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The Talos Principle
7.9
The Talos Principle

Jeu de Croteam et Devolver Digital (2014PlayStation 4)

Parce que l’an dernier j’ai aimé jouer à Superliminal, on m’a clairement fait comprendre que j’aurais tout intérêt à jouer à ce The Talos Principle.
Et quand l’année d’avant j’avais pris mon pied à The Witness, que m’avait-on dit ? …Qu’encore une fois il fallait que je joue à The Talos Principle.
Et quand quelques années encore plus tôt j’avais fini Outer Wilds, quel nom m’avait-on encore rabaché ? …Encore et toujours The Talos Principle.
Alors oui, moi je suis comme ça : des fois je suis un peu long à la détente. J’ai besoin qu’on me dise les choses plusieurs fois pour que je me risque enfin à certaines expériences…
Or – vous l’aurez compris – si je vous lisez à présent cette critique c’est qu’au final, j’ai fini par écouter les conseils qu’on m’a donnés…
…Et force m’est de constater que les conseils furent forts avisés.


Parce que oui – et mettons tout de suite les pieds dans le plat – The Talos Principle a pour lui d’être un jeu, un vrai… J’entends par là un titre dont la préoccupation centrale est le ludisme avant tout.
D’ailleurs le début de l’aventure a le mérite d’être clair. On se réveille en pleines ruines romaines. Une voix céleste nous parle, se présentant comme celle du Dieu Elohim, et celle-ci nous invite à venir Le rejoindre dans Son temple.
Dès lors pas de chichi supplémentaire : la partie est lancée. Il convient à partir de cette introduction minimaliste de s'y mettre et de comprendre ce qu’on nous invite à faire dans ce monde nouveau.
Or – là encore – The Talos Principle prend le parti d’aller au plus direct et au plus simple. Face à soi on a une porte fermée et des symboles d’indiqués. Autour de soi on a des panneaux nous indiquant la direction à prendre pour aller choper les symboles manquants. A partir de là il ne restera plus qu’à parcourir les différentes zones de jeu proposées pour obtenir les précieux sésames.


Perso, moi j’aime ça les jeux directs.
Et parce qu’il est évident et assumé que ce titre entend se construire sur un jeu d’énigmes qui relèvent clairement du puzzle game, alors le titre ne s’embarrasse pas trop d’une intrigue trop pressante et préfère à la place bosser sa narration ludique. Or, force est de constater, que celle-ci a été concoctée aux petits oignons.
Très rapidement, ce titre parvient à nous faire comprendre ses enjeux.
Des enclos à entrée unique. Un objectif souvent visible dès qu’on arrive dans ledit enclos. Quelques murs qui servent d’obstacles, des portes fermées à clef, des portes fermées par des champs de force, des mittrailleuses actives, des sentinelles qui se baladent, et au milieu de tout ça on retrouve trousseau de clef, interrupteur et désactivateur d’objets électriques. Dès le départ on nous a montré comment tout ça fonctionnait. Il n’y a plus qu’à explorer et à se creuser les méninges.


Après, dire cela, ce n’est pas pour autant affirmer que The Talos Principle n’a pas d’intrigue, au contraire…
…Par contre il faut reconnaitre que la manière d’installer la narration est malicieuse. On se contente d’une voix de Dieu fort laconique au début et puis ensuite ce sont les détails visuels qui vont faire le reste du travail.
Des ordinateurs en pleine Rome antique ? Etrange.
Quand je tape sur les claviers je me rends compte que mon avatar à des mains d’androïde ? Intrigant.
Parfois je croise des messages sous forme de QR-Code, des entrepôts d’allure soviétique, des « fantômes » d’autres robots…
…Autant d’éléments qui savent mettre l’eau à la bouche.


Malgré tout ce Talos a ses limites et elles peuvent également frustrer assez vite.
Il y a d’abord toute la limite posée par cette manière de narrer l’histoire tout d’abord.
Parce que l’air de rien, on voit très vite où le jeu veut en venir et du coup on est en droit d’être curieux d’en savoir davantage pour creuser un peu plus cet univers.
Seulement voilà il est manifeste que sitôt le cadre de base posé, l’intrigue n’en bougera plus. Et si on veut en savoir davantage il va falloir attendre la fin…
…Mais le problème c’est que, comme pour arriver à la fin il va falloir collecter une platrée de symboles (une bonne centaine) eh bah très vite on se retrouve le cul entre deux chaises : d’un côté j’aurais aimé qu’il y ait moins de symboles à collecter pour avancer plus vite, mais de l’autre j’aurais clairement été frustré qu’on me raccourcisse l’aventure.


Mais à croire que les développeurs du jeu avaient cernés ce souci puisque tout le long de notre parcours, les ordinateurs laissés sur notre chemin aspirent clairement à entretenir le mystère et creuser davantage l’intrigue.
Qui sommes-nous ? Pourquoi sommes-nous là ? Qu’il y a-t-il au bout du grand jeu d’Elohim ? Face à de telles questions de nombreuses archives sont consultables pour nous permettre de racorder les bouts et de déduire ce que tout ça trame.
Idem, on est parfois amené à discuter avec une alterité (IA ? Humain ?) qui nous amène à questionner notre positionnement de personnage / joueur au sein de cet univers.
Dans l’idée, le principe est pertinent, mais dans la pratique ça devient vite imbuvable. Au départ ça parait court et percutant, mais à force de renouveler l’exercice dans chaque niveau, ça devient vite répétitif, usant et creux.
En cela le titre souffre vraiment de cette mode de la décennie 2010 qui consistait à épaissir un univers en refilant des tartines de lore à lire. Des tartines qui tournent vite en rond et qui au final ne vont pas très loin en termes de narration.
On alterne régulièrement entre échanges de mails et références religieuses. C’est plutôt bien écrit mais pas toujours subtil. Moi perso j’ai trouvé ça vraiment chiant, surtout que ça nuit totalement au rythme de la partie.
Quand moi je n’ai qu’une seule envie c’est celle de jouer, je n’ai pas envie de passer un tiers du temps à lire les mails qu’envoie Jean-Mich-Much à Sabrina, la meuf de la compta.
(Je caricature un peu mais on n’est pas loin… ^^)


Mais bon, heureusement ce problème de narration ne pose pas tant de problème que ça parce qu’on peut au final s’en passer totalement et se focaliser sur l’essentiel : le jeu.
Or ça, le jeu, c’est vraiment la vraie grosse force du titre – le point le plus abouti – et franchement, pour un type comme moi, c’est vraiment tant mieux.
J’avoue être assez admiratif de la manière dont la difficulté et la progressivité des puzzles a été dosée. Contrairement à The Witness où des fois je pouvais me bouffer des gros murs d’incompréhension assez rapidement, là, dans Talos Principle je ne me suis (quasiment) jamais retrouvé dans une impasse.
Ça ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas de résistance du jeu – bien au contraire – mais c’était juste qu’assez régulièrement, les salles les plus complexes imposaient d’observer, de tester et surtout de déduire.
Pour qui sait être patient, le challenge offre toujours une issue positive ; issue d’autant plus gratifiante qu’elle a permis de comprendre une logique qui nous échappait jusqu’alors.


Bon après ce qui est dommage c’est qu’il arrive parfois que le jeu pèche dans ses explications – notamment sur le dernier tiers – ce qui jure d’autant plus que, jusqu’alors, il avait fait un véritable sans faute sur le sujet.


Par exemple, en ce qui me concerne, il m’a fallu un tuto vidéo pour que je comprenne à quoi servaient vraiment les plateaux vitrés qu’on se tenait au-dessus de la tête. Et pour moi le problème est venu du fait que le jeu n’a pas estimé nécessaire, avant de pleinement exploiter ce concept, de nous offrir une épreuve ultra-simple qui nous serve de tuto sur le sujet.


Idem j’avoue n’avoir toujours pas grillé à quoi servaient les sigils jaunes. Pourquoi est-ce nécessaire d’activer ces fameuses colonnes pour avancer ? Vraiment : je n’en sais toujours rien.



Bien pensé, plutôt bien écrit, plutôt joli et à l’atmosphère sonore très convaincante, The Talos Principle avait donc vraiment tout pour me séduire… Et d’ailleurs il l’a fait, ma note de 7/10 faisant foi.
Seulement voilà, j’avoue pour autant avoir peiné à pleinement m’enthousiasmer sur le jeu. Certes, j’ai passé de très bons moments, mais j’avoue y avoir joué avec un certain détachement, comme on jouerait à un bon jeu mobile.
Et si ce détachement est en partie dû à cette narration perfectible dont je parlais à l’instant, ceci s’explique aussi par un autre point un peu plus gênant…
…L’impression de déjà-vu.


Parce qu’en effet, difficile en jouant à ce Talos Principle de ne pas avoir l’impression de se retrouver face à un duplicata de Portal.
Un monde découpé en salles. Des mises à l’épreuve. Un narrateur omiscient et expérimentateur qui intérragit avec nous. C’est juste le skin et les outils qui changent mais, dans le fond, c’est du Portal plein pot.
Or la grosse force de Portal premier du nom c’était qu’il avait su se faire sympa parce que court. Quant à Portal 2 s’il a su être plus long sans instaurer de lassitude, c’était aussi et surtout parce qu’il avait su habiller ce parcours d’une narration riche et complexe.
Mais rien de tout ça sur ce Talos. Certes le final a su rehausser chez moi l’intérêt parce qu’il était plutôt sympa (mais sans me surprendre pour autant), cependant cette conclusion n'a pas été en mesure d'effacer cette terrible sensation de jouer à un jeu sans âme ; juste à un bel enchainement de puzzles certes fort bien conçus mais qui ont peinés tous ensemble à faire corps.


Pour toutes ces raisons, j’ai parcouru ce Talos Principle avec un étrange sentiment mitigé : d’un côté la satisfaction de jouer à un jeu très bien foutu en termes de ludisme, mais de l’autre cette frustration de sentir en permanence qu’il manquait à ce titre un véritable supplément d’identité afin que celui-ci me fasse vraiment grimper au rideau.


Alors après, ce n’est pas la mort non plus : disposer d’un jeu qui fait le boulot en tant que jeu c’est déjà très bien en soi.
Et c’est d’ailleurs au fond ce que j’en retiendrais surement de ce Talos Principle : certes pas l’impression d’un grand bouleversement, mais au moins le sentiment d’un sincère contentement.

Créée

le 17 mars 2022

Critique lue 136 fois

5 j'aime

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