Ultimate Racing 2D
5.5
Ultimate Racing 2D

Jeu de Applimazing (2018Nintendo Switch)

Le prix joue-t-il sur notre appréciation d’un jeu ? (…Et autres questions du même genre.)

Gratuit.
Ce jeu, je l’ai eu gratuit.
Zéro euro. Rien. Nada. Peau de zob.
Je l’avais vu parmi les promos du Nintendo e-shop à deux balles seulement, mais avec mes quelques points de fidélité il y avait moyen de ne rien débourser.
S’il avait été payant, voire plus cher, peut-être ne l’aurais-je pas acheté. Mais dans les conditions de la gratuité, j’avoue que j’avais envie de m’ouvrir à la promesse offerte par cette miniature et ce titre : Ultimate Racing 2D


Tout dans ce logiciel semblait ne se réduire qu’en un postulat très simple : des circuits dessinés en JPEG, des voitures qui vont faire la course sur ces pistes en vue zénithale, et tout l’enjeu reposera dès lors sur le fait de se tirer la bourre comme au bon vieux temps des Micro Machines sur consoles 8 et 16 bits.
Face à ce genre de proposition, moi, d’habitude, je suis du genre à me poser un paquet de questions préalables : la jouabilité garantira-t-elle une véritable progressivité dans l’apprentissage ? Les circuits et les modes de jeux seront-ils suffisamment nombreux pour assurer une certaine durée de vie ? L’IA sera-t-elle suffisamment bien calibrée pour offrir du répondant ?
Autant de questions qu’on se pose tous sitôt on s’interroge sur la pertinence qu’il y a à investir dans un jeu…
…Mais là, à zéro euro… Franchement.


Et de là a découlé la question que vous avez vu en guise de titre à cette critique ; question qui – l’air de rien – m’interpelle quand-même pas mal.
En quoi le prix qu’on a déboursé influence-t-il notre approche d’un jeu ?
A deux euros – voire à zéro dans mon cas – c’est évident que je ne vais pas avoir du Mario Kart ou du Forza Horizon avec cet Ultimate Racing 2D.
…En même temps je ne l’ai pas acheté pour ça non plus.


Car à bien tout considérer, si je me suis arrêté sur ce titre au cours de mes petits furetages dans l’e-shop, c’était parce que j’avais cru y voir la promesse d’un jeu simple, accessible, rapide.
Si déjà il est capable de m’amuser quelques minutes le temps de parties inopinées comme pourraient le faire un banal Pong ou un jeu Wii Sports, perso je suis preneur.
Et si en plus de ça ce jeu permet ponctuellement de faire quelques petites courses marrantes avec des potes pour passer le temps, alors il suffira à pleinement me satisfaire.


Or, sur ces points-là, force m’est de constater que cet Ultimate Racing 2D fait le boulot.
Minimaliste au possible, il n’en gagne que davantage en efficacité.
Il surprendrait d’ailleurs presque de par le nombre de modes de jeu qu’il propose au regard de sa démarche ouvertement dépouillée : course rapide, championnat, carrière, mode pièces, multijoueurs ; voilà de quoi entretenir l’amusement un certain temps…
…Enfin à condition qu’amusement il y ait bien sûr.


Mais bon, amusement il y a bien et – surprise – il y a même aussi un certain challenge.
L’air de rien les premiers circuits sont plutôt tordus (et la disposition initiale des touches pas très pratique et intuitive de mon point de vue), si bien qu’il m’a fallu m’y reprendre en plusieurs fois (et tenter plusieurs attributions de boutons alternatives) avant de vraiment domestiquer chacun des tracés proposés : savoir où freiner, où accélérer, comment prendre au mieux la trajectoire… Mes premières courses se sont d’ailleurs traduites par une succession de dernières places qui ne souffraient d’aucune contestation possible…
…Mais – preuve d’une formule qui est a minima fonctionnelle – jamais la défaite n’a suscité chez moi de frustration, bien au contraire. Parce que l’air de rien le jeu favorise clairement l’apprentissage par la répétition du simple fait que les courses soient très brèves et qu’elles puissent s’enchainer très vite. Enchainer c’est dès lors prendre rapidement le pli et se sentir progresser dès les premières parties.
En tout et pour tout – en jouant de temps en temps par tronçon de vingt à trente minutes – il m’a bien fallu une heure ou deux pour atteindre le podium du premier championnat. Or des championnats, il y en a trente-huit, et à chaque fois avec des véhicules différents…
…Voilà donc qui a de quoi pas mal promettre en guise de profondeur de jeu, surtout pour un titre aussi bon-marché.


Mais bon, à croire qu’il ne fallait pas trop espérer non plus !
Sur les trente-huit championnats, les résistances sont très inégales. Certains (du moins en mode standard) peuvent se gagner dès le premier essai, soit parce qu’ils sont d’une facilité déconcertante (rings, quads), soit parce qu’on finit tout simplement par prendre le coup de main.
Alors malgré tout le jeu tente bien d’ajouter des nouveautés avec des histoires d’usure de pneus et de changement de climat qui nécessitent dès lors des passages au stand mais ça reste léger en termes de diversification de gameplay, voire même je trouve que ça fait parfois perdre ce côté simple et spontané que, personnellement, j’étais venu chercher dans ce titre.
Idem, assez rapidement les championnats se mettent à recycler des circuits issus des compétitions précédentes, et même s’il n’est jamais impertinent de refaire certains circuits dans des conditions différentes, ça peut aussi donner une impression de remplissage un peu facile…


Malgré tout, niveau rejouabilité, Ultimate Racing 2D n’est pas totalement indigent.
La présence d’un grand nombre de concurrents sur la piste, l’existence d’un mode difficile ainsi que la possibilité de s’appuyer sur ses adversaires dans les virages serrés permet d’apporter de l’imprévisibilité et du challenge à chaque course faite, que ce soit seul ou à plusieurs, ce qui n’est pas pour me déplaire. Ça rompt avec la monotonie d’avoir à simplement enchainer des circuits dont on connait déjà la plupart des subtilités…
Mais bon, sur ce point aussi, l’expérience minimaliste offerte par le studio Applimazing présente là-aussi assez vite ses limites.
D’un point de vue sonore, le bruit des moteurs est assez indigeste (surtout celui des karts) et aurait mérité un tout petit peu plus de subtilité afin que les parties puissent être supportables sur la longue durée.
(…Remarque qui vaudrait aussi pour les visuels et couleurs un brin trop criards.)
Idem, je trouve qu’à bien tout prendre le gameplay aurait gagné à se montrer davantage diversifié. Au fond, beaucoup de championnats ne se composent que de circuits assez étroits qui nécessitent de notre part d’être surtout un bon connaisseur des circuits, allures et points de freinage… Trop peu jouent sur des circuits plus larges, moins anguleux ou davantage fréquentés qui pourraient nous inciter à jouer davantage sur les aléas de la course et le niveau de prise de risque qu’on se décide de prendre…
…Et puis, je chipote peut-être un peu mais perso je n’aurais pas craché contre un mode de génération procédurale de circuits. Alors OK, c’est vrai qu’on est sur du jeu à deux euros mais franchement ça ne me parait pas être une exigence si délirante que ça vu l’aspect ultra-rudimentaire du moteur graphique.
…Limite, ça ne m’aurait pas dérangé de payer un peu plus cher pour que soient juste fignolés ces points-là. Ainsi aurait-on vraiment eu un jeu « presque parfait ».


Eh oui… « Presque parfait » viens-je de dire.
Mais « presque parfait » au regard de quels critères justement ?
Au regard du rapport qualité / prix ? Au regard du prix seul ?
…En fait je pense que le prix est un vrai-faux indicateur car, à bien y regarder, la question ne porte pas vraiment sur ça.
Quand j’achète Ultimate Racing 2D à deux euros, je ne me mets pas en situation d’attendre et d’accepter un jeu trente fois moins élaboré qu’un Mario Kart et cela tout simplement parce qu’il couterait trente fois moins cher.
Non. En fait c’est juste qu’il existe au sein des jeux-vidéo – comme au sein de n’importe quelle activité artistique ou artisanale – différents niveaux de complexité d’ouvrage.
Trotinette, solex, VTT, vélo de course et moto sont autant de moyens de transport à deux roues, mais chacun d’eux satisfait des besoins différents pour des niveaux d’ingénieries différents.
En soi il n’est pas plus plaisant de faire du VTT que de la moto. Le premier n’a pas moins de valeur au sens « ludique » que la seconde, c’est juste son coût de fabrication – lié généralement à son niveau de complexité – qui n’a rien à voir.
…Et s’il sera effectivement plus pertinent d’avoir une moto qu’un VTT pour espérer traverser toute l’Europe sur un mois de juillet, ça n’annule pas la pertinence d’une sortie VTT dans un tout autre contexte…
…Voire une virée en trottinette.


Or Ultimate Racing 2D c’est un peu ça. C’est la petite virée en trottinette qui fait de temps en temps du bien. Ce n’est pas compliqué, ça ne coûte pas grand-chose, mais ça fait partie de ces petits plaisirs ludiques qui ont autant de légitimité que tous ses homologues plus complexes et travaillés.
La question de la valeur marchande au fond n’a pas grand-chose à voir dans l’affaire, et si elle a à voir, c’est uniquement dans une approche purement mercantile des œuvres…
…Par contre, l’œuvre en elle-même, à mon sens, on l’approuve et on l’apprécie en fonction du créneau sur lequel elle se positionne et de comment elle entend nous satisfaire.


A ce sujet-là, Ultimate Racing 2D s’en sort à mes yeux plutôt convenablement.
Sur le créneau des jeux très simples et très accessibles, il offre une proposition qui a le mérite d’une certaine cohérence, à la fois en termes de dépouillement que d’approche ludique.
Alors certes, l’ensemble est clairement perfectible et aurait pu être mieux fignolé, mais il n’empêche que pour ma part je ne connais pas d’autres jeux qui, pour l’instant, occupe le créneau de la course 2D sur Switch.
(Et si vous en connaissez, n’hésitez pas à me les signaler en commentaires. ;-) )


Donc voilà, comme quoi ce n’est pas forcément la valeur qui fixe le prix, pas plus que le prix ne fixe lui-même la valeur…
Tout ça n’est au fond qu’une question de créneau et de gestes appropriés…
…Et cela quelques soient les besoins, y compris les plus simples.

Créée

le 24 avr. 2022

Critique lue 82 fois

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