Sous ce nom un peu barbare se cache une véritable pépite du visual novel indépendant. Vous incarnez Jill, barmaid travaillant au Vallhalla dans une cité-Etat nommée Glitch City dans les années 2070. Tout au long du jeu, vous lirez des dialogues (c’est un visual novel) et préparerez des boissons aux clients du bar, dans cet univers cyberpunk. Ça pourrait être nul, ça pourrait être chiant. Mais non, c’est même le parfait opposé. C’est un excellent jeu doté de qualités trop rares dans le jeu vidéo.


Vallhalla ne vous fera pas l'effet d'un coup de fouet, d'une explosion d'émotion, non ; c'est un jeu qui se sirote tranquillement et qu'on apprécie un peu plus à chaque gorgée.



Welcome to the Vallhalla !



Vallhalla nous place dans la peau d’un personnage auquel on risque de très vite s’attacher. C’est là sa première force. On apprend à connaître Jill, notre bartender, essentiellement par ses pensées et par les dialogues qu’elle mène avec ses différents interlocuteurs. C’est tellement bien écrit et Jill est d’un tel naturel qu’on ne peut que tomber sous le charme de cette jeune femme. Elle prend très vite de la profondeur et devient un personnage particulièrement charismatique. Mais en dehors de Jill, on croise une myriade d’autres personnages - la plupart étant les clients du bar -, qui ont tous fait l’objet du même soin dans leur écriture, ce qui leur permet d’avoir chacun leur identité propre. Ils sont toujours très attachants, chacun dans leur genre, et ne tombent jamais dans le cliché, même lorsqu’ils ont un caractère un peu extrême. On a affaire à des personnages qui sont tous d’une grande crédibilité et qui sont tous marquants d’une manière ou d’une autre. En bref, l’écriture et les personnages sont d’une justesse rare et il est extrêmement agréable de les lire.


Mais que racontent-ils, tous ces clients ? Généralement, ils parlent de leur vie ou de leur travail, mais cela fait souvent écho au monde dans lequel se déroule le jeu, ce qui permet d’en apprendre plus, petit à petit, sur cette mégalopole et sur la vie qu’on y mène dans les années 2070. Par ces dialogues, on en apprend tout autant sur Jill, car les discussions sont à double sens et certains clients nouent une relation d’amitié avec notre héroïne.


Tout au long du jeu, l’écriture est très mature. Tous les sujets sont abordés, sans jamais tomber dans la caricature, notamment lorsque ça parle de sexe. On voit qu’on n’est pas dans un visual novel japonais, car aucun personnage n’est plus sexualisé qu’il ne devrait l’être et leurs discussions ne dérivent jamais inutilement.



Time to mix drinks and change lives



Alors, le mixage des boissons, est-ce que c’est chiant ? Pas le moins du monde, car on vit véritablement la vie de barmaid de Jill, et donc son boulot, c’est de discuter avec les clients et de leur préparer des boissons. De plus, cet élément de gameplay a deux intérêts : le premier est tout simplement de varier agréablement en aérant les dialogues par des commandes de boissons. Le deuxième permet d’offrir un petit challenge, car certains clients seront assez nébuleux dans leur commande (et ne pas les satisfaire revient à ne pas avoir de bonus financier à la fin de la journée), alors que des clients réguliers demanderont simplement leur boisson habituelle, et vous devrez alors vous souvenir de leurs goûts. Quoi qu’il en soit, la partie boisson n’a rien de compliqué, mais permet de varier l’expérience de jeu tout en offrant des petits challenges bienvenus et une partie interactive simple mais sympathique.


A la fin de chaque journée, Jill se retrouve dans son appartement qu’elle peut customiser comme elle le souhaite (ça reste accessoire, les possibilités restent restreintes), avant de reprendre une nouvelle journée de travail. Ces moments aussi apportent une coupure dans les dialogues, ce qui permet d’éviter de se sentir noyé par toute la lecture que demande le jeu, visual novel oblige.


L’autre très gros point fort de Vallhalla est son ambiance. Par les couleurs, par la musique et, bien sûr, par les personnages, l’ambiance cyberpunk est très soignée et permet de s’immerger complètement dans le jeu. Et cela va en augmentant au fil des heures. De plus, certains éléments quelque peu déjantés, mais toujours justes et souvent drôles, viennent pimenter un peu l’expérience en apportant une diversité et une touche d’humour supplémentaire à un jeu qui, déjà par certaines réflexions de Jill ou d’autres personnages, peut faire vraiment rire.


Je terminerai en précisant que, même si les graphismes sont extrêmement basiques, ils n’entravent en rien l’immersion et font très bien le job. Les animations des personnages sont simples mais efficaces. A aucun moment je n’ai été dérangé par l’aspect visuel du jeu.


En fin de compte, il n’y a quasiment rien à reprocher à Va-11 Hall-a : cyberpunk bartender action. Ce jeu vous permet de jouer une tranche de vie d’une barmaid nommée Jill, de rencontrer des gens et de mixer des boissons. Et pourtant, c’est vraiment aussi bien que ça n’en a pas l’air, dit comme ça :-).


En quelques mots, pour les fainéants qui n’ont pas voulu tout lire, Vallhalla c’est :



  • Une écriture et des dialogues très soignés et d’une maturité trop rare dans le jeu vidéo

  • Des personnages tous attachants et d’une grande crédibilité. Mention spéciale à Jill, l’héroïne

  • Une ambiance cyberpunk très réussie

  • Des moments de tendresse, de tristesse, mais aussi un côté humoristique très présent, parfois déjanté mais toujours dosé avec justesse.

  • Une alternance entre dialogue/mixage de boissons/customisation de l’appart’ de Jill qui permet de varier agréablement le gameplay et évite toute lourdeur.

  • Un jeu à connaître absolument !

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le 11 déc. 2017

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roifingolfin

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