut le voir pour le croire, et encore. L'idée même de recenser exhaustivement les âneries du scénario me fatigue d'avance, mais j'aurais bien aimé me noter dans un coin la longue liste. Une femme s'embarque dans un bombardier pendant la Seconde Guerre mondiale avec une mystérieuse mallette censée contenir des documents top secrets, et il règne une ambiance de gros connard macho à l'intérieur. Avec un ordre de mission bidon elle se fait accepter et se retrouve coincée dans une tourelle, d'où elle voit un monstre particulièrement laid (et je ne parle pas de son physique intentionnel), d'où elle localise et dézingue des avions japonais, et d'où elle subit à peu près tout ce que les discours de grosses raclures misogynes peuvent contenir — joli effet qui parvient à contre-crisper avec quelque chose de crispant — avant de partir en mode free solo sous l'avion, suite à la chute de la tourelle, pour aller récupérer la fameuse mallette (avec une barre de fer coudée comme il faut) qui contient... en réalité... un bébé. Eh ben le pauvre marmot, c'est censé être de la bouillie à la fin, il est déjà bien costaud pour encore ressembler à un être humain. Bon à côté de tout ça, au final, que l'avion complètement explosé parvienne à atterrir avec le commandant mort en faisant un atterrissage retourné, ça relève du détail. Image censée être magnifique et forte et féminine, enfin j'imagine, Chloë Grace Moretz fout une dernière rouste au gremlin moche et donne le sein à son nouveau-né tout mignon qui commençait à avoir les crocs.

    Film de guerre, film d'horreur, film d'action, film fantastique, film féministe (j'imagine bien que c'est comme ça qu'a été vendue cette horreur)... Un grand festival de conneries qui pioche tout ce qu'il peut à droite à gauche pour repousser les frontières de la nullité — mais attention, ce n'est pas forcément agréable à suivre. Y'a juste plusieurs moments où on se dit "ah, ils ont osé", au hasard le coup de l'avion ennemi qui en explosant sous l'avion des gentils fait re-rentrer comme par miracle la fille à l'intérieur, on est vraiment dans la parodie. Un brouillon immonde, un foutoir total.
  • 2
    Bande-annonce

    Fast & Furious 4 (2009)

    Fast & Furious

    1 h 47 min. (France). Action, aventure et policier.

    Film de Justin Lin avec Vin Diesel, Paul Walker, Jordana Brewster

    C'est toujours délicat de noter un film comme "Fast and Furious 4", en matière de misogynie c'est fatalement beaucoup moins pire que ce qui a précédé et on aurait presque envie de donner un bon point pour ça, mais si on le considère à l'aune d'un film comme les autres, c'est une catastrophe absolue. C'est à ce titre qu'une note comme un 2 peut être bien pire qu'un 1, au final : ici, à la différence du premier ou du précédent n°3 à Tokyo, il n'y a vraiment pas grand-chose de drôle. C'est même étonnamment sérieux, on vire à l'enquête policière lambda mêlant flics et voyous, avec alliance opportuniste et gros muscles, grosses cylindrées, avec en prime de jolis parallèles entre belles caisses et belles meufs (Vin Diesel sort peu ou prou un "peu importe le modèle, tant que je kiffe le moteur"). Ce premier degré tue donc tout plaisir jouissif et pervers, avec comme point culminant du tragique la mort de de Michelle Rodriguez qui lance la vengeance des gentils. Difficile d'attribuer la palme du plus surprenant, entre la présence de Gal Gadot, des voitures qui cabrent (au démarrage comme à pleine vitesse), l'absence ou presque de culte du tuning, ou l'artificialité de certaines séquences intégrales qui font de certains passages des climax de mocheté (les CGIs dans les tunnels, une horreur). Nul mais sans plus.
  • 3
    Bande-annonce

    The Devil's Doorway (2018)

    1 h 16 min. Épouvante-Horreur.

    Film de Aislinn Clarke avec Lalor Roddy, Ciaran Flynn, Helena Bereen

    On devrait interdire la production de films de ce genre, qui se contentent de brasser absolument tous les clichés d'un registre cinématographique sans jamais se soucier des antécédents. On nage en pleine mixture de déjà vu, à la croisée de nombreux stéréotypes : du found footage (avec toutes ses incohérences lorsque c'est mal fait, en termes de changement de plans, d'angles improbables, etc.), de l'horreur facile (le jumpscare est le principal ressort utilisé à toutes les sauces), et le sous-texte religieux (avec deux ecclésiastiques envoyés par le Vatican pour enquêter sur un possible miracle). Ce dernier point est le plus pénible, avec toute la litanie des symboles usés jusqu'à la corde depuis 50 ans de cinéma. Beaucoup de très mauvais tics de mise en scène, à l'image de cette caméra dont la lumière tombe en rade, forcément, ajoutant un élément stressant magnifiquement artificiel. Le film comme souvent est basé sur des éléments un minimum tangible, en l'occurrence les Magdalene Laundries irlandaises, des lieux qui étaient destinés à la rééducation de "femmes perdues" (fallen women) ou de "femmes de mœurs légères". Mais tout ceci, ici, est bien vide, vain, facile, attendu, et en un sens très consensuel dans la case horrifique avec mention religieux.
  • 4
    Bande-annonce

    L'Hôtel de l'alpiniste mort (1979)

    'Hukkunud Alpinisti' hotell

    1 h 20 min. (Estonie). Thriller, science-fiction et drame.

    Film de Grigori Kromanov avec Uldis Pucitis, Jüri Järvet, Lembit Peterson

    On pourrait presque trouver dans ce film estonien de l'ère soviétique des relents annonciateurs de "The Shining" ou de "The Thing" pour le côté isolation dans des paysages enneigés et/ou dans un hôtel de haute montagne. Mais pas la peine de tergiverser, c'est un navet incroyable. Un de ces films à l'atmosphère très bizarre, très originale, mais au sein de laquelle il manque quelque chose d'essentiel, une structure d'ensemble pour que le tout fasse sens. Un flic est appelé dans un hôtel helvète et une fois sur place, fausse alerte mais début des hostilités : tous les résidents sont chelous, il y en a un qui se soigne de la tuberculose, un physicien qui escalade les murs, un champion de billard, et suite à une avalanche un climat paranoïaque s'installe, Grigori Kromanov essayant de créer un mystère qui ne tient jamais debout. Le film joue la carte de la SF excentrique, on nage en plein surréalisme cheap, des décors aux péripéties, en plein dans l'absurde. Il y a un potentiel, on le sent, dans cet environnement minimaliste, mais toutes les tentatives (sur les couleurs, les lumières) sont vaines. Beaucoup d'efforts, mais invariablement ratés. Le dernier pan entre dans une autre sphère, de la science-fiction franche mais maladroite, doublée d'un questionnement existentiel sur l'obéissance aveugle. Et ça se termine avec un hélicoptère militaire qui dézingue des aliens. Waouw.
  • 5
    Bande-annonce

    Athena (2022)

    1 h 37 min. (France). Drame, action et thriller.

    Film de Romain Gavras avec Dali Benssalah, Sami Slimane, Anthony Bajon

    Bon sang que la prétention du film de Romain Gavras est agaçante — à des années-lumière d'un "Le Monde est à toi" qui ne se prenait pas du tout au sérieux. À côté, "Les Misérables" de Ladj Ly (ici scénariste) est un chef-d'œuvre, c'est sûr. Une prétention qui passe avant tout par le clinquant de la mise en scène qui pense qu'il suffit de faire des plans-séquence pour faire un film immersif, tellement préoccupé par l'effet, à grand renfort de fumigènes et de feux d'artifices, qu'il en oublie de construire les fondations. Mais alors le gars ne s'arrête devant rien étant donné la dimension de tragédie grecque qu'il entend conférer au machin, tragédie fratricide qui d'une pierre deux coups se lance dans une métaphore mythologique hallucinante d'assurance en excès et se permet de rassembler à peu près tous les clichés qu'il peut exister sur la banlieue d'un point de vue extérieur et bourgeois. Dans la fratrie, il y a tout : le dealer et trafiquant d'armes, le militaire supposément intégré, le jeune racaille, et le petit dernier tout mignon tué par la police (et non, blanche comme neige nous dira l'épilogue). Une calamité, à laquelle il faut rajouter une dizaine d'autres, ma préférée étant le fiché S de retour avec PTSD mais le terrorisme en sommeil prêt à se réveiller quand il faut, donnant lieu à un final tout en explosion d'une magnifique vanité : la preuve que Gavras n'avait aucune solution crédible et s'en sort par une pirouette catastrophique.

    La caricature n'a d'égal que l'ambiguïté qui flotte dans ce genre de film imprécis et fourre-tout, n'importe quel facho se satisfera de la quasi intégralité pour les visions apocalyptique et chaotique qu'il renvoie des cités, et le final montrant les véritables auteurs, des miliciens d'extrême droite, achèvera le tableau d'opportuniste de Gavras. Enjeux idiots, péripéties grotesques, issue lamentable. Ah ces gros sabots pour montrer que le costume change un homme, des racailles dans un camion de flics se font caillasser et un flic en civil se fait défoncer par ses collègues en banlieue... C'est beau, et aussi subtil que le recours aux chants lyriques dans les moments de tension ou encore le moment où Karim se détache les cheveux et se pointe torse nu devant les CRS. Entre le déluge de violence stylisé, la confusion idéologique et le retournement psychologique d'Abdel, l'aspiration au spectaculaire du film donne vraiment envie de vomir.
  • 6
    Bande-annonce

    Overdose (2022)

    1 h 59 min. (France). Policier, thriller et action.

    Film de Olivier Marchal avec Sofia Essaïdi, Assaad Bouab, Alberto Ammann

    Un festival de gourmandises en matière de débilité profonde, en adéquation parfaite avec l'image qu'on peut avoir d'Olivier Marchal, qui refait encore une fois le même film, à savoir le polar gonflé à la testostérone qui se complaît dans son univers de gros beauf à base de putes, de gros flingues, de drogue et de querelles entre flics et gangsters. L'imaginaire de Marchal est passionnant en ce sens, toujours aussi bourrin et con, avec ici le petit supplément de plaisir masochiste car il n'a même plus les moyens de ses ambitions avec un casting peuplé d'acteurs de seconde zone — tout juste peut-on apercevoir Simon Abkarian et, pire, Kool Shen (une blague parmi beaucoup d'autres). Toujours le même discours puant qui patauge dans la fange de ses clichés, avec les femmes partagées entre les prostituées et les versions féminines de grosses burnes, les relations sexuelles avec pénétration instantanée et orgasme bruyant en 15 secondes, et cet attrait évident pour tout ce qui relève de la fusillade.

    Grand moment de poésie, un gros méchant explique à un gamin pour le rassurer que "chaque coup de tonnerre c'est une patate épluchée par dieu qui tombe dans une marmite". Reflet du niveau du film, les scénaristes ne se sont même pas intéressés 1 seconde au fait qu'on dit "la cité de Carcassonne" et non pas "la citadelle de Carcassonne" et les dialoguistes confondent les verbes détonner et dénoter. On nage vraiment en pleine mélasse, de la bêtise crasse étalée en couche épaisse, entre deux opérations de police qui se déroulent sans anicroche (les flics sont des super-héros, avec des capacités de discernement incroyables quand ils sont en opération anti-terroriste) et deux invraisemblances toutes plus hallucinantes les unes que les autres (ma préférée : les suspects les plus dangereux du moment qui parviennent à s'échapper d'un convoi de police à la faveur d'un bouchon). Grands moments de délice avec la romance entre deux flics réunis par la force des événements, tout ça pour filmer un final empreint d'une tristesse aussi risible qu'artificielle, ou encore cette scène où un flic empêche l'héroïne de tuer le grand méchant pour dans la foulée dire "c'est moi qui vais le faire" et bam, assassinat, et on en parle plus.

    Mais le top du top : l'intro avec un détenu sortant de prison, questionné sur la santé de son anus et répondant "non non, tout va bien, tu sais bien qu'il est pour toi" à son supérieur, pour entrer dans une grosse bagnole où l'attendent deux filles à poil.
  • 7
    Bande-annonce

    On the Line (2022)

    1 h 44 min. (France). Thriller.

    Film de Romuald Boulanger avec Mel Gibson, William Moseley, Kevin Dillon

    Le substrat de ce thriller radiophonique est archi commun : un animateur est pris en otage en direct par une personne vraisemblablement malveillante sans être capable de distinguer le vrai du faux. Nous, spectateurs, sommes complètement tributaires de ce que le réalisateur veut bien nous montrer et nous faire croire, et au final le déroulé des événements dans "On the Line" tient davantage du tour de magie au cinéma : autant dire que cela n'a presque aucun intérêt. À partir du moment où tout ce qu'on nous montre peut être vrai ou faux, réel ou simulé, il n'y a plus de sens, et si on ne se sent pas emporté par le flux ininterrompu le voyage s'avère longuet.

    Mel Gibson a un certain charisme, soit, mais il est quand même tombé bien bas (un esprit taquin dirait qu'il a un mariage coûteux à éponger) pour s'afficher dans un film pareil. Autant on peut suivre avec bienveillance l'essentiel de l'intrigue même si elle est un peu nulle, autant la fin avec enchaînement de twists est franchement lamentable. Ça détruit tout. On se situe vraiment dans la fange du thriller bas de gamme. Ça aurait pu être simplement un film stupide avec des dialogues affligeants et tous les défauts classiques du mauvais thriller, mais non, il faut que ce trois fois rien s'écroule dans les dernières 10 minutes.

    À un moment, j'ai cru voir la tête de Manu Payet sur une affiche, mais mon cerveau a rejeté l'idée étant donné qu'on est dans un film américain se situant à Los Angeles. Et en fait le film a été tourné à Paris. Waouw.
  • 8
    Bande-annonce

    Over the Top : Le Bras de fer (1987)

    Over the Top

    1 h 33 min. (France). Action, drame et sport.

    Film de Menahem Golan avec Sylvester Stallone, Robert Loggia, Susan Blakely

    Sans doute ce que le navet états-unien peut produire de plus savoureux : il y en a pour tous les goûts et dans toutes les direc-tions, le combat de caricatures, le mélodrame familial, la revanche du laissé-pour-compte, et bien sûr l'apogée du mauvais goût dans le dernier quart avec le championnat du monde de bras de fer (qui étonnamment occupe une place très restreinte dans le film) à Las Vegas.

    Ce que j'aime bien, c'est qu'on sent que Sylvester Stallone essaie de bien faire (il a touché la moitié du budget de 25M$ alors que les recettes se sont élevées à seulement 16M$ sur le territoire / 60 M$ dans le monde) dans une histoire qu'il a co-écrite, à mon-trer la lutte digne et noble d'un prolétaire camionneur contre la famille archi bourgeoise de sa femme : on enfile les clichés comme des perles avec le beau-père aristo connaud qui entend bien user de tous les moyens en son pouvoir pour récupérer la garde de son petit-fils, et le chauffeur solitaire rongé par son divorce et la culpabilité d'avoir abandonné son fils. Pour des raisons qu'on ne connaîtra pas : "tu sais, parfois, on fait des mauvais choix", point. Le portrait du gamin, tête à claques de compétition, et celui de la mère, mourante sur son lit d'hôpital, c'est la cerise sur un gâteau déjà farci de crème épaisse.

    Rien que son nom : Lincoln Hawk. Avec l'aigle fièrement affiché sur le capot de son gros camion.

    La première scène de bras de fer dans un bar est un avant-gout au final très timide de ce qui va suivre, mais tout y est, la musique affreusement 80s, les grosses veines sur les gros muscles, la tête de gros bourrin avec yeux exorbités, bouc et dents serrés... La totale. S'ensuit le parcours classique de la réconciliation entre père et fils, avec leçons philosophique de PMU (du style "si tu perds, perds avec dignité") et tout l'apprentissage du bras de fer au gamin de 12 ans sortant de l'académie militaire. Il y a des tentatives de plans esthétiques à mourir de rire, Sly sur son camion sur fond de coucher de soleil au bord de l'eau. Le moment bourrin avec le camion-bélier qui défonce le portail et les statues de la villa...

    Suite https://www.senscritique.com/liste/Top_films_1987/373403
  • 9
    Bande-annonce

    The Woman King (2022)

    2 h 15 min. (France). Drame et historique.

    Film de Gina Prince-Bythewood avec Viola Davis, Thuso Mbedu, Lashana Lynch

    Dans la catégorie "segment de marché à exploiter", le film de Gina Prince-Bythewood occupe une bonne place. Une façon de dire qu'on peut très facilement voir la logique derrière une telle production, de bonnes intentions n'ont jamais suffi à constituer de bons films. Pour ne pas entretenir une confusion très désagréable, j'apprécie beaucoup l'idée de mettre sur le devant de la scène hollywoodienne autre chose que des éléments usés jusqu'à la moelle issus de la culture états-unienne. Gina Prince-Bythewood a souhaité retracer l'histoire des Agojié, la fameuse mention "inspiré de faits réels", une section de guerrière particulièrement tenaces qui protégeaient le royaume de Dahomey au XIX siècle en Afrique de l'Ouest (actuel Bénin). Il est à mes yeux tout aussi idiot d'attaquer le film uniquement au travers de sa représentation biaisée de l'histoire (qui attend un cours d'histoire dans ce genre de production sincèrement ?) que de penser que parce qu'on a changé le sexe et la couleur de peau des personnages principaux l'équilibre du monde artistique sera rétabli. Non, "The Woman King" est un navet d'action comme les milliers d'autres produits à la chaîne, avec les mêmes codes, la même structure narrative, les mêmes péripéties, les mêmes révélations, la même façon de filmer des batailles. Rien de nouveau sous le soleil, on est presque dans un film de super-héro(ïne)s type Marvel option "Black Panther". Le regard occidental est le même.

    À noter que niveau originalité, du côté de Herzog, les Mino du Dahomey avaient été représentées dans le film de 1987 "Cobra Verde".
  • 10
    Bande-annonce

    Noroi : The Curse (2005)

    Noroi

    1 h 55 min. (Japon). Épouvante-Horreur et thriller.

    Film de Kôji Shiraishi avec Jin Muraki, Rio Kanno, Tomono Kuga

    Plus ça va et plus je pense qu'une fois qu'on a vu un found footage, on les as tous vus. Il se trouve que le premier en ce qui me concerne, c'était "Le Projet Blair Witch" (dont on retrouve énormément d'éléments ici) : j'en garde un souvenir de terreur, mais sans doute qu'un nouveau visionnage viendrait relativiser ce sentiment. En tous cas ici c'est la foire aux stéréotypes du genre, c'est l'indigestion en seulement un quart d'heure. Il me semble que le minimum n'est pas fait pour rendre crédible (je ne parle même pas de cohérence) cette histoire de "journaliste spécialisé dans la paranormal".

    Avec un tel niveau minable de mise en scène, autant tout mettre à la poubelle au sujet de la légende d'un ancien démon appelé kagutaba. C'est du gâchis. En un sens, c'est cohérent avec le souvenir que j'ai de l'autre film de Kōji Shiraishi que j'ai vu, l'abominable "Grotesque". Gnagnagna le journaliste enquêtait et sa maison a brulé, gnagnagna on a retrouvé le corps calciné de sa femme mais pas le sien, gnagnagna il ne reste qu'une trace c'est une cassette. Et bien sûr, le film, c'est cette cassette avec l'enquête dudit journaliste filmé par un caméraman, c'est bien commode. Bien sûr, tout une série d'indices se déploient sous nos yeux, des bruits bizarres dans la maison voisine, des cris de bébés, des enfants qui observent derrière la vitre, on a même droit à une émission télé faisant intervenir des enfants médium — là honnêtement j'ai cru que c'était une parodie... mais non.

    Bien sûr tout ça est lié, c'est la matérialisation d'une malédiction ancestrale. Mais le réalisateur ne parvient jamais à faire monter la sauce avec tous ces ingrédients. Pas de force là-dedans, juste un mélange disgracieux de fantômes, de sorcières, de malédiction, et de temps en temps quelques aperçus du potentiel qui aurait pu être exploité. Mais au bout d'un moment, les scènes de somnambulisme, de corps incontrôlé, ça gonfle. Et puis cette manie de garder une caméra dans la main avec un cadre chanceux lorsqu'un événement terrible se produit... Et puis ce médium en carton entouré d'aluminium... Et puis ce scientifique en blouse qui analyse la bande sonore... Pitié.
  • 11
    Bande-annonce

    En corps (2022)

    1 h 57 min. (France). Comédie dramatique.

    Film de Cédric Klapisch avec Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès

    Voilà deux films que je me montre tolérant envers la niaiserie et les leçons de morale à deux balles de Klapisch, à l'occasion des pas glorieux "Ce qui nous lie" et "Deux moi", mais là, "En corps" n'est peut-être pas le pire des trois, mais j'ai atteint un niveau de saturation critique qui m'a empêché de fermer les yeux sur toutes les énormités qui ont défilé pendant deux heures.

    Très bonne idée d'avoir confié le premier rôle à la danseuse Marion Barbeau, elle amène une grâce, une agilité et une aisance toutes trois bienvenues qui apporte un vent de fraîcheur très net. Pourquoi pas faire intervenir Hofesh Shechter dans son propre rôle, avec quelques-uns de ses danseurs (je suppose), même si ce n'était pas absolument nécessaire. De même, je peux tolérer les pitreries de Pio Marmaï et le couple qu'il forme avec Souheila Yacoub, mais déjà, on sent les gros traits des gros doigts de Klapisch dans la co-écriture. Le reste, en revanche, relève de l'insupportable et il m'est littéralement impossible de rester calme devant tant de litanies.

    Les personnages déjà : François Civil en kiné amoureux de sa copine-patiente cocu comme elle qui en fait des tonnes dans un rôle écrit à l'arrache, Muriel Robin en petite fée qui boîte et qui fait profiter tout le monde de son manoir breton, Denis Podalydès en papa qui n'a jamais su dire je t'aime à sa fille... Pitié stop. Mais à cela il faut rajouter un scénario et une mise en scène incroyablement mauvais, avec des passages tout à fait dans le ton du personnage de psy de Camille Cottin dans "Deux moi", sertis de discussions psychologisantes d'une idiotie navrante. On navigue de lieux communs en lieux communs dans un espace graphique proche de la pub (le coucher de soleil en bord de mer, bordel), en égrainant des poncifs interminables sur la résilience et le dépassement de soi. En prime, un sous-texte pseudo-féministe de supermarché, insipide et préfabriqué. En prime, des débats creux sur l'opposition entre dans classique aérienne et danse contemporaine terrestre, le rêve contre la réalité, et une fausse promesse de changement de vie imposé — la fille passe de danseuse classique prestigieuse à danseuse moderne prestigieuse depuis son joli petit appartement parisien, bonjour le bouleversement.
  • 12
    Bande-annonce

    Toutes peines confondues (1992)

    1 h 47 min. (France). Policier, drame et thriller.

    Film de Michel Deville avec Patrick Bruel, Jacques Dutronc, Mathilda May

    Dès la toute première scène, on sait qu'on va passer un sale moment, que le film va durer une éternité et qu'il va être extrêmement pénible à suivre. Michel Deville est un personnage compliqué à cerner, capable dans certaines situations ou conditions de production de générer des choses excellentes comme "Le Dossier 51" (avec lequel "Toutes peines confondues" partage quelques points communs, notamment au niveau de la précision du découpage) ou encore "La Maladie de Sachs", et capable dans d'autres d'enfanter des horreurs comme "La Divine Poursuite" ou le présent échec.

    Sans exagérer, il suffit de regarder 30 secondes pour estimer le ressenti global. On voit Patrick Bruel interpréter (très mal) un jeune inspecteur de police sur fond de musique volontairement dissonante et le tout enveloppé dans un montage rendant le déroulé de la narration absolument insupportable. On part directement sur un meurtre, un incendie, un mystère parfaitement insignifiant et ne débouchant sur aucune révélation qui ne légitime de s'infliger le reste. Jacques Dutronc en puissant homme d'affaire irréprochable en apparence (mais en réalité grand mafieux, attention) est lui aussi à côté de la plaque, mais de manière moins désagréable globalement. Le film tente de crier son originalité à chaque plan mais c'est un échec cuisant à mon sens, comme si tout ce qui peut rendre un film désagréable avait été soigneusement aligné. La gestion du secret est d'une artificialité radicale, et l'ensemble relève de la posture que je situerais entre Godard et Chabrol. Liberté de ton, certes, mais pour en faire quoi...

    Les irruptions d'érotisme et de violence sont tout aussi maladroites et disgracieuses. On peut tout juste s'amuser à reconnaître Benoît Magimel très jeune. Pour le reste, le scénario tortueux est une véritable escroquerie dans l'écrin d'une telle mise en scène.
  • 13
    Bande-annonce

    L'Attaque de la femme de 50 pieds (1958)

    Attack of the 50-Foot Woman

    1 h 06 min. (États-Unis). Science-fiction et Épouvante-horreur.

    Film de Nathan Juran avec Allison Hayes, William Hudson, Yvette Vickers

    On a là de la série Z de compétition, qui surfe sur la vague de l'époque des navets de science-fiction produit à la chaîne, avec affiche mensongère (jamais on ne verra la femme géante en train de faire joujou avec des voitures sur une route), pinup taille XXL, et surtout détournement total puisque on ne verra apparaître la fameuse "50-Foot Woman" que 5 minutes — faisant des 60 restante du pur remplissage. Cela alimente un côté nanar pas désagréable de par le côté comique involontaire, mais le film est assurément très mauvais. Du kitsch pur jus qui fait sa première apparition lors de la rencontre entre la femme et un objet extraterrestre (un gros ballon en plastique), et ensuite la rencontre avec l'extraterrestre à l'intérieur, un géant chauve. Le film est farci d'effets spéciaux nullissimes, en-dessous de ce que faisait Méliès 50 ans avant, avec des surimpressions vraiment dégueulasses. On a droit à une séquence délicieusement stupide où la femme grandit à l'intérieur d'une maison, inconsciente, pour atteindre une taille de 15 mètres. On ne voit que sa main géante (en carton bien évidemment), occupant toute une pièce ou presque : et là, fatalement, on se demande comment rentre le reste de son corps dans la maison puisqu'il en faudrait 50 pour la faire tenir. Du grand n'importe quoi. C'est sans doute le film-matrice du genre, parodié des dizaines de fois, avec cependant une composante féministe intéressante pour l'époque, mettant en scène une femme maltraitée par son mari. Malheureusement, toute la première heure est consacrée à la description de cette situation et c'est une catastrophe absolue. Quand on pense à l'inventivité dont avait fait preuve Jack Arnold l'année précédente dans "L'Homme qui rétrécit"...
  • 14
    Bande-annonce

    Freeway (1996)

    1 h 50 min. (France). Thriller.

    Film de Matthew Bright avec Kiefer Sutherland, Reese Witherspoon, Bokeem Woodbine

    Le grotesque au cinéma est un art délicat et très clairement Matthew Bright ne le maîtrise pas. Certes, le fait que tous les potars soient au maximum en matière de violence, de crudité, de misère et autres situations familiales provoque un certain quelque chose. Mais chez moi c'est plus proche de l'exaspération. Tout le grotesque moche des années 90 est contenu dans l'introduction, avec la mère prostituée grotesque, le beau-père toxico lubrique grotesque, le grand amour du petit ami grotesque, les coïncidences grotesques, la session en prison grotesque ponctuée par une évasion grotesque, etc. L'idée de base est d'adapter Le Petit Chaperon rouge en version thriller et humour noir, mais c'est franchement pas comestible. Reese Witherspoon n'est pas dénuée de talent dans son rôle d'ado attardée mais qui se débrouille malgré toute la merde qui envahit son environnement, Kiefer Sutherland est presque drôle en passant du psychopathe à la victime défigurée façon "Elephant Man", mais ça ne suffit pas à faire oublier le reste de la farce à gros sabots, affreuse. On est dans le registre du trash très grand public, très facile, pas fondamentalement mal mise en scène mais vraiment mal foutu. Grotesque dans le grotesque en un sens, et si je n'ai pas démesurément apprécié des films comme "Red Rock West" (l'interprétation de Nicolas Cage laisse des traces), je le place largement au-dessus. La toile du drame social est écœurante, la fréquence des péripéties défie l'entendement, le dernier quart d'heure vire à l'ingestion, le grand méchant loup s'appelle Wolverton (ça c'est au cas où on n'aurait pas vu Sutherland arriver avec ses énormes sabots), bref, un film qui traîne des longueurs terribles avec des acteurs en roue libre.
  • 15
    Bande-annonce

    La Dégustation (2022)

    1 h 32 min. (France). Comédie et romance.

    Film de Ivan Calbérac avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Eric Viellard

    Un univers essentiellement composé de clichés, de niaiserie, et de très mauvais jeu d'acteur. Une horreur que de devoir regarder Isabelle Carré en vieille fille catho sage-femme célibataire qui aide des sans-abris et qui souhaite faire une PMA tandis qu'elle tombe amoureuse d'un caviste bourru un peu alcoolique, réticent à recruter un jeune cassos tout mignon, et surtout sujet à des pathologies cardiaque joué par Bernard Campan. Admirez comme c'est beau : elle souhaite faire un bébé toute seule ("comme dans la chanson", oh bon sang) et lui se braque sans rien dire (le genre d'omission typique d'un cinéma qui ne sait pas quoi inventer pour créer une dynamique factice) parce que bien sûr, lui a tué son gamin dans un accident de voiture il y a 15 ans. Grand moment de gêne aussi lors de la dégustation de vin, dans laquelle le réalisateur se laisse aller à un humour grivois en carton, nullissime, qui voit Carré dire "ah non mais moi j'avale tout le temps"... Waouw, quelle subversion. Les deux acteurs avaient été réunis dans "Se souvenir des belles choses" dont je garde des souvenirs très vague mais largement au-dessus de cette tiédeur infâme, pétrie de bons sentiments et de dramaturgie de supermarché.
  • 16
    Bande-annonce

    Beautiful Thing (1996)

    1 h 30 min. (France). Comédie, drame et romance.

    Film de Hettie MacDonald avec Meera Syal, Martin Walsh, Steven M. Martin

    C'est avant tout la dimension de téléfilm, avec tout ce que cela peut supposer en matière de budget, d'ampleur, de subtilité et de direction d'acteur, qui pose problème dans le seul film réalisé par Hettie MacDonald en 1996, "Beautiful Thing". Le recours aux clichés du drame social est complètement contre-productif au sein de cette romance homosexuelle évidemment contrariée dans l'Angleterre de Thatcher : ça part des clichés à l'école (avec tout ce qui a trait au souffre-douleur malmené en sport par ses camarades) pour rejoindre ceux des conditions défavorables (Ste vit avec son frère trafiquant de drogue et son père violent autant qu'alcoolique, Jamie a une mère un peu excentrique et toujours occupée, la voisine Leah est tout autant droguée), le tout formant un mélodrame particulièrement appuyé et incapable de faire naître la moindre émotion dans ce ballet de stéréotypes encapsulés dans un écrin très british. Pourtant le cadre est là, il n'est pas inintéressant, avec l'univers difficile d'une cité ouvrière désenchantée dans la banlieue de Londres. Mais on n'en fait rien, on use des grosses ficelles dramatiques sans aucune retenue, on se repose sur de la musique beaucoup trop mise en avant (la douve voix de Cass Elliot des The Mamas and the Papas en l'occurrence), et sur un réseau de simplisme scénaristique vraiment désagréable. Sans doute que le film n'a pas très bien vieilli, qu'il s'adressait à un public assez jeune par le biais d'une diffusion télévisée. En tous cas il échoue manifestement à capter le glissement de l'amitié vers l'amour entre les deux adolescents, et à créer une véritable ambiguïté (un de ses objectifs il me semble). Autant dire qu'un film comme "Le Secret de Brokeback Mountain" se situe à des années-lumière en matière d'intelligibilité du drame amoureux.
  • 17
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    Amsterdam (2022)

    2 h 14 min. (France). Comédie dramatique et historique.

    Film de David O. Russell avec Christian Bale, Margot Robbie, John David Washington

    Le rythme du dernier film de David O. Russell est absolument épouvantable. "Amsterdam" passe un peu comme une tornade, plus de deux heures de péripéties et puis une fois passée, elle laisse sur son sillage un gros bordel et un immense vide. Le mélange de tonalités est particulièrement maladroit, disgracieux et désagréable, le film naviguant un peu n'importe comment entre biographie historique, thriller politique et comédie loufoque : une horreur assez folle qui fait qu'on ne comprend à aucun moment le but du schmilblick. Et quand les choses se précisent (le scénario s’inspire de la conspiration "Business Plot", une tentative de coup d'état proto-fasciste aux États-Unis dans les années 30), c'est pour verser dans le grand n'importe quoi de compétition en mettant les bouchées doubles dans le registre de la surenchère et du tape-à-l'œil. Ce n'est pas la première fois que le réalisateur me perd avec son style putassier et prétentieux, car je garde en souvenir une séance de "American Bluff" assez proche de celui-là, en un peu moins pire.

    Ici vraiment tout s'entrechoque violemment sans jamais parvenir à construire quelque chose d'attrayant, on saute de la conspiration à l'ornithologie, d’un hôpital vaguement illégal à un lobby industriel, de la Première Guerre mondiale à l'opposition stérile entre différentes corps sociaux, dans un tourbillon inconséquent. D'un point de vue technique, j'ai trouvé qu'on avait affaire à de la bouillie numérique, en un sens raccord avec la médiocrité du scénario et l'écriture affreusement satisfaite des dialogues faussement élaborés. Le film est en outre interminable, tout particulièrement dans son dernier quart d'heure qui m'a fait l'effet d'une torture, une fois le pot au rose découvert. Le mélange de sérieux et de légèreté ne fonctionne pas du tout, la tentative de sophistication est un échec, la reconstitution des années 30 rutilante. Comme l'histoire est particulièrement retorse, on nous sert des dialogues explicatifs qui expliquent les choses trois fois, et si je ne suis plus très friand du cabotinage de Christian Bale (assez modéré ici), je n'ai en revanche pas apprécié le défilé opportuniste de célébrités qui n'ont jamais l'espace de s'épanouir dans le cadre : Margot Robbie, John David Washington, Robert De Niro, Rami Malek, Anya Taylor-Joy, Taylor Swift, Michael Shannon... Sans parler du manichéisme de l'affrontement. 0% de substance, 100% d'emballage.
  • 18
    Bande-annonce

    Arrête ou ma mère va tirer ! (1992)

    Stop ! Or My Mom Will Shoot

    1 h 27 min. (France). Action et comédie.

    Film de Roger Spottiswoode avec Sylvester Stallone, Estelle Getty, JoBeth Williams

    Sans surprise, c'est archi nul. La comédie d'action ornée du label "qualité états-unienne", aucun doute. Le scandale des emplois fictifs de scénaristes existait très clairement au début des années 90, déjà, encore, depuis tout le temps en fait. Scandaleux de bout en bout, avec l'improbable association de Sylvester Stallone en flic bourrin qu'on essaie de nous faire passer pour badass et de Estelle Getty dans le rôle de sa vieille mère qui débarque et lui apprend le sens de la vie. Elle achète des fusils mitrailleurs, elle assomme des trafiquants d'armes, elle résout les enquêtes, elle arrange les relations amoureuses, bref du grand n'importe quoi en version XXL, plus c'est gros plus ça passe. Le problème c'est que ce n'est à aucun moment drôle.

    Par contre, "Stop! Or My Mom Will Shoot" est très intéressant pour le contexte historique, à l'échelle de la rivalité entre Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, à l'époque où se dernier s'essayait à la comédie pour impulser un nouveau souffle à sa carrière — et force est de constater qu'il y est parvenu avec beaucoup plus de succès que Sly, ça en est presque triste. L'anecdote vaut d'ailleurs le détour : Schwarzy expliquera plus tard que Stallone avait accepté ce rôle en raison de l'intense rivalité qui les opposait à cette époque dans le créneau des films d'action :"J'ai lu le script. C'était terriblement mauvais. Vous savez, moi aussi, j'ai fait des films qui méritaient de finir aux toilettes, n'est-ce pas ? Ils étaient mauvais. Mais, celui-ci était vraiment mauvais. Ça se passait durant notre guerre et je me suis dit que j'allais laisser entendre [par voie de presse] que j'étais très intéressé [par le projet]. Je sais comment ça se passe à Hollywood. Je demanderais alors beaucoup d'argent [pour qu'ils se disent] : “Allons le proposer à Sly. Peut-être qu'on pourra l'avoir pour moins”. Et donc ils sont allés voir Sly et lui ont dit : “Schwarzenegger est intéressé. Voici la coupure de presse. Il en a parlé. Si tu veux lui prendre [ce film] des mains, il est disponible.” Et il a marché ! Il a complètement marché. Une semaine plus tard, j'ai entendu que Sly signait pour faire le film. Et j'ai fait : Yes !". C'est quand même aussi triste et drôle que dégueulasse. On repense aux références du type "I'll be back — No, Terminators say that, not cops" dans le film d'une autre façon...
  • 19
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    Le Menu (2022)

    The Menu

    1 h 46 min. (France). Drame, thriller et comédie.

    Film de Mark Mylod avec Ralph Fiennes, Anya Taylor-Joy, Nicholas Hoult

    Je ne sais pas qui mérite la plus sévère flagellation : le réalisateur pour avoir mis en scène une telle nullité, ou bien la horde de critiques qui s'est adonné à des jeux de mots culinaires. Peu importe au final car la colère à l'issue d'un tel film est entière : c'est bien simple, Mark Mylod et ses scénaristes n'ont absolument rien su faire de l'idée de départ sur laquelle tout "The Menu" repose. Il faut reconnaître à l'équipe technique le talent d'être parvenu à dissimuler le méfait pendant grosso modo 30 minutes, pendant lesquelles on peut éventuellement croire à une autre variation sur le thème de "Sans filtre" (très bon, lui), comme croisée avec des délires sectaires à la "Midsommar". Mais pas du tout : une fois au pied du mur, contraint de dérouler le fil de ses entrailles, le film ne peut qu'exposer au grand jour l'étendue de sa bêtise et de sa vacuité.

    Rien ne fait sens dans ce film. Pourtant les moyens sont présents, il y a une tripotée d'acteurs et d'actrices de renom, il y a une bonne idée de départ, il y a une tonalité politique et satirique qui fait la réussite de films comme "The Hunt", mais non, les personnes derrière ce naufrage sont davantage intéressées par le clinquant des effets de manche que par le contenu à proprement parler. Ou alors le tournage ne s'est pas du tout passé comme prévu, intoxication alimentaire générale, accident sur le plateau, et ils ont dû emballer l'histoire en 2 jours à coup de brainstorming raté, je ne sais pas.

    Trop d'étapes-clés sont négligées, presque laissées à l'abandon, faisant du scénario un bout d'emmental troué jusqu'à la moelle. Trois personnages sont mis en avant et les trois trimballent leurs lots de casseroles : Nicholas Hoult est nul dans le rôle du bourgeois amateur de cuisine, Anya Taylor-Joy est nulle dans le rôle de l'escort girl réquisitionnée juste pour aller manger dans un trois étoiles, et Ralph Fiennes est nul dans le rôle du chef d'orchestre militaire qui ordonne le tout. Rien ne fonctionne, ni la caricature de milieu bourgeois, ni la gradation de tension dans l'exercice de domination du chef, ni la façon dont l'héroïne s'en sort. Rien n'est crédible, rien ne tient la route, c'est juste l'histoire d'un cuisinier pas content qui veut tuer des gens — des critiques, des habitués, son personnel, sa maman, et lui-même. Péripéties absconses, personnages pour meubler : poussif et inopérant. Même pas un début de discours intéressant sur la gentrification de la gastronomie.
  • 20
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    Novembre (2022)

    1 h 47 min. (France). Thriller, policier et historique.

    Film de Cédric Jimenez avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain

    Je suis encore abasourdi par la vacuité de "Novembre", par la débauche de moyens du côté du casting (Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier pour ne citer qu'eux) en regard du résultat extrêmement pauvre. Absolument tous les ressorts sont sous-exploités. Cédric Jimenez se contente 99% du temps à filmer des policiers en situation de stress au cœur d'une effervescence qui ne découle sur aucune tension, en restant au niveau zéro de la mise en scène, de la mise en perspective. C'est une illustration on ne peut plus pâle des quelques jours qui ont suivi le 13 novembre 2015, avec les gros sabots du film de contre-terrorisme français. On voit essentiellement des policiers en alerte, des téléphones qui sonnent, des réunions pour donner des missions, et ce qui est censé être l'apogée du film, une séquence d'assaut final terriblement nulle. Je trouve ça incroyable de voir autant de ressources si mal exploitées, on voit des acteurs et des actrices qui récitent, on voit tous les clichés imaginables des flics en colère ou tristes, chacun étant limité à une fonction bien définie et inintéressante. Du point de vue purement divertissement, les filatures sont plates et l'ambiance pas du tout prenante, de sorte qu'on se focalise sur tous les tics de cinéma américain à la Bigelow ou Greengrass esquissés ici, mais sans aucun talent. On se croirait dans un mauvais épisode de 24. Ah, et sinon, j'adore les scènes avec des pigeons qui s'envolent pour montrer l'arrivée d'une voiture à une scène-clé d'opération policière, ou encore ces fameuses scènes de photos étalées partout par terre ou sur un mur avec des punaises et des fils de couleur. Magique.
  • 21
    Bande-annonce

    Electric Blue (1987)

    Light of Day

    1 h 47 min. (États-Unis). Comédie dramatique.

    Film de Paul Schrader avec Michael J. Fox, Gena Rowlands, Joan Jett

    Une semi-douche froide. Sans trop savoir pourquoi, j'ai vu les noms de Michael J. Fox, Gena Rowlands, Joan Jett, à côté de celui de Paul Schrader à la réalisation, et j'ai l'espace d'un instant pensé que cela ne pouvait pas être mauvais. Mais c'était oublier que le réalisateur de "Blue Collar" est également celui de "Dying of the Light", et que la vision légèrement nostalgique du jeune Marty McFly ne suffirait pas à combler toutes les absurdités de ce mélo des familles 100% états-unien mettant en scène un frère et une sœur musiciens qui doivent faire face à la dégénérescence de leur mère bigote. Pourtant, encore une fois, il y avait en sous-texte la banlieue industrielle de Cleveland, il y a Michael J. Fox en ouvrier métallurgiste le jour et guitariste rock la nuit, sur fond de compositions signées Springsteen, je ne sais pas... Disons qu'il faudrait un torrent de super bons points pour contrebalancer la pléthore de coupes mulet qu'on voit défiler, et tous ces délires esthétiques incompréhensibles que nous renvoient les années 1980. Nul, nul, nul. Et moche.
  • 22
    Bande-annonce

    Fast & Furious 5 (2011)

    Fast Five

    2 h 02 min. (France). Action, aventure et policier.

    Film de Justin Lin avec Vin Diesel, Paul Walker, Jordana Brewster

    Je suis pas mal perturbé par le virage de normalisation opéré par Justin Lin dans cette franchise, en faisant de "Fast & Furious" un film d'action comme les autres, et en délaissant le côté tuning qui constituait tout le sel de la comédie involontaire des premiers volets à mon goût. Difficile de ne pas être déçu, à l'échelle du mauvais film, étant donné que c'était précisément ce que j'étais venu chercher ici. Ainsi ce cinquième volet est plus proche du gabarit hollywoodien en matière de film d'action bas du front, avec gros muscles, belles femmes, grosses voitures, belles explosions. Et sa dose de grand n'importe quoi bien entendu. On fait le tour de la planète pour atterrir à Rio de Janeiro, ça c'est la caution exotisme nécessaire pour dynamiser une routine qui reste grossièrement la même. Des méchants gentils, des gentils méchants, des guerres au sein des communautés de malfrats tout comme au sein de celles de flics, de la corruption à foison (on est sorti des États-Unis, on se fait plaisir), une petite réunion de la brochette attendue de spécialistes pour réaliser un casse, bref on évolue en terrain archi connu. Les particularités qui font passer la pilule : l'affrontement des deux crânes chauves, Vin Diesel contre Dwayne Johnson, la présence de Gal Gadot qui ne semble absolument pas à sa place, la course-poursuite en ville avec deux voitures tractant un énorme coffre-fort qui détruit tout sur son passage, et bien sûr tous les réflexes pavlovien en matière de machisme — même si on est en droit d'être déçu à ce niveau, la concentration en matière de plan sur des mini-jupes ou sur le sacro-saint duo grosse voiture / bimbo en option étant relativement faible. Archi nul, mais pas horrible ou désagréable à regarder en tant que tel.
  • 23
    Bande-annonce

    Doctor Strange in the Multiverse of Madness (2022)

    2 h 06 min. (France). Action, aventure, fantastique et Épouvante-horreur.

    Film de Sam Raimi avec Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olsen, Chiwetel Ejiofor

    La "fatigue du super-héros", épisode 28 (ou 469 si on regroupe toutes les franchises). S'il ne s'agissait pas d'un Marvel, si on ne parlait pas de film aux centaines de millions de dollars de coûts de production et de film aux centaines de millions de dollars de recettes, on pourrait classer ça vite fait bien fait dans la catégorie de la série Z d'action fantastique sans trop se soucier du niveau d'informe atteint. Mais quand même : tant de moyens pour essayer de produire quelque chose de "différent", un tel déluge de nouveautés et de potentiels à ouvrier le champ des possibles grâce à des univers alternatifs illimités, pour déboucher sur un niveau de créativité aussi pauvre, c'est désarmant. Le principe du multivers se limite à quoi, une méchante qui se rêve en maman en allant chercher deux petits garçons à l'autre bout des univers, un passage à travers des univers parallèles en forme d'étoile bleutée et une scène de 30 secondes où l'on passe vite fait à travers 20 mondes différents, et après ? Moi personnellement je suis davantage marqué par l'irruption du zombie chez Marvel (tout aussi moche que le reste des effets spéciaux, j'en peux plus de ces fonds verts matraqués jusqu'au vomissement et de ces lumières dégueulasses), du caméo de Bruce Campbell en marchant de rue (Sam Raimi oblige, on a d'ailleurs droit à quelques vagues scènes gores), de ces scènes d'action brouillonnes, de ces dialogues insipides / incohérents / opportunistes / sans fond, de ce cocktail immonde d'imageries hétérogènes (Lovefraft, sorcellerie, satanisme, bouddhisme, utopie écolo), voire de cette scène de combat improbable à base de notes de musique — effets sonores compris bien entendu. La vache, une vraie souffrance cette accumulation boulimique de pouvoirs infinis, d'enjeux mal formulés et de visuels difformes, on nage en pleine bouillabaisse immangeable.
  • 24

    À l'aventure (2009)

    1 h 44 min. (France). Drame.

    Film de Jean-Claude Brisseau avec Carole Brana, Arnaud Binard, Nadia Chibani

    Plongée intense dans les abîmes du cinéma néo-rohmérien, au pays des acteurs et actrices au talent épouvantable (à l'opposé de leur plastique, donc) et très probablement dirigés de manière catastrophique par un Jean-Claude Brisseau en fin de carrière qui n'a jamais été aussi proche de Jean Rollin — en fin de carrière aussi, je trouve que "À l'aventure" partage énormément de points communs avec un autre de ses films qui m'avait traumatisé pour des raisons semblables, "Le Masque de la Méduse".

    Bon sang, quelle catastrophe. En 3 minutes, les dés sont jetés, on sait pertinemment qu'il n'y aura rien à sauver. Alors on s'embarque dans ce voyage aux confins du nanar en se disant qu'au moins, ce sera un peu drôle, entre deux séquences de dialogues récités par des comédiens sortis d'une récitation de collège. Mon petit péché mignon : la scène de rencontre / drague / sexe entre la protagoniste et un inconnu dans un café qui se révèle être un psychanalyste de compétition. En plus de la gratifier d'un petit cours sur Freud et sur l'inconscient, monsieur cache en plus des talents d'hypnotiseur, et autant dire que comme atout de séduction, ça a l'air d'être une affaire qui roule comme sur des roulettes.

    Le résultat, c'est une sorte d'ersatz de porno chic, Brisseau travaillant dans un environnement dépouillé jusqu'à l'os avec 6 personnages se baladant dans 3 décors. Le rythme est donné par des séquences érotiques d'un ridicule affirmé, car en prise directe avec un mysticisme de PMU et des caricatures par dizaines faisant de la quête de l'héroïne un grand moment de rigolade. Ce pot-pourri mystico-philosophique en devient presque fascinant, entremêlé d'Einstein, de fusion, d'orgasme, de béatitude, et de gens qui déclament sans sourciller "nous sommes tous nous-mêmes notre propre prison". Et au milieu, il y a une scène de lévitation censée être la consécration du mystique, c'est au moins aussi ridicule et mal mis en scène que lesdites séquences d'hypnose. Calamiteux.
  • 25
    Bande-annonce

    Kompromat (2021)

    2 h 07 min. (France). Thriller et drame.

    Film de Jérôme Salle avec Gilles Lellouche, Joanna Kulig, Mikhaïl Gorevoï

    Petit délice masochiste que ce thriller français réalisé par Jérôme Salle (l'auteur des désastreux "Largo Winch" et "L'Odyssée", rien que ça) narrant l'histoire d'un directeur d'Alliance française en Russie victime du pire dans ce pays de sauvages que nous décrit le film. Il s'agit d'une histoire inspirée de faits réels, sur la base d'un livre de Yoann Barbereau (dont les producteurs n'ont pas cherché à obtenir les droits), mais très vite on quitte le sentier de l'ambiance oppressante du polar appréciable pour s'engager dans la voie de traverse des pires énormités que ce cinéma a à proposer.

    Passons sur la présentation de Lelouche, qui commence par nous montrer l'étendue de son talent dans la langue qu'il est censé maîtriser : 2 phrases disséminées sur les 5 premières minutes, et c'est tout, ou presque. Premier jalon du ridicule indiquant le niveau à suivre. Puis d'un coup, il sera jeté en taule, livré aux pires caricatures de criminels russes qu'on puisse imaginer. Pourquoi ? On ne le saura jamais vraiment, car il sera victime d'un kompromat, un faux dossier composé de faux documents compromettants, mais idem, on ne saura pas pourquoi cette caricature de dérive soviétique est mise en place. Tout ce que les scénaristes se contentent de nous montrer en nous le surlignant 15 fois, c'est à quel point les Russes réactionnaires détestent les Français progressistes. Lellouche ne fait pas semblant : il présente un spectacle de danse avec deux hommes qui se caressent et s'embrassent à un mécène russe dans la lignée des caricatures annoncées. Et puis en plus, Lelouche, il aime pas la chasse. Et puis il s'habille en princesse pour l'anniversaire de sa fille. Tout ce qu'il faut pour agacer un Russe, quoi.

    Bon enfin bref, on comprend très vite que "Kompromat" est un très mauvais film farci de clichés de la pire espèce et enchâssés dans un scénario d'un vide intersidéral, qui ne se soucie vraiment pas d'une quelconque vraisemblance ou cohérence. Sur la charpente d'un "Le Fugitif" avec Lelouche en Harrison Ford du pauvre, on nous lance dans une chasse à l'homme orchestrée par un régime russe fou au cours de laquelle : un fonctionnaire tue à mains nues un vétéran spetnaz dans un marécage, il montre son visage partout et s'envoie en l'air tous phares allumés alors qu'il est recherché, et des gars le retrouvent à l'autre bout de la Russie pile poil où il se trouve à la frontière estonienne. Balèze. Sans parler de la concentration phénoménale en coïncidences.
  • 26
    Bande-annonce

    Knock at the Cabin (2023)

    1 h 40 min. (France). Épouvante-Horreur et thriller.

    Film de M. Night Shyamalan avec Dave Bautista, Jonathan Groff, Ben Aldridge

    Shyamalan dans toute sa splendeur de petit malin à la sauce moralisante américaine, loin de certains films intéressants qu'il a pu réaliser il y a une vingtaine d'années. Je ne sais pas si c'est à relier à des questions de budget mais indépendamment de ça "Knock a the Cabin" est d'une pauvreté (fond et forme confondus) assez impressionnante, un film sans ampleur, qui se contente d'exploiter sur 1h40 une idée qui aurait pu largement suffire à un court de 15 minutes.

    À la limite, je suppose que si l'on n'a jamais rien vu de sa part, le mystère doit pouvoir perdurer un peu plus longtemps en alimentant un intérêt totalement préfabriqué mais qui peut permettre de gagner un peu de temps avant de sombrer dans l'impatience et la déception. Mais dans tous les autres cas de figure, c'est un naufrage assez banal. On voit bien que Shyamalan le scénariste anticipe toutes les critiques qu'on va lui faire (par exemple en faisant dire au personnage de l'infirmière qu'elle n'est pas bigote et que cela n'a rien à voir avec la religion alors qu'on nous parle d'apocalypse, de ses 4 cavaliers, avec toute la litanie afférente, on se fout royalement de notre gueule en résumé) et pense qu'il suffit d'une ligne de dialogue pour les désamorcer instantanément. Ben non, ça fonctionne pas comme ça.

    De même, j'ai rarement vu quelque chose d'aussi contre-productif au cinéma de montrer des catastrophes censées être planétaires (comprendre : Amérique du nord hein) à travers un écran de télé et ses JT. Bon sang que c'est nul, que ça fait miséreux... C'est incroyable. On essaie de faire passer la pilule de l'ineptie avec quelques moments d'horreur frontale, avec des grosses armes bien rustiques pour faire plus impressionnant, mais c'est un beau ratage. Globalement on navigue sur les eaux d'un scénario complètement con et surtout indigent, qui rivalise d'idiotie en matière de facilités et de bêtise en termes de symbolique (les sauterelles dans le bocal...), qui s'arrange bien comme il veut avec les règles qu'il édicte et qu'il modifie à sa sauce. Sans parler du message de fond, sur la toile de fond biblico-concon opposée à un rationalisme entêté, si j'ai bien compris : soyons ouvert à la foi des autres. Le film n'est manifestement pas assez ludique pour faire oublier ces énormités.
  • 27
    Bande-annonce

    Fast & Furious 6 (2013)

    Furious 6

    2 h 10 min. (France). Action, aventure et policier.

    Film de Justin Lin avec Vin Diesel, Paul Walker, Dwayne Johnson

    La logique de la surenchère est assez drôle quand elle impose à un film d'action pareil de balancer un tank sur une autoroute en sens inverse qui semble rouler à 200 km/h. Il est à deux doigts de semer les grosses caisses tuning qui le suivent, c'est la surcouche idiote qui confère à la chose sa saveur si particulière. Surenchère sur la surenchère, il y a cette scène finale qui voit un avion essayer de décoller pendant 15 minutes sur une piste qui a l'air de faire 100 km de long, avec des bagnoles accrochées par des câbles l'empêchant de prendre son envol. Dernier point du crescendo, Vin Diesel sort de l'avion en flamme avec sa voiture, fait 15 tonneaux, et sort avec la mallette contenant l'objet inutile censé être au centre des enjeux mais dont tout le monde se contrefout.

    L'autre point passionnant, ce sont les libertés prises dans à peu près tous les domaines. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui distingue les gentils des méchants dans ces histoires, les frontières entre ce qui est autorisé ou non évoluant sans cesse et sans logique au gré des péripéties (le flic incarné par The Rock par exemple fait un peu ce qu'il veut à la frontière, ça n'a aucun sens). Bien sûr le scénario évolue dans une dimension tout aussi licencieuse puisqu'il fait revivre des personnages selon le bon vouloir des producteurs, rendant absolument tout possible dans le registre du "ah ben on croyait qu'il était mort mais en fait non parce que raison magique n°512". C'est un film de science-fiction en fait.

    Et donc comme tout peut arriver, rien n'est intéressant. J'ai trouvé l'ensemble particulièrement illisible, partagé entre de l'action moche et des interludes soporifiques. Le plus important dans cette saga en réalité, c'est la valeur américaine de la famille, coûte que coûte. Si tu respectes les tiens, tu peux faire à peu près ce que tu veux à côté, ta place au paradis est sauve. J'ai trouvé Luke Evans assez inutile dans le rôle du super-méchant avec ses super-voitures, mais c'était sans compter l'apparition de Jason Statham à la toute fin. L'attente avant le prochain va être insoutenable.
  • 28

    Le Justicier de minuit (1983)

    10 to Midnight

    1 h 41 min. (France). Action et thriller.

    Film de J. Lee Thompson avec Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens

    Encore un polar urbain américain de gros bourrin, avec Charles Bronson en tête. On peut pas dire qu'on sorte grandi d'un tel visionnage... De la part de la Cannon on ne s'attend pas à un chef-d'œuvre révolutionnaire du genre mais quand même, dans cette exploitation très opportuniste de la saga "Death Wish" (le film n'a aucun lien, au-delà de l'acteur et du thème), on nage dans une fange bien épaisse. Le côté slasher peut faire sourire, surtout que le tueur en série est interprété par un Gene Davis assez peu brillant dans l'interprétation et qu'il tue en se foutant à poil. C'est très drôle, involontairement, dans des moments pas toujours appropriés où la caméra se débrouille pour mettre dans le plan serré le visage de la future trucidée, le cul du tueur et un couteau ensanglanté. Il y a des fins de carrière quand même plus sympas que d'autres, et on peut dire que J. Lee Thompson s'est largement égaré après des débuts vraiment très bons ("Ice Cold in Alex" en excellent anti-western ou du moins western exotique anormal). Bronson dans le rôle de l'inspecteur en charge des meurtres se contente de trimballer son corps vieillissant sans conviction, il fabrique de toutes pièces une fausse preuve accablant le vrai meurtrier mais jamais cela n'est filmé de manière à faire catalyser les enjeux : on s'en fout, un point c'est tout. On ne sait pas trop où se situer entre la saga du justicier, donc, et celle de Dirty Harry. Les thèmes communs sont légion mais on a là une belle accumulation des pires tares. C'est à l'image du final en fait, torché de manière incroyablement paresseuse, avec un final expéditif montrant le tueur chouiner pour montrer qu'il ne sera pas condamné (la fameuse taxation de laxisme du système judiciaire, comme s'il suffisait de claquer des doigts et de dire "that's the law!" pour être considéré comme fou) et le héros de foutre une balle entre ses deux yeux pour clouer le bec au méchant. Je n'irai pas plus loin dans l'exploration des pérégrinations au pays du vigilante bien gras de Bronson.
  • 29
    Bande-annonce

    Fast & Furious 7 (2015)

    Furious 7

    2 h 17 min. (France). Action, aventure et policier.

    Film de James Wan avec Vin Diesel, Paul Walker, Dwayne Johnson

    Il se passe bien trop de choses dans "Furious 7" pour pouvoir exprimer précisément mon ressenti au cours des 2h20. Clairement, l'époque des courses nocturnes illégales est révolue, la franchise se tourne de manière évidente vers un type de film d'action plus générique sans pour autant oublier quelques ingrédients de la série, à savoir un côté beauf dantesque (avec l'association improbable de célébration croisée de la famille et des culs féminins captés en contre-plongée), et quelques acteurs / scènes testostéronées qu'on commence à connaître par cœur. Après le tank et l'avion, difficile de faire plus, alors ici on lance des voitures depuis le ciel. La logique de la surenchère n'est pas tout à fait respectée mais on notera l'intention.

    Bon sinon, deux choses rendent le film plus aimable à mes yeux. D'abord, les affrontements récurrents entre Jason Statham et Vin Diesel, des combats de coqs très homoérotiques à se tordre de rire — le choc des deux voitures en full frontal, celui où l'un monte sur l'autre, c'est tout simplement collector. Ensuite, même s'il est largement sous-exploité, Dwayne Johnson nous sort une scène d'anthologie en sortant de l'hôpital, après avoir explosé son plâtre en contractant son énorme biceps, pour prendre une méga sulfateuse et dégommer un hélicoptère tout seul. C'est drôle. Bon sinon y'a Kurt Russell qui traîne sa gueule, on comprend pas trop pourquoi.

    Mais bon, il faut quand même se farcir une histoire sans queue ni tête qui file le long d'un scénario complètement idiot, abominable de non-sens (tout ce qui tourne autour du logiciel espion et de son utilisation est à se cogner la tête contre les murs). L'hommage à Paul Walker est un peu dérangeant je dois l'avouer, martyr de la route canonisé en toute fin, touchant sous certains aspects, opportuniste sous d'autres.
  • 30

    L'Avare (1980)

    2 h 05 min. (France). Comédie.

    Film de Louis de Funès et Jean Girault avec Louis de Funès, Franck Cabot-David, Hervé Bellon

    Louis de Funès au crépuscule de sa carrière se lance dans le projet de sa vie, ce qu'il a toujours ou presque voulu mais pas pu mener, une adaptation cinématographique de "L'Avare" de Molière. Avec lui dans le rôle-titre d'Harpagon bien évidemment. Eh ben mazette, que c'est nul. L'espace d'un instant, celui de la toute première scène tournée dans des décors minables et mettant en scène un dialogue entre deux jeunes amants, on se demande si l'on est en train d'assister à une mise en abyme, un film dans le film, une parodie de théâtre filmé... mais non, c'est bien le début d'une tentative d'adaptation très littérale du texte, immensément lourde, de l'écœurement à la tonne, et c'est parti pour durer deux heures. Le film bénéficie d'un bonus "hypnose" qui fait que sa médiocrité ne fait pas aussi mal que prévu, et qu'on regarde le massacre avec distance et sérénité. Bon sang, je ne connais plus très bien la pièce depuis belle-lurette, mais ces mots de théâtre dans la bouche de De Funès avec en prime toutes ses simagrées, ses bruits de canards, ses onomatopées accompagnées de gestes tout aussi grossiers, c'est un calvaire assez incroyable. L'histoire de malentendus, de trésor caché férocement et d'avarice aigüe prend lieu dans un espace qui empeste la naphtaline, avec des décors épouvantables et une horde de personnages au charisme d'huître (pardon pour les huîtres qui me liront) comme Frank David le fils et Hervé Bellon l'intendant. Il n'y a que Michel Galabru et Bernard Ménez dans deux petits rôles qui m'ont fait sourire, rien de plus et je le dis sans exagération. Inutile de parler mise en scène, elle est quasiment inexistante, on dirait une captation approximative d'une pièce de théâtre avec en prime des personnages qui parlent à la caméra pour exprimer leurs pensées. Une horreur. Un aveuglement artistique dans toute sa splendeur.