Cover 2017, films et commentaires

2017, films et commentaires

37 fois au cinéma cette année.

Liste de

188 films

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a plus de 6 ans

Vincent et Théo
6.1

Vincent et Théo (1990)

Vincent & Theo

2 h 20 min. Sortie : 29 mai 1991 (France). Drame, Biopic

Film de Robert Altman

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Pas "Van Gogh" mais "Vincent et Théo". Ici les frères sont indissociables, le montage en fait presque des jumeaux c'est-à-dire des êtres incomplets. Altman comme toujours, avec finesse, ne dramatise pas (il privilégie la durée, le quotidien) si bien que le film est légèrement déceptif, même quand il touche juste, là où les biopics plus paresseux ont une ligne scénaristique grossière et reconnaissable. Pas de psychologie non plus, Altman est trop malin pour nous asséner des tartines explicatives. Le film s'ouvre sur des hurlements : rien ne sera aimable, le malaise ne se dissipera à peu près jamais. Belle idée de la couleur comme signe de folie (la couleur qui gagne progressivement ses vêtements, ses dents, les meubles, les visages, comme échappée du cadre, Vincent ne tient plus dans le cadre qu´il s'était imposé). La mort comme pressentie (ou annoncée) dans un dernier tableau, une ultime ambiguïté.

Le Père de la mariée
6.7

Le Père de la mariée (1950)

Father of the Bride

1 h 33 min. Sortie : 26 janvier 1951 (France). Comédie

Film de Vincente Minnelli

bilouaustria a mis 5/10.

Annotation :

Un film des années 1950 et les valeurs qui vont avec. Nous ne sommes pas dans une comédie de mariage classique à proprement parler puisqu'ici le personnage central est le père, Spencer Tracy. Tout le film est ainsi vu depuis sa perspective, un peu vieillotte. Bien sûr c´est le ressort même de cette comédie mais le film n´en est que plus conservateur (heureusement en partie sauvé par son trio de stars). Minelli nous concocte déjà quelques-uns de ses splendides travellings. La scène du cauchemar est de loin la plus audacieuse formellement et la plus réussie. Sinon ça ronronne en terrain connu.

Sur la piste des Mohawks
6.9

Sur la piste des Mohawks (1939)

Drums Along the Mohawk

1 h 44 min. Sortie : 30 novembre 1944 (France). Drame, Historique, Romance

Film de John Ford

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Le premier film en couleur de Ford est éblouissant (on voudrait en faire un film mineur !) : un "birth of a nation" où Henry Fonda et Claudette Colbert sont purs comme le premier couple, leur enfant comme le premier nouveau né d'une Arcadie en Technicolor depuis disparue. Mais cette terre est l'Amérique et elle se mérite au prix du sang (des indiens, sauvages et vilement manipulés). On retrouve tous les ingrédients chers à l'irlandais : la vie en communauté, les fêtes et la danse, la messe. Ford emporte le spectateur par son sens du détail : Fonda qui cherche l'alliance dès l'ouverture du film ; Fonda encore qui parle et parle sans plus pouvoir s'arrêter au retour de la guerre ; le plan sur le veau à la naissance du garçon... Et comme toujours de magnifiques seconds rôles, ici Edna Oliver particulièrement attachante en veuve ronchonnante. Il y a un comme un goût amer au moment du lever final de drapeau (de victoire à la Pyrrhus).

Wedding Singer : Demain on se marie !
6

Wedding Singer : Demain on se marie ! (1998)

The Wedding Singer

1 h 35 min. Sortie : 24 juin 1998 (France). Comédie romantique

Film de Frank Coraci

bilouaustria a mis 3/10.

Annotation :

On a voulu faire de Sandler et Apatow le grand renouveau de la comédie US et Adam Sandler est en effet plutôt sous-côté chez nous. Dans ce rôle à mi-chemin entre grotesque et touchant, il tient la route. Mais voilà, c'est écrit avec de grosses ficelles, vulgaires, ca se veut impertinent sans finalement jamais aller assez loin et pas une idée comique n'est une idée de cinéma. Champ/contre-champ, deux ou trois lignes de dialogues salées, des perruques et des costumes kitsch : super plan plan pour une nouvelle vague comique.

Les Amours d'Astrée et de Céladon
6.2

Les Amours d'Astrée et de Céladon (2007)

1 h 49 min. Sortie : 5 septembre 2007 (France). Drame, Romance

Film de Éric Rohmer

bilouaustria a mis 6/10.

Annotation :

Comme dans "Perceval le gallois" ou "L'anglaise et le duc", Rohmer invente un monde qui lui est propre (et qui peut rebuter), sa propre poésie, son propre langue, sa propre esthétique. Passant par la peinture, utilisant de nombreuses références visuelles, travaillant avec de grands directeurs photos comme Almendros, on oublie que l'image intéresse Rohmer et ce film laisse une impression légère et lumineuse. C´est un geste fort, plutôt que de se reposer sur sa réputation, que d'inventer encore des formes après quatre décennies de films. On s'en prendra aux acteurs amateurs, au côté suranné, à la naïveté du cinéaste mais rien à faire, le panache et le charme l'emportent.

Arcadia
5.9

Arcadia (2013)

1 h 31 min. Sortie : 1 janvier 2014 (France). Drame

Film de Olivia Silver

bilouaustria a mis 5/10.

Annotation :

Road-movie adolescent, très Sofia Coppola. Olivia Silver prend son temps, installe doucement un doute, une atmosphère, dans cette voiture remplie ras-bord ou sur les aires d'autoroute. Malgré son étiquette Sundance, pas (trop) de tics indies et une jeune actrice, Ryan Simpkins, épatante (c´est toujours casse gueule les films adolescents). Tous les personnages ont leurs failles mais aussi leur chance d´exister.

Kumiko, the Treasure Hunter
6.6

Kumiko, the Treasure Hunter (2015)

1 h 45 min. Sortie : 2015 (France). Drame

Film de David Zellner

bilouaustria a mis 4/10.

Annotation :

Tourner un drame avec le pitch d'une comédie peut-être une bonne idée de départ. Mais ici on vient plusieurs fois buter sur les motifs de Kumiko. Est-elle simplement folle ? Idiote ? Qui ne fait plus la différence aujourd'hui entre un film et la réalité, entre une chose et sa représentation ? (même Haneke sait distinguer l'un de l'autre...) On sent qu'il y a ici clairement un désir d'évasion, quelqu'en soit le motif. Un trésor, pourquoi pas. Un désir d'enfance. Aussi le sentiment que Zellner utilise Fargo pour se faire un peu de publicité facile, comme ses auteurs qui placent un nom célèbre sur la couverture de leur roman. Le résultat est assez sec, formellement un peu trop tenu, manquant peut-être de vie (sensualité/humour).

La Blonde explosive
7.1

La Blonde explosive (1957)

Will Success Spoil Rock Hunter?

1 h 35 min. Sortie : 29 juillet 1957 (États-Unis). Comédie, Romance

Film de Frank Tashlin

bilouaustria a mis 6/10.

Annotation :

Quelle vitalité et inventivité ! Film dont les nombreuses audaces sont parfois datées mais qui se démène pour taper sur la télévision et les pseudo-célébrités médiatiques avec une énergie qui fait plaisir à voir. Tony Randall fait du Jack Lemmon, Jayne Mansfield du Marylin, tout le monde joue un rôle, pourvu que les magasines parlent de vous et que l'argent coule à flots. Parfois le montage ou les dialogues ne semblent pas tout à fait à même de suivre le rythme fou de cette comédie assez avant-gardiste. La conclusion est belle : le succès c'est... arriver à trouver sa place et son bonheur.

La Vie d'un tatoué
7.4

La Vie d'un tatoué (1965)

Irezumi ichidai

1 h 27 min. Sortie : 13 novembre 1965 (Japon). Action, Drame, Gangster

Film de Seijun Suzuki

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Un film comme un feu d'artifice : Suzuki montre encore une fois de quelles prouesses visuelles il est capable. Les personnages sont assez improbables et sans épaisseur, peu importe. Les premières minutes annoncent immédiatement un Suzuki au meilleur de sa forme avec ses coupes au couteau, ses transitions godardiennes, ses effets de kitsch bienvenus (comédie lourdingue, passage musicale). Il maîtrise son médium comme peu de grands et s´efforce de toujours se renouveler en trouvant des formes appropriées. Les dernières quinze minutes sont ce que le cinéma de genre peu offrir de mieux (tout là-haut, Argento, De Palma, Suzuki Seijun).

La Station
6.5

La Station (2000)

Polustanok

25 min. Sortie : 21 octobre 2000 (Russie). Expérimental

Court-métrage de Sergeï Loznitsa

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Des hommes et des femmes endormis dans des gares. Attente étrange, sommeil du juste, misère, on ne sait. Qui sont-ils ? La photographie est belle et ouatée, comme celle dont les rêves sont faits. Les visages assoupis évoquent toutes sortes d'émotions, le calme, le bien-être, des grimaces de souffrance. Le rêve est une belle matière de cinéma, Tarkovski ne vous dira pas le contraire. Ici le travail sur le son surtout est remarquable et nous ramène vers le documentaire : bruits de trains, d'appels, le vent (un vent qu'on sent presque, glaçant). Bref, une matière documentaire mais bien plus, et l'envie (importante) de venir ramasser, prélever des images pour ne pas seulement les rapporter mais les transformer, mettre en scène le documentaire pour lui redonner une certaine force ou une valeur inattendue. Visuellement, Sokurov n´est jamais loin.

Elegy to the Visitor from the Revolution
5.5

Elegy to the Visitor from the Revolution (2011)

1 h 20 min. Sortie : 2011 (Philippines).

Film de Lav Diaz

bilouaustria a mis 5/10.

Annotation :

Une porte d'entrée sur l'oeuvre de Lav Diaz, peut-être pas la meilleure, mais je me suis fait une opinion sur ce Bela Tarr des Philippines que sa réputation précède. Il y a bien le noir et blanc travaillé, les plans souvent longs, mais contrairement à Weerasethakul qui travaille sur une matière parfois similaire, les images sont bien moins habitées que chez le thaïlandais. Il y a bien cette femme étrange, cette revenante, qui erre, et ce récit déconstruit et mystérieux mais j'ai été assez peu porté. Je suis resté spectateur d'un joli porte-folio impeccable, papier glacé, mélancolie et volonté auteuriste.

Le Dossier Adams
7.3

Le Dossier Adams (1988)

The Thin Blue Line

1 h 43 min. Sortie : 11 octobre 1989 (France). Policier

Documentaire de Errol Morris

bilouaustria a mis 6/10.

Annotation :

Documentaire culte, toujours mentionné, souvent considéré comme un des plus grands de tous les temps. En réalité, plutôt paresseux, le film d'Errol Morris peine souvent à faire vibrer le spectateur pour une histoire d'assassinat qui pourtant devrait nous faire lever de notre siège. C'est que le procédé est vu et revu, les personnages plutôt fades. "Landscape suicide" de James Benning sorti deux ans plus tôt dans l'anonymat a déjà complètement réinvité le genre. Ici l'image fait doublon avec le son. On essaye simplement de communiquer efficacement, jamais de faire travailler quoi que ce soit.

Où sont passés les Morgan ?
3.9

Où sont passés les Morgan ? (2009)

Did You Hear About the Morgans ?

1 h 43 min. Sortie : 20 janvier 2010 (France). Comédie romantique, Thriller

Film de Marc Lawrence

bilouaustria a mis 1/10.

Annotation :

Malgré tout la sympathie que j'ai pour les comédies de Marc Lawrence, là on touche le fond. Les clichés s'accumulent (sans pour autant offrir un ressort comique), le scénario est consternant, les acteurs au plus bas (oui je parle de toi Sarah Jessica Parker)... Cette histoire de tueur tombe vraiment à plat et les oppositions citadins/ploucs, avec la petite morale de service, sont lourdingues. À oublier au plus vite (mission déjà accomplie).

Moka
5.5

Moka (2016)

1 h 30 min. Sortie : 17 août 2016. Drame

Film de Frédéric Mermoud

bilouaustria a mis 5/10.

Annotation :

Un thriller suisse chabrolien qui laisse un peu sur sa faim. Devos et Baye font le boulot mais tout est déjà vu. "Que la bête meure" a mille fois plus d'intensité, de vérité, de douleur. Pourtant les premières minutes sans dialogue posent le cadre en quelques scènes très découpées et "l'enquête" n'est pas sans intérêt mais le final très appuyé est maladroit. Dispensable.

Billy le menteur
6.9

Billy le menteur (1963)

Billy Liar

1 h 38 min. Sortie : 14 décembre 1966 (France). Comédie

Film de John Schlesinger

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Emblématique du Free Cinema ou ce qu'on a aussi appelé la nouvelle vague britannique. Donc libre comme l'est le cinéma européen des années 1960, de Tony Richardson à Bellochio, de Forman à Wajda. Plein d'énergie vive, un trop plein, une impression d'étouffer parce que cette énergie ne trouve pas une occasion de sortir et de s'exprimer. Tom Courtenay était déjà le "coureur de fond", il est le visage de cette génération. Ici un menteur de première classe. Schlesinger ne s'est pas encore embourbé dans une carrière hollywoodienne douteuse. Surtout le scénario est à saluer, qui retombe habilement sur ses pattes, dans une dernière critique à demi mot de ces rêves adolescents.

La La Land
7.5

La La Land (2016)

2 h 08 min. Sortie : 25 janvier 2017 (France). Comédie musicale, Comédie dramatique, Romance

Film de Damien Chazelle

bilouaustria a mis 4/10.

Annotation :

CINEMA.
Bon tout ça est assez cosmétique et rappelle finalement "Birdman" et son ultra-ambition affichée. Ici donc et dès l´ouverture, on sent les gros mouvements de caméra qui cannibalisent tout : ça transpire dur dur, c´est professionnel et carré et on en aura pour notre argent (et ça a coûté cher, et le type des effets spéciaux n´est pas un rigolo). S´en suit un pensum sur le thème de l´artiste "pur" que l´on opposera à l´artiste "corrompu" (comprenez qui ne vit pas ses rêves, qui travaille pour la méchante industrie) que "Birdman" nous avait servi presque mot pour mot. Il y a aussi ce numéro de claquette où la musique est tellement forte qu´elle couvre le bruit des pas. On ne se demande un peu l´intérêt du coup du numéro et le film révèle alors à quel point il s´efforce de remplir des cases, de cocher un itinéraire... Pourtant, pourtant, dans ses maladresses, "La la land" se révèle un peu mois roublard et presque sympathique. Une bluette en passant.

Gravity
6.8

Gravity (2013)

1 h 30 min. Sortie : 23 octobre 2013 (France). Drame, Thriller, Catastrophe

Film de Alfonso Cuarón

bilouaustria a mis 5/10.

Annotation :

C´est quand "Gravity" frôle l´abstraction qu´il est le plus beau. Quand on ne comprend plus où l´on est, juste des couleurs, des formes, une lumière quasi divine (Lubezki) et l´impression de flotter étrangement. Dès que le film essaye de proposer autre chose (une intrigue), ça se corse méchamment. L´homme n´a pas grand chose à faire ici : tout devient appuyé, private jokes, humanité ordinaire, dialogues plutôt ratés et pathos à tous les étages. Autant cet environnement élève, autant l'écriture nous fait "redescendre sur terre". En particulier une flopée de symboles plus ou moins soulignés, pas forcément les bienvenus. L'expérience vaut tout de même le détour.

Un homme est passé
7.4

Un homme est passé (1955)

Bad Day at Black Rock

1 h 21 min. Sortie : 22 juin 1955 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de John Sturges

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

C´est presque sans dialogue et sans effets superflus que John Sturges installe un étrange état de tension dès les premières minutes. Pendant la première moitié de ce western politique (ou polar en forme de parabole), on guette les indices, comprenant que quelque chose cloche sans tout à fait saisir le malaise de ce village paumé et menaçant. Spencer Tracy est parfait, avec son sang-froid et sa politesse, retenant le film d´exploser - toujours à la limite de la surchauffe. Apportant un nouvel éclairage sur Pearl Harbour, un film modeste et très efficace.

Jackie
6

Jackie (2016)

1 h 40 min. Sortie : 1 février 2017 (France). Biopic, Drame, Historique

Film de Pablo Larraín

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Pablo Larrain continue à examiner notre histoire récente en infusant de la vie dans des événements qui sont devenus à nos yeux presque abstraits. Des événements que l´imaginaire collectif s´est déjà tellement approprié que nos images se superposent à celles proposées par le film. Pourtant le film ne se résume pas à transformer Jackie Kennedy en jeune femme comme le faisait Sofia Coppola avec Marie-Antoinette. Il y a ici une histoire du deuil, une histoire de la médiatisation et du contrôle de l'image. Plus encore un travail passionnant sur la matière même du film. Dans "No", Larrain utilisait les archives et décidait de vieillir artificiellement son film, ce qu´on avait pu lui reprocher. Ici il incorpore son actrice dans de fausses archives, façon de rappeler que l´assassinat de JFK est aussi une histoire d´images manipulées (le film de Zapruder confié à la commission Warren). Ce mélange, presque un mariage du film avec l´archive, de la fiction avec la réalité, trouve son apogée dans un travelling splendide en surimpression du visage de Portman devant une foule authentique de 1963 accompagnant le corbillard.

Monnaie de singe
7.1

Monnaie de singe (1931)

Monkey Business

1 h 17 min. Sortie : 29 octobre 1931 (France). Comédie

Film de Norman Z. McLeod

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Folie douce à tous les étages pour mon Marx Brothers préféré. Comme toujours, une bonne dose d´anarchisme. Les frères sont à la comédie ce que le punk a été au Rock. Et de musique, il en est question, que ce soit un solo de piano loufoque, un morceau de harpe ou le rythme fou des dialogues de Groucho. Une grande réussite, même quand l´absurde tombe un peu à l´eau.

Les Dernières Vacances
7.3

Les Dernières Vacances (1948)

1 h 35 min. Sortie : 24 mars 1948 (France). Comédie dramatique

Film de Roger Leenhardt

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Un grand film plein à ras-bord de nostalgie estivale. La fin d´un été, la fin d'une famille, d´une maison et d´une époque, le début d´autre chose : l'âge adulte, l´amour peut-être, l´amertume aussi. Le film qui a influencé la nouvelle vague avant même qu´elle n´existe. Les seconds rôles sont tous magnifiques. Rare de trouver une perle dans le cinéma français dans le paysage dévasté de l´après-guerre (il y a bien "Quai des orfèvres" mais bon...).

Viridiana
7.4

Viridiana (1961)

1 h 30 min. Sortie : 4 avril 1962 (France). Drame

Film de Luis Buñuel

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Typiquement et profondément Bunuelien. Par les thèmes charriés, bien sûr la charge contre l´Eglise, le fétichisme aussi, la tristesse ambiante amenée avec le sourire. Les clins d´oeil et les touches plus légères n´en font pas moins un des films les plus sombres du maître. Même la gamine est plus roublarde que cette pauvre soeur. La foi est une naïveté qui coûte cher (ou alors elle requiert en toute connaissance de cause une force surhumaine). Je crois que je préfère toutefois Bunuel, soit franchement du côté du beau, soit dans la satire encore plus féroce (assumer la caricature de manière grotesque). Ici, la psychologie à ciel ouvert est impressionnante (tout en gestes inconscients, rêves, actes manqués) : tout est symbole, chaque plan demande à être interprété, à être épuisé de son sens, bref Dali n´est jamais loin.

The Immigrant
6

The Immigrant (2013)

1 h 53 min. Sortie : 27 novembre 2013 (France). Drame, Romance

Film de James Gray

bilouaustria a mis 6/10.

Annotation :

On parle souvent de classicisme au sujet de James Gray. Il y a dans ce film encore une grande maitrise de la grammaire cinématographique, un plan = une idée de mise en scène. C´est parfois simple comme laisser Cotillard seule dans ses dialogues avec les autres, en champ contre champ, mais toujours chez elle dans un cadre désolé et chez l´autre comme déjà accompagné ou protégé. Le film opère progressivement un crescendo jusqu´à la grande scène tragique et sublime (on ne s´attarde pas, le refus de montrer est presque Bressonien). Ensuite le film dont la photo sépia est sublime s´assombrit nettement au sens propre jusqu´à son dénouement : un des plus beaux plans de la dernière décennie, un monument. À reprocher sans doute : un casting faible, Renner est mauvais, Cotillard limite les dégâts. Mais le jeu dans l´ensemble est très en-dessous des performances dans les autres films de Gray. Donc très beau (Darius Khondji à la photo) avec définitivement quelque chose qui cloche. Attribuons-lui l´étiquette (préférée) du moment : Grand Film Malade.

Wendy et Lucy
6.9

Wendy et Lucy (2008)

Wendy and Lucy

1 h 20 min. Sortie : 8 avril 2009 (France). Drame

Film de Kelly Reichardt

bilouaustria a mis 6/10.

Annotation :

C´est simple, épuré, tenu sur une ligne qui se refuse à la grosse émotion et touche d´autant plus qu´il y a de la pudeur. Stylistiquement, Reichardt cherche à créer une intimité avec ses acteurs, petite équipe de tournage, quelque chose de naturel qui se retrouve à l´image. Assez authentique, marginal, Reichardt ne prétend pas révolutionner le cinéma contemporain mais elle gagne en précision, efficacité, concision. Le refus presque systématique de musique participe de sa démarche modeste et bienveillante.

Contre-enquête
6.7

Contre-enquête (1990)

Q & A

2 h 12 min. Sortie : 11 juillet 1990 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Sidney Lumet

bilouaustria a mis 6/10.

Annotation :

Troisième volet des films policiers de Lumet. Peut-être l´épisode le moins bon, sûrement le moins spectaculaire (avec la volonté nette chez Lumet de ne jamais racoler). Mais attention avant de balayer tout ça d´un revers de main. L´enquête sur la corruption au sein de la police est intéressante en ce qu´elle révèle progressivement des policiers assez antipathiques et des truands plus complexes qu´à première vue. Lumet joue sur ce premier niveau d´inversion. Ensuite ce héros irlandais beau et naïf, qui présente à priori tout du gendre idéal se révèle un type vaguement raciste et pas bien dans ses bottes. Deuxième coup d´identification contrariée. Enfin, le bon vieux rêve américain d´intégration se trouve ici bien mal en point, quand on comprend que les communautés coexistent mais ne se mélangent absolument pas. Voilà un des points importants du film (probablement du roman) qui fait le plus grincer les dents. Sinon Nick Nolte est assez monumental.

Le Nouveau
6.2

Le Nouveau (2015)

1 h 21 min. Sortie : 23 décembre 2015. Comédie

Film de Rudi Rosenberg

bilouaustria a mis 4/10.

Annotation :

Malgré des jeunes qui jouent juste (une rareté) et quelques détails bien vus, il manque encore quelque chose de vaguement loufoque pour en faire "Les beaux gosses" ou simplement pour être moins convenu. Mais c'est déjà un film honnête, qui réussit à installer sa bande de losers de façon crédible. On retrouve bien le côté impitoyable de cet âge-là, l'acidité, la gêne. Côté réalisation, pas des masses d´idées à proposer. Pas de grosse originalité. Un très bon téléfilm.

The Warped Ones
7.7

The Warped Ones (1960)

Kyônetsu no kisetsu

1 h 15 min. Sortie : 3 septembre 1960 (Japon). Drame

Film de Koreyoshi Kurahara

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Un film absolument capital symbole de la nouvelle vague japonaise. Il n´y a pas seulement du jazz en continu, le film lui même dans sa liberté, son ton, son style insensé est pensé comme une impro de jazz. Kurahara semble nous crier "liberté !", "anarchie", "transgression", comme si les plans fixes du cinéma sage de Monsieur Ozu l´étouffaient. "The warped ones" est donc un film-manifeste pour un nouveau cinéma, jeune, violent, provocant, absolument éblouissant dans ses mouvements de caméra et sa lumière (Yoshio Mamiya), dans son art de casser les codes pour souvent les dépasser. Mais son cri, qui est un cri de colère et le distingue de la production de l´époque - et en fait un grand film politique - est aussi sa limite : crier 75 minutes, c´est peut-être trop demander, et tuer dans l'oeuf les temps forts du film. On ne peut à vrai dire espérer tenir 75 minutes de temps forts, ou 75 minutes de jazz sans reprendre son souffle.

Mission to Mars
5.5

Mission to Mars (2000)

1 h 53 min. Sortie : 12 mai 2000 (France). Drame, Science-fiction, Aventure

Film de Brian De Palma

bilouaustria a mis 5/10.

Annotation :

Encore un De Palma plein de défauts mais attachant avec des plans signés du maître (plan-séquence dément à l´ouverture, 360 dans la navette etc). Un film d´action sans action qui rappelle "Solaris" et annonce les Nolan et Cuaron à venir. Caster Gary Sinise est aussi une idée de cinéma : faire un film dans l´espace avec l´homme de "Apollo 13". Les gouttes de sang flottant dans l´habitacle sont aussi une belle idée. On ne peut s´empêcher de penser à "Mission Impossible" dans ses scènes où la gravité libère les corps. Évidemment le final est plutôt ridicule, et le générique final annonce immédiatement "second unit director" etc. De Palma est toujours meilleur avec de petits budgets.

Cœurs brûlés
7.1

Cœurs brûlés (1930)

Morocco

1 h 32 min. Sortie : 2 janvier 1931 (France). Romance, Drame

Film de Josef von Sternberg

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

CINEMA.
Il y a cette phrase célèbre de Bazin que j´aime beaucoup et que je ressors souvent de mon chapeau. C´est au sujet d´"Une partie de campagne" de Renoir : "L'une des plus belles images de l'oeuvre de Renoir et de tout le cinéma est cet instant où Sylvia Bataille va céder aux baisers de Georges Darnoux. Commencée sur un ton ironique, comique, presque chargé, l'idylle, pour se poursuivre, devrait tourner au grivois ; nous nous apprêtons à en rire et brusquement le rire se brise, le monde chavire avec le regard de Sylvia Bataille, l'amour jaillit comme un cri ; le sourire ne s'est pas effacé de nos lèvres que les larmes nous sont aux yeux." Cette description se prête parfaitement au moment de bascule qui opère ici dans "Morocco" dans cette scène splendide où Dietrich entend la fanfare de la légion et casse son collier par accident. Le symbole est fort : elle choisit alors l´amour plutôt que l´argent, se libère de cet homme (le collier peut être vu comme une laisse) mais surtout quelque chose se casse en elle, comme une dernière résistance qui cède. Le jeu est fini. Gary Cooper et Marlene Dietrich irradient de leur charisme ce classique ambigu.

The Edge of Seventeen
6.4

The Edge of Seventeen (2016)

1 h 42 min. Sortie : 30 septembre 2016 (États-Unis). Comédie

Film de Kelly Fremon

bilouaustria a mis 5/10.

Annotation :

Une des bonnes idées de cette comédie adolescente produite par James L.Brooks est d´entourer son héroïne (Hailee Steinfeld excellente, déjà vue dans "True Grit") de personnages bienveillants. Elle pense que c´est la fin du monde, que tout le monde est contre elle ou qu´elle est la seule à souffrir. L´adolescence est essentiellement une construction ou une distorsion du point de vue, ce que "The Edge of Seventeen" pointe assez bien du doigt. Le reste n´est pas sans reproche, en particulier le ton cool-sarcastique-gênant de ces ados qui sont encore une fois écrits par des adultes qui auraient aimé parler comme ça à 17 ans. Troublant de voir ce film US une semaine après les ados français de Rudi Rosenberg.

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