Vanquish
7
Vanquish

Jeu de Platinum Games et Sega (2010PC)

La maîtrise du jeu de tir frénétique selon Mikami et Platinum

Au vu de cette fin de décennie, je pense qu'on peut dire que le genre du jeu de tir se porte mieux qu'avant : malgré les grosses séries comme Call Of, Battlefield et Gears of War qui conservent encore le devant de la scène mais avec une évolution moindre, on a pu compter dernièrement sur le reboot de Doom, les derniers Wolfenstein, la trilogie Metro ou même des studios comme Respawn Entertament ou Remedy pour contribuer à renouveler les formules ainsi que la façon d'entretenir l'adrénaline, le fun, la tension ou autre.


Pourtant, au début de cette décennie et même avant, il faut se rappeler que le jeu de tir était surtout cantonné à une catégorie dans laquelle il s'est un peu enfoncé : le TPS à système de couverture, popularisé par la série des Gears justement. Un catégorie du genre qui obligeait le joueur à rester cantonné derrière une barricade ou un mur pour attendre l’occasion de tirer ; situation stimulante et propice aux tactiques mais qui obligeait souvent à un certain statisme et donc à un rythme constamment freiné.


C'est pour cela qu'en 2010 débarqua une oeuvre qui avait pour objectif de dynamiter la fourmilière afin de rediriger le genre vers une nouvelle évolution. Et le studio Platinum Games, responsable du projet et en plein ascension à cette époque suite à la sortie de Bayonetta, pouvait compter pour le développement du projet sur l'un de ses fondateurs ; le précurseur du survival horror, concepteur de jeu influent à plus d'un égard et développeur de l'ombre : Shinji Mikami. Et ouais, rien que ça. Mais voyons cela en détail...


Le pitch est le suivant : dans le futur, une organisation nommé l'Ordre de l'Etoile Russe s'empare d'une colonie spatiale et décide, dans un objectif d'affirmation politique, de faire griller la ville de San Francisco au rayon à micro-ondes alimenté par le soleil. La présidente des Etats Unis décide donc de déclarer la guerre à ces derniers pour leur montrer qu'ils n'ont pas l'intention de plier le genou ; c'est donc toutes les escouades de Marines qui sont envoyés dans l'espace pour reprendre le satellite-colonie. Et parmi eux se trouve Sam Gidéon : un ancien footballeur reconverti en scientifique spécialisé dans l'armement de pointe et porteur de l'ARS (Armure à Réaction Sur-développée), un équipement spécial des plus résistants et conçu pour amplifier la réactivité des actions de son porteur. Auprès de l'escouade Bravo mené par le colonel Robert Burns, militaire bourrin et des plus ''subtil'', et secondé par son assistance en orbite, la belle Elena, il va devoir se tailler un chemin à travers les vagues de robots qui lui barreront le chemin jusqu'à son objectif privé : trouver le Dr Candide, : le fabriquant de son armure mais aussi du satellite. Le seul à même de stopper le chaos qui se profile et de sauver les Etats Unis...


Soyons clair : ce scénario est une véritable blague. Enquillant cliché sur cliché, situations digne d'une série B et dialogues plus débiles les uns que les autres, le tout ne semble constituer qu'un vague prétexte pour jouer... ce qui est des plus normal en réalité. Et puis, aussi débile soit cette histoire, ça ne l'empêche pas d'être sincèrement drôle, épique et même satyrique. D'ailleurs, le doublage VF semble avoir compris le principe en s'enfonçant volontairement dans la médiocrité et en accentuant l'aspect nanar du jeu sur tous les points tant tout semble foiré exprès. Et si vous voulez rire un bon coup, sachez que la voix VF de ce cher Burns a été confié à Michel Elias (aka Pumba et Drakken pour les connaisseurs) qui joue comme il peut dans ce rôle de général cliché et bourrin dont les dialogues font souvent sourire.


Mais bon, si on joue à un jeu de Mikami (et de Platinum Games aussi), ce n'est pas pour l'histoire (à l'exception de Nier Automata, bien sûr) mais bien de son gameplay.


Alors abordons ce dernier : le jeu se découpe sur un environnement linéaire mais aux arènes ouvertes et couvertes de barricades où se planquer ainsi que des caisses d'armes pour recharger. Il faut donc évoluer dans ces lieux en restant planqué au moment opportun sous peine de se faire sauter le caisson comme l'armure... (Sam a beau être résistant, il n'est pas indestructible, faut pas déconner). Rien de nouveau sous le soleil, dira-t'on. Qu'est ce qui fait la différence ?
Et bien, c'est du côté de l'armure de notre héros qu'il faut chercher car c'est cette dernière qui concentre toutes les idées et innovations du titre.


Premièrement, en terme de déplacement : contrairement à d'autres TPS où il faut manipuler un perso aussi maniable qu'un camion, Sam s'avère des plus souple à manier que ce soit par sa vitesse de déplacement, la possibilité d'activer des propulseurs de votre armure vous faisant glisser à toute vitesse ou encore ses roulades vives. Mais surtout, il est possible d'activer par le biais des deux actions précédents un fameux ''bullet-time'' où on peut profiter pour s'échapper d'une situation ou faire un carton de head-shots sur vos ennemis (la marque de fabrique de Platinum Games en somme). Il vous est également possible de punir vos opposants avec une bonne mandale dans la figure... Par contre, un abus de glissade ou de ralentis peut faire surchauffer l'armure et vous rend vulnérable aux tirs ennemis en plus de vous ralentir, le temps de refroidir la conserve ; il faut donc agir avec minutie. Cela vaut également pour les coups, à n'utiliser qu'en cas d'urgence car très gourmand en énergie.


Si tout cela demande un temps d'adaptation, le résultat final s'avère des plus plaisants à utiliser. Cela dit, faites gaffe à ne pas vous coincer dans un coin ou à pivoter trop vite, vous risquez de perdre le contrôle ou le visuel...


Deuxièment, en terme d'armement : vous pouvez porter jusqu'à 3 modules d'armes sur vous ainsi que des grenades. Chaque fois que vous tombez sur une arme similaire, vous pourrez recharger intégralement les munitions de cette dernière. Mais si vous la ramassez alors que le contenant de votre module est plein alors cette arme gagne alors un niveau. Et quatre niveaux vous permettent un boost supplémentaire en termes de munitions ou de puissance pour l'arme concernée (il est également possible de glaner des packs d'amélioration sur les carcasses). Il va falloir donc aussi jongler entre les différentes caisses, conteneurs et carcasses de robots pour gérer votre arsenal afin de l'améliorer et/ou le renouveler ; en ce qui concerne les armes en elles mêmes, tous offrent leurs lots d'avantages selon la situation (que ce soit le fusil, les mitraillettes, le pistolet performant voire le canon laser). A vous donc de savoir en tirer parti.


Et pour appuyer toute cette action rythmée, le titre s'offre une plastique assez soignée ainsi qu'une direction artistique puisant aussi bien dans de vieilles séries japonaises que des films d'actions des années 80 (surtout vis à vis de certains boss... je vous laisse découvrir cela) ou certains jeux de l'époque (rien que la tête de Burns et son attitude me rappelle un certain ''Fénix''). Faut dire, Mikami n'a jamais caché son amour pour la fiction de cette époque (rien que le scénario et l'introduction cinéma du premier Resident Evil le montraient déjà à l'époque). Si aujourd'hui, la technique a plutôt vieilli, elle ne nuit pas vraiment à l'expérience.


Par contre, ce qui peut vous nuire, c'est le ''léger'' surplus de facteurs sensoriels... C'est bien simple, Vanquish pousse tellement le facteur frénésie sur la durée que vous risquez de ne pas tenir sur plus de 1h de session tant ça tire, pétarade et gueule dans tous les sens... Sans compter que les ennemis pullulent et ne vous font pas de cadeau. Certes, on est immergé en plein dans l'action pendant ce temps mais nos yeux et surtout nos oreilles peuvent prendre tarif derrière.


De toute manière, vous n'aurez pas à vivre cela trop longtemps... Car le défaut le plus souvent reproché à ce jeu (ce qui lui a probablement valu sur le long terme, en plus des facteurs précédents, à être moins connu par rapport à la belle sorcière de Kamiya), c'est sa durée de vie. Il vous faudra 5 à 6h en Normal plus 1h au moins en Difficile (j'ai pas encore expérimenté en difficulté légendaire mais il faut probablement compter le double). Est ce si problématique que cela ? Oui et non.


D'accord, le jeu est court si on se limite à une partie ; sans compter le fait qu'il recycle un petit peu dans ses boss... De plus, le fait de vendre en 2010 un jeu à l'aspect histoire court et cliché à 50€ peut justifier le fait qu'il ne fut pas aussi vendu que prévu. Mais aujourd'hui, cela parait moindre.
Déjà parce qu'on peut le trouver pour pas cher sur console (sauf sur Steam où il est affiché au prix de 20€... mais j'ai profité de la promo ^^).


Mais surtout parce sa durée et son contenu reflètent sa plus grande qualité : celle d'un shooter excitant, au rythme qui ne diminue jamais ainsi que l'intention honnête de faire plaisir (autant pour les créatifs que pour nous). De plus, le véritable intérêt d'un jeu comme Vanquish (au même titre que ses ainés et cadets de Platinium Games), c'est la maîtrise du gameplay par la répétition, l'exaltation procuré par le sentiment de contrôle total de notre personnage et des situations épiques voire débiles auquel il est confronté.


En un sens... je perçois Vanquish comme une grappe de raisin.
(Laissez moi finir avant de vous marrer... - -)


Aujourd'hui, je perçois pas mal de jeux à gros budget et de films comme des pastèques. Une pastèque, c'est beau à voir. Ça peut grossir avec le temps, ça attire l'oeil, ça peut accumuler de l'eau... Mais quand on l'ouvre pour la goûter, je ne peux m'empêcher de souvent ressentir une certaine fadeur en bouche malgré le sucre ou autre aliment proposé en complément. Sans compter qu'on peut difficilement cuisiner avec... Mais bon, pas mal de monde apprécie ce fruit comme cela quand même.


Alors que pour des jeux comme Vanquish, je les perçois comme des grappes de raisin : si certaines ont subi les aléas du temps, d'autres ont tenu et sont prêtes à être dégustées. Mais si on apprend plus à leur sujet, si on apprend à maîtriser leurs composantes et à les faire maturer alors on peut la faire sécher pour plus tard, on peut l'utiliser pour de futurs plats voire même en tirer un délicieux alcool à déguster avec un peu de maîtrise et de maturation (vin, liqueur ; à vous de voir ;) quitte à ce que ça tourne littéralement au vinaigre.


Tout ce que j'espère, c'est comprendre les différents aspects de ce raisin, les assimiler et un jour, profiter des cuvées passées et futures. Et qui sait, la faire partager à d'autres connaisseurs et échanger à leur sujet.


Merci Mikami. Et surtout, merci Platinum pour m'avoir fait comprendre cette leçon de vie. ;)


(Ou plutôt, pour m'avoir permis d'en venir à ce raisonnement personnel. Mhh. Ca marche tout aussi bien en fait ^^).

Jadenterre
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste L'Odyssée d'un joueur PC solitaire

Créée

le 4 déc. 2019

Critique lue 227 fois

4 j'aime

8 commentaires

Jadenterre

Écrit par

Critique lue 227 fois

4
8

D'autres avis sur Vanquish

Vanquish
StandingFierce
8

Je suis qu'un amateur je viens manger les pros !

Une citation de Gizmo, à l'époque où il rappait en amateur. Maintenant qu'il est passé pro, il fait de la merde. C'est bien connu, les amateurs n'ont pas le problème de rentabilité de marketing, et...

le 11 juil. 2015

18 j'aime

13

Vanquish
MaSQuEdePuSTA
9

Vanquish, et pas une de plus.

Peut-être pensiez-vous ne pas aimer les TPS car vous n'aimiez pas Gears of War, ses catcheurs microcéphales ou ses clones tropicaux. Peut-être qu'en secret vous rêviez d'un jeu de tir à la troisième...

le 22 nov. 2010

15 j'aime

5

Vanquish
Aurélien
6

Critique de Vanquish par Aurélien

Personnellement, j'ai jamais été fan des TPS. Je conchie Gears of War, c'est même, selon moi, le genre qui sonne le glas du jeu vidéo. Cependant, j'ai eu la curiosité de tester ce jeu. En manque de...

le 26 oct. 2010

10 j'aime

1

Du même critique

Sonic, le film
Jadenterre
2

"No problem", qu'il disait le bougre...

Quand on est un fan du célèbre hérisson bleu, il y a une vérité qu'on est obligé d'admettre tôt ou tard : celle que la mascotte de Sega ne retrouvera probablement jamais la gloire ni le respect...

le 13 févr. 2020

11 j'aime

5

Untitled Goose Game
Jadenterre
7

La bonne blague qui ne vous provoquera ni crise de nerfs ou de foie ce coup-ci...

La majorité des joueurs de jeu-vidéo connaissent probablement le concept du jeu-gag : popularisé grâce au streaming et à YouTube, il s'agit de ce type de jeu basé sur un gimmick humoristique et qui...

le 6 janv. 2020

5 j'aime

Yuppie Psycho
Jadenterre
7

Puisque on vous dit que le travail de bureau peut être mortel...

La vie en entreprise, ça vous évoque quoi comme concept ? Un travail de bureau répétitif et chiant ? Les discussions autour d'un café ? L'oppression de remplir vos obligations de la journée au risque...

le 11 nov. 2019

5 j'aime